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Série sur l’immigration, chapitre 1 : Grandeur et misère du chemin Roxham

Je l’avoue, j’ai une passion pour les sports extrêmes. J’aime le kayak d’eau vive, j’ai trippé quand j’ai essayé le kitesurf et j’attends juste de finir mes études pour avoir assez de temps pour me consacrer au roller derby. Mais décidément, le sport extrême qui me fait vivre le plus d’émotions fortes, c’est la course absolument infinie pour trouver son chemin à travers le labyrinthe en constante reconstruction qu’est notre système d’immigration. Vous n’allez surement pas me croire, mais je vous jure que c’est vraiment excitant!

Comme les politiques d’immigration canadiennes sont un casse-tête pour absolument tout le monde, incluant moi-même, j’ai décidé de faire une série d’articles visant à vulgariser tout ça. Si tout se passe comme prévu – mais s’il vous plait, faites-vous pas trop d’attentes – j’ai espoir de finir un texte sur les statuts d’immigration temporaires et la traite de personne et d’en pondre un autre sur l’historique des politiques migratoires racistes depuis la confédération. Je suis aussi ouverte aux suggestions. J’aime les défis et je suis un brin orgueilleuse, bring it ta question piège!

Bref, on part ça en force avec un sujet beaucoup trop brulant d’actualité pour que mon texte demeure à jour bien bien longtemps, et j’ai nommé : l’entente sur les tiers pays surs et le chemin Roxham.

En espérant que ça vous aide à mieux comprendre les enjeux!

Quelques notions de base en guise d’introduction

  1. Personne n’est illégal. Jamais.

Les gens sont parfois sans statut ou sans papiers. Ils n’ont parfois pas les bons papiers, mais ils ne sont jamais « illégaux », parce que ne pas être en situation irrégulière par rapport à son statut d’immigration c’est une infraction de nature administrative, pas criminelle. Exactement comme un ticket de parking. Par contre, c’est une infraction criminelle d’embaucher des personnes qui n’ont pas de permis de travail. Ça peut parfois même être vu sous l’angle du trafic humain dans certaines circonstances. On verra ça plus en détail dans la prochaine édition!

  1. Extrêmement rares sont les personnes qui arrivent au Canada sans papiers.

Cela s’explique en partie par la situation géographique du pays. En effet, à moins de passer par les États-Unis, seule frontière terrestre avec le Canada, il faut absolument prendre un bateau ou un avion pour venir au pays. Or, à moins de venir dans un conteneur à bord d’un cargo – on parle d’une vingtaine de personnes par année au cours des 5 dernières années1 – il faudra minimalement un passeport et un visa (de travail, d’étude ou de tourisme)2 pour pouvoir monter dans ces transports et finalement entrer au pays.

Les personnes qui sont sans statut au Canada ont à très, très vaste majorité déjà eu une autorisation légale pour être ici et l’ont perdue en cours de route. Cela vaut également pour les personnes qui traversent la frontière à pied depuis les États-Unis. C’est mon prochain point.

Le chemin Roxham, un spectre qui hante les conservateurs

Le chemin Roxham qui, dans une autre vie, rêvait d’être reconnu à la grandeur du pays pour être la porte d’entrée de l’incomparable Parc Safari, est aujourd’hui plutôt réputé pour être la principale porte d’entrée vers le Canada ou les États-Unis – dépendamment par quel sens on l’emprunte3 – pour des migrant-es en quête d’une vie plus stable.

En effet, en dépassant ledit parc, le chemin Roxham se rétrécit en une sorte de route de campagne entourée de maisons éloignées les unes des autres séparées par des champs et des parcelles de forêt. Le chemin se poursuit de la même façon du côté états-unien avant de redevenir une route plus passante quelques kilomètres plus loin. À la limite entre le Canada et les États-Unis : rien. Pas de poste frontalier officiel, seulement un poste de commandement de la GRC et une butte qui semble être artificiellement construite pour délimiter la frontière.


Poste de la GRC Source : Google Map, 26 janvier 2023


Fin du chemin Roxham du côté canadien. Source : Google Map, 26 janvier 2023

Ce point de passage est de loin le plus populaire chez les migrant-es, d’abord et avant tout pour des considérations pratiques. En effet, rares sont les zones frontalières non contrôlées par des douaniers qui sont traversés par une route quasiment complète. Pour traverser ailleurs sans faire face à un douanier, il faut marcher sur plusieurs kilomètres sans repères dans la forêt, ce qui augmente le risque de se perdre en cours de route.

Maintenant, pourquoi des personnes veulent éviter de passer par les douanes? Contrairement aux messages bombardés par la droite anti-immigration, ce n’est pas parce que ces personnes ont davantage de « choses à cacher » que les autres.

Pour bien comprendre l’origine de la popularité du chemin Roxham, il faut remonter à la très gênante époque de la War on terror décrétée par les États-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Faisant du pouce sur la rumeur voulant que les assaillants des tours jumelles aient rejoint les États-Unis par la frontière canadienne – mythe qui sera ensuite démantelé – les républicains de George W. Bush militent pour l’augmentation du contrôle aux frontières. On estimait alors que la frontière canadienne était une passoire pour des ressortissant-es étranger-ères à la recherche de travail aux États-Unis.

Dans ce contexte, le Canada et les États-Unis ont signé l’Accord entre le Gouvernement du Canada et le Gouvernement des États-Unis d’Amérique pour la coopération en matière d’examen des demandes de statut de réfugiés présentées par des ressortissants de pays tiers4 souvent appelée simplement « entente sur les tiers pays sûrs ».

Ne soyez pas surpris-es, cette entente mise, entre autres choses, sur le principe déjà bien connu à ce moment en Europe de… « Tiers pays sûr ». En gros, ce principe établit la responsabilité face au traitement des demandes d’asile pour le premier État jugé sécuritaire qui aurait été traversé par les ressortissant-es étranger-es lors de leur parcours migratoire.

Par exemple, une personne en provenance d’Amérique latine qui aurait visité les États-Unis, puis traversé au Canada avant de demander l’asile, serait automatiquement refusée et renvoyée vers les États-Unis pour le traitement de sa demande.

La twist, c’est que l’entente prévoit une exception à cette obligation pour les personnes qui traverseraient la frontière à pied sans croiser de poste frontalier. Donc si on reprend l’exemple précédent, la personne en provenance d’Amérique latine pourrait voir son dossier d’asile traité au Canada si elle passe par… Le chemin Roxham!

En passant par cette route, les migrant-es savent qu’ils ne rencontreront pas de douaniers, mais ils savent aussi que des agents de la GRC seront de l’autre côté pour accueillir leur demande d’asile dès les premières minutes de leur séjour au Canada. Raison pour laquelle les personnes qui traversent par-là ne doivent pas être qualifié-es de « sans-papiers ».

Ce sont des demandeurs d’asile.

Jusqu’à l’entente Biden-Trudeau de mars 2023, les agent-es de la GRC qui étaient envoyés dans cette zone n’avaient pas le mandat de déterminer si les personnes qui traversaient avaient des motifs valables de demander la protection du Canada. Ils n’avaient pas non plus le droit de renvoyer les gens vers les États-Unis. Ils devaient donc transporter les migrant-es vers ce qu’ils appellent le « Centre de surveillance de l’immigration » de Laval, lire : une prison fraîchement agrandie. Mais ne vous inquiétez pas, sur le site de l’Agence des services frontaliers du Canada on nous assure que les salles à manger de la prison de Laval sont des espaces règne la lumière naturelle5. #Canada, #PaysDesDroitsHumains, #MonCul.

De la prison, l’identité des demandeur-euses sera vérifiée. S’ils et elles ne sont pas des criminel-les notoires dans leurs pays d’origine, ils et elles seront relâchés au bout de quelque temps avec un statut temporaire le temps que leur demande de protection soit analysée sur le fond un à deux ans plus tard, devant la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada.

