,

Haiti: Mobilisation ouvrière pour le salaire minimum

Pris sur alterpresse.org

arton8600Port-au-Prince, 4 aout 2009 – Des centaines d’ouvriers ont pris part ce 4 aout à une manifestation devant le parlement, en faveur de la loi sur le salaire minimum à 200 gourdes, au moment où une séance était prévue à la chambre des députés, pour discuter de l’objection faite par le président René Préval à la promulgation de cette loi.

Partis du Parc Industriel (Nord de la capitale), les manifestants ont parcouru plusieurs kilomètres pour pouvoir faire part de leurs doléances aux parlementaires.

Massés derrière le barrage dressé par les agents du Corps d’Intervention et de Maintien de l’Ordre (Cimo), les ouvriers ont rejeté la position du patronat et du président René Préval qui considèrent les 200 gourdes comme un potentiel handicap à la création d’emplois.

Pour eux, les arguments avancés par les patrons, et soutenus par le président de la république, ne sont que des pressions pour faire échouer le vote tant attendu par leur secteur. « Ils ont besoin de nous… s’ils disent que les usines fermeront leurs portes c’est faux », arguent-ils.

Le 16 juillet, René Préval a adressé une seconde lettre au parlement dans laquelle il appelle au dialogue : « la question du salaire minimum exige une réflexion profonde. Elle ne peut s’inscrire que dans un questionnement plus responsable sur la création de richesse, sa répartition plus équitable et, surtout, l’ouverture du marche du travail à une jeunesse qui représente plus de la moitié de notre population », plaide cette correspondance.

Cependant pour les ouvriers cela dénote une sympathie évidente du chef de l’état envers « la bourgeoisie ».

« Il est triste de constater qu’aujourd’hui, le président de la république choisisse de défendre les intérêts de la bourgeoisie, plutôt que les nôtres. », a déploré un manifestant.

« Les 70 gourdes ne nous permettent pas de vivre décemment. Notre salaire ne nous permet pas de manger. Si nous sommes malades, nous ne pouvons pas aller à l’hôpital, expliquent-ils. Nous travaillons de 6h du matin à 7h du soir. Beaucoup d’entre nous sont victimes de licenciement sans préavis ».

Soulignant les écarts entre leurs salaires et les profits des patrons des usines de la sous-traitance, les ouvriers ont exprimé leur détermination à poursuivre le mouvement en faveur des 200 gourdes.

La manifestation des ouvriers de la sous-traitance ne s’est toutefois pas achevée sans incident. Des étudiants, qui ont conduit durant plusieurs semaines les premières mobilisations pour les 200 gourdes, ont tenté de défaire le barrage de sécurité établi par la police. Cette dernière a fait usage de gaz lacrymogènes et des pierres ont été lancées contre les policiers.

Un journaliste de la station de télévision Telemax, Dario Louis, a été blessé au visage, et évacué par la Croix-Rouge.

Des drapeaux ornant la place d’Italie ont par la suite été arrachés à leurs mats, et piétinés. « Ce sont les drapeaux de l’occupation », accusent les étudiants.

Suite à ces incidents, les ouvriers se sont dispersés.

Rappelons qu’Haiti est le pays le plus pauvre de l’Amérique, et que le taux de chômage frôle les 50%.

0 réponses

Répondre

Want to join the discussion?
Feel free to contribute!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *