Le harcèlement sexuel: Pourquoi je manifeste le 1er mai

Femmes et féministes, les raisons ne nous manquent pas pour manifester le 1er mai prochain : l’épuisement et l’exploitation des travailleuses sur-représentées dans le milieu communautaire ou du soin, la privatisation en santé et en éducation, le travail gratuit qu’on fait à la maison ou le salaire minimum qui continue de nous maintenir dans la pauvreté et la précarité. Heureusement que le salaire minimum va augmenter à 12$ mardi prochain. #Not. À ce rythme-là, on va avoir le salaire minimum viable de 2018 dans 10 ans! Aujourd’hui, j’ai envie de parler du harcèlement sexuel qu’on subit quotidiennement, au travail ou ailleurs.

 

La pointe de l’iceberg

Impossible passer de sous silence la vague de dénonciations #MeToo contre les violences sexuelles et sexistes de l’automne dernier. Aux États-Unis, des femmes travaillant dans de prestigieuses industries du cinéma ou de la télévision ont fait trembler l’impunité masculine en dénonçant publiquement leurs harceleurs et agresseurs. Au Québec, l’ancien grand patron de Juste pour rire Gilbert Rozon a fini par crouler sous les révélations de violences sexuelles qu’il a perpétrées sur plusieurs femmes pendant plus de trente ans. Il faut souligner la force de ces courageuses qui ont finalement pu, par la détermination collective, sortir de l’ombre et dénoncer.

 

Il y aussi toutes ces autres femmes, toutes ces travailleuses, qui sont encore forcées d’en laisser passer avec leur patron harceleur. Toutes celles qui finissent par quitter leur emploi quand elles subissent du harcèlement sexuel parce que cette forme de violence au travail n’est pas encore prise au sérieux! Parce qu’on se dit que ça va passer. Parce qu’on se dit qu’il y a rien qu’on peut faire. Parce que les canaux officiels de plaintes sont longs et sinueux. C’est la majorité, voire la totalité, des personnes qui portent plainte pour ce type de harcèlement qui lâchent leur job entre temps.

 

De Weinstein au boss du resto d’à côté

Les harceleurs sont là, ils sont “ordinaires” ou populaires : de Weinstein au boss du resto d’à côté. Il y a le patron qui te “frôle” les seins en passant, le collègue qui trouve que le viol c’est drôle, le client qui veut dont que tu lui souries après qu’il t’aie claqué le cul. Malgré tout, les femmes sont là à résister. Par leurs actions directes, elles font tranquillement changer la peur de camp. Les machistes sont sur la défensive quand on leur parle des violences sexistes qu’on vit. Le jupon de leur misogynie dépasse et on continue de tirer.

 

Ce mardi, je manifeste pour toutes ces femmes, celles qui ont pu dénoncer publiquement, celles qui souffrent en silence, celles qui résistent au quotidien, celles qui réussissent à s’organiser contre ce fléau au travail et ailleurs!

 

Nous ne sommes pas seules! À mardi!

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Une murale pour témoigner du harcèlement au travail : Lancement de la campagne “Réclame ton respect!”

Le 8 mars dernier, lors de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, le Syndicat Industriel des Travailleuses et Travailleurs (SITT-IWW) était de la manifestation contre le capitalisme et le patriarcat, organisée par Femmes de diverses origines. Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées pour manifester contre l’appauvrissement des femmes, contre la guerre et contre les violences sexuelles. À cette occasion, la campagne “Réclame ton respect!” du SITT-IWW a été lancée!

 

Des témoignages nombreux

Durant la manifestation “Femmes debout contre le capitalisme et le patriarcat!” le 8 mars 2018. Crédit photo : Cédric Martin

Afin de rendre visible le sexisme ordinaire et dénoncer le harcèlement au travail, les femmes étaient appelées à partager leur expérience sur des assiettes qui formaient une murale éphémère collective. Les témoignages d’abus et de sexisme ont été nombreux, au point où une corde a dû être ajoutée. On ne devrait pas avoir à endurer des commentaires comme « Tu souris pas? T’as tes règles ou quoi? » sur nos milieux de travail ou encore « J’espère que tu ne comptes pas avoir d’enfants, moi je veux pas avoir à dealer avec les congés maternité » en entrevue d’embauche. La difficulté à dénoncer les abus et violences vécues au travail est d’autant plus grande pour les femmes sans statut de par leur situation extrêmement précaire et invisible, comme le témoignait l’une des assiettes suspendues.

