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IWW-Londres|Récit et video de la victoire des nettoyeur-euse-s du Guildhall

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Des nettoyeur-euse-s syndiqué-e-s avec les IWW sortent gagnant-e-s d’un conflit de travail contre Guildhall, à Londres.

Publié le 25 juillet en anglais sur http://iww.org.uk/node/590

Les nettoyeur-euse-s de la compagnie londonienne Guildhall ont gagné une importante victoire dans leur conflit avec le sous-traitant Ocean Contract Cleaning London Ltd (Ocean). Ceci représente une réalisation majeure pour ces travailleur-euse-s syndiqué-e-s avec la « Branche des Nettoyeur-euse-s et allié-e-s – Syndicat Industriel 640 » des Industrial Workers of the World(IWW).

Le Guildhall a été construit entre 1411 et 1440 comme un symbole de l’élite dirigeante anglaise, et nombre de ses politiques du travail restent toujours coincées dans ce passé médiéval. Les travailleur-euse-s qui entretiennent la splendeur du Guildhall sont payés un misérable £ 5.93 (9,60$CAN) de l’heure et n’ont pas d’assurance maladie ou fond retraite. Ils-elles sont embauché-e-s par Ocean, une société qui a également des antécédents dignes d’un établissement médiéval. Par exemple, en 2006 l’organisation communautaire London Citizens découvrait que les travailleur-euse-s employé-e-s par Ocean dans une université de Londres étaient généralement sous-payé-e-s, voire pas payé-e-s du tout. Ces nettoyeur-euse-s ont par la suite récupéré £ 50,000 en salaires impayés.

Au Guildhall, les nettoyeur-euse-s se trouvent dans une situation similaire n’ayant pas été payé-e-s à plusieurs reprises, ou recevant leur paie avec plusieurs mois de retard. Certain-e-s ont attendu deux à trois mois pour obtenir les salaires qui leur étaient dus. Autre faute, ces travailleur-euse-s se sont même fait déduire le jour férié pour le mariage royal de leurs congés. Comme si cela ne suffisait pas, les travailleur-euse-s, en grande majorité immigrant-e-s de l’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique, sont soumis-ses à des abus de gestion tels que des brimades et des mesures disciplinaires injustifiées. Par exemple, un-e employé-e peut être retourné-e chez lui-elle pour s’être présenté-e cinq minutes en retard. Au second retard, ce-cette même employé-e peut être congédié-e. Des travailleur-euse-s membres des IWW ont déclaré avoir été menacé-e-s de licenciement pour avoir été deux minutes en retard.

Les employé-e-s du nettoyage ripostent !

Les trente-quatre nettoyeurs et nettoyeuses du Guildhall n’ont pas tardé à s’organiser et à répondre par l’action directe à l’arrogance de la direction. Les mardi 14 et mercredi 15 Juin, ces travailleur-euse-s ont exercé une pression directe sur la direction en demeurant dans le hall d’entrée dès le début de leur quart de travail, jusqu’à ce qu’ils et elles obtiennent l’assurance d’être payé-e-s pour leur travail!

Malgré la confirmation d’ Ocean que les travailleurs et les travailleuses seraient payé-e-s dès les jours suivants, il restait toujours deux semaines de salaires impayés en moyenne. Les travailleur-euse-s ont alors soumis à la direction une plainte officielle émanant des IWW quant aux nombreuses heures non payées, laquelle n’a malheureusement pas été entendue. Les nettoyeur-euse-s des IWW ont répondu en intensifiant leur campagne par une journée d’action tenue le vendredi 15 Juillet.

Cette fois-là, la manifestation a été appelée par la Branche des Nettoyeur-euse-s des IWW, et a été accompagnée d’une vague de solidarité. Plusieurs personnes se sont joints à la manifestation en soutien aux travailleur-euse-s du Guildhall : des travailleur-euse-s et des étudiant-e-s du University College London et du School of Oriental and African Studies, des militant-e-s du Colombia Solidarity Campaign, d’autres nettoyeur-euse-s de la Branche Générale des Membres des IWW de Londres ainsi que des membres de divers autres groupes. Plus de soixante personnes ont manifesté en signe de solidarité à partir 05h30 du matin au Guildhall. On peut noter le soutien offert par le vicaire David Parrott qui en plus d’avoir mis à leur disposition les installations de son église, a offert du thé et du café aux travailleur-se-s.

Les nettoyeur-euse-s veulent des garanties

Les travailleurs-euse-s, arborant les mots «Arrêtons la violence» sur leurs mains, ont scandé des slogans comme «Pas de salaire, pas de travail», ou encore l’hymne wobbly «Solidarity Forever ». Pour au moins une fois dans son existence, le Guildhall n’aura pas chanté les louanges des seigneurs du capital !

C’est seulement à la suite de l’intensification de la campagne par les membres des IWW que la direction du Guildhall est intervenue en convoquant une rencontre entre elle, les IWW et Ocean. Une délégation composée d’Alberto de Durango (secrétaire de la London IWW Cleaners Branch), de Chris Ford (de la Branche Générale des Membres de Londres) et de trois nettoyeur-euse-s du Guildhall, membres des IWW, a pu rencontrer la direction et le sous-contractant Ocean.

Afin de faciliter les négociations, et avec l’approbation des travailleur-euse-s, nous avons convenu de déplacer la manifestation en dehors de la cour du Guildhall – la direction prétextait que nous étions sur une propriété privée, même si la police municipale nous avait donné la permission d’y manifester à deux reprises. Les patrons étaient clairement irrités par nos manifestations et ont à maintes reprises tenté de berner le syndicat en offrant aux travailleur-euse-s de s’installer dans une autre salle jusqu’à la fin des négociations. Nous sommes peut-être des esclaves salarié-e-s, mais nous ne sommes pas des imbéciles !

