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À quand la grève?

Avec la Journée internationale des travailleurs et travailleuses qui est toute proche, je me suis mis à réfléchir à ma job, à la société en général, à un peu tout. Pis ça va mal à shop, comme dirait l’autre.

 

Les inégalités sociales explosent depuis des années. Nos salaires stagnent tandis que nos loyers augmentent sans arrêt. Aller faire une épicerie ou payer le bill d’hydro est de plus en plus un exercice comptable. Patrons et PDG, eux, se donnent des gros bonus et souvent à même l’argent que l’État prend de nos poches pour leur sauver le cul. L’environnement, lui, pendant ce temps-là,  continue de se prendre des claques pour satisfaire de riches actionnaires d’industries en voie de (nous faire) disparaître. Faire valoir nos droits en tant que travailleurs et travailleuses, ça relève du bon vouloir des tribunaux, quasi toujours là pour faire la belle vie à nos boss. Et pour s’assurer d’avoir une belle ambiance sociale, ajoutons à cela les politiques racistes qui ne font que nous diviser tandis qu’on nous appauvrit.

 

À échelle moins macro, ça fait quelques années que je suis intervenant et je dois dire que je trouve ça difficile. Pas tant la job, parce que j’aime profondément les gens que j’accompagne et avec qui je travaille. Mais c’est difficile de voir ces personnes, mes collègues comme les participant-e-s de notre organisme, devoir se débattre contre un système de plus en plus violent pour essayer d’obtenir des services ou faire respecter des droits qui sont censés nous être acquis. C’est tough de voir de plus en plus de monde dans la misère pendant qu’on nous demande de remplir des statistiques et de répondre à des attentes bureaucratiques épaisses. Et rough de voir mes collègues (et moi-même) se brûler par les deux bouts à essayer de compenser avec des miettes pour un État qui n’a plus rien de providentiel.

 

Mais on est pas aussi isolé-e-s qu’on le pense. Si mes collègues et moi-même on le sent qu’on fonce droit vers un mur, ça veut dire qu’on est pas les seul-e-s à en avoir ras-le-bol. Pis ça me force à réfléchir. Ça me force à penser que je peux plus attendre après mes coordos et ma direction collabo qui me disent de me taire, qu’il y a rien à faire, pendant qu’eux y gèrent ça, le communautaire. Comme dit un camarade, on peut pas se permettre d’avoir la classe floue. Plus, ça me force à faire un portrait de la situation et à me demander où on s’en va en général, comme société.

 

Donc, collectivement, on fait quoi pour stopper ces attaques? On fait quoi pour non seulement arrêter de manger la volée, mais pour aller chercher ce qui nous revient de droit, soit des meilleures conditions de vie pis le dernier mot sur comment on la fait rouler, cette société? Comment mettre à profit notre meilleure arme, soit la solidarité?

 

Ma réponse est celle-ci : un arrêt complet de la machine (et de toutes les plus petites), pour faire plier l’État et nos boss, tentons la grève générale.

 

Et je fabule pas trop (j’espère). En 2014, plusieurs groupes, notamment les IWW et des regroupements communautaires, dont la Coalition Main Rouge, ont appelé à une grève générale le 1er mai 2015. Pendant un an, des militant-e-s des IWW et de différents groupes communautaires ont organisé des assemblées, ont multiplié les moments où se réunir pour se concerter et se préparer pour une journée de grève générale. Bon nombre d’associations étudiantes et quelques syndicats, notamment de l’éducation, ont emboîté le pas. Le contexte s’y prêtait bien : le secteur public tombait en négociation et les compressions étaient l’ennemi commun. Le mot « austérité » a été mis sur la map.

 

Le contexte actuel a des différences et des similitudes. On subit toujours les mêmes politiques qui favorisent la classe des boss. Il y a un nouveau gouvernement provincial en place, qui ne cesse de se mettre les pieds dans les plats et qui a vite fait de montrer son mépris pour les travailleuses et travailleurs (on a qu’à penser aux paroles de Legault à propos du lock-out d’ABI, un boss ça reste un boss).

