Articles

Entrevue ouvrière: Une gréviste de la SAQ est en tabarnak!

Les employé-e-s de la SAQ (Société des alcools du Québec) se sont doté-e-s d’un mandat de grève de 6 jours pour faire pression sur la société d’État dans le cadre de leur négociation. Un membre du IWW a posé quelques questions à une camarade du SEMB-SAQ (CSN) à propos de leur grève. Pour éviter les représailles de l’employeur, son nom demeurera anonyme. Solidarité!

 

Rapidement, peux-tu nous en dire un peu sur ton background? Est-ce que c’est ta première grève?

 

Je suis une employée de la SAQ depuis presque dix ans, avant cela, j’avais travaillé dans une urgence du CHUM dès mes 18 ans. 2012 fut ma première lutte, maintenant je me bats comme employée à la SAQ.

 

Pourquoi vous êtes en grève, c’est quoi vos revendications?

 

À date, nous avons utilisé une seule de nos 6 journées de grève perlée** et ce fut le mardi 17 juillet 2018 comme plusieurs ont pu le constater. Nos revendications principales sont les suivantes : la réduction de la précarité d’emploi au sein de nos membres et la conciliation travail-famille. Ce qu’il faut savoir est que 70% de nos employé-e-s sur 5500 sont des employé-e-s à temps partiel qui n’ont pas d’assurance, pas de vacances payées, pas de journée de congé payée, pas d’échelon salarial et pas d’heure garantie à l’horaire semaine après semaine.

Ils et elles reçoivent leurs horaires trois journées à l’avance et cela crée une « surembauche » et un roulement de personnel, car on ne peut pas garder des travailleurs et travailleuses dans ces conditions-là. Il faut aussi mentionner que ça prend entre 10 à 15 ans pour obtenir un poste. On se fait dépeindre par la population comme des enfants gâté-e-s parce que notre salaire à l’embauche est de 19,33$ de l’heure, mais si on le multiplie par 0 pendant 3 mois d’affilée, ça reste une multiplication de base qui donne 0$ en salaire. En gros, la SAQ n’arrive pas à garder les employé-e-s, et ce, même avec un salaire qu’on pourrait qualifier d’alléchant parce qu’elle ne peut pas garantir d’heures.

Notre autre revendication est la conciliation travail-famille et je pense que je n’ai pas de besoin d’élaborer trop sur ça, c’est pas mal évident. Sérieux, le gouvernement Couillard en a fait sa campagne, mais faut croire que ce n’est pas pour nous vu qu’il envisage de nous privatiser. Si déjà, il faut entre 10 et 15 ans pour avoir un poste à la SAQ, ça serait cool d’avoir un horaire qui comporte aucune ou une seule journée de fin de semaine. On veut garder le plancher des horaires de notre présente convention et/ou l’améliorer, mais quand ton employeur refuse même le statu quo, on se rend compte que malgré ses profits records, il s’en crisse de nous. Si j’obtiens un poste après 13 ans et que je veux espérer avoir une qualité de vie avec ma famille, ça ne sera pas à la SAQ, donc je me bats!

 

Les boss de la SAQ sont comment? Les cadres vous disent quoi?

 

Par où commencer? En gros, leur système de bonification se fait sur le dos des travailleurs et travailleuses. Plus ils coupent des heures et plus leurs bonis s’avèrent alléchants. Donc, ça ne vaut pas la peine d’en parler vraiment. Mon opinion est la suivante, j’ai étudié en relations industrielles parmi une panoplie de gens qui pensent que lorsqu’ils vont arriver dans une entreprise, ils pourront faire preuve de « leadership », c’est cute.

 

Vous faites quoi comme actions?

 

Au départ, nous avons commencé par enlever l’uniforme, mais ça n’a pas fait réagir la population. Par contre, le début des moyens de pression, qui ont été votés à 94.7%, a eu pour effet de changer le rapport de force. C’était par des actions en gradation que nous faisons comprendre à l’employeur qu’on se tient. Nous sommes 5500 membres partout au Québec et ils sont 350 et quelques gestionnaires de succursale. Ils nous trouvaient fatigant-e-s de nous voir arriver au travail, habillé-e-s comme on le voulait et qu’ils n’étaient plus reconnus comme figure d’autorité.

