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S’organiser, puis combattre

Comme tout le monde le sait, le G7 se tenait cette année chez nous, au Québec. Ce grotesque «Party de bourges», à 600 millions de dollars pigés des fonds publics, visait à ce que nos élites puissent comploter en paix selon LEURS intérêts (qui sont contraires aux nôtres). Étant l’un des symboles occidentaux suprêmes de leur mépris envers nous, nul-le ne fut surpris-e qu’une partie de la gauche se lance à son assaut et tente de le perturber autant que possible.

La réponse de l’état à cet «assaut» fut foudroyante : Près de 8000 policiers déployés, des hélicoptères survolant la ville de Québec, des sous-marins déployés dans le fleuve, l’armée en renfort, des prisons temporaires érigées, une zone de non-droit où la police procédait à des arrestations et des fouilles illégales, le tout précédé d’une longue campagne de peur visant à dissuader quiconque de venir s’opposer (même pacifiquement) au G7 et à légitimer toute la répression qui aurait lieu lors de cette fin de semaine.

Quelques personnes (dont moi-même) s’y sont tout de même présentées par principe, mais quelle victoire avaient-elles réellement à espérer obtenir devant une aussi lourde démonstration de puissance de l’état? Aucune, si ce n’est que celle d’en tirer cette leçon: nous ne pouvons actuellement pas changer les choses en prenant la rue. Cette lubie que certains et certaines d’entre-nous ont de croire que nous pouvons arriver à obtenir quoi que ce soit en manifestant dans les conditions actuelles (c’est-à-dire en bien trop petit nombre) doit cesser. Le constat est que nous en sommes au stade où devons consacrer notre énergie à agrandir nos rangs et à nous organiser!

Ce texte aura donc pour but remettre à l’ordre du jour quelques bases de l’organisation, et plus précisément du syndicalisme radical.

 

1. Qui rejoindre?

Lorsque l’on prend le temps de créer des liens d’amitié sincère avec les gens qui nous entourent, qu’il s’agisse de notre famille, de nos collègues de travail, des membres de notre équipe sportive, etc., il devient rapidement clair que la très grande majorité des travailleurs et travailleuses ou personnes opprimées d’autres manières (patriarcat, racisme, etc) souffrent et en sont pleinement conscientes. Ils et elles ne comprennent pas toujours en quoi ces systèmes d’oppression consistent, et encore moins comment lutter contre et qu’est-ce que pourrait être une société débarrassée de ceux-ci, mais ils et elles savent cependant qu’ils et elles sont affecté-es par de criantes injustices.

À cette question de «qui rejoindre», je répondrais donc : pratiquement toute personne subissant une quelconque forme d’oppression peut être rejointe par rapport à celle-ci. Inutile, donc, de se concentrer uniquement sur les personnes qui sont «déjà de gauche». Au contraire, prêcher aux converti-es nous empêche de développer notre influence.

 

2. Comment les rejoindre?

Les idéaux de justice sociale sont charmants et constituent des objectifs à atteindre pour les personnes qui subissent des injustices, cela va de soit. Cependant, pour la plupart des gens, ces idéaux sont si lointains qu’il est pratiquement impossible d’envisager de les atteindre un jour et il semble plus pragmatique de consacrer leur énergie à régler des problèmes qu’il est possible de régler maintenant. La bonne chose, c’est que ces deux pensées ne sont pas en contradiction puisque c’est effectivement en remportant de petites luttes, une à une, qu’on finit par en remporter de plus grandes et qu’on finira par tout remporter.

En partant de cette idée, la meilleure manière pour rejoindre les gens qui ne militent pas déjà est donc de discuter sincèrement avec elles et eux des choses qui les dérangent aujourd’hui même et de travailler avec elles et eux afin que ces situations changent. Inutile, voire immensément contre-productif, de débuter en parlant de grands idéaux socialistes-libertaires.

Il demeure cependant impératif de toujours garder en trame de fond que toutes nos luttes ne seront que palliatives tant et aussi longtemps qu’on ne remportera pas «la» grande victoire; c’est ce qui poussera les gens qu’on mobilise à comprendre qu’il faut toujours continuer, et à bien repérer quelles concessions il ne faut pas faire et dans quels pièges politiques il ne faut pas tomber.

 

3. Quelles actions entreprendre pour faire changer les choses?

Si la grève étudiante de 2012 nous a appris quelque chose si on la compare avec une grève du secteur des transports publics, par exemple, c’est qu’une masse de personnes qui prennent la rue, même très grande, et même sur une période de temps étendue, n’a hélas que très peu de pouvoir de perturbation comparé à une masse de travailleurs et travailleuses qui décident de faire la grève dans un secteur névralgique de l’économie (et cela qu’elle aie l’appui ou non du reste de la population!). Les gains immédiats, tout comme ceux à long terme, existent, mais demeurent limités.