[J’avais écrit un très long bout sur le déroulement de ce genre d’audiences, mais je réalise que ça n’intéresse surement personne sauf moi, alors je vous épargne tout ça. Pour avoir une meilleure idée d’à quoi ressemble ces audiences, je vous invite à lire l’excellent roman Boat people de Sharon Bala, traduit en français sous le même titre. C’est décrissant! Pour les autres, sachez seulement que le processus est terriblement pénible et traumatisant pour les victimes de violence. Sachez aussi que les démarches sont très coûteuses et qu’en moyenne 30% des dossiers sont rejetés et vont donc en appel6.]

L’entente Biden-Trudeau, un shit show à saveur populiste

Première chose à savoir : l’ensemble de l’entente sur les tiers pays surs est actuellement contesté en Cour suprême. Cette saga a commencé dans la première année du mandat de Trump aux États-Unis. Avec ses politiques migratoires cowboy, les groupes de défense de droit canadien ont arrêté de considérer les États-Unis comme un pays sécuritaire pour les migrant-es et ont remis en question la constitutionnalité de l’entente qui ne respectait plus, à leurs yeux, la charte des droits et libertés. Les audiences sont terminées, une décision devrait être rendue sous peu.

Donc faire un deal sur le side ce n’est pas particulièrement nécessaire puisque tout pourrait être à refaire d’ici quelques mois.

Cela dit, l’entente Biden-Trudeau entrée en vigueur le 25 mars 2023 vient confirmer l’application rigoriste de l’entente sur les tiers pays surs. Ainsi, elle ferme la brèche dans qui permettait aux demandeur-euses d’asile de contourner l’entente. Pour faire simple : oui, le side deal ferme techniquement le chemin Roxham à quelques exceptions près, notamment pour les mineurs non accompagnés (en moyenne 4 par jour), les personnes qui ont de la famille au Canada ou les personnes faisant face à la peine de mort aux États-Unis (no joke!)7. Les autres demandeur-euses ne pourront plus, jusqu’à nouvel ordre, entrer au Canada par ce point de passage pour demander l’asile.

Mais tsé… l’immigration ce n’est jamais aussi simple.

L’entente Biden-Trudeauprévoit une nouvelle exception : si des personnes traversent depuis les États-Unis et réussissent à ne pas se faire prendre par les autorités dans les 14 premiers jours, elles pourront demander l’asile au Canada. Comment arriveront-elles à prouver le moment exact de leur traversée pour avoir accès à cette mesure? Cela demeure un mystère! J’ai tellement hâte à la jurisprudence qui va analyser une preuve fondée sur la véracité des reçus de Tim Horton des demandeur-euses… Du gros bonbon juridique!

Enfin, la nouvelle entente prévoit que le Canada acceptera 15 000 migrant-es de plus cette année en provenance de « l’hémisphère occidental ». Qu’est-ce que ça veut dire tout ça? Quel statut auront ces personnes? Est-ce qu’elles seront ici de façon temporaire ou permanente? Ce seront des demandeur-euses d’asile ou des réfugiés? Honnêtement, c’est vraiment confus! Même le ministre Fraser a refusé de donner des précisions à ce sujet…

Réfugié-e ou demandeur-euse d’asile?

Enfin, la distinction entre le statut de réfugié-e et celui de demandeur-euse d’asile fait souvent l’objet de confusion.

Il faut savoir qu’on ne peut pas demander l’asile depuis l’étranger. Comme on vient de voir, les personnes qui viennent chercher l’asile au Canada doivent le faire une fois à l’intérieur de ses frontières. Ainsi, contrairement au discours médiatique présentant les demandeur-euses d’asile comme des « migrant-es irréguliers », sachez qu’il n’y a aucune « bonne façon » ou de façon « régulière » de demander l’asile. Quand ta vie est menacée… bein tu décâlices! Peu importe comment et généralement sans trop réfléchir ou planifier. Beaucoup de demandeur-euses d’asile fuient des persécutions individuelles, comme les violences de groupes armés (gang, narcotrafiquants, être menacé pour être du mauvais bord politique, etc.), les violences sexistes (violence conjugale, mariages forcés, mutilations sexuelles, crimes d’honneur, etc.) ou les violences homophobes (menaces de mort, torture, thérapies de conversions, etc.).

À l’inverse, les réfugié-es sont des personnes qui ont entrepris toutes les démarches légales pour obtenir la protection d’un État avant de voyager vers celui-ci. Ces personnes arrivent donc au pays avec tous les bons papiers pour refaire leur vie ici. Le statut de réfugié est généralement octroyé à des personnes qui sont collectivement menacées, par une guerre, par exemple. Tous les réfugiés sont parrainés, soit par le gouvernement, soit par des groupes communautaires. Ceux-ci ont la responsabilité de soutenir financièrement les réfugiés pendant leur première année et doivent leur fournir le nécessaire pour combler leurs besoins de base. Ce faisant, le nombre de réfugié-es accepté-es par année est limité.

Fait intéressant, le choix des dossiers acceptés par le Canada est éminemment politique. Lors de la guerre en Syrie, pratiquement seules les personnes de confession chrétienne ont pu s’installer ici. Dans ce contexte, pas étonnant que les Ukrénien-nes aient eu la priorité sur les Afghan-nes…

Des mythes tenaces au sujet des demandeurs d’asile

  1. Ils et elles se font payer l’hôtel tout inclus

Une fois qu’ils sortent du centre de détention, les demandeur-euses d’asile peuvent être pris en charge par des organismes qui offrent de l’hébergement temporaire. On parle de séjours d’un maximum de 3 semaines, le temps que les migrant-es trouvent un logement. Je ne sais pas qui trouve un logement en 3 semaines à Montréal… Rendu là, ça relève du miracle! Les ressources d’hébergement sont effectivement débordées, mais pas parce qu’on est envahi, seulement parce que tous les gouvernements des dernières décennies sous-financent les services sociaux. Bref, il manque de place, ce qui a forcé les institutions à réquisitionner des hôtels pour y loger temporairement les migrant-es. On ne parle pas ici d’hôtels de luxe offrant du service aux chambres. On parle plutôt de familles nombreuses dans une seule chambre, pas de cuisine ou de quelconques installations pour faire à manger. Bref, rien d’adapté aux besoins des nouveaux-elles arrivant-es.

  1. Ce sont des « Voleurs de jobs » et des « BS » en même temps!

Une fois sortis de détention, les demandeur-euses d’asile peuvent demander un permis pour avoir le droit de travailler. Actuellement, ce permis met environ 9 mois à arriver. En attendant le précieux document, les migrant-es ne peuvent pas travailler, mais elles sont autorisées à faire une demande de prestation d’aide sociale. La très vaste majorité d’entre eux préfèrerait travailler dès leur arrivée, mais ils et elles ne peuvent tout simplement pas le faire.

Par ailleurs rappelons, que les besoins des demandeur-euses d’asile à leur arrivée sont importants. Ils et elles repartent littéralement à zéro avec seulement quelques vêtements dans leur sac à dos. Il faut donc acheter des meubles, des électros, des vêtements d’hiver pour les enfants, des objets de cuisine ou toute autre nécessité en plus de se nourrir et se loger. Ce n’est certainement pas avec 923$ par mois pour une personne seule ou 1431$ pour un couple qu’on arrive à faire tout ça.

Plusieurs personnes seront donc tentées de travailler « au noir » pour répondre à l’ensemble des besoins. Or, sans permis de travail, les migrant-es héritent souvent des emplois les plus pénibles et dangereux, généralement pour des salaires dérisoires, en plus de risquer de se faire prendre par les autorités8.

Malgré tout, ces personnes sont souvent perçues par les travailleur-euses locaux-les comme une menace à leurs propres conditions de travail. Avant que les discours sur la supposée « pénurie de main-d’œuvre » prennent autant de place, ces travailleur-euses étaient souvent qualifié-es de « voleur-euses de job ». Maintenant on dit plutôt que ces dernier-ères font une pression à la baisse sur les salaires parce qu’ils et elles sont prêt-es à accepter n’importe quoi.