Après, nous avons fait une campagne de collants qui n’a jamais été demandée par notre table de négo et ni par l’exécutif. Je pense que c’est important de le mentionner pour dire à l’employeur que c’est un mouvement autonome des membres du SEMB qui a pris de l’ampleur, car nous avons été insulté-e-s par le manque de reconnaissance de l’employeur, donc ils devraient oublier leurs mises en demeure! Il faut aussi dire que certains de nos client-e-s nous ont demandé des collants afin de les apposer à l’intérieur ou à l’extérieur du magasin. Ce genre d’action de la part de ceux-ci nous a démontré qu’ils nous aiment et que ce ne sont pas les travailleurs et travailleuses qui sont dans le tort, mais bien les hauts dirigeants du monopole.

En ce moment, on fait du « facing » alternatif, on tourne le devant des bouteilles, on met à l’envers les pancartes et on se rend indispensable avec la clientèle. Puis le reste, ça reste un secret.

 

Le piquetage se passe comment?

 

Après une journée, ça s’est très bien passé parmi nos rangs. Les membres ont répondu à l’appel de façon extraordinaire. On s’est rendu compte, peu de temps avant le commencement de la grève, que l’employeur allait opérer les petits magasins, dont les SAQ Express.

Par-contre, les gens ont gardé le mot d’ordre : empêcher les livraisons! La réponse de nos membres fut incroyable.

Cependant, nous avons vu des gens de nombreux syndicats qui portaient des vêtements identifiés avec les couleurs desdits syndicats franchir nos lignes de piquetage, et ce, sans aucune honte. Le SEMB-SAQ est connu pour appuyer toutes les luttes des collègues syndiqué-e-s! Je ne mentirai pas, mais ça me met en tabarnak lorsqu’un/une syndiqué-e passe nos lignes de piquetage lors d’une SEULE journée de grève pour acheter du vin. C’est comme si nous membres du SEMB-SAQ ne valaient rien pour eux. Je leur conseille la lecture des « Traîneux de pied, Édition Boréale », parce que nous avons été les premiers à se syndiquer dès le milieu des années soixante dans la fonction publique. Nous avons une historique de lutte syndicale dont nous sommes fier-e-s.

À Montréal, j’aimerais souligner la présence de Manon Massé ainsi que plusieurs candidat-e-s de Québec Solidaire qui sont venu-e-s nous appuyer sur les lignes.

 

Si le monde en général voulait vous appuyer, quelles actions ils pourraient faire?

 

En premier, lorsque vous allez à la SAQ, vous pouvez remplir un sondage. Donc, si vous écrivez que vous aimeriez que les employé-e-s aient une bonne convention collective, ça serait super apprécié (vous pouvez aussi dire que le boss était au téléphone tout le long dans son bureau)! Ensuite, ne soyez jamais gêné-e-s de demander à parler au boss (même s’il est dans son bureau) de succursale afin de lui dire que vous trouvez inacceptable que l’employeur ne règle par le conflit de travail avec les employé-e-s. Si vous mettez la main sur des collants, gâtez-vous! Dites surtout aux travailleurs et travailleuses que vous les appuyez!

 

Les autres syndicats, ils peuvent faire quoi pour vous backer?

 

NE PAS PASSER NOS LIGNES DE PIQUETAGES, s’il-vous-plaît!

 

Solidarité et bonnes prochaines journées de grève!

