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Et si le syndicat ne bouge pas?

Bien qu’un syndicat soit en théorie un outil de lutte pour l’amélioration des conditions de travail des travailleurs et travailleuses, il n’est pas rare de voir ceux-ci se transformer en appareils de démobilisation. Que ce soit pour préserver « l’appareil » syndical en évitant de prendre les risques impliqués dans une grande lutte, collaborer ouvertement avec le patron qui accorde des faveurs à la centrale (ex : syndicalisation automatique des nouvelles succursales en échange d’un syndicalisme pacifié) ou encore vouloir préserver un parti politique d’une mauvaise image causée par une grève en période électorale, tout syndicat peut se déconnecter des intérêts de sa base pour se préserver comme institution. C’est pourtant dans ces moments qu’il importe le plus d’être syndicaliste.

Il faut alors se rappeler que le syndicat c’est avant tout nous et nos collègues et repartir sur cette base. Dès lors, un large éventail de tactiques s’ouvre à nous : il est possible de former des comités de base, qui œuvreront et lutterons en dehors du syndicat établit (ex : voir les CoBas en Italie), de tenter de s’organiser pour reprendre et réformer notre syndicat pour le recentrer vers la base (voir le CORE, the Caucus of Rank-and-file Educators à Chicago) ou encore de changer d’affiliation syndicale. Autant voir l’arrivée d’un syndicat patronal (aussi appelé syndicat « jaune ») comme une occasion de parler conditions de travail et ainsi retourner cette offensive des patrons contre ceux-ci. N’hésitez alors pas à contacter la branche de l’IWW la plus proche pour du support et de la formation pour (re) lancer le combat pour l’amélioration de vos conditions de travail et de vie.

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Crédit bande-dessinée: Val-bleu

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L’absurdité du monde: L’usage de la technologie

Dans le cadre de cette chronique d’Action en Direct j’ai décidé de vous parler de progrès technologique. C’est un peu lié à tout ce qu’on entend par rapport aux bienfaits qu’amène la fameuse économie participative. En tout cas, bienfaits pour le patronat et l’élite qui nous gouverne. J’ai décidé d’y aller avec un questionnement philosophique aujourd’hui et de vous poser la question suivante : « Est-ce que notre société progresse ? Est-ce que l’humanité progresse ? ». À première vue, on a tous et toutes envie de répondre « Bien oui, on est maintenant capable d’aller sur la lune, de soigner le cancer, on a des véhicules hybrides ». Mais si on gratte un peu et qu’on décide d’aller un peu plus loin, est-ce que le progrès technologique est nécessairement un progrès pour l’humanité dans son ensemble ? Parce qu’on ne va pas se mentir, qui, dans notre société, possède la technologie ? Avant qu’elle se rende sur les tablettes des Wal-Mart comme produit de consommation, à qui elle profite cette technologie ? La réponse est bien simple, elle appartient à la classe possédante, celle qui nous envoie des mémos sur nos lieux de travail pour dire qu’il va y avoir moins de services aux employé-e-s, celle qui aime mieux avoir une machine pour remplacer des caissières ou caissiers dans votre épicerie ou au McDo du coin. Évidemment que pour eux, le progrès technologique est utile : On trouve des façons de couper les coûts de production. Bref, la technologie va toujours profiter d’abord et avant tout aux riches et aux bourgeois de notre société. On pourrait appeler ça le progrès de classe.

Offrir un service utile ou s’enrichir?

Si on repart de la base, selon vous, quel est le but d’un bon capitaliste ? Offrir un service ou un produit de qualité et utile à l’humanité ? Offrir des emplois de qualités à ses employé-e-s ? Non… Le but premier d’un capitaliste est de s’enrichir, de devenir riche, de s’en mettre plein les poches. Partant de ce principe, évidemment, son but premier va être de couper dans les dépenses de son entreprise. Par un drôle de hasard, l’une des principales dépenses de toute entreprise est la main-d’œuvre ou si vous préférez la novlangue : Les ressources humaines. Si on peut couper des employé-e-s et les remplacer par des robots, des ordinateurs ou autres machines moins coûteuses, que pensez-vous que le capitaliste va vouloir faire ? Poser la question, c’est un peu y répondre… Donc, à qui profite la technologie dans notre merveilleux système ? Au patron qui sauve des coûts de production ou à l’employé-e qui sera mis au chômage, parce que remplacé par un robot ? C’est le même principe que quand un patron vous paye un téléphone cellulaire, n’allez surtout pas penser qu’il le fait pour votre bien-être : il sait très bien que comme ça, vous allez être joignable 24h sur 24 et ça, ça l’arrange pas mal plus. C’est encore la même chose avec l’économie dite participative comme Uber et AirBnB. Si on peut contourner les lois en vigueur et sauver de l’argent en disant que c’est participatif, n’importe quel capitaliste va sauter sur l’occasion. À qui tout ça va profiter ? Aux chauffeurs de taxi qui paient leur licence pour faire la même job qu’un Uber ? Aux voisins d’AirBnB qui vont voir leur loyer augmenter parce que son bloc est presque devenu un hôtel ? Évidemment, non, seulement aux gens qui vont s’enrichir avec ces nouvelles technologies. Évidemment, si toutes ces technologies appartenaient à la classe ouvrière, on pourrait dire que l’humanité progresse, que c’est un progrès pour tout le monde de remplacer une tâche ultra répétitive par des robots et qu’ainsi, tout le monde a moins besoin de travailler. Mais malheureusement, ce n’est pas comme ça que notre société fonctionne.

Consommation et environnement

Un bon capitaliste, pour s’enrichir toujours plus, doit toujours produire plus et étendre son marché. Comme ça adonne bien, les études et les recherches financées par l’élite cherchent constamment à essayer de produire plus et à moindre coût. C’est de là que nous vient le phénomène de surproduction. Depuis que je suis jeune, on nous apprend vertueusement qu’il ne faut pas surconsommer pour le bien de la planète. Mais quelle est la cause de cette surconsommation ? Évidemment, c’est la surproduction des capitalistes. Ils produisent toutes sortes de gogosses qui ne valent rien et qui n’ont aucune utilité dans le but toujours de s’enrichir plus. Pensez-vous que le propriétaire de Dollarama a en tête le bien-être de la planète quand il remplit ses étagères de cochonneries bon marché dont il sait très bien que la durée de vie ne dépasse pas les 6 mois ? Bien sûr que non, il ne pense qu’aux juteux profits qu’il va pouvoir se mettre dans les poches et celles des autres actionnaires et c’est tout. Pendant ce temps, on blâme le consommateur, mais jamais on ne blâme le producteur, le capitaliste derrière des objets inutiles comme les fidget spinners. C’est toujours l’acheteur (donc généralement la classe ouvrière) le problème et non celui qui vend et met en marché des produits de merde. La technologie nous permet de produire plus au détriment des ressources, produire plus de produits de mauvaise qualité, dans un seul but : celui d’enrichir le patronat. Donc je repose la question, à qui profite la technologie ?