La solution ici la gang, c’est la solidarité entre travailleur-euses contre les patrons. Rien d’autre!

  1. Ça ne parle même pas français tout ce monde-là

Oui, les demandeur-euses d’asile ont droit à la francisation et oui, durant les mois suivant leur arrivée, je peux vous le garantir que tout le monde va aux cours parce que tant qu’à ne pas avoir le droit de travailler, aussi bien aller chercher quelques sous de plus avec les prestations pour apprentissage de la langue en plus d’acquérir des compétences qui permettent de trouver une meilleure job après.

Pis, tous les enfants demandeur-euses d’asile vont à l’école en français, ça fait qu’en quelques mois, ils et elles deviennent les interprètes de leurs parents, quand ils en ont. T’essayeras d’apprendre toi-même à ta mère qu’elle a le cancer quand tu as 12 ans. C’est rough en ostie!

Qu’est-ce qu’on tire de tout ça?

D’abord, quelle que soit la situation à la frontière, quand les gens se sentent en danger, ils vont trouver un moyen de passer. Peu importe la hauteur des murs, la longueur du désert ou la profondeur de la mer. Ça ne sert à rien d’essayer de les empêcher. Pis honnêtement, vous feriez surement la même chose si vous étiez à leur place.

L’avantage qu’on avait avant l’entente Biden-Trudeau, c’était qu’on pouvait savoir plus ou moins exactement le nombre de personnes qui entraient au pays sans passer par un poste frontalier. Maintenant, on peut s’attendre à ce que le nombre de personnes qui s’installent au Canada sans papiers sans entreprendre des démarches pour régulariser leur situation migratoire va bondir. Si tout ce beau monde anti-immigration avait l’impression qu’on avait perdu le contrôle de nos frontières, ils ne sont pas prêt-es pour ce qui s’en vient.

Enfin, demander l’asile, c’est un processus difficile, souvent humiliant, toujours précarisant. Les demandeur-euses d’asile se retrouvent trop souvent dans les pires, mais ô combien essentiels, emplois. Le mieux qu’on puisse faire c’est d’être solidaires.

Noé’e

1 Gouvernement du Canada, Demande d’asile 2018, En ligne, https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/services/refugies/demandes-asile/demandes-asile-2018.html (28 mars 2023) Je vous conseille d’ailleurs de jeter un œil à tout ça, c’est vraiment intéressant !

2 De manière générale, les personnes qui proviennent de pays « du nord global » n’ont pas besoin de demander un visa de touriste avant de voyager. L’étampe apposée dans le passeport par un douanier à l’arrivée agit comme visa de visiteur.

3 Pour des considérations d’efficacité et de clarté, ce texte sera concentré uniquement sur les migrant-es qui transigent des États-Unis vers le Canada. Sachez cependant que le flux migratoire est important des deux sens.

4 Accord entre le Gouvernement du Canada et le Gouvernement des États-Unis d’Amérique pour la coopération en matière d’examen des demandes de statut de réfugiés présentées par des ressortissants de pays tiers, 5 décembre 2002, en ligne : https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/organisation/mandat/politiques-directives-operationnelles-ententes-accords/ententes/entente-tiers-pays-surs/version-finale.html

5 Agence des services frontaliers du Canada, Centres de surveillance de l’immigration, En ligne, https://www.cbsa-asfc.gc.ca/security-securite/ihc-csi-fra.html (12 janvier 2023)

6 Commission de l’immigration et de la protection des réfugiés, Statistiques de la Section de la protection des réfugiés (SPR), En ligne, https://irb.gc.ca/fr/transparence/cartable-ccp-nov-2020/Pages/pac10.aspx?=undefined&wbdisable=false#:~:text=La%20SPR%20a%20r%C3%A9gl%C3%A9%20un,rapport%20%C3%A0%20l’exercice%20pr%C3%A9c%C3%A9dent (28 mars 2023)

7 Gouvernement du Canada, Entente entre le Canada et les ÉtatsUnis sur les tiers pays sûrs, En ligne, https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/organisation/mandat/politiques-directives-operationnelles-ententes-accords/ententes/entente-tiers-pays-surs.html (28 mars 2023)

8 À ce sujet, je vous invite à visionner le documentaire « Essentiels ». Ça donne une bonne idée des conditions dans lesquelles ces personnes peuvent travailler. https://www.telequebec.tv/documentaire/essentiels

Sur la road avec les Union Thugs

Salut, je me présente, je suis chanteur au sein du groupe de musique Union Thugs et membre de l’IWW-Montréal depuis 2013. Cela fait maintenant 2 ans que nous avons décidé de lancer un projet qui comblerait à la fois notre soif syndicale de justice sociale et notre passion pour la musique. Ainsi est né le projet du groupe Union Thugs, un groupe de musique militant pour la fin des inégalités sociales et pour un syndicalisme révolutionnaire. En deux années, nous comptons environ 80 concerts un peu partout en Ontario et au Québec, à la fois en formule acoustique ou électrique, sur des piquets de grève, dans des actions syndicales, des shows dont les profits sont destinés à des camarades judiciarisé.e.s, des fêtes d’enfants, des festivals punks, des concerts sauvages sur des terrains vagues, etc.

Du 11 au 15 janvier dernier, nous étions sur la route en Ontario pour ce que nous avons surnommé le « Back to Work Tour » en référence à la loi spéciale imposée par Trudeau et son gouvernement aux travailleuses et travailleurs des postes qui avaient commencé une série de moyens de pression, dont des grèves rotatives. C’est donc avec un maximum de 14, et un minimum de 9 wobblies[1] que nous avons écumé les routes ontariennes entre Ottawa, Sudbury, Hamilton et Toronto. Voici un court récit de cette petite tournée.

Ottawa

C’est par un vendredi après-midi plutôt frisquet que nous prenons la route en direction d’Ottawa pour le premier concert de la tournée. Une partie d’entre-nous décide de faire un petit détour sur la route pour arrêter sur le piquet de grève des travailleuses et travailleurs de Baxtrom’s Your Independent Grocer à Cornwall. Sur place, on y rencontre une quinzaine de grévistes affiliés à l’UFCW Canada Local 1006A[2] qui font du piquetage devant le supermarché par une température des plus inhospitalières. Leur patron, un franchisé de la compagnie Loblaws (qui possède au Québec les épiceries Maxi et Provigo), voulait leur imposer un long contrat de travail avec des peanuts en terme de conditions salariales. C’est pourquoi les employé-e-s du supermarché se sont mis.es en grève le 23 novembre dernier et sont sur le trottoir depuis.

Nous reprenons la route vers Ottawa où nous foulerons la scène du Cafe Dekcuf dans lequel un petit concert en mode folk syndical a été organisé par nos camarades de la branche de l’IWW Ottawa-Outaouais. Pour l’occasion, nous sommes accompagné.e.s par les artistes et syndicalistes The Ashton Starr, Meredith Moon ainsi que le groupe The Apparatchiks. Nous passons une super soirée durant laquelle nous rencontrons aussi plusieurs membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP-CUPW). Une soirée comme on les aime où syndicalisme et folklore ouvrier se mélangent si bien. On remercie Aalya ainsi que Mike pour l’hébergement ainsi que les belles discussions de fin de soirée.

Sudbury

Le matin du 12 janvier, après un bon petit-déjeuner, nous reprenons la route, cette fois, en direction Nord-Ouest, puisque nous nous dirigeons vers la ville de Sudbury. Le Nord de l’Ontario compte plusieurs bastions ouvriers où les wobblies ont eu une grande influence sur la tradition syndicale de par leur présence entre les années 1910 et 1940. Sudbury fait partie du lot, la ville étant reconnue pour ses gisements de Nickel l’est également pour sa communauté franco-ontarienne ainsi que son mouvement syndical combatif avec à l’avant plan, les United Steelworkers (USW)[3]. C’est donc un honneur pour nous de jouer dans l’un des bastions ouvriers de la province.