 

Si vous voulez suivre les négociations et les journées de grèves suivantes, vous pouvez le faire via la page Facebook du SEMB-SAQ (CSN) : https://www.facebook.com/semb.saq/

 

** Grève perlée : qui interrompt l’activité d’une entreprise par une succession de petits arrêts de travail. Comme la camarade dit : « C’est à dire qu’on vote pour 6 jours, mais qu’on peut les utiliser une journée à la fois. Ça rend l’employeur plus nerveux parce qu’il ne sait pas quand on va sortir versus une grève illimitée. »

,

17 mois de lock-out chez GMC Bérubé à Rivière-du-Loup

Ça fait déjà 17 mois que les employé.e.s de chez GMC Bérubé à Rivière-du-loup sont en lock-out et font du piquetage devant le garage à raison de vingt heure par semaine. Ils étaient 13 au début, mais depuis, 3 ont déposé leur démission face à l’arrogance du boss, le qualifiant de vieux bonhomme orgueilleux qui doit toujours avoir raison. Ce sont tous les mécanicien.nes, travailleurs et travailleuses à la carrosserie et préposé.e.s aux pièces qui sont maintenant sans emploi. Parmi ces employé.e.s, plusieurs ont de 30 à 35 ans de service pour ce garage et certain.e.s sont agé.es de plus de 60 ans. Mettre à la porte des personnes presque retraitées et ayant offert leur travail pendant toute ces années, sans jamais profiter de la plus-value bien sûr, c’est faire dans le sale et cupide. Il ne reste en ce moment que les gérant.e.s et les vendeur.se.s dans l’établissement. Pour les garanties, la compagnie envoie les client.e.s à Montmagny ou à Rimouski.

La convention collective est arrivée à échéance en février 2016. En juillet, le boss a laissé cinq jours aux employé.e.s pour décider s’il.elle.s voulaient ‘‘négocier’’; ou alors, c’était le lock-out. Pour commencer les négociations, le patron a dit: «va falloir que vous me consentiez une baisse de  5,5 % dans le fonds de pension et deux années de gel salarial, sinon, on perdra pas de temps à discuter.» Avec des prémisses de la sorte, on s’entend que le mot négociation vient de prendre une claque. En gros, il leur demande de laisser tomber leurs acquis. La raison de cette demande: il doit rester concurrentiel. Évidemment, l’option de baisser son propre salaire n’en était pas une mais en plus, la compagnie est déjà concurrentielle. À titre d’exemple, Volkswagon charge 99$/h alors que GMC Bérubé demande 94$/h actuellement. Au niveau l’aspect concurrentiel, on repassera.

En juillet dernier, les employé.e.s ont finalement consenti à un gel de salaire mais pas à la baisse de pension. Chose que le boss a refusé. Résultat: les négociations n’ont pas été reprises. Il est important de rappeler que le fond de pension a déjà été coupé de 5% en 2009. Après négociations, il.elle.s avaient finalement acceptés de couper leur salaire de 1% par années sur cinq ans et de garder le fond de retraite.

Un autre retour à la table des négociations était prévu le 28 septembre 2017. Le boss offrait deux scénarios (toujours AVANT de commencer les négociations):

1- Acceptation de la baisse de 5% du fond de pension.

2- On garde le 5% de fonds de pensions, mais on coupe de 4% sur le salaire indexé à l’année 2016.

 

On pourrait vite croire que c’est quatre 25 sous pour un dollar. Et bien non, c’est pire! Parce qu’en 2016, la CSN (qui représente tou.te.s les autres syndiqué.e.s des concessionnaires de la région) a obtenu un gain de 2,5% de salaire. Ce qui veut dire que les employé.e.s de GMC Bérubé devraient perdre 4% de leur salaire + le 2,5% qu’il.elle.s n’ont pas obtenu comparativement aux autres travailleur.se.s de la région. On parle donc plus d’une baisse de salaire de l’ordre de 6,5%. Encore un osti de boss pernicieux et malhonnête. Bien sûr, le syndicat et ses membres ont refusés et les négociations sont au point mort.