Une question de Marketing

Pour vendre toutes ces gogosses complètement inutiles, le capitaliste a inventé une nouvelle science : Le marketing. Aujourd’hui, les universités débordent de chaires de recherche dont le but est d’approfondir cette pseudoscience qu’on pourrait définir par cette expression : « L’art de créer un besoin artificiel dans la tête du consommateur afin de lui faire acheter quelque chose ». Par conséquent, ça fait en sorte que notre société regorge de publicité un peu partout pour nous vendre quelque chose : à la télé, dans les journaux, à la radio, dans les rues, aux toilettes, sur nos téléphones, sur internet, à l’école, au boulot, etc. On crée des images de marque pour dire que telle compagnie est éthique parce qu’elle donne de l’argent à la cause des enfants malades ou à celles de la santé mentale. Bell cause pour la cause, ça vous dit de quoi ? Tsé la compagnie qui a crissé à la porte plein de téléphonistes à Montréal pour délocaliser ses services à moindre coût. Quelle belle compagnie éthique. Tout ça grâce au marketing. Toute cette énergie dépensée à essayer de vendre de la cochonnerie comme un vulgaire peddler. Imaginez si ces recherches visaient plutôt à engendrer de meilleurs comportements chez les humains. On pourrait notamment enligner les recherches sur des enjeux comme l’élimination de la culture du viol ou du racisme. Mais non, on préfère vous vendre une assurance automobile ou un REER, c’est plus payant pour le capitaliste. Ça m’amène à reposer une question : À qui profite le progrès dans le domaine du marketing ?

Évidemment, surproduire et inventer de faux besoins, ce n’est pas encore assez pour enrichir suffisamment nos bons dirigeants capitalistes. Ils se sont donc servis de la technologie pour inventer un autre concept : celui de l’obsolescence programmée. Ça vous dit quelque chose ? L’obsolescence programmée, c’est quand un capitaliste conçoit un produit de consommation afin de s’assurer qu’il brise au bout d’un certain moment. Comme ça, et bien, pas le choix d’en racheter un autre. Sinon, comment on explique que mes parents ont un frigidaire qui date de 40 ans et que je n’ai jamais pu en garder un neuf plus de cinq ans ? Ça doit être ça le progrès technologique, right ? Sérieusement, la technologie n’a jamais été aussi avancée et on vient nous faire croire que nos frigos, nos voitures, nos ampoules et la plupart des produits que nous avons durent maintenant moins longtemps ? C’est pourtant ce que les capitalistes font. Mettons-nous dans la peau du propriétaire de la compagnie Frigidaire et pensons un instant. Ouais je sais, c’est pas ce qu’il y a de plus agréable n’est-ce pas… Donc, vous êtes actionnaires de la compagnie Frigidaire, qu’est-ce qui est le mieux pour vous : 1- Produire des réfrigérateurs de bonne qualité qui vont durer au minimum 20 ans ou 2- Produire un réfrigérateur de moins bonne qualité, qui va donc vous coûter moins cher à produire, et que celui-ci ait une durée de vie de 8 ans ? Selon vous, lequel va vous rapporter plus d’argent ? Le premier que vous allez vendre une seule fois en 20 ans ou celui que vous allez pouvoir vendre une fois et qu’au bout de huit ans, vous allez pouvoir en revendre un deuxième ? Est-ce une théorie du complot de penser que les capitalistes peuvent voir les choses comme le choix numéro 2 ? Ça m’amène à poser encore une fois la question : À qui profite le progrès technologique ?

Big Brother et la dérive sécuritaire

Ce qui m’amène à vous parler des technologies sécuritaires. Parce qu’en créant des inégalités sociales comme le font les capitalistes, ça les oblige à développer toutes sortes de technologies pour surveiller ses employé-e-s ou la plèbe en général ou encore contrôler les mouvements de révolte de ceux et celles qu’ils écrasent. C’est pourquoi d’ailleurs on assiste à l’essor technologique dans le milieu de la technologie de sécurité. Caméras de surveillance pour ne pas se faire voler, ou mieux encore, pour pouvoir surveiller ses employé-e-s à distance. Systèmes antivols dans les magasins. Systèmes d’alarmes un peu partout. Armes nucléaires pour protéger ses privilèges face aux intérêts des autres pays. Police paramilitaire pour intimider tout mouvement de révolte. Technologie informatique afin de traquer les habitudes de consommation des gens. Puces qu’on peut intégrer sous la peau des employé-e-s. La liste est extrêmement longue, mais la conclusion demeure la même. À qui profite toutes ces évolutions technologiques, si ce n’est qu’uniquement aux capitalistes, aux riches et aux bourgeois de notre société. Notre société progressera le jour où ces technologies appartiendront au peuple et serviront les intérêts de toutes et de tous et non seulement les intérêts d’une poignée de privilégiés. La technologie sera utile une fois entre les mains de la classe ouvrière, mais pour l’instant, elle ne fait que contribuer à augmenter le rapport de force de la classe dominante sur le bas de la pyramide.

Éric Sédition

 

Crédit photo: http://scifiaddicts.com
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Un syndicat pour recadrer le conflit

Je suis assis dans la poussière à la porte du quai de chargement de l’entrepôt dans lequel je travaille, les pieds qui pendent à l’extérieur, écœuré raide de ma semaine, à regarder la cour arrière pleine de mégots de cigarette et de bouts de plastique qui volent au vent et qui vont finir dans l’eau, quelque part, à faire réduire notre espérance de vie pour supporter un système autodestructeur. Je me suis pris un break tout seul cet après-midi. Pour être honnête, j’en prend pas souvent en fait; je préfère prendre une heure plutôt qu’une demi-heure pour dîner ou partir 10 minutes avant la fin de la journée histoire d’arriver plus tôt chez moi, mais là… j’suis en tabarnaque, et y fallait que je ventile un peu.

Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui me fait chier ? Hum… ça serait compliqué à expliquer simplement, mais si je voulais essayer de le résumer, je dirais que j’en peux plus de voir que le manque de culture de solidarité et de démocratie de notre société fait que ma job (et presque toutes les autres, même celles qui sont syndiquées par des syndicats «traditionnels»), c’est un pain in the ass constant ! C’est une interminable série de problèmes qu’on parvient jamais à régler pour la simple et bonne raison qu’on n’arrive pas à penser en dehors de la boîte ! J’ai hâte qu’on se le rentre dans la tête une fois pour toute, tout le monde ensemble : ça sert absolument à rien d’essayer d’améliorer nos conditions de travail si on prend pas le contrôle de l’entreprise au complet, et ça, presque personne, même les syndicats traditionnels, a l’air de le comprendre !