Cette fois, une conférence d’introduction au syndicalisme version IWW est à l’horaire (merci au Comité d’organisation régional canadien des IWW (CANROC) pour le soutien). Nous en profitons pour rencontrer quelques nouveaux membres du syndicat à Sudbury qui travaillent actuellement à la création d’une branche dans leur coin de pays. Par la suite, nous sommes le seul groupe au menu de la soirée au bar The Asylum. Si ce n’est pas le concert le plus populeux de la tournée, inutile de dire que nous en profitons pour faire la fête et la plupart de nos chansons en deux sets.

Hamilton

Nous quittons Sudbury en direction d’un autre bastion ouvrier de l’Ontario, la ville de Hamilton que nous surnommons également « The Hammer ». Si c’était notre premier concert à vie à Sudbury, nous sommes en revanche des habitué.e.s de Hamilton. En effet, c’est la ville, à l’extérieur de Montréal où les Union Thugs ont joué le plus souvent. Ce dimanche 13 janvier, ce sera notre 4e concert dans cette municipalité d’un peu plus de 500 000 habitant.e.s reconnue pour son industrie lourde en bordure du Lac Ontario. Le « Hammer », c’est un peu la maison. C’est qu’il existe de nombreux liens entre Montréal et Hamilton, et pas seulement à cause des Bulldogs, l’ancien club-école des Canadiens de Montréal. En effet, que ce soit via la scène musicale dans laquelle les deux villes s’échangent régulièrement des groupes de musique ou encore via le syndicalisme, la branche montréalaise des IWW a beaucoup aidé au lancement de la branche de Hamilton.

C’est d’ailleurs l’IWW-Hamilton, qui fait l’actualité avec ses blocages réguliers en solidarité avec les travailleurs et travailleuses des postes, qui organise le concert de ce soir-là. Pour l’occasion, nous sommes accompagnés du rappeur local Lee Reed pour mettre le feu à la Tower, l’espace social anarchiste de la ville. Nous avions déjà joué un concert d’urgence à la Tower, mais l’espace a déménagé depuis. Toujours aussi propre (c’est assez impressionnant), l’espace accueille pour l’occasion une bonne soixantaine de spectateurs pour le concert. Nous passons une excellente soirée encore une fois et les wobblies locaux nous apprennent que plusieurs nouveaux visages étaient sur place pour le concert. Un beau succès signé IWW-Hamilton. Nous en profitons pour remercier spécialement les fellow workers Erin, Dan et Lee Reed pour cette excellente soirée.

Toronto

Nous finissons notre visite à Hamilton par un peu de tourisme (non-militant) en visitant le premier Tim Horton’s. Nous reprenons ainsi la route en direction de Toronto, située à environ 1h de voiture, si on exclut les embouteillages (par contre, les embouteillages, eux, ne nous ont pas exclu.e.s). C’est la dernière ville de notre itinéraire, où nous nous produirons lors des deux prochains soirs. On commence donc avec un petit concert folk qui a lieu à The Arcade, un bloc appartement peuplé de musiciens qui ont décidé de faire de leur salon une petite salle de concert. C’est la deuxième fois que nous y passons et comme d’habitude, nous sommes comblé.e.s par l’accueil. Un repas est préparé et tout le monde peut se servir, ce qui apporte une belle touche communautaire aux concerts organisés en ce lieu. Pour l’occasion, nous sommes accompagnés des artistes Meredith Moon (que nous sommes bien heureux.ses de retrouver suite au concert d’Ottawa), du groupe indie-folk Terrastray et bien entendu, de nos bon.ne.s ami.e.s du groupe folk-punk Stinkbox, l’un des groupes qu’on pourrait qualifier de « frère » des Union Thugs. Une autre belle soirée dans la Ville-Reine, gracieuseté de Meredith, Katt, Beej et des gens qui habitent à The Arcade.

Le lendemain, mardi 15 janvier, c’est déjà l’heure du dernier concert de la tournée. Nous en profitons pour s’organiser un petit souper collectif, l’occasion d’un bilan de la semaine, avec les personnes qui ont fait la route avec nous (nous sommes à ce moment 9, soit les 6 membres des Union Thugs et 3 personnes qui nous accompagnent). Nous nous produisons ce soir-là au Bovine Sex Club, qui, comme son nom ne l’indique pas, est un bar-specatcle punk. Pour l’occasion, nous sommes accompagné.e.s de Morel (folk-punk) et des Wretched Fools (punk). Nous en profitons pour donner un gros concert en mode électrique (le seul de la tournée) et l’ambiance tourne rapidement à la fête dans la salle qui est bien remplie. Encore une maudite belle soirée!

Pour l’occasion, et comme tout au long de la tournée, Vanessa, qui nous accompagne, en profite pour installer une table où est offert du matériel de réduction des méfaits avec du matériel stérile, des condoms, et du matériel pour consommer sécuritairement. Nous en profitons pour la remercier ainsi que l’AQPSUD de nous avoir permis de tourner avec du matériel comme celui-là, du matériel qui ultimement, sert à sauver des vies.

Conclusion

Dès le lendemain matin, nous quittons la Ville-Reine en direction de notre chère ville de Montréal. Ce sera l’occasion de prendre le temps de s’arrêter un peu sur la route. Nous en profitons pour repasser sur la ligne de piquetage du supermarché Baxtrom’s, cette fois, avec un peu plus de gens que lors du premier arrêt. Ce que nous retenons, c’est surtout que des gens qui veulent se battre contre l’exploitation et pour survivre au travail ou dans les quartiers, il y en a partout. Nous devons multiplier les échanges et les solidarités au fil des rencontres. Les Union Thugs se veulent justement une façon de multiplier les contacts entre ces gens qui veulent se battre. N’hésitez surtout pas à nous contacter si vous désirez organiser un concert du groupe dans votre coin, nous sommes toujours partant.e.s pour des soirées où on échange sur le syndicalisme et les luttes sociales, le tout avec un peu de musique.

Éric Sédition

[1] Membres du Syndicat Industriel des Travailleuses et Travailleurs (SITT-IWW). L’origine du surnom « wobbly » demeure nébuleux.
[2] United Food and Commercial Workers, mieux connus au Québec sous le nom de Travailleurs Unis de l’Alimentation et du Commerce (TUAC).
[3] Mieux connus au Québec sous le nom de Syndicat des Métallos.

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Panorama des luttes passées et à venir en Gaspésie

1909- Partout en Gaspésie, la pêche est menée par des compagnies étrangères de l’île de Jersey, avec en tête la Charles Robin, Collas and Co. Charles Robin est de loin, le pire des employeurs ; il met en effet sur pied le «système Robin» : celui-ci assure une loyauté obligée du pêcheur envers le commerçant. Pour ce faire , s’il veut acquitter sa dette accumulée durant l’hiver dans le magasin général tenu par le même commerçant, le pêcheur ne peut voir qu’une solution : accroître la quantité de morues pêchées la saison suivante. Cependant, comme c’est Robin qui décide le prix des produits et des prises, le remboursement est, à chaque saison, loin d’être complet.

Septembre 1909, les pêcheurs apprennent que les marchands fixent le prix du quintal de morue à 3,50$ alors qu’ils s’attendaient à 5 piastres. La situation est claire : on doit agir collectivement dans l’intérêt de tous et toutes. C’est donc avec la peur au ventre, mais le poing levé, que les pêcheurs entament leurs revendications le quatrième jour de septembre. Partant de petits villages près de Rivière-au-Renard, la population entame une marche qui la mène jusqu’au lieu où se trouve les commerçants ,avec la ferme intention de mettre fin à plus d’un siècle d’exploitation.

