Travail précaire: Le patronat renforce l’exploitation

emploi-precaire1236418574Dans les vingt dernières années on a vu se généraliser des conditions de travail précaires, des emplois flexibles et à horaires brisés, sur appel et à des conditions de moins en moins intéressantes. Cette transformation du travail et des emplois corresponds à une volonté du patronat de mettre à genoux les travailleurs et travailleuses et de restaurer leurs profits en renforçant l’exploitation salariale. La crise économique actuelle aura pour effet d’encore empirer la précarisation de l’emploi et la flexibilisation de la main-d’oeuvre.


Une crise qui précarise
Les pertes d’emplois auxquelles ont assiste présentement sont les plus importantes depuis au moins 1982, et probablement depuis 1929. En effet, les licenciements sont massifs: 600 000 par mois aux USA, 60 000 par mois au Canada, alors que la création d’emploi concerne presque exclusivement des emplois à temps partiels et à statut précaire. Comme les statistiques du chômage ne font pas la différence entre un emploi à temps partiel et un emploi à temps plein, la situation, calculée en termes d’heures travaillées plutôt qu’en termes d’emplois, est bien pire. La crise actuelle fait donc mal aux travailleurs et aux travailleuses, qui sont de plus en plus considérés comme une simple marchandise.

Les travailleurs jetables…
Parce qu’il faut bien le dire: le « contrat social » keynesien est bel et bien terminé. À l’heure de la gestion en flux tendus, le travailleur doit être disponible quand le capital l’exige et a besoin de lui, et doit être au chômage dans les périodes mortes, de façon à réduire les pertes liées à « l’inactivité » et à la « sous-productivité » des salariés. Les avantages de cette méthode de gestion sont évidents pour les patrons: en réduisant la main-d’oeuvre durant les périodes tranquille, on maximise la productivité et le retour sur investissment des employés qui continuent à travailler, et on crée un bassin de travailleurs et travailleuses précaires qui seront prêts à accepter de moins bonnes conditions lorsque la reprise se fera sentir. Encore mieux, avec les diminutions constantes des cotisations d’employeurs à l’assurance-chômage, on fait de plus en plus supporter le poids de l’aide aux chômeurs par les travailleurs et travailleuses.

Inversement, les désavantages sont criants pour les travailleurs et les travailleuses: ils ne travaillent que dans les périodes les plus occupées, dont on augmente les cadences et la charge de travail. Dans les périodes mortes, les travailleurs doivent soit accepter un emploi ailleurs à des conditions similaires ou pires, ou bien vivoter sur le 55% de leur déjà trop petit salaire en attendant la reprise des activités.

La multiplication des agences d’emploi, des postes sur appel, temporaires et flexibles que l’on observe depuis 20 ans corresponds pourtant à une période de relative croissance économique. Ainsi, même si les salaires réels et les prestations sociales ont au mieux stagnées et au pire diminuées depuis 1988, l’économie canadienne a tout de même cru de plus de 40% durant la même période. Comme quoi la « croissance » n’est pas celle de tout le monde.

… ont une couleur et un genre
La précarisation est également à l’œuvre par l’intermédiaire des lois sur l’immigration qui mettent les travailleurs et travailleuses immigré-e-s en situation de surprécarité : précarité sur le lieu de travail, précarité du séjour, précarité dans les conditions de logement avec les difficultés pour signer un bail, et pour faire face aux niveaux de loyers. L’État fabrique des sans papiers pour satisfaire le patronat des secteurs comme l’agriculture, l’hôtellerie et le textile. Les patrons disposent ainsi d’un moyen de pression sur la main d’œuvre qui peut diviser les travailleuses et travailleurs entre « de souche » et « étrangers ».

C’est aussi sans surprise que nous constatons que la majorité des travailleurs précaires sont des … travailleuses ! Les femmes sont largement sur-représentée dans les emplois à temps partiels non-désirés, dans les emplois sur appel et temporaire, dans les emplois moins bien payés de façon générale. Même si, grâce à l’action des mouvements féministe et syndical, les femmes ont largement améliorées leur conditions dans les 50 dernières années, le chemin est encore parsemé d’embûches. Si les femmes sont plus précaires que les hommes, c’est parce que le système patriarcal a encore de l’emprise sur notre société. La précarisation des emplois occupés par des femmes a pour effet de renvoyer celles-ci vers le foyer, le soin aux enfants et les tâches domestiques.

Les transformations du marché du travail qui précarisent sont la réponse du capitalisme et de l’État à des problèmes structurels importants: le maintien des marges bénéficiaires dans un contexte de chute des taux de profits est le véritable moteur de la précarité. La riposte des travailleurs et des travailleuses contre leurs nouvelles conditions d’existence est indissociable d’une lutte plus générale contre l’État et le capitalisme que le syndicalisme traditionnel ne peut pas offrir. Son affaiblissement et son incapacité à faire face à la précarisation exige des nouveaux moyens de lutte qui sauront prendre en compte la nouvelle réalité des travailleurs et de travailleuses. Mais en ce domaine, tout reste encore à inventer.

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