Pourtant, pour quelqu’un qui, comme moi, travaille constamment en démocratie directe à l’extérieur de sa job et qui sait comment ça change toute la façon de régler (ou plutôt d’éviter) tous les conflits que la hiérarchie cause, c’est un simple fait : Tant et aussi longtemps qu’on va lutter pour augmenter notre pouvoir face aux boss (ou à l’état, mais concentrons-nous sur les boss aujourd’hui) plutôt que pour les abolir, on sera continuellement en train de se diviser entre nous !

Qu’est-ce que je veux dire par là ? Je vous donne les deux raisons pour lesquelles je suis parti ventiler dehors, que vous avez sûrement déjà vu vous aussi à votre job, et vous allez tout comprendre :

 

Le conflit du temps supplémentaire


À mon travail qui fonctionne de façon très saisonnière, mes boss  utilisaient jusqu’à récemment la manœuvre du code du travail qui s’appelle «l’étalement des heures» qui consiste à payer tous leurs employés  40h par semaine, qu’ils en aient travaillé 15 ou 50, dans le but, qu’ils disait, «de leur assurer un revenu constant», puis, d’accumuler leur temps supplémentaire et de leur verser à taux horaire simple (plutôt qu’à taux 1.5) aux six mois ou en vacances payées. Sans vouloir m’étendre sur les détails, cette manœuvre que j’ai révélé illégale parce que l’entreprise pour laquelle je travaille répondait à aucun des critères nécessaires pour le faire, faisait en sorte que, sur les 100 à 200 heures de temps supplémentaire qu’on accumulait individuellement par période de six mois, on se faisait voler l’équivalent de 50 à 100 heures de travail, soit de 750 à 2500 $ chacun !

Lorsque j’ai entamé ce combat-là seul, faute d’avoir eu le temps de bien organiser mes collègues à cause d’une contrainte de temps, leur absence de conscience qu’il fallait prendre le contrôle de l’entreprise a fait qu’ils se sont rapidement braqués dans deux positions qui s’affrontent et y sont encore aujourd’hui : La première, adoptée principalement par les jeunes –  et fortement influencée par l’intervention des Boss pendant mes vacances –  est que si on va de l’avant avec l’idée d’obliger l’entreprise à répondre aux normes du travail, elle va engager du personnel supplémentaire pour éviter d’avoir à nous payer du temps supplémentaire à taux 1.5 et que bref, on pourra plus faire le temps supplémentaire dont certains ont besoin pour arriver à la fin du mois.  Il vaut donc mieux, selon ces collègues-là en tout cas, faire du temps supplémentaire à tarif simple que de ne pas en faire du tout (quoi qu’une augmentation de salaire aurait très bien pu faire la job aussi mais bon… une chose à la fois).

L’autre position, adoptée principalement par les pères de famille mieux rémunérés et plus occupés qu’eux, est d’applaudir l’idée que malgré la perte de salaire potentielle que la diminution de nos heures occasionnera peut-être, on va enfin pouvoir vivre un peu et s’occuper de nos familles, et c’est exactement de ça dont tout le monde ou presque avait besoin.

Mais voilà, c’est la merde ! Tout le monde est divisé ! Et pendant que les deux côté s’affrontent et ont, si on réfléchit pas en dehors du cadre où «on a des boss» et où «les employés ne contrôlent pas l’entreprise de A à Z», totalement raison, je sais très bien (et j’essaie de leur faire comprendre) que si nous, les travailleurs, on prenait toutes les décisions ensemble, sans boss, on aurait même pas à avoir ce débat insolvable là !

Pensez-y : Déjà, on aurait beaucoup plus de revenus à la base parce qu’on n’aurait pas de salaires astronomiques de boss à payer, mais en plus, on pourrait aussi nous-mêmes arriver à un accord qui fait en sorte que ceux et celles qui veulent travailler plus pourraient le faire et ceux et celles qui voudraient travailler moins pourraient le faire aussi. C’est même nous qui contrôlerait combien d’employé-es on engagerait ou pas ! On l’aurait totalement, le contrôle sur le temps supplémentaire, et les pères de famille pourraient voir leurs enfants et conjoint-es tandis que les jeunes pourraient travailler comme des fous et s’acheter une maison, payer leurs études ou faire la tournée de tous les festivals du Québec si ça les enchante. Ça vous sonne pas comme une solution pour tout le monde ça ?!?

Mais non… comme on prend pas le pouvoir, aucune des deux options est actuellement la bonne pour tout le monde, et pendant ce temps-là, tout le monde se fait chier, se divise, et mes boss continuent à rouler avec les chars à 100 000 $ qu’on leur paie.

Les «Yes-mans» contre les «Slackers»


Parce qu’il y a une seule personne (moi-même) dans l’entrepôt d’une compagnie dans laquelle il pourrait facilement en avoir trois, l’entrepôt de l’entreprise pour laquelle je travaille est continuellement le poste goulot, c’est-à-dire celui où il manque clairement du personnel, ce qui force tout le monde à interrompre régulièrement son travail pour venir me donner un coup de main même s’ils sont eux-aussi bien  occupés. On le répète à tous les jours, sans arrêt, et depuis des mois : il faut engager une personne de plus dans l’entrepôt parce que je dois toujours courir et couper les coins ronds pour arriver à la fin de la journée et que ça génère plein d’erreurs et de problème qui rendent la vie misérable à tout le monde, sauf à mes boss, bien entendu.

Ici encore, uniquement parce qu’on essaie de régler le problème autrement qu’en prenant le contrôle de l’entreprise de A à Z, deux visions s’opposent, nous divisent, et rendent le climat de travail insupportable : La première est que, tout en demandant activement à nos patrons d’engager une personne supplémentaire et en attendant qu’ils la trouvent (mais ils le font pas parce qu’ils auraient un salaire de plus à payer), on doit «travailler en équipe et s’entraider les uns les autres», et donc, lorsqu’un poste est débordé, il ne faut pas abandonner notre ou nos collègue(s) seul(s) et quitter notre travail à la fin de la journée sans lui avoir donné un coup de main. Disons-le, c’est une belle mentalité, la solidarité ! Mais dans le cadre d’une job dans un milieu de travail où on a pas 100 % du pouvoir, c’est plutôt une mentalité de yes-man ou de larbin. C’est rien de plus que d’embrasser son esclavage que de vouloir se faire exploiter davantage pour le même salaire en échange de «la fierté d’être des gars travaillants», et c’est une ostie de mentalité de marde dans ce contexte-là !