La suite de l’histoire est prévisible, les marchands font appel aux forces armées pour assurer leur sécurité, la répression est mise en place, il y aura mort, blessés, emprisonnement chez les pêcheurs et les revendications seront refusées. Cependant, quelques années plus tard, les pêcheurs s’organiseront en coopératives pour battre le monopole en place et se libéreront ainsi de l’emprise directe des commerçants. La révolte des pêcheurs fut le premier pas vers leur émancipation face à des employeurs sans scrupules. À travers ce mouvement collectif, les pêcheurs n’apprirent non pas qu’à revendiquer de meilleurs conditions de la part de leurs patrons, mais surtout, ils comprirent qu’ils devaient s’organiser de manière à pouvoir se passer d’eux.

1957- Plus connue et récemment soulignée dû à son 60ème anniversaire : la grève des mineurs de Murdochville en Gaspésie . La principale cause de cette grève fut le refus patronal de l’affiliation des ouvriers et ourières à un syndicat plus combatif versus le syndicat de boutique et catholique auquel il-les était affilié-es. Cette grève fut aussi fortement réprimée et aucun gain direct ne fut obtenu par les grévistes. Deux d’entre eux moururent durant le conflit, environ 500 furent congédiés pour être remplacés par les scabs. Cependant, on reconnaît aujourd’hui que ce soulèvement, en plein règne Duplessiste, fut le déclenchement de nombreux autres mouvements sociaux. Il força la mise en place de quelques réformes allant vers l’amélioration partielle des conditions de travail et surtout, vers le droit pour les travailleurs et travailleuses de choisir le syndicat de leur choix au lieu d’un système de représentation des ouvriers et ouvrières. Ce système de représentation, souvent mis en place par le patronat, favorisait en effet une paix permanente entre les deux parties. Malgré cette victoire, cette culture syndicale héritée des syndicats catholique perdure toujours.

Ainsi, derrière une image de destination vacances, la Gaspésie, à travers son histoire depuis la colonisation, est le théâtre d’importantes batailles entre forces productives vs les détenteurs de capitaux et leurs moyens de productions. Bien entendu, ce rapport de domination des seconds sur les premiers est toujours d’actualité.

Parlant de destination vacances, le travail saisonnier lié à l’industrie du tourisme est ici un secteur économique de premier ordre. Les petits commerçants, dans le domaine de la restauration par exemple, doivent profiter de de la manne estivale pour accumuler le capital nécessaire pour maintenir à flots leur entreprise et leur rythme de consommation à l’année, tandis que l’employé-e espère accumuler suffisamment d’heures pour pouvoir collecter son chômage en vue de sa mise à pied une fois la saison terminée ou, s’il ou elle est étudiant-e, pour tenter d’accumuler le nécessaire pour survivre à une année scolaire. Donc, les employé-es saisonnier-ères doivent produire de manière intensive durant la saison estivale et ce, malgré la faiblesse du salaire reçu. Le petit commerçant dira alors devoir offrir des petits salaires durant l’été pour engranger des économies suffisantes et des petits salaires le reste l’année, pour tenir jusqu’à la saison suivante.

Voilà ce qui m’amène à parler d’une première difficulté dans le domaine de l’organisation et de la revendication. C’est qu’il semble difficile, dans ce contexte, de revendiquer de meilleures conditions de travail sans se faire reprocher de s’en prendre «aux petits commerces qui font vivre l’économie locale». Le prétexte de la «précarité économique» des petits commerces gaspésiens semble justifier, aux yeux de plusieurs, la précarité des travailleurs, travailleuses et étudiant-es gaspésien-nes. Ainsi, les personnes travaillant d’arrache-pied dans les cuisines, les salles à manger, les cafés, les boutiques diverses pour que les touristes se sentent reçu-es comme roi et reine, jouent éternellement le rôle de support économique jetable et bon marché au service des patrons et des touristes.

Une autre difficulté d’ici dans le même domaine semble provenir du fait que dans ce milieu où tout le monde se connaît, les situations conflictuelles semblent devoir être évitées à tout prix, de peur qu’elles n’affectent les relations sociales hors travail et que les noms des personnes concernées ne deviennent synonymes de «trouble maker» et ainsi entraîner pour elles une certaine exclusion du marché du travail, problème moins présent dans l’anonymat des grands centres urbains.

Une troisième difficulté est le caractère de courte durée de la saison durant laquelle ce type d’emplois abondent. Un changement de culture est long à effectuer et demande une implication constante de nombreuses personnes. Bon nombre de ces travailleurs et travailleuses n’étant que de passage, ils et elles laissent derrière eux et elles les même conditions de travail qu’à leur arrivée, se disant que de toute façon ce n’est que temporaire. La saison hivernale serait donc le bon moment pour s’organiser avec celles et ceux qui héritent de cette situation de précarité à l’année.

Outre cela, on nous chante ici souvent la promesse de jours meilleur grâce à l’arrivée de la grande industrie : pâte et papier (la Gaspésia), ciment (ciment McInnis à Port-Daniel), pétrole (Pétrolia), industrie de l’éolienne (LM windpower)etc. Ces géants industriels, en collaboration avec l’État qui les finance, se présentent comme les sauveurs de la région. «Ils apporteraient emplois et prospérité», alors qu’à de nombreuses reprises, ce type de modèle économique n’engendre que chômage et dévitalisation. En effet, sauf dans le cas de LmWindpower qui engage plusieurs centaines de travailleurs et de travailleuses, ces industries préconisent l’achat d’équipement automatisé et n’apporte ainsi que quelques emplois qui disparaîtront aussitôt que l’entreprise subira les soubresauts d’une quelconque crise économique à Wall Street ou d’une décisions administrative prise très loin d’ici. Ainsi, elles laisseront derrière des personnes sans revenu et des ruines polluantes. Bref, il me semble qu’une organisation du travail fait par et pour les travailleurs et travailleuses dans l’optique d’une amélioration de la qualité de vie de tous et toutes serait sans doute supérieure à une distribution du travail par des dirigeants d’entreprises et d’état, décidant de produire tout et n’importe quoi, pourvu qu’il y ait un profit à en tirer pour les uns et pour les autres que leurs promesses électorales de création d’emplois semblent être tenues, au risque d’ajouter d’autres cicatrices sociales et environnementales dans la région.

Pour conclure, tout au long de leur histoire, les gens d’ici ont supporté d’intolérables traitements de la part d’élites économiques et politiques, autant sur la mer qu’au fond de la mine en passant par l’usine. Par contre, l’histoire populaire nous montre aussi que quand il est temps de se serrer les coudes entre camarades pour améliorer nos conditions, la passion, l’organisation et l’action sont au rendez-vous. Un long travail reste à faire pour déconstruire les préjugés qui divisent la population ouvrière, surtout ceux visant les personnes sans emplois, ou entre travailleurs et travailleuses permanent-es et saisonniers (chômeurs et chômeuseuses saisonnier-es). Aussi, avec un nouveau «chapitre» du groupe d’extrême droite La Meute en Gaspésie, la question du racisme et du fascisme devient prioritaire, sans oublier les luttes contre le sexisme, l’homophobie, luttes autochtone etc. Le SITT-IWW compte ici très peu de membres actuellement, mais son développement dans la région me semble fort pertinent et même urgent. Sur ce, s’il y a des personnes intéressées à venir «salter» dans le coin, gênez-vous pas!

 

Crédit Photo: Camping Québec.
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Vie de Wobblies: De Toronto à Montréal

Statistiquement, les femmes adoptent les intérêts et passe-temps de leur partenaire masculin. Lorsque j’ai commencé à fréquenter une personne s’identifiant comme homme,  j’étais déterminée à ne pas laisser ses intérêts devenir les miens. Évidemment, c’était mignon de voir à quel point il était heureux d’avoir signé sa première Carte Rouge, et j’appréciais le voir revenir des réunions remplit d’énergie et de nouvelles idées. J’étais tout de même déterminée à ne pas joindre l’IWW, simplement parce que notre relation était encore à ses débuts. D’autre part, c’était sain pour nous d’avoir notre autonomie et de garder nos intérêts séparés.