Comme il.elle.s sont en lock-out depuis 15 mois, les employé.e.s n’ont donc plus droit au chômage. En septembre, il.elle.s ont demandé au boss de les faire rentrer pour au moins faire leur timbres de chômage. Le boss a offert d’en reprendre 3 pour les besoins urgents. Cette offre a été refusé : C’est tout le monde ou personne. Un bel exemple de solidarité. Pour ce qui est des autres travailleur.se.s des concessionnaires automobile de la région, syndiqué chez CSN, il.elle.s ont appuyé les employé.e.s de chez GMC Bérubé par un dîner hot-dog et un piquetage d’une journée pour offrir plus de visibilité au cours de l’été.

Le problème de ce conflit est qu’avec la perte de la bannière GMC dans son autre garage à Trois-Pistole, le boss a reçu un gros montant d’argent compensatoire et il a les reins solides pour encaisser un long conflit de travail. Il n’est donc pas pressé de retourner à la table des négociations.

Parce que le monde de «crosseurs» est petit, imaginez vous que le malfrat propriétaire est très «chummy chummy» avec les propriétaires de concessionnaires automobile du Saguenay-Lac-Saint-Jean (Jean Dumas Multiconcessionnaires et Groupe Couture). Ces même salauds qui ont mis en lock-out plus de 450 employés pendant 35 mois. Apparemment une pratique coutumière

dans le milieu. Sans oublier l’utilisation de Scabs. Jean Dumas Multiconcessionnaires avait à l’époque racheté un garage indépendant pour y faire faire ses travaux en période de lock-out. Comme il s’agit d’un nouvel établissement, ce dernier était légal devant la loi. Dans le cas de GMC Bérubé, le pauvre patron n’a pas les moyens de se payer un autre garage (à Rivière-du-loup, parce que bien sûr, il en possède un autre à Trois-Pistole). Il a donc engagé son fils pour être le gérant aux pièces du garage et ainsi pouvoir continuer ses opérations. Il a heureusement perdu en court pour cause d’usage de briseurs de grève. Une belle histoire de famille tout ça : Le grand-père qui sert de capital, le père qui sert de main de fer et le fils qui sert de scab… comme quoi les pommes pourries tombent jamais bien loin de l’arbre.

Pour finir, il sera intéressant de suivre de près le groupe Couture qui vient d’acheter la compagnie ClicheAuto en Beauce et qui laisse à présager le même scénario de lock-out sous peu…

X277272

L’absurdité du monde: Le maraudage

Le Comité Communication est fier de vous présenter la première transcription des chroniques d’Action en Direct. Pour lancer le bal, la première chronique d’Éric, soit le maraudage dans le secteur de la santé, sujet dépassé? Rien n’est moins sûr. La triste vérité est qu’on a eu droit a une campagne de maraudage des plus typique. Changeons le nom des syndicats et retrouvons nous dans le secteur de la construction, de la fonction publique ou sur la chaîne de montage la plus près de chez vous.

J’ai décidé de faire cette chronique, l’absurdité du monde, présenté à l’émission de radio Action en Directe, pour montrer à quel point on vit dans un monde rempli de contradictions et comment l’establishment, avec les médias, l’éducation et la maîtrise du discours officiel réussit souvent à nous faire gober n’importe quoi. C’est aussi un peu un pied de nez aux différents médias officiels ou indépendants de droite qui disent n’importe quoi sur un ton colérique. J’ai décidé de faire sensiblement la même chose, mais d’un point de vue progressiste.