Une autre chose que les luttes sociales nous apprennent rapidement lorsqu’on s’y attarde (et qui nous ramène au point précédent) est qu’il est bien plus facile de concentrer nos efforts pour faire campagne auprès des gens qui nous entourent contre une «petite forme de pouvoir» (par exemple, le patron de notre mileu de travail ou l’administration locale de notre école) que d’essayer de rallier toute la population à se soulever via un appel à la solidarité auquel elle répondrait par un fantasmatique et illusoire élan révolutionnaire.

Le jour où la plupart d’entre nous auront lutté-es, gagné-es, et auront acquis-es une conscience de classe collective, nous pourrons rêver et même accomplir de tels actes! Mais ce jour n’est PAS aujourd’hui. Aujourd’hui, si nous sortons de nos cercles militants déjà convaincus et allons vraiment organiser la lutte, nous savons que nous en sommes encore aux étapes de :

⁃ Faire réaliser aux personnes qui nous entourent en quoi consistent vraiment les injustices qu’ils et elles subissent au quotidien.

⁃ Leur faire réaliser qu’ils et elles ont un pouvoir concret pour faire changer les injustices dont ils et elles sont directement victimes au quotidien.

⁃ Les engager dans ces luttes, formant du même coup leur compréhension de la gauche organisée (démocratie, codes de procédures, comités, principe de non-mixité, etc.) et leur permettant d’à la fois devenir des gauchistes et de «s’empowerer».

 

Conclusion

Le passage à la société de demain est un processus qui se fera par étapes. Bien qu’elles ne s’opèreront pas une seule à la fois (on peut très bien à la fois faire du syndicalisme et des manifestations révolutionnaires du 1er mai, par exemple), il demeure important de comprendre où nous en sommes et d’investir notre énergie aux bons endroits en évitant de fantasmer sur un soudain élan révolutionnaire, ou bien que l’état cédera quoi que ce soit face à 200 manifestantes et manifestants enragé-es qui prennent la rue.

Si nous voulons réellement avancer, commençons par la base et suivons les étapes du processus. S’organiser d’abord, puis combattre!

 

Max K.

 

(L’écriture de ce texte est genrée binaire pour en faciliter la lecture, et uniquement pour cette raison. Merci d’en prendre note)

Sommet Anti-G7: Résumé d’un séjour calme mais tout en répression

7 juin :
– Après-midi touristique dans Québec : les magasins se barricadent petit à petit, les gens font leur vie, c’est très calme. On finit par être suivi-es par au moins 3 policiers en civil (ceux repérés) et on nous demande de nous identifier quand on mange un sandwich dans un cimetière… un groupe de 7 personnes, entouré par 20 flics : SPVQ, SQ main dans la main… Le profilage commence.
– Manifestation de soir appelée par le RRAG7 et le communautaire : ambiance joyeuse bien qu’on sentait une certaine appréhension, entouré-es par des goons policiers, anti-émeutes et militaires. On a croisé des fusils d’assaut, des snipers, des drones, des chiens électrocutés à chaque aboiement, au moins 3 hélicos et j’en passe… Tout ça pour une manif calme d’un millier de personnes et plus d’une centaine de journalistes.
-Retour vers nos quartiers, on est suivi par d’autres policiers en civil dans leur voiture qui prennent manifestement nos plaques d’immatriculation en note.

On a aimé : la mobilisation plus grande qu’on pensait, la préparation des médics et les discussions avec plein de belles personnes.
On a détesté : le PCR qui s’est pris pour un autre en passant devant tous les groupes communautaires qui organisaient la manifestation, les arrestations (2) dans la manifestation, l’arsenal policier.

 

8 juin :
– Manifestation matinale avortée par l’arsenal militaire et paramilitaire entourant les manifestant-es
– On apprend que des véhicules de manifestant-es sont ‘arbitrairement’ arrêtés et fouillés dans Québec… Pas nous, mais on a pu le constater en effet en arrivant sur place.
– Rassemblement du midi : une autoroute bloquée quelques minutes qui a valu certes 2 sofas flambants entourés de béton, mais aussi des charges policières violentes (des plaquages dignes de pros de foot américain) et des arrestations.
– Midi : pique-nique on ne peut plus relax près du plus chouette dépanneur du monde (rabais pour les manifestant-es, mise à dispo des toilettes, adorables employé-es, bain de face gratis en cas de gaz… !) Québec est devenue une ville fantôme, les rues sont vides, on s’attendrait presque à une attaque de zombies!
– Manifestation de l’après-midi a à peine pu commencer que tous les goons bloquaient de nouveau les rues et poussaient les gens (dont des journalistes) en bas des cotes… Ils se sont aussi sentis bien seuls quand ils ont, tous seuls comme des grands, réussi à planter un de leur véhicule dans une mini-sortie de route qui leur a valu un remorquage et de se cacher dans des buissons ! Petit retour des choses !
– On ne compte même plus la police en civil qui nous suit dans les rues et prend des notes.

On a aimé : le pique-nique et son ambiance ‘safe’, le dépanneur extra.
On a détesté : le véhicule blanc qui t’écoute et fait de la reconnaissance faciale, la répression surnuméraire qui fait avorter la moindre action et stresser à chaque coin de rue. Les arrestations en mode ‘kidnapping’ alors que les gens rentraient chez eux et elles. Les photographes qui ne respectent pas le consentement.