 

Ma façade, impénétrable à ses manières anarchistes, a été détruite lorsque j’ai été invité à une soirée, et que j’ai rencontré une jeune organisatrice passionnée (pour ne pas dire incroyablement cool!). Elle était pleine d’enthousiasme et parlait de la façon dont la branche était venue en aide à un travailleur immigrant pour gagner une campagne de vol de salaire. Le travailleur avait été congédié sans motif, et son employeur refusait de lui payer ses deux semaines de salaire. Plusieurs membres du Comité Solidarité ont accompagné le travailleur à son (maintenant ancien) lieu de travail pour soutenir sa demande, soit que l’employeur paie le salaire perdu. Quand l’employeur a appelé la police pour qu’ils viennent tasser les wobblies, les policiers lui ont demandé “Pourquoi sont-ils ici? Qu’est-ce qu’ils vous demandent de faire?” L’employeur a expliqué la situation aux policiers, et ils lui ont simplement répondu qu’il devrait payer le travailleur. Peu de temps après, le travailleur ainsi que les membres du Comité Solidarité ont quitté les lieux avec le salaire dût.

 

Alors, ça, c’était incroyable. En fait, c’était complètement fucking incroyable. Et je ne pouvais plus me nier à moi-même que l’IWW était un groupe radical qui accomplissait (et accomplit encore!) des changements concrets dans la vie des travailleurs et travailleuses du monde. J’admet que ça m’a tout de même pris quelques mois après cette soirée pour dire à mon partenaire qu’il avait raison. Puis, quelques semaines plus tard, nous étions d’accord de partager ce lieu d’organisation. C’est donc en août 2014 que j’ai officiellement signé ma carte. Depuis, j’ai participé à l’organisation de plusieurs comités y compris avec la section de Toronto sous le Comité de levées de fonds et d’éducation, ainsi que le Comité Femmes, puis en tant que Secrétaire de la section de Toronto, et à Montréal sous le Comité d’Organisation, le Comité Événements-Marchandises et le Comité Femmes. Je suis présentement une déléguée, et je m’organise avec le Comité Organisation et le Comité Solidarité. Pour moi, s’organiser avec l’IWW, c’est être dans un endroit épanouissant qui rend les changements tangibles au sein de nos communautés, soutenir les travailleurs et les travailleuses dans leur lutte de classe contre leurs employeurs, et travailler à la réalisation d’un monde plus radical et plus juste. Ensemble, nous pouvons faire changer les choses!

 

 

For the One Big Union,

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Près d’un millier de manifestant-es pour la journée internationale des travailleurs et travailleuses

 

Dans le cadre du 1er mai 2017, alors que les centrales syndicales envoyaient leurs permanent-es et salarié-es distribuer des tracts, le IWW ainsi que de nombreux groupes se mobilisèrent pour une journée de lutte, de solidarité ouvrière et de combat. Au programme; occupation des bureaux d’agences de placement, repas populaire et manifestation du quartier Centre-Sud jusqu’au Centre-Ville où la police nous attendait de pied ferme!

Occupation des bureaux des bureaux de Thompson Tremblay et de ManPower Solutions de Recrutement

Cette année le coup d’envoi de la journée internationale des travailleurs et travailleuses à été donné dès midi pour les membres du Syndicat Industriel des Travailleurs et Travailleuses (SITT-IWW) de Montréal et de l’Association des Travailleurs et Travailleuses Temporaires d’Agences de Placement (ATTAP) qui sont allés occuper les bureaux de Thompson Tremblay et de ManPower Solutions de Recrutement, deux agences de placement.

Les agences de travail temporaire se spécialisent pour offrir de la main-d’œuvre flexible aux entreprises. Essentiellement, cela transforme la relation patron-employé en une relation triangulaire de patron-agence-employé. Les agences permettent aux entreprises de réduire leurs coûts de production par une réduction du personnel comptable ainsi que l’évasion du paiement des avantages sociaux et des protections garanties par les normes minimales du travail telles que les cotisations à l’assurance-emploi, l’assurance en cas d’accidents de travail, les congés parentaux, ainsi que celle pour les aidants naturels, les régimes de retraite, les vacances, etc. Elles limitent aussi le droit à la syndicalisation, le droit à la négociation directe avec le patron pour avoir une convention collective de travail et le droit de faire la grève comme mécanisme de défense. Les travailleurs et les travailleuses victimes de ce procédé n’accumulent aucune ancienneté, n’ont pas de minimum d’heures de travail garanti ni de sécurité d’emploi et ne bénéficient d’aucune augmentation de salaire annuelle. Depuis la perturbation de la conférence de l’ACSESS le 5 avril 2017, nos conditions de travail ne se sont pas améliorées. Nos revendications restent donc les mêmes:

L’augmentation immédiate du salaire minimum à 15$/heure, l’embauche obligatoire des travailleurs-euses d’agence par l’entreprise cliente après trois mois de service, la co-responsabilité des agences de placement et des entreprises clientes en ce qui concerne les normes du travail et de santé-sécurité, le même salaire pour les travailleurs-euses d’agences que pour ceux et celles qui sont embauché-e-s directement par l’entreprise cliente.

Repas populaire dans le quartier Centre-Sud
Malgré la pluie, ce sont près de 200 personnes qui se sont regroupées au Parc Médéric Martin en début d’après-midi.  Abrité-e-s par les tentes de SOS Itinérance et réchauffé-e-s par la nourriture fournie par le Café Coop Touski, les membres de notre dévoué syndicat, mais aussi ceux du Mouvement Action Chômage, du Comité Logement du Plateau Mont-Royal, du Collectif Opposé à la Brutalité Policière, de l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ), du Syndicat des Étudiant-es Travailleurs et Travailleuses de l’UQÀM, de Solidarité Sans Frontière, de l’Association Facultaire des Étudiant-es en Sciences-Humaines de l’UQÀM, ainsi que de divers collectifs Antifascistes présents dans le quartier comme le RASH, le Montreal SisterHood et la Jeune Garde ont profité de ce rassemblement communautaire.

Le thème de la journée? La coupe est pleine! Alors que le coût de la vie augmente sans arrêt, les services publics se font tronçonner. Les personnes assistées sociales subissent des attaques sauvages. Il y a la menace d’une réforme des Normes du travail à la sauce patronale qui nous guette, et pour ajouter l’insulte à l’injure, tandis que syndicats et groupes communautaires réclament un salaire minimum à 15$ de l’heure, les boss et l’État répondent : vous ne valez guère plus de 11,25$/h.

Comme si ce n’était pas suffisant, le climat social se dégrade. Les discours racistes ont de vastes tribunes. On maltraite la différence. Les crimes haineux visant les femmes, les musulman.es et la communauté LGBTQIA* se multiplient. Nous ne tolérons pas ces discours de haine qui se propagent autant dans les médias, les milieux de travail et nos communautés.

Manifestation du Métro Frontenac au Centre-Ville

Finalement rejoint par le Pink Bloc et des groupes anti-gentrification du quartier Hochelaga-Maisonneuve, c’est sous le thème de l’antifascisme et de l’ouverture des frontières plutôt que du repli sur sois que la manifestation se mit finalement en branle à 17h40. Fanfare, drapeaux, fumigènes et feux d’artifices animèrent la rue Ontario du métro-Frontenac jusqu’à la Grande Bibliothèque au métro Berri-UQÀM ou les manifestant-es prirent les rues du Centre-Ville afin d’aller rejoindre la grande manifestation organisée par la Convergence des Luttes AntiCapitaliste (CLAC). Si les participant-es de cette dernière avaient déjà eu à se défendre d’une première charge policière à la place Ville-Marie, l’arrivée du contingent antifasciste et syndicaliste révolutionnaire donna un second souffle à la manifestation qui continua jusqu’à passé 20h le soir dans les rues du Centre-Ville.

Au moment de publication, on ne comptait qu’une seule arrestation. Tous nos remerciement aux équipes d’avocat-es de Desmarais & Desvignes et Ouellet Nadon et AssociéEs qui s’unirent pour faire la veille légale de nos membres.

