Suspension de 2400 cols bleus, le parti pris de la Commission des relations du travail
Hier matin, Radio-Canada nous annonçait que près de 2400 cols bleus étaient suspendu-e-s sans solde pour avoir participé à une assemblée générale la semaine dernière.
Rappelons que le 8 décembre dernier, à l’appel de leur syndicat, les cols bleus se sont réuni-e-s en assemblée générale afin de discuter des revendications qui seront à venir lors de la reprise des négociations entourant leur régime de retraite en janvier 2016, soit dans quelques semaines à peine. Les négociations approchant à grand pas et la question étant des plus importantes pour nombre de travailleurs et de travailleuses, ceux et celles du quart de jour décidèrent, à leurs frais, de s’absenter un peu moins de deux heures du travail, afin de pouvoir participer à la dite assemblée générale. En tout et pour tout, ce sont 4000 travailleurs et travailleuses qui se réunirent au Palais des Congrès, une mobilisation à laquelle les centrales ne nous avaient pas habituée!
« Le Code du travail qui encadre et limite le droit de grève au Québec est extrêmement stricte (…) la priorité est de conserver la paix social.»
La ville avait été prévenue et aurait pu modifier le travail à faire en conséquent, mais cette dernière préféra lancer tout de suite une offensive contre la partie syndicale. Le Code du travail qui encadre et limite le droit de grève au Québec est extrêmement strict, et son objectif est simple et assumé, en dépit du droit de négociation et de la qualité de vie et de travail des salarié.es, la priorité est de conserver la paix sociale.
La « grève », que la loi reconnaît comme une forme quelconque d’interruption ou de ralentissement du travail ne peut être exercée si cela ne fait pas déjà 90 jours que les négociations ont commencé et que la convention collective est échue. L’arrêt de travail des cols bleus pour participer à leur assemblée générale fut donc compris comme une grève illégale par la Commission des relations du travail. Ce que cela signifie, c’est que les syndiqué.es s’exposent à des amendes de 25 $ à 100 $ par jour, pour les officier.ères, il s’agit d’amende de 1000 $ et 10 000 $, et pour les syndicats, il est possible de monter jusqu’à 50 000 $ par jour. Or, si les chiffres ne sont pas encore sortis, ce matin nous assistions à la suspension sans solde de 2400 membres du syndicat qui pourraient, en plus des amendes, se voir accusé.es d’outrage au tribunal.
Ce que l’exemple des cols bleus et de leur assemblée générale nous démontre, c’est qu’il est aujourd’hui impossible pour un syndicat légaliste de commencer à mobiliser ses membres, de les amener à réfléchir aux enjeux qui les concernent et aux stratégies qu’ils et elles devront mettre de l’avant. Pendant que le maire et ses conseillés -et de manière plus général le patronat- peuvent prendre tout le temps qu’ils veulent sur des heures de travail payées, à même les impôts de la classe des salarié.es, les travailleurs et travailleuses doivent attendre trois mois après le début des négociations pour entrer en action. C’est dire que jouer selon les règles du jeu, c’est commencer la partie avec trois mois de retard sur son adversaire. Adversaire qui, rappelons-le, pourra encore modifier les règles si cela lui chante.
Si seule l’avenir pourra nous dire jusqu’où ils et elles seront prêt.es à aller, la détermination des cols bleus à combattre en dépit des risques légales est à saluer chaudement. Alors que de plus en plus de gens se disent déçus du syndicalisme d’aujourd’hui, alors que de plus en plus de travailleurs et travailleuses se tournent vers des voies alternatives au cul-de-sac que représente le Code du Travail et que de nombreux syndicats vantent encore comme la crème de la crème des victoires obtenues par le mouvement ouvrier, nous ne pouvons qu’applaudir cette volonté des cols bleus de « retourner aux bonnes vieilles méthodes », soit à l’action directe et au débrayage illégale.
Quand l’injustice devient la loi, la résistance est un devoir.
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