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Réforme des normes du travail: Pas de 4e semaine de vacances

C’est sans surprise que nous apprenions mercredi dernier, le 7 février, que le Gouvernement du Québec abandonnait l’idée d’accorder une quatrième semaine de vacances aux salarié-es ayant plus de 10 ans d’ancienneté.

Le projet de loi qui ne devait être déposé qu’en mars fut donc tué dans l’oeuf par les représentants du patronat qui hurlèrent qu’on allait leur faire porter un fardeau allant de 400 à 600 millions de dollars par année, que cela créerait un fouillis pour les entreprises oeuvrant dans plusieurs provinces et qu’il valait mieux s’attaquer à la disparité entre les jeunes et les plus ancien.nes d’une entreprise. Arguments boiteux vous dites? Vous avez tout à fait raison.

Bien que savamment rapporté par La Presse, ce que personne ne semble avoir mentionné jusqu’à maintenant est que cette ‘’charge supplémentaire’’ de plus ou moins 500 millions de dollars sera assumée collectivement par les employeurs. Alors que le Québec en compte plusieurs milliers, mentionnons à titre d’exemple que les bénéfices nets de 8 de ses 10 plus grandes entreprises atteignaient la somme de 26 750 millions en 2010. Que représentent 500 millions de dollars pour le patronat? Moins de 2% des bénéfices d’une poignée de ses entreprises.

En ce qui a trait au ‘’fouillis’’ que créerait une telle mesure pour les compagnies en action dans plusieurs provinces, nous nous demandons en quoi l’application d’une quatrième semaine de vacances serait si différente que l’application de n’importe quelles autres normes du travail? MacDonald est présent dans 116 pays à travers le monde, au Canada le salaire minimum varie de province en province et l’accès au chômage de région en région. Un fouillis? Peut-être, mais rien à quoi les compagnies ne soient pas déjà habituées.

Finalement, notre bon gouvernement prétend vouloir lutter contre la disparité entre les plus jeunes et les anciens et anciennes au sein de l’entreprise. Nous aimerions lui rappeler, d’une part, que la véritable inégalité est entre nous et ses copains, pas entre nous et nos collègues qui bossent depuis plus longtemps. D’autre part, que si la chose lui tient réellement à coeur nous sommes ouverts à une négociation à la hausse et non à la baisse. La seule chose plus ridicule que d’offrir 4 semaines après 10ans de travail, c’est de refuser 4 semaines après 10ans de travail. Si c’est avec ce genre de modification aux normes du travail que le ministre du travail compte apaiser la grogne et calmer le renouveau syndical, nous avons des nouvelles pour lui!

 

Mathieu Stakh