À l’inverse, la deuxième (très individualiste, que beaucoup de syndicats corporatistes adoptent, et qui coûte une fortune en griefs) est qu’on doit pas jouer le jeu des patrons en s’entraidant ou en travaillant plus fort si le problème est, à l’origine, qu’il manque de personnel, parce que peu importe la quantité de travail qu’on va faire, on va gagner le même salaire, et que bref, plus on va travailler, plus on va se fait exploiter, donc on s’en tient à notre job et ça fini là. J’appellerais cette mentalité-là celle de slacker. Mais Le problème avec elle, c’est qu’y faut être réaliste et se rendre compte que, comme on est encore en capitalisme à ce que je saches, la job doit être faite un jour ou l’autre si on veut que l’entreprise continue à rouler et générer un revenu, et que si on se contente d’en faire le minimum tout le temps, tout l’argent, les belles conditions, les semaines de vacances, etc, qu’on pourrait aller cherche par notre syndicalisme, on va les perdre !

Dit autrement, en étant slackers, on diminue notre rendement horaire, donc, même si on lutte férocement pour d’excellents salaires par notre syndicalisme, on aura besoin de travailler plus d’heures pour arriver à enfin sacrer notre camp chez nous à la fin de la journée, ou plus d’années avant de pouvoir enfin prendre notre retraire, et en plus, on laisse nos collègues surchargés seul-es pendant qu’on écoute des vidéos sur Youtube plutôt que d’aller les aider ou de s’en aller chez nous, parce qu’on veut faire notre 40h, mais en en faisant le moins possible.

Ça, quand c’est TOI le pauvre crétin surchargé depuis six mois, je peux le dire… ça donne envie de péter un câble comme je suis en train de le faire dret-là ! Bref, dans un cadre hiérarchique, c’est autant une mentalité de marde que celle des yes-mans, à la fin.

Donc si on regarde ça de loin, sans considérer l’option de prendre le contrôle total de l’entreprise et de congédier les boss, on se rend compte que d’une part, travailler fort c’est pas bon, et que d’autre part, ne pas travailler fort non plus, c’est pas bon, et que bref, peu importe ce qu’on fait, c’est-à-dire qu’on soit d’un extrême à l’autre, ou même en plein centre, on a TOUJOURS une mentalité de marde. C’est ridicule hein ?

Bien c’est pour ça qu’il faut arrêter de niaiser et se diviser entre les yes-mans et les slackers, et seulement prendre le contrôle total de la place pour s’approprier 100% des revenus (ou plutôt 100% du pouvoir de se les approprier). Ça devrait nous péter en pleine face il me semble : Le jour où l’argent que gagne ou perd notre milieu de travail va être le nôtre, plus personne va se faire exploiter, mais surtout, plus personne va avoir intérêt à en faire le moins possible et va mettre ses collègues dans le trouble en le faisant. Et si on regarde plus loin encore, le jour où toute l’économie entière va être enfin contrôlée par les travailleurs et les travailleuses, et collectivisée, on n’aura même plus à se donner le trouble de se faire compétition et à s’auto-exploiter pour éviter que nos concurrents nous fasse fermer.

 

Conclusion


Comme mes deux exemples le démontrent, la façon dont on voit les problèmes au travail (et dans la société, aussi), c’est souvent en «cadrant» les choses à l’intérieur d’un monde nécessairement hiérarchique, et ça limite notre capacité à voir que le problème lui-même bien… c’est souvent JUSTEMENT la hiérarchie. C’est important de prendre ce recul là! Il faut vraiment penser à ce qu’une dynamique horizontale, en démocratie directe, serait, et à qu’est-ce que ça changerait dans nos relations proches, notre bloc, notre quartier, notre milieu de travail, notre région, et sur les rapports entre toutes les différentes régions du monde, sinon, on tournera toujours autour en rond en répétant sans arrêt les mêmes erreurs et en essayant en boucle les mêmes «solutions».

Il faut qu’on prenne l’habitude, le réflexe, d’y penser à chaque jour, dans chaque conflit, dans chaque problème qui implique quelque part des gens en situation de hiérarchie, et je vous jure qu’on va bien vite comprendre collectivement cette analogie un peu simpliste là, que j’utilise tout le temps, mais qui résume bien le truc quand même, qui est que «pendant que les réformistes se demandent s’il faut utiliser un gros tuyau à faible débit ou un petit tuyau à haut débit pour remplir la piscine qui fuit, les anticapitalistes, nous, on propose de boucher la fuite !»

Bouchons ça, cette fuite là !

 

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*L’absence de terminaisons féminines constante n’est  pas une erreur ou une abstention;  elle traduit plutôt la triste réalité qu’il n’y a aucune femme sur mon milieu de travail actuellement, et cela n’a rien d’une coïncidence, mais ce sera le sujet d’un autre texte.

 

Crédit photo: led-lighting-product
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L’absurdité du monde: Le logement

Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler un peu de logement, du besoin de base de se loger, de gentrification et de spéculation immobilière. Vite de même, je dois avouer que ça a l’air extrêmement PEU intéressant, mais nous allons essayer de rendre le tout un peu plus dynamique. Voyons voir ce que ça va donner.

Pour commencer, j’aimerais bien parler du principe de propriété privée. En effet, il y a un moment dans l’histoire de l’humanité durant laquelle des gens ont commencé à mettre des clôtures autour de leur lot de terre et commencé à dire que c’était leur propriété. C’est un peu à ce moment-là, qu’a commencé à naître le merveilleux système capitaliste que l’on connaît aujourd’hui avec ses règles qui se définissent un peu comme ceci ; « Au plus fort la poche » et « La main invisible du marché contrôle la loi de l’offre et de la demande ».

Auparavant, nous vivions dans un système féodal, c’est à dire un système dans lequel il y avait des seigneurs qui offraient la protection et un lot de terre aux vulgaires paysans en échange de ce qu’on pourrait appeler différents types de taxes : « Taxes sur la production de la terre que l’on doit au seigneur », Journées de corvée sur la terre du seigneur, défense de la seigneurie lors d’attaques, etc… Et le système continuait en hiérarchie comme ça, avec les seigneurs qui avaient aussi des obligations envers des nobles, des nobles qui avaient des obligations envers les rois, etc… Puis un jour, ce système s’est retrouvé complètement vide de sens, puisque toutes les charges pesaient sur les paysans et de leur côté, les seigneurs commençaient à accumuler de plus en plus de seigneuries et négligeaient leurs obligations envers les paysans. Différentes révoltes (Révolution Française, Rébellion des patriotes) ont fini par tuer ce système et ont instauré un système capitaliste dans nos sociétés occidentales.