Aujourd’hui je vais vous parler du maraudage syndical en santé. En gros, le maraudage, c’est quand deux centrales syndicales se battent pour avoir la représentation d’une unité d’accréditation syndicale. Grosso modo, si tu es dans le syndicat des infirmières du CHUM, par exemple, il y a un moment prévu dans la loi où tu peux changer de syndicat, par exemple, si le syndicat était à la CSN, il peut décider d’aller vers la FTQ. Celui-là est particulier, car il a été forcé par l’État. Il n’y a pas si longtemps, nos centrales syndicales étaient toutes unies sur un même plancher, en front commun, tout le monde ensemble contre le gouvernement et contre les coupures en santé. Puis le gouvernement a fait passé la loi 10, en forçant un regroupement, passant des CSSS au CIUSSS, ce qui a modifié les unités d’accréditation syndicales. Donc à la place de combattre cette loi là, les centrales ont décidé de se clasher pour gagner des nouvelles accréditation. Oh surprise, on n’entend plus parler de la loi 10, maintenant tout ce qu’on entend, c’est “notre syndicat est meilleur, le votre est moins bon, on a de meilleures assurances” etc. On peut donc voir que le grand gagnant de ce maraudage forcé là, c’est l’État, c’est l’employeur et ça ne fait que montrer à quel point c’est néfaste pour le syndicalisme. Ça me conforte aussi dans nos positions, aux IWW, de ne pas essayer d’aller grabber des membres à d’autres syndicats et de ne pas décider de s’accréditer, car le gouvernement peut facilement décider de jouer avec ces accréditations pour mettre la merde dans les syndicats.

Avant de commencer à rentrer dans le vif du sujet, je voulais vous faire entendre cette publicité de la FIQ (Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec) :



Pour décrire un peu, on voit une infirmière qui semble être dans un établissement de santé qui attend l’ascenceur. Une première porte s’ouvre avec pleins de gens qui n’ont rien à voir avec une infirmière : un gars de la construction, une travailleuse de shop, une fille qui joue du violoncelle, même un fakir. Et là, l’infirmière fait une moue qu’on peut interpréter comme “maudit! ça me représente pas”. Et là, l’autre porte s’ouvre avec Régine Laurent, la présidente de la FIQ, pis une gang d’infirmières en sarraus bleus poudre qui dit “embarquez avec nous”, on se ressemble, contrairement aux autres!

Ce que ça nous dit cette publicité-là, et pourquoi c’est aussi un peu de la bouette, c’est qu’on ne devrait pas s’unir en tant que classe ouvrière pour faire face, ensemble, au même patron. Par exemple, en santé, il y a, oui, les professionel-le-s de la santé que la FIQ syndique, mais aussi, toutes sortes de quarts de métier, comme des cuisiniers, des concierges, des préposés aux bénéficiaires. Le message qu’envoie la FIQ, c’est qu’il ne faut pas s’unir avec les autres quarts de métier, qui ont le même patron que nous et lutter en solidarité. Non, la FIQ préfère plutôt profiter de leur statut de professionnel-le-s de la santé pour aller chercher des miettes de plus que les autres quarts de métier, considérés comme moins importants. Bref, ne nous unissons pas sur une base industrielle, ayant tous le même patron, mais faisons un espèce de syndicalisme de métier qui permet à une élite ouvrière d’aller se chercher de meilleurs conditions que leurs collègues.

 

N’écoutant que mon courage, et suite à plusieurs discussions avec des camarades qui travaillent dans le secteur de la santé, je suis allé voir sur le site web des différents syndicats corporatistes pour voir les arguments qu’ils donnent pour voter pour eux :

La première chose qui frappe, c’est l’emphase mise sur les régimes d’assurances et les cotisations syndicales.


Premiers arguments.
Chaque syndicat nous explique comment son régime d’assurance est le meilleur.
On a l’impression de se magasiner une police d’assurance.
Question : Avez-vous confiance en vos compagnies d’assurance? Imaginez maintenant quel est le degré de confiance des gens envers les syndicats…

Deuxième argument : Nos cotisations sont plus basses.
Sans trop d’explication du pourquoi, tous les syndicats ont les cotisations les plus basses et les mieux gérées. C’est simple comme « Payer moins pour en avoir plus dans vos poches » C’est d’ailleurs le pitch de vente du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) pour vendre ses votes. Avec le SCFP, plus d’argent dans vos poches.
Y’a même des calculateurs de combien tu sauves sur leur site web. By the way j’ai vérifié, les cotisations des wobblies battent toute la concurrence, mais bon.