 

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La double adhésion. Questions et Réponses

Vous trouverez ci-bas quelques notes m’ayant servies de brouillon pour un éventuel atelier sur la double-adhésion (Ndtr : le dual carding, soit l’adhésion à l’IWW et à un autre syndicat). Vous trouverez des questions et mes réponses juste en dessous. J’espère qu’il s’agira là de la première publication d’une série sur  »Le SITT-IWW et les autres syndicats”’ ayant pour but de souligner quelques perspectives sur le sujet.

Là où il sera écrit  »nous » je ferai une affirmation référant aux positions classiques du SITT-IWW, tandis que là où j’utiliserai le  »je », il s’agira de mon opinion. J’ai fait de mon mieux pour garder les deux points de vue séparés, mais comme bon nombre de personnes, j’ai énormément de difficulté à le faire.

*Quel est notre rapport à la décertification ou la désafiliation? Il semblerait qu’au Work People College de 2012 plusieurs personnes ont amené l’idée que nous devrions mettre notre focus sur la décertification de syndicats d’affaires afin de les remplacer par une nouvelle accréditation, celle du SITT-IWW. Je ne suis pas certain qu’il s’agisse d’une stratégie qui ait déjà été utilisée, si quelqu’un a eu vent d’une telle expérience je serais curieux d’en apprendre plus.

Je peux seulement parler de notre expérience à Edmonton où nous avons été approché.es à quelques occasion par des travailleurs et des travailleuses, désireux et désireuses de décertifier leur syndicat. De manière générale, nous l’avons toujours déconseillé. Le problème est que le SITT-IWW n’occupe pas le même espace que les autres syndicat, il est donc illogique de remplacer l’un par l’autre. D’autre part, d’habitude, lorsque des travailleurs ou des travailleuses cherchent à faire retirer l’accréditation de leur syndicat sur leur lieu de travail, c’est parce qu’ils et elles ne sont pas satisfait.es des services qu’ils et elles reçoivent de ce dernier. Avec un budget squelettique, des cotisations minimales et aucun.es employé.es, nous ne feront pas beaucoup mieux en terme de services. Ce n’est pas ce que nous faisons.

Dans le local du Syndicat des Travailleurs et Travailleuses des Postes (STTP) où je me trouve, le grief moyen, après avoir franchi toutes les étapes aura coûté au delà de 10 000$. Il s’agit de plusieurs centaines de dollars seulement pour les premières étapes. Avec nos cotisations volontaires et à faibles coûts, financer un tel niveau de bureaucratie grâce à des levées de fond, n’est pas une option non plus.

 

* Quel est le rôle des caucus de gauche? Tout au long de la conversation au Work People College, le sentiment général était que les caucus de gauche sont inévitables et peuvent même être utiles. Or, il faut constater que tou.tes les fellow workers présent.es étaient impliqué.es dans des endroits qui, grosso-modo, servaient des caucus de gauche. Les premiers dans un réseaux de solidarité naissant chez OPSEU (Syndicat des Employé.es du Service Public de l’Ontario) et les autres dans un local de l’Alliance de la Fonction Publique du Canada (AFPC), qui sert en quelques sortent de quartier général pourmilitant.es.

Je suis d’accord que les caucus de gauches sont inévitable et j’ai participé à titre personnel à l’un d’eux au sein du STTP, mais je n’ai jamais fais pas de rapport de mes activités au SITT-IWW, pas plus que le SITT-IWW ne semble s’en être préoccupé. Tout ce qui est politiquement significatif en ce bas monde n’a pas besoin de se faire sous la bannière du SITT-IWW. Je suis tout aussi intéressé par une réforme des syndicats et par une bonne représentation des membres que n’importe qui d’autre. Or, il ne s’agit pas d’un engagement révolutionnaire et pour être franc, je ne pense pas que cela ait quoi que ce soit avoir avec le SITT-IWW.

En ce qui concerne les sanctuaires de militants et principalement de militant.es syndicaux, notons simplement que les militant.es ne forment pas toujours les meilleurs bassins de recrutement pour trouver de bons wobblies. Bon nombre d’entre eux ont des ambitions carriériste à l’intérieur même de leur syndicat et si cela n’est pas un problème en soit, cela ne fera pas avancer le SITT-IWW non plus. Des travailleurs et des travailleuses en colère et respecté par leurs pairs sont bien plus important, et si par hasard, ce sont aussi des militant.es, c’est tant mieux, mais ce n’est pas le plus important.

 

*Qu’en est-il des élections? Ici encore, le sentiment partagé était qu’à certains moments cela pouvait être utile.

Pour commencer, il faut se rappeler que dans les règlements du SITT-IWW beaucoup de choses sont mentionnées à propos de la position d’officier ou officière pour un autre syndicat, il ne s’agit pas de dire que vous ne pouvez pas l’être, mais nous plaçons des limites assez sévères sur le sujet. Bien sur, il est toujours possible d’amener les règlements en appel pour se dérober à certaines restrictions, mais il est important de comprendre pourquoi nous avons ces règles en premier lieu. C’est parce que notre compréhension du syndicalisme révolutionnaire ne se limite pas à être un  »syndicat très progressiste ». Tout comme nous recommandons l’établissement de comités d’organisation sur le plancher et dépassant le système de délégué; une position révolutionnaire dépassant l’électoralisme et évitant le contractualisme, notre structure et notre fonction s’incarne dans un engagement envers un autre type de politique. Dans le SITT-IWW, les syndicats ne sont pas des organismes politiquement neutres, au contraire, leurs structures et leurs engagements reflètent les perspectives politiques de leurs architectes.

Tout cela était plus clair à une époque où le mouvement ouvrier était marqué par une plus grande diversité idéologique, mais depuis les années 60 on assiste à une hégémonie de la social-démocratie et c’est ce que la structure standard reflète. S’emparer de ces structures sans les remettre sérieusement en question ne peut que conduire à une cooptation, à un redressement judiciaire ou aux deux.

 

*Toujours sur la question d’être un.e délégué.e syndicale, la question suivante vint sur le plancher : Si personne d’autre n’est pour se présenter, n’est-il pas souhaitable qu’un de nos militants le fasse afin, qu’au moins, le travail soit fait? Est-ce que cela ne permet pas en plus d’avoir une raison légitime de parler du travail avec ses collègues sans que cela n’ait l’air bizarre?

Je ne suis pas contre les gens qui décident de devenir délégué syndical, mais ces gens devraient le faire en gardant les yeux grands ouverts. Qu’est-ce que ce travail implique? Si la priorité est de construire un comité qui traite les demandes depuis le plancher et aide les gens à développer une stratégie pour mettre collectivement de la pression sur le patron, je suis tout à fait pour. Si le travail consiste simplement à faire ce que n’importe quel autre délégué va faire, il ne s’agit pas non plus d’une erreur, mais cela devrait être clair pour les personnes concernée qu’ils et elles le font pour des raisons personnelles et non en tant que membre du SITT-IWW. Cela dit, notons que le SITT-IWW n’a pas de position claire sur le sujet.

 

*Comment est-ce que la double adhésion fonctionne dans un environnement multi-syndicales? Comment pouvons nous réellement amener le Syndicat pour Tous et pour Toutes à aider l’organisation au jours le jours?

Nous avons une certaines expérience sur le sujet à Edmonton et le plus important est de commencer par communiquer avec les gens travaillant ensemble. Pas seulement entre syndicats, mais aussi entre travailleurs et travailleuses syndiqué.es et travailleurs et travailleuses non-syndiqué.es. L’avantages que l’action directe a sur les canaux officiels c’est qu’en attaquant une structure managériale unifiée, il est possible de mettre plus de pression. Prioriser des demandes qui affectent tout le monde (comme les questions relatives aux Droits Humains, aux places de stationnement, à la santé et à la sécurité) permet un élargissement du champs d’actions, tandis que les disputes de types contractuelles sont évidemment plus étroites et moins utiles. Les assemblées conjointes (dans notre cas les réunions durant les pauses café) permettent de rassembler tout le monde sur le plancher.

