Frontière canado-américaine: Des réactionnaires confrontés par des activistes, travailleurs et travailleuses

Le samedi 19 mai, plus de 150 activistes de la région de Montréal se sont rassemblé-es à la frontière canado-américaine pour à la fois dénoncer les groupuscules racistes y organisant une manifestation anti-immigration et pour remettre en question la légitimité d’une frontière militarisée, mise en place par les états bourgeois colonialistes de la soi-disante « Amérique du Nord ». Principalement à l’aide de l’organisation du groupe Solidarité Sans Frontières, les activistes ont embarqué dans des autobus au centre-ville de Montréal (à une heure de distance de la frontière), tandis que d’autres se sont rendu-es au site de l’action en automobile, par leurs propres moyens.

 

Le contexte pour les traversées irrégulières

La frontière entre les États-Unis et le Canada est un enjeu de la plus haute importance pour les militants et militantes de la région. En plus des profonds problèmes structurels qui concernent le maintien des frontières dans les états colonialistes, de récentes failles dans quelques législations étatiques motivent davantage de réfugié-es à traverser la frontière irrégulièrement, d’un côté comme de l’autre. Un traité signé entre le Canada et les États-Unis, baptisé « L’Entente sur les tiers pays sûrs », stipule qu’un-e réfugié-e dans un des deux pays ne peut pas faire une demande d’asile dans l’autre, puisque chacun des deux états bourgeois policiers génocidaires considère que l’un et l’autre sont assez sécuritaires pour décider du sort des « pauvres gens » de ce monde. L’exception à cette règle est la « traversée irrégulière », où un demandeur ou demandeuse d’asile dans un pays ou l’autre peut se rendre dans l’autre et ainsi être traité-e si elle ou il fait cette traversée par des chemins non officiels. Par exemple, traversant la frontière en tant que réfugié-e espérant faire une demande soit au Canada ou aux États-Unis, une personne se verra refuser l’entrée au pays si elle se présente à un poste douanier, mais pas si elle traverse par les nombreux chemins, forêts et autres points d’entrée « non officiels ». Ces lois, telles qu’elles sont, incitent les personnes migrantes à traverser « irrégulièrement », ce ne devrait donc pas être une surprise si plusieurs familles, migrant-es, réfugié-es, travailleurs et travailleuses traversent de cette façon.

 

La réaction de l’extrême droite

Plutôt que de dénoncer les problèmes systémiques à la source de ce problème (le bombardement et la destruction des maisons de personnes habitant dans d’autres pays, ainsi que l’imposition violente du système capitaliste d’exploitation qui peut bien tuer ici même), des groupuscules réactionnaires tentent de fissurer la société, avec la bénédiction implicite des élites, pour diviser et conquérir la classe des travailleurs et travailleuses. Ces groupuscules canadiens qui se déguisent en milices paramilitaires fascistes du début du 20e siècle (avec un vernis de modernité) ont presque copié point pour point le langage et les tactiques d’autres groupes similaires de l’extrême droite, aux États-Unis et ailleurs, dont plusieurs utilisent un vocabulaire déshumanisant pour parler des réfugié-es, enfants et familles fuyant des situations hostiles en quête d’une vie meilleure. Ces groupuscules, en particulier ceux comme « Storm Alliance », « La Meute » et les « III%ers », tentent d’acquérir de la légitimité dans la société civile en se présentant comme ceux qui demandent le respect de « la loi et l’ordre », parmi d’autres qui pourraient concerner l’individu moyen. En réalité, non seulement leurs faibles tentatives à la civilité et à la légitimité sont fondées sur de fausses prémisses, mais en plus ces groupes sont garnis d’une multitude de réactionnaires, fascistes, néonazis et autres assortiments de membres de l’extrême droite, qui se mobilisent en vue d’une prise de pouvoir. D’autres manifestations frontalières du même genre en 2017 ont révélé la présence de néonazis et fascistes montréalais proéminents dans ces groupuscules, incluant Shawn Beauvais Macdonald, qui fut présent à Charlottesville pour la tristement célèbre manifestation néonazie « Unite the Right » (il n’est pas clair s’il était présent le 19 mai à Lacolle), et qui fut aussi récemment exposé comme membre d’un forum Discord néonazi montréalais, sous le pseudonyme de « friendly fash ».

