Malaises aux partys des fêtes – Quelques trucs wobblies pour vous aider à gérer la situation

Par Anarkitty

La saison des partys des fêtes approche à grands pas. C’est bien connu, il s’agit pour la plupart des gauchistes d’une période parsemée de moments bien agréables, mais aussi de nombreuses situations qui nous feront grincer des dents et auxquelles il n’est pas toujours facile de savoir comment réagir. Est-ce qu’on doit dénoncer systématiquement chaque parole ou geste problématique et risquer de se mettre tout le monde à dos ? Est-ce qu’on doit en laisser passer et qu’on devient alors un.e mauvais.e allié.e ? Est-ce pertinent de débattre avec notre cousin complotiste qui ne changera pas d’idée de toute manière ? Ce sont toutes des questions que nombre d’entre nous, moi y compris, se sont posé.es plus d’une fois.

Chose intéressante, le wobblie en moi a récemment réalisé qu’il y avait de grandes similitudes entre bon nombre de ces situations et celles qu’on rencontre au jour le jour dans une campagne d’organisation syndicale de l’IWW. En effet, lors d’une campagne wobblie, le défi d’à la fois réunir tout le monde ET de les amener à supporter l’idée de bâtir un syndicat est de taille ! Il nous force à devoir sans arrêt éduquer nos collègues et intervenir sur leurs comportements problématiques, tout cela sans se les mettre à dos. Ce n’est pas simple, et pour cette tâche, nous avons acquis au fil des décennies une grande expérience sur les pratiques à adopter et celles à éviter. Je vous en partage quelques unes qui, je l’espère, pourront vous être utiles !

  1. Poser des questions et écouter les réponses

Les êtres humains ont généralement le défaut d’être très facilement froissables. Dites-leur que vous n’êtes pas d’accord avec elles ou eux et ils/elles se sentiront confronté.e.s, voudront défendre leurs idées et tomberont presque toujours en mode «joute». Leur but ne sera plus de discuter et/ou d’apprendre, mais seulement de gagner. Cela mènera généralement à un cul-de-sac, voir (et des études le démontrent) au renforcement de leurs positions de départ.

Pour éviter de tomber dans cet abîme, la meilleure chose que nous avons appris.es à faire est tout simplement de poser des questions, écouter les réponses, renchérir avec d’autres questions et amener l’autre à trouver la réponse par lui ou elle-même. Une règle d’or qu’on répète souvent est celle du « 80% / 20% » qui consiste à donner 80% du temps de parole à l’autre et à en garder seulement 20% pour soi.

Cette méthode a aussi l’avantage non négligeable d’améliorer de beaucoup compréhension et la rétention de l’information chez l’autre. En effet, puisque la personne à qui nous parlons aura elle-même fait le raisonnement aboutissant à la conclusion que nous voulions, elle l’aura nécessairement compris pour de vrai et n’aura pas fait que hocher de la tête en faisant mine d’avoir saisi.

Attention cependant, il est primordial d’être de bonne foi avec cette approche. Nous ne sommes pas Socrate. Le but n’est pas de poser des questions avec un ton moqueur pour prendre l’autre au piège et/ou de le ou la ridiculiser; c’est plutôt d’avoir une vraie conversation et, surtout, d’éviter de partir dans une envolée lyrique non-sollicitée qui se révélera généralement contre productive.

  1. Les conversations en tête à tête

Avez-vous déjà remarqué qu’il est beaucoup plus facile de faire changer une personne d’idée en débattant avec elle lorsqu’il n’y a pas d’autres personnes dans la conversation ? Si oui, il s’agit d’une bonne observation et cela est dû encore une fois à cette vilaine fragilité de l’égo. Il vaut donc mieux adresser une situation problématique ou débattre d’un enjeu politique seul.e avec la personne visée plutôt que la confronter devant tout le monde. De plus, cela évite d’obtenir le funeste titre de «social justice warrior» (ou du très à la mode «woke») qui, généralement, finit par être contre-productif car plus personne ne nous écoute et considère ce que nous disons. Finalement, cela risque beaucoup, BEAUCOUP moins de détériorer nos relations avec la personne elle-même ou les autres personnes présentes qui auraient été témoins de la scène.