 

Le harcèlement en milieu de travail, qu’il soit raciste, sexiste, homophobe ou une combinaison d’oppressions, ne doit pas être toléré quelque soit sa forme : commentaires dégradants, abus de pouvoir, chantage, licenciement, attouchements, etc. La campagne “Réclame ton respect!” est là pour contrer toutes ces formes par l’action directe et l’organisation en milieu de travail. Dans la foulée de la vague #MoiAussi des derniers mois, cette campagne est plus que nécessaire!

 

La lutte sera féministe ou ne sera pas!

 

La campagne Réclame ton respect : http://bit.ly/2oWRF3n

Et la campagne Réclame ta paye! : http://bit.ly/2txJ8c0

Pour nous joindre : 438-345-5046 et [email protected]

Suggestion musicale : https://www.youtube.com/watch?v=IjSCN8S50Dc

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Explosion de solidarité pour l’ancienne employée d’Antidote

Après deux ans à m’impliquer bénévolement au Comité communication des IWW, je n’avais jamais vu cela. La petite histoire de Sarah, congédiée du comptoir végane Antidote à quelques jours de Noël, et ce après avoir vécu de l’intimidation et des abus de pouvoir, est devenue virale.

En moins de 24 heures, les mots d’espoir et les gestes de solidarité ont afflué de toute part. Une dizaine de milliers de views sur notre blog, j’avais presque l’impression de travailler pour Vice ou Ton Petit Look, à la différence près que dans la section commentaire, c’était un amour à couper le souffle que Sarah recevait au lieu des traditionnels hate mails.

On assiste à une version moderne du Drôle de  Noël de Scrooge. En 2017, à quelques jours du réveillon, une jeune entrepreneure aussi dynamique que imbue d’elle-même, propriétaire d’un restaurant branché dans un quartier en plein processus de gentrification, congédie son employée.

Mentionnons-le avant d’aller plus loin : congédier un-e employé-e de restauration en plein mois de décembre, outre que de lui souhaiter un Noël sans cadeau à offrir ou petit plats à apporter au réveillon, c’est lui souhaiter un joyeux trois ou quatre mois de chômage, pas de chômage, le temps que les bassins de l’industrie rouvrent à l’arrivée du printemps.

Par le biais d’une amie, Sarah est entrée en contact avec le fantôme du Syndicalisme de Combat qui a accepté de partager son histoire. Vous connaissez la suite, l’histoire est devenu virale et les médias sociaux se sont enflammés. Si nous étions dans un conte de Noël, au bout du troisième acte, la patronne se serait repentie, mais la réalité des relations patrons-employé-e-s étant ce qu’elle est, elle publia plus tôt un texte larmoyant pour expliquer que du fin fond de sa réussite professionnelle, c’est un peu elle la victime en fait.

Tout y était, elle est jeune et a tellement à apprendre, elle ne savait pas qu’on ne pouvait pas  moralement congédier quelqu’un-e par texto. Elle était obligée de la congédier maintenant, en cheap shot par texto, parce que l’avertir deux semaines d’avance et laisser le temps à l’employée de se préparer (comme les boss nous le demandent), ça fitait pas dans ses priorités. On aurait dit une caricature  tout droit sortie du Module sur les réactions patronales dans le Formation d’Organisation 101 de l’IWW.

En parallèle des larmes de crocodile de la patronne qui, à en croire ce qu’on peut voir sur Facebook, n’ont pas ému personne d’autres que deux ou trois propriétaires dans des situations similaires ou des amis proches, ce sont d’ancien-nes employé-es qui nous ont contacté pour nous faire part d’expériences similaires, l’histoire d’un petit producteur de la Gaspésie qui avait de la difficulté à se faire payer est remonté, et de nombreux et nombreuses autres travailleurs et travailleuses de la restauration expliquant se reconnaître dans cette situation tellement trop fréquente. Mais peut-être plus important encore, des gens de partout à Montréal nous ont écrit pour faire part de leur sympathie et offrir leur solidarité à Sarah.