Maintenant j’aimerais qu’on image le tout ici en pensant à son propriétaire qui fait sa ronde le pre mier du mois pour venir ramasser les loyers des locataires. Premièrement,  on va se le dire, y a-t- il quelque chose de moins agréable que ce moment ‘’awkward’’ où le proprio vient se pavaner pour ramasser son dû ? Et j’aimerais bien ici qu’on marque la ress emblance entre le seigneur qui vient chercher ses sacs de grains chez les paysans et celui du proprio qui vient ramasser ses loyers. Ne trouvez-vous pas que la ressemblance est frappante ? Et tout comme dans le régime seigneurial, il est assez rare de réus sir à trouver un proprio qui s’acquitte bien de ses obligations envers ses locataires. Je crois qu’à peu près tout le monde qui a déjà eu un proprio sait ce qu’il en est lorsqu’il est question de rénovations faites par le beau-frère  peddler  parce qu’on va  sauver de l’argent ou des bons vieux « J’vais régler ça bientôt, inquiètes-toi pas. »

À partir de quel moment dans l’histoire, on s’est dit qu’on allait laisser des besoins de base humains (se vêtir, se nourrir, se loger) entre les mains de capitalistes d ont le seul but est de tirer un profit ? À quel moment on s’est dit qu’on allait laisser des gens spéculer sur nos besoins de base ? Voilà ce que je trouve scandaleux : Des gens qui s’enrichissent sur le dos des gens avec des trucs que tout le monde a beso in au final. Pourquoi accepte-t-on que des gens s’enrichissent en vendant de la nourriture en aimant mieux la gaspiller pour faire monter sa valeur que de la donner à des gens dans le besoin ? À quel moment on  s’est dit qu’on allait  parker  les gens dans  des immeubles appartenant à un capitaliste X et qu’il allait en tirer un profit ?

Bref, tout ça me fâche à un haut niveau car ça fait ressortir le conflit d’intérêts sur lequel se base le système en place et dont je vous reparlerais probablement dans une prochaine chronique. Mais posons-nous la question sur les intérêts des partis en présence. Quel est l’intérêt du locataire ? Payer le moins cher possible pour avoir un logement de qualité. Maintenant quel est l’intérêt du propriétaire d’immeuble ? Faire le plus d’argent possible et comment fait-on le plus d’argent possible ? En ayant les loyers les plus élevés et le moins de dépenses possibles. Bref, quel intérêt a le propriétaire d’effectuer les réparations rapidement, d’avoir des espaces communs propres, d’offrir un service de qualité à ses locataires ? Aucun, sauf si ça lui permet d’amasser encore plus d’argent, mais on s’entend que mise à part les immeubles de luxe où le prix des loyers permet aux proprios d’offrir un bon service tout en s’enrichissant, ce n’est pas le cas des immeubles dans la plupart des quartiers populaires.

Maintenant, si on continue dans cette logique, on pourrait aborder le sujet de la spéculation immobilière qui vient créer le phénomène de gentrification. La spéculation immobilière c’est lorsque des gens achètent des terrains ou des immeubles dans le but d’en faire un investissement et donc de s’enrichir. C’est quelque chose de propre au système capitaliste. Ça fait en sorte que des capitalistes achètent des immeubles vides en espérant seulement les revendre à un meilleur prix. Ça fait aussi en sorte que pendant que des milliers de sans-abris dorment dans les rues, des centaines d’immeubles sont vides et n’ont aucune utilité autre que de se faire vendre pour un meilleur prix que l’achat. Vous trouvez ça normal vous ? Et surtout, n’essayez pas d’aller installer un squat dans ces immeubles parce que vous allez apprendre rapidement à connaître les chiens de garde de la propriété privée dans notre société, et j’ai nommé : la police. Rien à foutre que tu ne sois même pas capable de te loger, nous autres on fait respecter la loi du plus fort et on va protéger cet immeuble vide et inutile contre ta dangereuse intrusion humaine. Point barre.

Ensuite le seul intérêt des spéculateurs immobiliers est évidemment le profit. Et quoi de mieux que de faire monter la valeur des propriétés dans un quartier pour maximiser son profit ? Voilà, d’où nous vient également le phénomène de gentrification des quartiers. La gentrification c’est quand la population d’origine d’un quartier populaire en est chassée par l’arrivée d’une nouvelle classe plus riche, ce qui fait augmenter les loyers de tout le monde et pousse les populations pauvres et marginalisés à l’extérieur. Voyons voir ce phénomène d’un point de vue d’un spéculateur immobilier.

On a donc par exemple le propriétaire d’un terrain dans Hochelaga-Maisonneuve dont le but est de le vendre pour maximiser son profit. Son terrain prend de la valeur si ce qui l’entoure en prend aussi. Donc comment faire prendre de la valeur au terrain ? On construit des condos aux endroits où il y avait des immeubles locatifs : ça chasse les pauvres, qui n’ont pas les moyens de s’acheter un condo et ça crée plein de petites propriétés au lieu d’une grosse, ça fait donc augmenter les taxes municipales et plus il y a de taxes, plus on peut le refiler aux locataires. Ensuite moins il y a de pauvres, de marginaux et de commerces bas de gamme, plus la valeur de la propriété sur le marché augmente. M’sieur le spéculateur a donc tout intérêt à ce qu’il y ait plus de police et plus de règlements pour chasser les marginaux et les sans-abris du quartier, parce que ça fait grimper la valeur de sa propriété encore plus. Et voilà donc comment nos chiens de garde de la propriété privée, la police, vient encore intervenir dans ce processus.

La gentrification, donc, ça profite à qui exactement ? À personne d’autres qu’aux spéculateurs immobiliers. Point barre. Maintenant, j’aimerais finir avec ceci, Ne serait-il pas temps de penser à une société où personne ne peut s’enrichir sur le dos de la population avec des besoins de bases ? N’est-il pas complètement immoral de s’enrichir de cette façon ? Eh bien, dans le merveilleux monde du capitalisme, la morale, ça n’existe pas, ce sont les profits des riches qui comptent. Le capitalisme c’est crosser le monde ou se faire crosser. C’est vraiment ça qu’on veut ? Je vous laisse là-dessus.

Dans ma prochaine chronique, parce que tout est dans tout, je vais justement vous parler d’une  personne qui n’avait pas payé son loyer et que ça lui était retombé dessus en 2012. Je parle de Gabriel Nadeau -Dubois, ou plus précisément de  ces supposés syndicalistes qui finissent par se présenter aux élections et essaient de changer le système de l’intérieur.

 

Éric

 

Contenu original: Action en Direct
C
rédit Photo: AtlasMedia
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17 mois de lock-out chez GMC Bérubé à Rivière-du-Loup

Ça fait déjà 17 mois que les employé.e.s de chez GMC Bérubé à Rivière-du-loup sont en lock-out et font du piquetage devant le garage à raison de vingt heure par semaine. Ils étaient 13 au début, mais depuis, 3 ont déposé leur démission face à l’arrogance du boss, le qualifiant de vieux bonhomme orgueilleux qui doit toujours avoir raison. Ce sont tous les mécanicien.nes, travailleurs et travailleuses à la carrosserie et préposé.e.s aux pièces qui sont maintenant sans emploi. Parmi ces employé.e.s, plusieurs ont de 30 à 35 ans de service pour ce garage et certain.e.s sont agé.es de plus de 60 ans. Mettre à la porte des personnes presque retraitées et ayant offert leur travail pendant toute ces années, sans jamais profiter de la plus-value bien sûr, c’est faire dans le sale et cupide. Il ne reste en ce moment que les gérant.e.s et les vendeur.se.s dans l’établissement. Pour les garanties, la compagnie envoie les client.e.s à Montmagny ou à Rimouski.