  1. Les agressions et la pression sociale

Parce qu’aucune règle n’est absolue, il y a évidemment des situations dans lesquelles intervenir en mettant la personne problématique à part n’est pas la bonne chose à faire. Parmi celles-ci, toute situation où une personne en insulte, intimide, agresse etc. une autre requiert évidemment une intervention immédiate pour la faire cesser. Celles où une personne dit ou fait quelque chose qu’à peu près personne ne défendra peuvent aussi faire exception, puisqu’en adressant directement le problème, il y a de fortes chances que les autres nous appuient et que la pression sociale aie un effet immédiat et à long terme sur la personne problématique. De plus, puisque tout le monde en aura été témoin, cela permet généralement de «monter la barre» pour les situations futures en démontrant que ce genre de choses ne sera plus toléré. Finalement, cela permet aussi de montrer aux personnes qui n’auraient rien dit que lorsqu’on ose se lever pour parler tous et toutes ensemble, notre pouvoir collectif est plus grand que notre pouvoir individuel.

  1. L’alcool

Il serait difficile de faire un texte ayant comme sujet les malaises des partys des fêtes sans parler d’alcool. Je ne m’éterniserai pas sur ce sujet puisqu’il est plutôt évident : Si vous croyez que des situations tendues peuvent se produire, il vaut mieux être prévoyant.e et toujours garder en tête que la modération a bien meilleur goût.

Nous ne pouvons évidemment pas contrôler la consommation d’alcool et de drogue des autres, mais pouvons faire un effort sur la nôtre.

  1. Le pouvoir de la vulnérabilité

*Celui-ci n’est pas du IWW, mais d’une personne qui m’est chère, que j’ai vu l’utiliser souvent et sa puissance me frappe à chaque fois. Je devais en glisser un mot.

Notre société nous demande toujours d’être «fort.es». Elle nous apprend que montrer notre vulnérabilité est à proscrire. Or, ceci est complètement faux. Si quelqu’un nous dit quelque chose qui nous fait mal au point où on en vient à retenir nos larmes, la meilleure chose à faire peut parfois être d’embrasser notre émotion et le malaise qu’elle générera et de nous mettre à pleurer. Contrairement à la colère, cette réponse aura tendance à susciter de l’empathie de la part des autres, à mettre très mal-à-l’aise la personne qui nous a fait du mal et à générer beaucoup d’introspection chez elle, surtout s’il s’agit d’une personne empathique ayant seulement été maladroite. Elle s’ouvrira généralement à nous, nous écoutera, s’excusera et en sortira grandie. Notre relation avec elle risque aussi beaucoup moins d’en sortir détériorée.

Attention cependant, il ne doit pas s’agir d’une technique de manipulation émotionnelle ! L’idée n’est pas de feindre de pleurer pour qu’une autre personne se sente mal à l’aise, mais bien d’oser le faire si cela se produit naturellement. Aussi, si la personne qui nous a fait du mal n’est pas de bonne foi, il est probable que le pouvoir de la vulnérabilité ne fonctionne pas. Je ne considère tout de même pas qu’il faille absolument cacher nos émotions face à ce genre de personnes. À vous de prendre la décision qui vous semblera la meilleure.

  1. Choisir ses combats

Certaines personnes sont raisonnables, d’autres non. Dans l’absolu, il est fort probable que tout le monde peut changer d’idée, mais dans la réalité, cela dépend beaucoup du rapport que nous entretenons déjà avec elles et de leurs intentions. Par exemple, le cas classique de la personne qui entame une conversation avec nous dans le but spécifique de nous «trigger» pour ensuite se moquer de nous en est un où espérer une discussion constructive est franchement naïf. Les fanatiques religieux, les conspirationnistes et les militant.es politiques qui nous abordent pour essayer de nous convaincre ne sont généralement pas de bonne foi non plus. En règle générale (mais ce n’est qu’une opinion personnelle), je dirais que toute conversation avec une personne qui refuse de répondre à nos questions est une perte de temps. J’en profite d’ailleurs pour mentionner à ce moment précis que tout cet article vise globalement à ce que nous ne soyons pas nous-même ces personnes qui sont contre-productives et extrêmement désagréables 😉

Et voilà ! J’espère que ces quelques conseils, méthodes et balises pourront vous être utiles pour gérer les situations malaisantes qui se produiront dans vos partys des fêtes cette année, mais aussi dans toutes les autres situations malaisantes que vous allez rencontrer dans le futur.

Si vous êtes intéressé.es à en apprendre davantage sur ce sujet, pensez à joindre l’IWW si ce n’est pas déjà fait et/ou à vous inscrire à notre prochaine formation d’organisateur et organisatrice 101. Vous découvrirez qu’il ne s’agit pas que d’un syndicat, mais aussi d’une très belle école militante et de relations humaines.

Bon temps des fêtes et reposez-vous bien 🙂 !

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