 

Troisième argument : On est les plus nombreux
Poussons cet argument au plus loin. Saviez-vous que le Journal de Montréal est le journal le plus lu au Québec ? Que Radio X est la radio la plus écoutée à Québec ? Ça vous donne une idée… Donc la FIQ est celle qui regroupe le plus de professionnelles, le SCFP est dans la FTQ, qui regroupe le plus grand nombre d’adhérents au Québec, la CSN est celle qui a le plus syndiqué-e-s en santé. Ça vous donne une idée… On est les plus nombreux, donc vous êtes caves si vous n’êtes pas avec nous.

 

Quatrième argument : Nos employé-e-s sont les meilleurs.
Autre tendance lourde, les employé-e-s de tous ces syndicats sont les meilleurs, les plus compétents, les plus serviables, les mieux organisés. Vous voyez le portrait.

On en vient presque à se demander pourquoi les IWW ont fait le choix de ne pas avoir d’employé-e-s. C’est un peu comme si ces syndicats se vantaient d’être les meilleurs patrons. Ou encore d’être la meilleure machine de service, on en revient encore au bon vieux vendeur d’assurances.

Cinquième argument : Les goodies

Ils ne s’en vantent pas sur leur site web, mais un peu partout sur les lieux de travail, les centrales se promènent en distribuant différents goodies pour acheter le vote. C’en est tellement ridicule que plusieurs travailleuses et travailleurs de la santé se sont mis à les collectionner. T-shirts, tuques, agendas, crayons, bloc-notes, tabliers et même coupes de champagne. Y’a pas à dire, les syndicats sont vraiment là pour nos besoins dans les périodes de maraudage. C’est encore pire que des politiciens en campagne électorale.

 

Bref, que devons-nous retenir de ça?
En aucun cas, les syndicats ne parlent de combativité, de démocratie directe, de défense collective, bref de tout ce qui est à la base du syndicalisme.
Le syndicalisme d’affaires est pathétique, on le voit sous sa forme la plus crasse, celle du vendeur d’assurance, celle du petit peddler qui essaie de t’acheter pour avoir tes cotisations, celle de la multinationale qui essaie de nous acheter à grands coups de publicité et de slogans creux.

 

Le gouvernement est celui qui a gagné sur toute la ligne et les syndicats sont entrés dans son jeu à grande vitesse à la place de faire front commun et de lutter.

N’attendons rien des centrales.

 

Éric.

 

Crédit Photo: http://www.familyfuncanada.com/saskatoon
,

Hôpital de Verdun: les travailleurs s’organisent et mécontentent les représentants CSN et FIQ

— Exclusif —

Mise à jour: les travailleuses et travailleurs de Verdun ont un blog: Comité de mobilisation Verdun

Voilà une histoire qui illustre bien l’état pitoyable dans lequel le syndicalisme québécois se trouve, embourbé dans un légalisme démobilisateur, qui sert trop souvent de prétexte à l’inaction, qui favorise les petites guerres de pouvoir mesquines et cantonne la base des syndicats à une inaction apathique et un encadrement infantilisant.

Les IWW ont toujours été pour l’action et la démocratie directe, le contrôle du syndicat et de ses ressources par l’ensemble des travailleurs et des travailleuses à la base, l’implication des membres étant à la fois garante de la combativité du syndicat et de sa démocratie interne.

La lettre qui suit relate l’histoire de travailleurs et de travailleuses du réseau de la santé qui tentent de s’organiser sur leur lieux de travail pour informer, politiser et mobiliser leurs collègues dans une optique de lutte, alors que les représentants syndicaux tentent de saboter l’initiative et se conduisent comme des petits boutiquiers effrayés que “leur” base ait pu penser à s’organiser et bouger.

Les travailleurs en question ne sont pas anti-syndicaux, ne sont pas réactionnaires, de droite, anti-travailleurs… rien de tout cela. Ce sont simplement des gens déterminés à faire bouger les choses, qui n’acceptent pas d’attendre indéfiniment après des bureaucrates qui considèrent leur base comme leur fief privé, comme leur clientèle captive.

Lire la suite