9 juin :
– Manifestation syndicale : encore près d’un millier de personnes, mais cette fois une superbe ambiance! Des chansons à tout va, l’orchestre Tintanar qui se déchaîne et un temps magnifique!
Retour à l’ordre : les policiers laissent vider la place au compte-goutte en profilant les individus et leur faisant vider leur sac.

On a aimé : la belle ambiance et rigoler de voir 15 SQ sécuriser un McDo.
On a détesté : ne pas savoir où sortir et se sentir comme des bêtes à l’abattoir après la manifestation on-ne-peut-plus-pacifique.

 

En résumé : 3 belles journées, bien qu’entourées de flics en tout genre, de toutes les couleurs et avec tout l’arsenal. On décompte 0 fenêtre brisée, 10 arrestations, plus de 400 millions de $ dépensés sur la sécurité… ça fait cher du tie-wrap autour des poignets des arrêt-és !

Bref, malgré la ‘petite’ mobilisation, ça a quand même réussi à faire fermer l’Assemblée nationale, donner congé aux personnes du Parlement, ainsi qu’à des profs et des enfants… et littéralement ennuyer gentiment près de 8.000 flicailles mobilisées pour la sécurité !
Et aussi… donner ben de la job aux personnes qui placardent les commerces, ça a été lucratif pour eux et elles assurément !

 

Solidarité,

x385013.

 

Lien vers une entrevue de deux membres du SITT-IWW Montréal au sujet de notre présence au G7, à l’antenne du FM93 (Radio de Québec).

 

Crédit photos: Cédric Martin.

APPEL POUR UN CONTINGENT SITT-IWW MONTRÉAL AU G7

(English below)

Le Syndicat Industriel des travailleuses et travailleuses, section locale de Montréal (SITT-IWW Montréal), en solidarité avec les organisateurs et organisatrices du contre-G7, appel à un contingent syndical pour la manifestation du jeudi 7 juin 2018 prochain. Celle-ci aura lieu à 18h au Parc des Braves de Québec.
En marge du G7, nous descendrons dans la rue pour protester contre cette grande mascarade de l’élite mondiale. Nous prendrons la rue encore une fois pour dire non ! Non à une gouvernance mondiale gérée par sept pantins; Non à l’État bourgeois libéral qui dépend de l’exploitation de la classe ouvrière; Non à la fausse légitimité étatique renforcée par les frontières.

Le G7, dans son ensemble, représente tout ce pour quoi le SITT-IWW s’organise et combat. De Justin Trudeau à Donald Trump en passant par tous les autres clowns au pouvoir qui coopèrent pour faciliter l’exploitation de la classe ouvrière respective, le IWW s’alliera avec quiconque est prêt et prête à s’organiser sur son milieu de travail pour défaire le système d’exploitation salariale duquel nous dépendons tous et toutes.

Spécialement dans un contexte de capitalisme avancé, organiser notre milieu de travail pour améliorer nos conditions de vie est plus urgent que jamais. Le syndicalisme c’est de l’autodéfense : de l’autodéfense contre l’exploitation des patrons, contre les bras armés de l’État et contre n’importe quelle oppression systémique qui obéit au mode de production capitaliste. Le SITT-IWW souhaite avoir un contingent de membres présents et présentes pour mettre de l’avant-plan l’importance de s’organiser. Sous la bannière de la « One Big Union », sous la bannière d’une solidarité de classe, prenons la rue. Une classe ouvrière unie est une classe ouvrière gagnante : Au G7!

 

Solidairement,

Le Comité solidarité SITT-IWW Montréal.

 

CALL FOR AN IWW CONTINGENT AT G7

The IWW Montreal, in solidarity with anti-G7 organizers, calls for a contingent to be present at anti-G7 protests in Quebec. From June 6th-9th, people will be present to collectively resist the G7 meeting taking place, where we will be able to say no! No to globalism, no to the liberal bourgeois system that relies on the exploitation of the working class world over, and no to the legitimacy of the states that these seven puppets enforce within the borders they govern.

The G7, as an organization, represents everything the IWW organizes and fights against. Whereas Donald Trump and Justin Trudeau will cooperate and collaborator to facilitate exploitation of their respective working classes, the IWW will cooperate with all whom are ready to organize workplaces to help dismantle the wage slavery system these nation states rely on. Especially in the context of late stage capitalism, organizing workplaces as an effective means to improving material conditions is as urgent as ever. Syndicalism is self-defence: self-defence from the boss’ exploitation, from the state’s paid thugs, and as a part of any systemic oppression wherein the capitalist mode of production is interwoven.

The IWW looks forward to having a contingent of members present to help discuss the importance of workplace organizing. Under the banner of one big union, under the banner of working class solidarity, a united working class is a winning working class. To G7!

 

In solidarity,

The Solidarity Committee of the Montreal IWW branch.