 

L’an prochain, le secteur public sera à nouveau en négociation. Les infirmières ont démontré depuis plus d’un an leur écoeurement généralisé. La CAQ s’attaque aux enseignant-e-s, que ce soit par son projet de loi sur les symboles religieux ou par leur obsession pour la création de maternelles 4 ans, alors qu’il y a un manque flagrant de personnel pour combler ces futurs postes, aussi peu désirée soit cette promesse électorale. Les associations étudiantes ont bien changé, mais le mouvement pour la rémunération des stages a fait parler de lui.

 

Mais bon, pour une grève générale, il faut du monde pour lancer le bal. Pis surtout, avoir un discours plus combatif et plus rassembleur que les centrales syndicales, toujours prêtes à se pencher pour garder la paix sociale.

 

Sans qu’on se pète les bretelles, je crois qu’on peut convenir que les travailleuses et les militantes du communautaire ont prouvé plus d’une fois leur capacité à brasser de la marde et à (se) mobiliser. Malgré l’éléphant qu’est le secteur public et l’attention qu’il occupera durant les négociations, le communautaire pourrait très bien lancer un appel à la mobilisation en vue d’une grève dans le communautaire et par le fait même inviter ses alliés dans les mouvements syndicaux et étudiants à faire de même. Surtout que les infirmières et les enseignantes semblent aussi écoeurées de leurs conditions, il y aurait de belles alliances sur des bases autonomes à faire.

 

La Coalition Main Rouge et la Coalition du 1er mai 2015 avaient démontré leur capacité à rejoindre différents groupes et à créer des liens en 2014-2015. Ces mêmes groupes une fois mobilisés avaient opté pour des actions selon leurs moyens. Des grèves illégales dans plus de dix cégeps, une interruption des activités économiques dans certaines régions, des grèves étudiantes, des voies de transports bloquées; des occupations de bureaux ministériels par-ci, des manifestations par-là, une grève générale quoi.

 

Il n’y a pas de formule magique pour faire une mobilisation ou obtenir des gains. Je n’ai pas la prétention d’avoir un plan de match parfait, d’autres ont de meilleures analyses et savent sûrement mieux que moi comment on pourrait fesser le plus fort. Mais je suis un intervenant communautaire et militant syndical écoeuré, pis quand je regarde l’épuisement de mes collègues, les burn outs qui s’accumulent pis le monde en général en arracher de plus en plus, je ne peux pas m’empêcher de me demander, en 2020, dans le communautaire, on la déclenche quand la grève?

 

Solidarité,

Un membre du comité communautaire des IWW Montréal.

Diminution de la taxe scolaire: la CAQ souhaite un joyeux noel à ses chums plein de cash

Le projet de lois visant à ‘’uniformiser’’ la taxe scolaire arrive juste à temps pour que les richissimes du Québec puissent se gâter encore un peu plus à Noël. Et nous? Qu’on mange de la marde.

 

Jusqu’à maintenant la taxe scolaire était comprise comme un taux fixe par région, basé sur l’évaluation d’une propriété (résidentielle ou commerciale). C’est-à-dire qu’à Montréal, par exemple, chaque propriétaire devait payer 0,18 cents par tranche de 100$. Les propriétaires d’une maison évaluée à 300 000$ payaient donc annuellement quelque 540$ afin de financer la commission scolaire de son territoire. Plus la résidence est grosse, plus la résidence coûte cher, plus on peut imaginer que ses propriétaires ont de l’argent et donc plus le compte de taxes est élevé.

 

Or, ce sont des économies substantielles que ce nouveau projet de loi déposé le jeudi 6 décembre dernier à l’Assemblée nationale permettra de faire à nos patrons qui pourront dès lors, payer encore moins d’impôts.

 

Le Journal de Montréal révélait cette semaine que la famille Desmarais, uniquement pour son manoir du domaine Sagard, verrait son compte de taxes baisser de 169 000$ à 57 000$ par année. En incluant quelques-unes de leurs autres propriétés, on parle d’une économie de plus de 146 000$ pour la famille la plus riche du Québec.

 

Robert Gratton, ex-président de la Financière Power (appartenant elle aussi à la Power Corporation des Desmarais) dont le domaine est évalué à 30,4 millions, verra quant à lui son compte de taxes allégé de 25 000$.

 

Pour Julia Posca, chercheuse pour l’IRIS, il s’agit d’une taxe régressive qui ne va que contribuer à creuser le déséquilibre entre les ménages québécois.

 

Rage et solidarité,

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