 

La position anti-raciste de l’IWW

En solidarité avec tous les travailleurs et toutes les travailleuses, des membres des branches de Montréal et de Québec de l’IWW étaient présents samedi à la frontière pour la contre-manifestation. Le fléau du migrant et de la migrante est le fléau du travailleur et de la travailleuse. Contrairement aux rapports de fausses nouvelles, les personnes qui traversent irrégulièrement la frontière travaillent non seulement très fort (il faut du courage pour traverser la moitié de la planète avec sa famille), mais en plus leur position précaire les place dans une position extrêmement vulnérable en ce qui concerne leur emploi. Les réfugié-es sont exploité-es par les propriétaires d’entreprises, qui peuvent les sous-payer et les surtravailler puisque la menace d’une déportation est souvent suffisante pour garder un contrôle total sur eux et elles. L’IWW dénonce toutes formes d’esclavage salarial, particulièrement en ce qui a trait aux personnes les plus vulnérables. Les membres de l’IWW, que ce soit individuellement ou par contingent, vont continuer de travailler en solidarité avec les groupes qui participent activement dans la transformation radicale de la société et l’abolition du mode capitaliste de la production. Que ce soit sur la question des frontières, contrer les groupes anti-immigration, ou bien aider les travailleurs et travailleuses de tous horizons à organiser leur milieu de travail, l’IWW se dresse en solidarité avec les groupes et individus qui veulent construire un monde meilleur à partir des cendres de l’ancien. Une attaque contre une personne est une attaque contre tous et toutes!

 

La confrontation

Au final, les cosplayers néo-fascistes paramilitaires n’ont pas pu se rendre à leur destination initialement prévue, le chemin Roxham, qui relie les États-Unis et le Canada et qui est assez populaire chez ceux et celles qui traversent irrégulièrement. Les activistes présents et présentes au chemin Roxham l’ont tenu, dans une ambiance relativement calme et festive. Au poste frontalier officiel de Lacolle par contre, des réactionnaires ont pu assurer une courte présence. Malgré une présence forte, les activistes ont été durement attaqué-es par les agents de l’oppression de l’état. L’autoroute 15 a été saisie et bloquée par plusieurs militants et militantes pour tenter de refouler le convoi automobile des racistes, ou du moins de leur empêcher l’accès à la frontière en tant que telle. Malheureusement, des policiers antiémeutes ont attaqué les activistes antiracistes, arrêtant au passage un fellow worker et membre de l’IWW Montréal. Après que les activistes aient été retiré-es de l’autoroute, une scène troublante s’ensuivit. Le convoi des racistes a reçu un traitement de première classe par l’état avec une escorte policière. Heureusement, la camarade Température a amené des averses, et presque en l’espace d’une heure, les réactionnaires ont quitté leur manifestation protégée par la police (aussi incluant la présence de la commentatrice néo-fasciste canadienne de fausses nouvelles, « Faith Goldy ») et ont regagné les pathétiques coins sombres qu’ils occupent couramment dans la société.

Motivée par les médias bourgeois et littéralement protégée par la police, l’extrême droite tire avantage de la crise du capitalisme avancé pour recruter de nouveaux membres. Il est important qu’en tant que militants radicaux et militantes radicales, qu’en tant que classe travailleuse et qu’en tant que membres de l’IWW, nous nous mobilisons en solidarité avec d’autres groupes pour dire: « No Pasaran! La solidarité des travailleurs et travailleuses éclate les frontières et les états! » Jusqu’à la prochaine fois, la lutte continue!

 

Solidarité pour toujours,

Josip B.

Crédit photo: un camarade

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