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La IWW occupe une place importante dans l’histoire du syndicalisme nord-­américain. C’est l’une des premières organisations ouvrières à avoir pratiqué le syndicalisme de type industriel. C’est aussi l’un des seuls syndicats à avoir refusé le compromis social et à avoir continué à promouvoir l’action directe et la grève générale dans une perspective de renversement révolutionnaire du capitalisme, tel qu’établi dans ses principes fondateur en 1905.

Les livres sur l’histoire ouvrière ne parlent par contre pas ou presque pas de l’IWW après la sévère vague de répression qui la brisa presque complètement en 1920. L’activité de la IWW fut effectivement moins remarquée jusqu’à sa renaissance à l’aube du 21e siècle.

Les militant­-e­s de l’IWW travaillent aujourd’hui à la construction d’un modèle syndical basé sur la solidarité de la classe ouvrière qui saura lutter avec efficacité contre le patronat. Le syndicalisme de solidarité se caractérise aujourd’hui par la lutte directe dans les milieux de travail, par exemple dans les cafés Starbucks aux États-­Unis ou au Frite Alors! au Québec, où des améliorations eurent lieu même en l’absence d’une accréditation syndicale conférée par l’État. La Syndicat participe aussi à mettre sur pied des réseaux de mobilisation éclair sur les lieux de travail ou de résidence des patrons en solidarité avec des travailleurs et travailleuses victimes de vols de salaire.

Au Québec, le SITT-IWW a fait une première apparition infructueuse en 2001 pour finalement voir un deuxième groupe plus stable prendre le relais à partir de 2008 avant de prendre une extension sans précédent à partir de 2013.

Après une tentative infructueuse d’accréditation dans un Starbuck de la ville de Québec, la section locale montréalaise décide de ne plus se lancer dans des campagnes d’accréditation pour adopter le modèle de lutte proposé aux États-Unis, le syndicalisme de solidarité. Elle organise aussi un réseau de solidarité appelé Réclame ta paye ! dont le but est de contrer les vols de salaires par les patrons grâce à la mobilisation. Cette campagne a déjà réussi à récupérer près de 2000$ lors de deux réclamations de salaire : une contre la compagnie de décoration Plus que Noël et l’autre contre un Pizzédélic.

Globalement, la présence du SITT-IWW se fait principalement sentir aujourd’hui aux USA. Par exemple, lors de la lutte ouvrière au Wisconsin au printemps 2011 contre un projet de loi qui s’attaquait directement aux droits de négociation collective des employés de l’État, les militant­e­s de la IWW ont promu avec énergie l’idée de la grève générale comme moyen de gagner la lutte. On a pu aussi voir des militants et militantes aller rejoindre le mouvement Occupons Wall Street dans différents endroits.

Dans le cadre de la lutte anti­capitaliste mondiale, la IWW se distingue des autres organisations par sa proposition de lutter directement sur les lieux de travail avec des principes révolutionnaires et de lutte de classe. Alors que les manifestations des sommets économiques se font sévèrement réprimer, il peut être intéressant d’amener la confrontation directe sur les lieux mêmes où se reproduisent les injustices, nos lieux de travail. En effet, l’angle­mort de la démocratie bourgeoise n’est­il pas l’exploitation économique de la force de travail des travailleurs et travailleuses et le contrôle des moyens de production et de distribution par les intérêts et institutions capitalistes d’État ou privés.

L’adhésion à la IWW est garante d’une solidarité directe par les autres membres et se fait sur une base individuelle pour ceux et celles qui adhèrent aux principes fondateurs : « La classe patronale et la classe ouvrière n’ont rien en commun. Une lutte continuelle entre celles­ci aura lieu tant et aussi longtemps que les travailleurs et travailleuses ne s’empareront pas des moyens de production et vivront en harmonie avec la terre. »

* Le syndicalisme d’industrie, ou industriel, consiste à regrouper les travailleurs et travailleuses de différents corps de métiers en un seul syndicat qui les regroupe tous et toutes. Le syndicalisme d’industrie permet aussi de préparer les travailleurs à la gestion socialiste de la société, ce qui n’est possible que si les travailleurs et travailleuses de la base sont capables de connaître et de maîtriser réellement tout ce qui se passe sur leur lieu de travail. Le rôle du syndicat est de coordonner leurs efforts et de mettre en commun leurs connaissances pour réaliser cet objectif, ce qui est impossible avec le syndicalisme de métier et le syndicalisme d’entreprise. [Cette définition est inspirée de la définition donnée par les Comité Syndicalistes Révolutionnaires de la CGT.]