La convention collective est arrivée à échéance en février 2016. En juillet, le boss a laissé cinq jours aux employé.e.s pour décider s’il.elle.s voulaient ‘‘négocier’’; ou alors, c’était le lock-out. Pour commencer les négociations, le patron a dit: «va falloir que vous me consentiez une baisse de  5,5 % dans le fonds de pension et deux années de gel salarial, sinon, on perdra pas de temps à discuter.» Avec des prémisses de la sorte, on s’entend que le mot négociation vient de prendre une claque. En gros, il leur demande de laisser tomber leurs acquis. La raison de cette demande: il doit rester concurrentiel. Évidemment, l’option de baisser son propre salaire n’en était pas une mais en plus, la compagnie est déjà concurrentielle. À titre d’exemple, Volkswagon charge 99$/h alors que GMC Bérubé demande 94$/h actuellement. Au niveau l’aspect concurrentiel, on repassera.

En juillet dernier, les employé.e.s ont finalement consenti à un gel de salaire mais pas à la baisse de pension. Chose que le boss a refusé. Résultat: les négociations n’ont pas été reprises. Il est important de rappeler que le fond de pension a déjà été coupé de 5% en 2009. Après négociations, il.elle.s avaient finalement acceptés de couper leur salaire de 1% par années sur cinq ans et de garder le fond de retraite.

Un autre retour à la table des négociations était prévu le 28 septembre 2017. Le boss offrait deux scénarios (toujours AVANT de commencer les négociations):

1- Acceptation de la baisse de 5% du fond de pension.

2- On garde le 5% de fonds de pensions, mais on coupe de 4% sur le salaire indexé à l’année 2016.

 

On pourrait vite croire que c’est quatre 25 sous pour un dollar. Et bien non, c’est pire! Parce qu’en 2016, la CSN (qui représente tou.te.s les autres syndiqué.e.s des concessionnaires de la région) a obtenu un gain de 2,5% de salaire. Ce qui veut dire que les employé.e.s de GMC Bérubé devraient perdre 4% de leur salaire + le 2,5% qu’il.elle.s n’ont pas obtenu comparativement aux autres travailleur.se.s de la région. On parle donc plus d’une baisse de salaire de l’ordre de 6,5%. Encore un osti de boss pernicieux et malhonnête. Bien sûr, le syndicat et ses membres ont refusés et les négociations sont au point mort.

Comme il.elle.s sont en lock-out depuis 15 mois, les employé.e.s n’ont donc plus droit au chômage. En septembre, il.elle.s ont demandé au boss de les faire rentrer pour au moins faire leur timbres de chômage. Le boss a offert d’en reprendre 3 pour les besoins urgents. Cette offre a été refusé : C’est tout le monde ou personne. Un bel exemple de solidarité. Pour ce qui est des autres travailleur.se.s des concessionnaires automobile de la région, syndiqué chez CSN, il.elle.s ont appuyé les employé.e.s de chez GMC Bérubé par un dîner hot-dog et un piquetage d’une journée pour offrir plus de visibilité au cours de l’été.

Le problème de ce conflit est qu’avec la perte de la bannière GMC dans son autre garage à Trois-Pistole, le boss a reçu un gros montant d’argent compensatoire et il a les reins solides pour encaisser un long conflit de travail. Il n’est donc pas pressé de retourner à la table des négociations.

Parce que le monde de «crosseurs» est petit, imaginez vous que le malfrat propriétaire est très «chummy chummy» avec les propriétaires de concessionnaires automobile du Saguenay-Lac-Saint-Jean (Jean Dumas Multiconcessionnaires et Groupe Couture). Ces même salauds qui ont mis en lock-out plus de 450 employés pendant 35 mois. Apparemment une pratique coutumière

dans le milieu. Sans oublier l’utilisation de Scabs. Jean Dumas Multiconcessionnaires avait à l’époque racheté un garage indépendant pour y faire faire ses travaux en période de lock-out. Comme il s’agit d’un nouvel établissement, ce dernier était légal devant la loi. Dans le cas de GMC Bérubé, le pauvre patron n’a pas les moyens de se payer un autre garage (à Rivière-du-loup, parce que bien sûr, il en possède un autre à Trois-Pistole). Il a donc engagé son fils pour être le gérant aux pièces du garage et ainsi pouvoir continuer ses opérations. Il a heureusement perdu en court pour cause d’usage de briseurs de grève. Une belle histoire de famille tout ça : Le grand-père qui sert de capital, le père qui sert de main de fer et le fils qui sert de scab… comme quoi les pommes pourries tombent jamais bien loin de l’arbre.

Pour finir, il sera intéressant de suivre de près le groupe Couture qui vient d’acheter la compagnie ClicheAuto en Beauce et qui laisse à présager le même scénario de lock-out sous peu…

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Explosion de solidarité pour l’ancienne employée d’Antidote

Après deux ans à m’impliquer bénévolement au Comité communication des IWW, je n’avais jamais vu cela. La petite histoire de Sarah, congédiée du comptoir végane Antidote à quelques jours de Noël, et ce après avoir vécu de l’intimidation et des abus de pouvoir, est devenue virale.

En moins de 24 heures, les mots d’espoir et les gestes de solidarité ont afflué de toute part. Une dizaine de milliers de views sur notre blog, j’avais presque l’impression de travailler pour Vice ou Ton Petit Look, à la différence près que dans la section commentaire, c’était un amour à couper le souffle que Sarah recevait au lieu des traditionnels hate mails.

On assiste à une version moderne du Drôle de  Noël de Scrooge. En 2017, à quelques jours du réveillon, une jeune entrepreneure aussi dynamique que imbue d’elle-même, propriétaire d’un restaurant branché dans un quartier en plein processus de gentrification, congédie son employée.

Mentionnons-le avant d’aller plus loin : congédier un-e employé-e de restauration en plein mois de décembre, outre que de lui souhaiter un Noël sans cadeau à offrir ou petit plats à apporter au réveillon, c’est lui souhaiter un joyeux trois ou quatre mois de chômage, pas de chômage, le temps que les bassins de l’industrie rouvrent à l’arrivée du printemps.

Par le biais d’une amie, Sarah est entrée en contact avec le fantôme du Syndicalisme de Combat qui a accepté de partager son histoire. Vous connaissez la suite, l’histoire est devenu virale et les médias sociaux se sont enflammés. Si nous étions dans un conte de Noël, au bout du troisième acte, la patronne se serait repentie, mais la réalité des relations patrons-employé-e-s étant ce qu’elle est, elle publia plus tôt un texte larmoyant pour expliquer que du fin fond de sa réussite professionnelle, c’est un peu elle la victime en fait.