Sous la pression, et alors que la direction du Guildhall débattait ouvertement avec la direction d’Ocean – les IWW a garanti une entente de paiement immédiat des salaires dus et une révision des salaires au cours des derniers six mois. Après cinq heures d’actions de dénonciation, le IWW a eu la garantie écrite que le département des ressources humaines d’Ocean allait effectuer un versement direct aux nettoyeur-euse-s avant la fin de la manifestation.

Autant la manifestation du 15 Juillet que les actions précédentes en Juin ont abouti à l’importante victoire qu’est la concrétisation des demandes des nettoyeurs-ses du Guildhall. Tous les syndiqué-e-s des IWW du Guildhall et de la Branche Générale des Membres se sont félicités de cette campagne inspirante.

Menaces déguisées et la suite des choses

À plusieurs reprises, la direction du Guildhall de Londres a dénoncé les actions des nettoyeurs-nettoyeuses des IWW, les qualifiant d’actions industrielles illégales. Contrairement aux syndicats traditionnels, les IWW ne fonctionne pas dans le sillon de la peur des lois anti-syndicales à la Thatcher. Il va de soi que le syndicat ne regrette aucunement les actions décidées démocratiquement par ses membres dans le but de faire avancer leurs intérêts. Quand il a été sous-entendu que des mesures disciplinaires pouvaient être prises contre les nettoyeur-euse-s, les militant-e-s des IWW ont clairement affirmé à la direction qu’ils-elles organiseraient une autre campagne pour défendre tout travailleur menacé après avoir voulu obtenir le salaire qui lui est dû.

Toutefois, contrairement à ce que les patrons ainsi que certains sites Web ont pu dire, les militant-e-s syndiqué-e-s des IWW n’ont pas eu besoin d’appeler à la grève au Guildhall. Les nettoyeur-euse-s ont en fait eu affaire à l’équivalent d’un lock-out. C’est bien la direction de l’entreprise, et non les nettoyeur-euse-s, qui était dans l’illégalité en ayant à plusieurs reprises manqué à son obligation contractuelle de verser un salaire aux travailleur-euse-s en contrepartie de leur travail. Ces prolétaires qui reçoivent moins que le salaire minimum ne feront certainement pas de bénévolat!

Nous mettrons ces choses au clair le Jeudi 28 Juillet quand les militant-e-s des IWW se réuniront avec la Direction Générale de Ocean. La Branche des nettoyeur-euse-s des IWW suivra les prochaines étapes dans une campagne visant à améliorer les conditions des syndiqué-e-s du Guildhall. Parmi les principaux objectifs on retrouve:

1. La reconnaissance des IWW.
Un syndicat ouvrier autonome dont presque tous les nettoyeureuse-s du Guildhall sont à présent membres. Au lieu d’essayer de saper les IWW, comme le nouveau contracteur Sodexo cherche à le faire en tenant des «consultations» individuelles avec les nettoyeur-euse-s, les employeurs doivent faire face à la réalité que le syndicat est bien là pour rester.

2. Un salaire décent dans l’immédiat.
Les membres des IWW de la Branche Générale des Membres de Londres ont décidé de faire campagne sur le salaire de subsistance, actuellement estimé par la municipalité de Londre à 8,30£ de l’heure. Les entreprises de nettoyage voient les salaires comme un fardeau affectant leurs profits, et cherchent donc à les garder au plus bas. Pour la classe populaire le taux horaire est une question de survie. Avec une augmentation du coût de la vie et l’aggravation de la récession actuelle, travailler à 5,93£/ h, c’est pire que de vivre dans la pauvreté.

Le Guildhall prétend qu’il n’est pas le responsable des nettoyeur-euse-s. Selon la Direction, ce serait plutôt les sous-traitants Ocean actuellement et Sodexo à partir du 1er septembre. Cependant, comme le dit le dicton «Qui paie le bal mène la danse» ; c’est le Guildhall qui a décidé de sous-traiter les services de nettoyage ;c’est donc bel et bien le Guildhall qui fixe les termes de la soumission. Le Guildhall pourrait s’attribuer lui-même le contrat et ainsi donner aux nettoyeur-euse-s les mêmes conditions que ses autres employé-e-s. Il pourrait aussi choisir d’attribuer des contrats qu’à des organisations qui paient un salaire décent et qui reconnaissent les syndicats. Que ça soit le Guildhall qui emploie les nettoyeur-euse-s directement ou par l’intermédiaire d’un sous-traitant, les syndiqué-e-s et les militant-e-s du IWW exigent la justice pour ces ouvrier-ère-s dès maintenant!

Nettoyeurs, nettoyeuses, connaissez vos droits !

Les militant-e-s syndicalistes des IWW de la Branche Générale des Membres de Londres tiendront une séance d’information pour les nettoyeur-euse-s du Guildhall, après la fin de leur quart de travail. (date et lieu à être annoncés). Les IWW ont également invités un professionnel en droit du travail qui donnera aux travailleur-euse-s un aperçu sur leurs droits, en ce qui a trait particulièrement à leur contrat de travail, leurs salaires, congés, pauses, à la discipline, aux règlements des griefs et bien plus encore. Des traductions en français et en espagnol seront fournies.

Cours de langue anglaise

Comme c’est souvent le cas avec les travailleur-euse-s migrant-e-s, les employeurs ont utilisé le manque de connaissance de l’anglais des travailleurs-euse-s pour les exploiter et les maltraiter. Alors que les militant-e-s syndicalistes de la Branche Générale des Membres de Londres font le nécessaire pour obtenir du matériel en espagnol et en français pour aider ses membres, ils organiseront prochainement des cours gratuits de langue anglaise pour les membres londonien-ne-s des IWW.

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