Nouvelle idée patronale pour les précaires: le salaire minimum au 2/3

Île-du-Prince-Édouard – Le débat autour d’une idée patronale ultra-réactionnaire d’un salaire minimum modulable selon l’expérience fait rage à l’Île-du-Prince-Édouard, où la ministre conservatrice a lancé l’idée cet automne. Vaguement comparable aux fameux CPE (contrats de première embauche) qui avaient embrasés la France en 2006, l’idée est présentée comme étant une correction de “l’injustice” qui fait qu’un travailleur au salaire minimum qui a 5 ans d’expérience gagne le même salaire qu’un travailleur nouvellement en poste, comme si les travailleurs les moins payés et les plus précaires devaient payer parce que les patrons sont trop cheap pour donner des augmentations à leurs employés les plus fidèles.

Sans surprise, ce sont les propriétaires de restaurants qui appuient le plus massivement le projet. Non content d’être déjà parmi les pires employeurs au pays, les patrons de restaurants réclament maintenant que les travailleurs les plus pauvres et les plus précaires voient leur salaires encore diminués. Le salaire minimum est déjà largement insuffisant pour faire face à toutes les obligations financières sous lesquelles les travailleurs croulent, il faudrait encore qu’il soit diminué pour corriger une “injustice” dont les patrons sont responsables. Si des travailleurs avec de l’expérience se retrouvent au salaire minimum, c’est d’abord et avant tout parce que les patrons n’offrent pas d’augmentation de salaire, et ce n’est certainement pas la faute des travailleurs qui arrivent dans un nouvel emploi.

Encore une fois, c’est une tentative de frapper sur les plus pauvres et les plus vulnérables, sur ceux qui – sans syndicat – doivent se fier sur la loi pour avoir un minimum de protections sociale. Les travailleuses et les travailleurs qui seraient principalement affectés par une mesure du genre sont principalement des femmes, des immigrants, des personnes avec des limitations fonctionnelles, des mères monoparentales.

Le projet de loi a d’ailleurs suscité de vives réactions parmi la population et les syndicats. Le NUPGE s’est prononcé fermement contre l’idée, alors que la majorité des commentaires citoyens ne semblent pas dupes de la démagogie patronale.

“Une telle proposition est inutile et n’a pour objectif que de permettre aux entreprises qui paient les salaires les plus bas de baisser les salaires encore plus”, soutien le NUPGE dans un communiqué.

“Vous voulez rire ! La seule raison pour laquelle les propriétaires de restaurants appuient cela, c’est pour qu’ils puissent payer des salaires plus bas”, déclare Tracey, une résidente de l’Île. “Ça leur ouvre la porte pour pouvoir dicter quel employé est valable, et tout le monde sait que ce sera le moins bien payé”

“J’ai les compétences pour occuper beaucoup d’emplois au salaire minimum, et j’ai certainement besoin de travailler”, confie Angie Potter, une mère de six enfants qui a passé 15 ans hors du marché du travail. “Pour moi, cette loi ressemble à une punition pour être restée au foyer à m’occuper de mes enfants.”

En fait, cette loi n’est pas une punition, mais bien une des dernières tentatives en lice des patrons pour pouvoir tout bonnement engranger plus de profits sur le dos des travailleuses et des travailleurs. Le patronat n’est pas préoccupé par un sens subit de la justice sociale et de l’équité entre les travailleurs, mais désire simplement baisser les salaires. La démagogie patronale n’a apparemment pas de limites.

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