Tout y était, elle est jeune et a tellement à apprendre, elle ne savait pas qu’on ne pouvait pas  moralement congédier quelqu’un-e par texto. Elle était obligée de la congédier maintenant, en cheap shot par texto, parce que l’avertir deux semaines d’avance et laisser le temps à l’employée de se préparer (comme les boss nous le demandent), ça fitait pas dans ses priorités. On aurait dit une caricature  tout droit sortie du Module sur les réactions patronales dans le Formation d’Organisation 101 de l’IWW.

En parallèle des larmes de crocodile de la patronne qui, à en croire ce qu’on peut voir sur Facebook, n’ont pas ému personne d’autres que deux ou trois propriétaires dans des situations similaires ou des amis proches, ce sont d’ancien-nes employé-es qui nous ont contacté pour nous faire part d’expériences similaires, l’histoire d’un petit producteur de la Gaspésie qui avait de la difficulté à se faire payer est remonté, et de nombreux et nombreuses autres travailleurs et travailleuses de la restauration expliquant se reconnaître dans cette situation tellement trop fréquente. Mais peut-être plus important encore, des gens de partout à Montréal nous ont écrit pour faire part de leur sympathie et offrir leur solidarité à Sarah.

Entre les mots d’encouragement, une telle a une chambre de libre, celui-là a un divan disponible si nécessaire, celle-là a de la nourriture pour le chien, un autre a entendu parler d’une offre d’emploi et ceux-là ont des contrats temporaires, voir des offre d’emplois permanents à offrir. Conscience de classe, ras-le-bol des conditions de travail infernales de l’industrie de la restauration ou tout simplement l’esprit de Noël? Peu importe pour le moment, la solidarité dépasse toute nos attentes et pour cela, de la part de Sarah, mais aussi de tous et toutes les membres de l’IWW, nous vous offrons nos plus sincères remerciements et vous souhaitons un excellent temps des fêtes.

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Crédit Photo: Katerine-Lune Rollet, février 2015.
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Soutien à la grève générale : non à la répression politique en Catalogne

Les IWW Montréal est en solidarité aujourd’hui avec la population de la Catalogne, nos camarades de la CNT, mais aussi avec les syndicalistes catalans qui se mobilisent et appellent à la grève générale pour faire valoir le droit à l’autodétermination de la population catalane et dénoncer la violence de l’État espagnol.

Depuis l’annonce d’un référendum pour l’indépendance de la Catalogne, l’État espagnol a utilisé autant les tribunaux que la force pour empêcher la tenue du scrutin. Que ce soit les menaces d’emprisonnement, l’annonce du blocage des bureaux de scrutin, la mobilisation de milliers de policiers, l’arrestation de poseurs d’affiches, les perquisitions, une présence armée dans les rues, l’État espagnol a usé de la force pour  nier un droit fondamental : le droit à l’autodétermination.

Nous sommes donc devant le consulat espagnol aujourd’hui pour dénoncer la violence et le mépris de l’État espagnol à l’égard de la Catalogne. Nous sommes également ici pour apporter notre soutien et notre solidarité au peuple catalan et témoigner du courage de nos camarades de la CNT et des syndicats alliés, qui se mobilisent, appellent à la grève générale et font des actions pour faire respecter le droit en Catalogne et dénoncer la répression de l’État.

Nous demandons donc à l’État espagnol de cesser cette campagne violente, ce bris des droits collectifs, la répression politique et l’usage de la force à l’endroit de la population catalane.

Toute notre solidarité avec les travailleuses et les travailleurs, les syndicalistes catalans ainsi que la population de la Catalogne, votre voix sera entendue!

Les IWW Montréal


La secció de Montreal de l’IWW (Industrial Workers of the World, Treballadors Industrials del Món) es solidaritza avui amb el poble de Catalunya, amb les nostres camarades de la CNT, així com amb els i les sindicalistes catalanes que es mobilitzen per fer valer el dret a l’autodeterminació del poble català i per denunciar la violència de l’Estat espanyol.

Des de l’anunci d’un referèndum sobre la independència a Catalunya, l’Estat espanyol ha utilitzat els tribunals i la força per impedir la celebració del vot. Les amenaces d’empresonament, l’anunci de la clausura dels col·legis electorals, la mobilització de milers de policies, l’arrest de les persones que han penjat cartells relatius al referèndum, la confiscació de material, la presència armada als carrers, han estat algunes de les maneres com l’Estat espanyol ha utilitzat la força per negar un dret fonamental: el dret a l’autodeterminació.

Avui ens hem concentrat davant del consolat espanyol a Montreal per a denunciar la violència i el menyspreu de l’Estat espanyol envers Catalunya. Estem aquí concentrades i concentrats per a manifestar el nostre recolzament i la nostra solidaritat al poble català i testimoniar de la valentia de les nostres camarades de la CNT i les seves aliades sindicalistes, que es mobilitzen i fan accions per a fer respectar el dret a l’autodeterminació a Catalunya i denunciar la repressió de l’Estat.

Demanem a l’Estat espanyol que aturi la campanya violenta, la vulneració dels drets col·lectius, la repressió política i l’ús de la força contra el poble català.

Tota la nostra solidaritat amb les treballadores i els treballadors, els i les sindicalistes catalanes, així que amb el poble de Catalunya. La vostra veu s’escoltarà!


Apoyo a la Huelga General : Ya basta la represión política en Cataluña

El IWW-SITT Montreal está, hoy, en solidaridad con el pueblo de Cataluña, nuestro’as compañero’as de la Confederación Nacional del Trabajo y tambien con lo’as syndicalisto’as cataluño’as mobilisado’as y llamando la huelga general por defender el derecho de autodeterminación del pueblo catalán y para denunciar la violencia del Estado español.

El gobierno español usa de su sistema de justicia y violencia para bloquear el pueblo catalán desde que sabemos la fecha del referéndum por la independencia. Amenazar de aprisionar, bloquear los centros de votación, movilizar más de mil policías, detener lo’as militantes, perseguirlo’as y más, el Estado Español usa fuerza para negar un derecho básico – el derecho de autodeterminarse!

Entonces, hoy estamos en el consulado español para denunciar la violencia y el desprecio del Estado español con la Cataluña. También, estamos aquí por apoyar el pueblo catalán y testimonar del valor y de la fuerza de nuestro’as compañero´as de la CNT y de los sindicatos aliados, que están movilizando, llaman a la huelga general y hacen acciones por defender el derecho de autodeterminación de la Cataluña y denunciar la represión del gobierno español.

Decimos al Estado español – Tu violencia, tu desprecio de la democracia y tu represión política sobre el pueblo catalán « ¡YA BASTA! »

¡Solidaridad con lo’as trabajadore’as, sindicalistas catalane’as y el pueblo de Cataluña!

¡Vuestra voz llevara la libertad!