 

*Si des wobblies peuvent faire des choses comme prendre le contrôle de la newsletter ou du bulletin du syndicat, mettre la main sur des listes de contacts, etc. Comment devrions nous, et devons nous, mettre ses possibilités à usage?

Bien sur que vous devriez. Vous devriez tout faire comme dans la Formation d’Organisation 101 (FO101 ou OT101 en anglais), faire des rencontres individuelles, identifier les meneurs et meneuses, les amener à faire des actions sur le lieux de travail, puis les inclure dans votre comité. Les newsletters et bulletins peuvent être un bon moyen de faire connaître les gains qui ont été gagné sur le plancher.

 

*Comment pouvons nous éviter d’être co-opter par le syndicat? C’est à dire de voir le syndicat légaliste en place clamer que les victoires du comité sont les siennes?

Le plus important c’est que les travailleurs et travailleuses eux-mêmes et elles-mêmes s’approprient la victoire, pas plus le syndicat d’affaire en place que le SITT-IWW. Si le rôle du SITT-IWW a été décisif, alors il faut souligner ce que l’organisation a fait, mais on ne peut pas simplement prendre tout le crédit. Par exemple, nous avons déjà mis en place un programme d’éducation, fait la promotion des tactiques de March on the Boss et travailler sur un blog indépendant. Or il ne s’agit pas ici d’être cette gauche si typique qui répète encore et encore les mêmes slogans en s’autoproclamant d’une avant-garde éclairée, mais plus tôt de l’utilisation par les travailleurs et travailleuses de méthodes qui font du gros bon sens.

 

*À quelle sorte de backlash pouvons nous nous attendre lorsque la double adhésion sera découverte par les plus hauts échelons de la hiérarchie? Quel type d’inoculation est requise avant que la campagne ne devienne public? Plus d’histoires et d’anecdotes pourraient être utile ici…

Au STTP nous avons simplement mis les choses au clair. Nous n’avions aucun intérêt à devenir l’unité de négociation certifiée pour les bureaux de postes et nous nous considérions comme de fidèles membres du STTP . Nous avons pourtant insisté qu’aucun travailleur, ni aucune travailleuse n’ait de permission à demander pour mener des actions sur le plancher, et que les officiers et officières devaient répondre de leurs membres et non le contraire. Cela étant dit, je pense qu’il y a trop de différences d’un syndicat à l’autre pour pouvoir donner une sorte de prescription passe-partout plus précise que d’être clair sur le fait que ce que nous voulons dire par syndicat est très différent de ce que l’AFPC, par exemple, entend par syndicat.

 

*En quoi est-ce que le AEIOU diffère t-il dans le contexte d’un environnement déjà syndiqué?

Il ne diffère pas.

 

*Quel est l’objectif ultime de l’organisation en double-adhésion? Dans la FO101 plusieurs sections commencent en demandant aux participant.es ,  »Pourquoi est-ce qu’on fait ça? », comme dans  »Pourquoi est-ce qu’on agite? »,  »Pourquoi est-ce qu’on demande à nos collègues de joindre le syndicat? »,  »Pourquoi faire un suivi sur les tâches? », etc. Je me demande si, peut-être, garder ce format pourrait être une bonne manière d’introduire ce module. Puis, tout comme dans la FO101, cela pourrait inclure une série de réponses. Pourtant je me sens un peu ridicule en disant cela, mais après m’être assis pour réfléchir à la question, je n’arrivais pas à articuler de réponse claire à  »pourquoi » nous faisons cela.

Je pense que l’objectif ultime de l’organisation en double-adhésion est le même que dans la FO101, construire un comité d’organisation fonctionnel qui peut mobiliser les travailleurs et les travailleuses sur le plancher pour faire des actions directe afin de faire valoir leurs intérêts propres.

Je vais essayer et travailler avec Rhiannon pour répondre à vos questions pratiques au sujet de l’atelier, je pense que plusieurs d’entre elles sont valides et le manque de précision ou de clarté de nos réponses ne relève non pas d’un problème avec vos questions, mais plus tôt du niveau de réflexion où nous sommes rendu. Néanmoins, un des points auquel je peux d’ores et déjà répondre au sujet de ce module est qu’il s’agit délibérément d’un supplément à la FO101 parce que nous pensons que cette formation couvre la base du travail d’organisation. Ce à quoi j’ajouterais qu’à mon avis, non seulement, le travail d’organisation en double-adhésion n’est pas si différent du travail d’organisation en milieu non-syndiqué, notamment en ce qui à trait aux compétences nécessaire, mais aussi que le gros du matériel est en fait orienté vers une compréhension de ce qu’est le SITT-IWW. Cela étant dit, je pense aussi que nous avons besoin de travailler la question plus en détails étant donné que le phénomène des syndicats d’affaires arborant le drapeau rouge est de plus en plus fréquent.

 

Écrit par Nick Walter, Edmonton IWW, le 17 octobre 2014
Traduit par le Comité Communication de la SLI de Montréal, le 16 mars 2017

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Entente conclue au Frite Alors! Rachel

Le vendredi 15 décembre 2016, les employé.es du Frite Alors! Rachel en sont finalement venu.es à une entente avec la partie patronale. Un virage majeur pour les wobblies qui reprennent ouvertement pignon sur rue à Montréal et une première pour le mouvement syndical qui voit naître de nouvelles manières de fonctionner en dehors des limitations du cadre légal.

Nous nous rappelons que le communiqué de presse envoyé le 27 août dernier pour annoncer leur affiliation au Syndicat Industriel des Travailleurs et Travailleuses – Industrial Workers of the World (SITT-IWW), incluait une liste de points qu’ils et elles voulaient voir changer sur leur lieu de travail. On y parlait entre autre d’augmentations de salaires en cuisine et au service, d’augmentations annuelles, d’une standardisation des formations, d’une priorité à l’interne lors de l’ouverture de nouveaux postes, d’un plancher d’heures garanties, d’une compensation pour les quarts de travail en stand-by et de congés maladie.

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Vol de salaire contrecarré dans Ahuntsic

Il y a quelques semaines, un employé en restauration, aide cuisinier, nous contactait car il avait des problèmes (sic) de paye avec son employeur. Sa boss lui réclamait un montant qu’elle lui avait versé en trop par mégarde, et plutôt que de lui signifier et prendre une entente avec lui, elle alla directement piger dans sa paye suivante sans l’en avertir. Et pas qu’un peu, plus des trois quarts de sa paye.

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Action en Directe: Lettre ouverte aux membres de Radio Centre-VIlle

À la fin de l’été avec l’équipe d’Action en directe, nous avons décidé de prendre une pause d’une session pour mieux revenir sur les ondes à l’hiver 2017. Malgré ce retrait nous avons continué de suivre l’actualité de Radio Centre-Ville et cette actualité est plus que préoccupante!

Radio Centre-Ville traverse une crise, autant politique qu’économique. Nous vous partageons ici un communiqué, signé par plusieurs bénévoles.

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Retour sur la Formation d’Organisation 101

Les 8 et 9 octobre derniers, le SITT-IWW Montréal a profité de la longue fin de semaine de l’action de grâce pour donner à une douzaine de ses membres une formation d’OT-101 (entraînement d’organisateur / organisatrice 101) en anglais à son local sur la rue Brébeuf, à Montréal.

La formation d’une durée de deux jours fut donnée par un organisateur des États-Unis et une organisatrice de l’Ontario, choisi-e-s de branches provenant de l’extérieur du Québec et ce, pour leur grande expérience. Ce choix permit aux quelques 12 personnes présentes de bénéficier non seulement d’une formation qui existe depuis longtemps et dont l’efficacité n’est plus à démontrer, mais aussi de l’expérience du formateur et de la formatrice qui fut très appréciée des participants et des participantes.
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