 

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On s’laissera pas faire! Près d’une centaine de manifestant-es défilent dans Centre-Sud.

Face aux coupures dans le financement, divers organismes communautaires montréalais se sont réunis
hier dans le but de faire connaître leur mécontentement. Une manif fut organisée en collaboration avec
l’Association québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues (AQPSUD), le Groupe d’intervention par les pairs (GIAP) et plusieurs camarades du SITT-IWW Montréal afin de manifester leur soutien et de joindre leurs voix à celles des travailleurs et travailleuses du secteur qui en ont plus que marre de
devoir déshabiller paulette pour habiller pierre! En chanson, le groupe Union Thugs s’est fait porte voix
de la cause défendue en cette journée, et le groupe SOS Itinérance s’est chargé de nourrir les affamé-es
qui ont sillonnés les rues du Centre-Sud.

Cette année, c’est le Festival d’Expression de la Rue [FER] qui a fait les frais des ciseaux aiguisé du
gouvernement Trudeau, pourtant ce ne sont pas les sous qui manquaient (500 millions de dollars) pour
célébrer, l’espace d’une journée, les 150 ans de la fédération canadienne: triste héritage colonial du
raciste John A. Macdonald. Compte tenue des réductions constantes dans les budgets alloués par les
différents paliers gouvernementaux, les travailleurs et travailleuses du GIAP, comme d’autres, ont dû
faire des choix déchirants: « dans un contexte où nous peinons à maintenir nos services réguliers, nous
manquions de ressources pour organiser le festival. » Au municipal, on ajoute l’insulte à l’injure en
investissant des dizaines de millions de dollars dans des frivolités telles que la formule e et l’illumination d’un
pont rouillé aux os. On sent bien que malgré ses belles paroles, le maire Coderre se fout bien des impacts sur
la population de ses choix financiers digne d’un enfant roi dans un Toys-R-Us pour milliardaire… C’est
pourquoi la 21e édition du FER n’aura pas lieu en 2017.

Le FER c’est une tradition, un lieu de réjouissance mais aussi d’échange: un des rares espaces publics
où les gens.es de la rue peuvent se sentir inclus et non chassés par des gardes de sécurité en quête
d’émotions fortes. D’ailleurs, cette situation se fait de plus en plus sentir dans le bas de la ville avec les
divers projets de ‘’revitalisation’’ des espaces publics tel que le méga projet des ‘’Jardins Gamelins’’ qui a servi à mettre en place un système d’apartheid social en retirant de force l’accès à la place Émilie-Gamelin aux personnes itinérantes qui y séjournaient depuis toujours.

C’est donc pourquoi nous avons pris la rue, pour ceux et celles qui y vivent, y travaillent et l’on a cœur.
C’est aussi pourquoi nous croyons qu’en tant que membres du SITT-IWW nous devons tisser des liens
forts avec toutes celles et ceux qui se battent quotidiennement pour assurer la santé et la sécurité des
population stigmatisés par les gouvernements capitalistes, les banquiers, les patrons et les riches
propriétaires. Ensembles nous crions: On s’laissera pas faire!

Kacim

Les origines du Syndicalisme de solidarité. Première Partie: Une Bibliographie

 

Le syndicalisme de solidarité est un terme qui fut principalement amené par Alice et Staughon Lynd, inspiré par le modèle d’organisation des premières campagnes de l’IWW qui arriva à obtenir des gains sans unité de négociation légale ou même sans être reconnu par la partie patronale (les conventions collectives ne sont juridiquement contraignantes aux États-Unis que depuis la signature du National Labor Relation Act en 1935, l’équivalent canadien pourrait être l’application de la formule Rand datant de 1946). Si le principe fut aussi inspiré par les travaux de Martin Glaberman, C.L.R. James et Stan Weird, l’usage du Syndicalisme de solidarité tel qu’il est compris aujourd’hui au SITT-IWW apparaît pour la première fois en juin 2002 dans un article du magazine The Nation intitulé Open Source Unionism: A proposal to American Labor, par Joel Rogers et Richard B. Freeman.

L’idée fut ensuite développée en grande partie par les efforts d’Alexis Buss, qui servit comme Secrétaire-trésorier général du Syndicat industriel des travailleurs et travailleuses (SITT-IWW) de 2000 à 2005. C’est en lui donnant le nom de Syndicalisme de minorité, qu’il expliqua le concept dans une colonne publiée par l’Industrial Worker intitulée Rapport Minoritaire.

La littérature francophone est encore mince sur le sujet, mais pour ceux et celles d’entre vous ayant la chance de comprendre l’anglais, différents livres publiés, entre autre, par la Charles H. Kerr Company et Labor Notes sont aujourd’hui encore considérés comme des ouvrages clés. Le Quartier Général du SITT-IWW en a répertorié 9 parmis les plus importants:

  1. Punching Out & Other Writings – Martin Glaberman; édité par Staughton Lynd; Charles Kerr, 2002. 250 pages. 
  2. The New Rank & File -Édité par Staughton Lynd and Alice Lynd, ILR Press, © 2000. 288 pages. 
  3. Solidarity Unionism: Rebuilding the Labor Movement from Below – Staughton Lynd; Charles Kerr, 1993. 128 pages. 
  4. Democracy is Power: Rebuilding Unions from the Bottom Up – Mike Parker et Martha Gruelle, Labor Notes, © 1999. 262 pages.
  5. Class War Lessons; From Direct Action on the Job to the ’46 Oakland General Strike (Unions With Leaders Who Stay on the Job) – Stan Weir; Insane Dialectical Editions, 2006. 48 pages. 
  6. Singlejack Solidarity – Stan Weir; Université du Minnesota, © 2004. 408 pages. 
  7. A Troublemaker’s Handbook, How to Fight Back Where You Work–And Win! – Edité par Dan LaBotz, Labor Notes, 1991. 262 pages. 
  8. A Troublemaker’s Handbook 2, How To Fight Back Where You Work and Win! — Edité par Jane Slaughter, Labor Notes, 2004. 372 pages. 
  9. The Politics of Nonviolent Action – Gene Sharp, par Gene Sharp, Porter Sarg. © 1973. 913 pages.
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Wobbly à Dublin – Épisode 1: La menace fantôme

Introduction et mise en contexte

Lorsque j’ai décidé de partir vivre en Irlande pendant deux ans, je venais à peine de rejoindre le SITT-IWW et était avide d’en apprendre plus et de prendre part à la lutte. Donc, la première chose à laquelle j’ai pensé est : « Existe-t-il une branche en Irlande ?»

Eh bien non, me confirme le GHQ (General Headquarters), qui me met quand même en contact avec ERA (European Regional Administration), qui elle, me met en contact avec des Wobblies d’Écosse qui, finalement, me mettent en contact avec de potentiels membres, dont un en particulier semble plus motivé encore, un certain dénommé Jules. Lire la suite