Entre les mots d’encouragement, une telle a une chambre de libre, celui-là a un divan disponible si nécessaire, celle-là a de la nourriture pour le chien, un autre a entendu parler d’une offre d’emploi et ceux-là ont des contrats temporaires, voir des offre d’emplois permanents à offrir. Conscience de classe, ras-le-bol des conditions de travail infernales de l’industrie de la restauration ou tout simplement l’esprit de Noël? Peu importe pour le moment, la solidarité dépasse toute nos attentes et pour cela, de la part de Sarah, mais aussi de tous et toutes les membres de l’IWW, nous vous offrons nos plus sincères remerciements et vous souhaitons un excellent temps des fêtes.

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Crédit Photo: Katerine-Lune Rollet, février 2015.
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Les hippies ont raison sur un point

Un cri d’agonie.

Les pleurs de l’enfant.

Le silence lourd.

Les camarades de la guérilla se regardent successivement, sept autres personnes avec qui combattre dans le paroxysme d’un conflit armé, ce génocide contre les Mayas au Guatemala. Après le colonialisme espagnol, l’acculturation et l’ethnocide contre les populations indigènes, une culture qui est déjà enseignée comme éteinte, respire fièrement. Les droits humains ne s’applique pas pour les rebelles ; le gouvernement militaire placé au pouvoir par les États-Unis lors de la Guerre froide ne considère même pas les Mayas comme des êtres humains, de toute façon. En 1981, c’est la 27e année de guerre entre le front du peuple, composé de 15% de gens éduqués et de 85% de rebelles des campagnes, majoritairement des indigènes, contre l’autoritarisme raciste et capitaliste.

Un autre cillement assourdissant, acouphène.

Le tank militaire ayant tiré se profile derrière le nuage de poussière en suspension.

La bataille continue.

Elle est réelle.

Partout, la peur, le sang, les corps, le feu, les bombes, les balles, les cris, la douleur, la souffrance, les camarades qui tombent, les proches qui s’affaissent, la famille, l’amour de leur vie, un regard qui perd sa lumière d’existence, le viol, la torture, les enveloppes charnelles dépouillées de leurs membres, de leur dignité, tout orifice violé, massacré, des ventres ouverts dont la tête d’un parent vivant était plongée dans les viscères encore chaudes, le béton qui éclate. « Les gargouillis du sang résonnent au rythme de mes propres battements de cœur. Je suis dans la guérilla. Je m’appelle Maria. Mon mari est porté disparu depuis quelques mois déjà, mais mon inconscient sait que jamais je ne le reverrai. Mes yeux brûlent, à cause de la poussière, des larmes, du sang, un éclat d’obus, pas le temps de savoir, je dois combattre et dans ma tête, une seule phrase, une seule idée ; la lutte pour le peuple, la lutte pour la liberté, pour l’égalité. Une idée plus forte que toute l’horreur de la guerre, qui m’oblige à avancer encore et encore, des valeurs passées et comprises à travers l’enseignement et l’entraînement que j’ai reçu dans les montagnes, je souffre, avec les autres camarades parce que je crois en l’humanisme, j’aime l’humanité. »

Maria est une femme ayant participé à la guerre contre le génocide maya. Étant elle-même Maya, sa mission est de conscientiser les gens aux horreurs cachées au Guatemala. Malgré son âge avancé, elle milite encore dans un groupe de conscientisation contre la violence sexuelle, cultive une terre de café avec son second mari et agit en tant que porte-parole avec d’autres personnes de sa communauté pour dénoncer les crimes contre l’humanité perpétrés entre 1960 et 1996.

Quand on fait partie d’un milieu militant, on se retrouve face à des idées, des valeurs, des méthodes que l’on doit comprendre, puis assimiler, faire progresser ou rejeter. Ce qui nous  pousse à joindre, c’est en majorité, je crois, parce que l’on se reconnait dans les fondements de base d’un groupe et que nous avons un désir d’avoir un impact sur notre monde, ou encore sur le monde. Par contre, qu’est-ce qui nous pousse à rester ? Au niveau de la gauche active, l’un des premiers chocs auxquels on fait face, c’est la violence à notre égard, tant au niveau des jugements que dans les attitudes ou la façon de nous aborder. Second choc, c’est la violence à l’égard des personnes qui ne possèdent pas nos privilèges qui frappe. En ce qui me concerne, même ayant fait intervention dans des plusieurs situations de harcèlement contre des personnes opprimées, jamais je n’aurais pu conceptualiser la violence dans son entièreté, même quand la police me frappait par plaisir de me faire souffrir, si ce n’avait été de par les témoignages que j’ai entendus au Guatemala, tous plus horrifiants les uns que les autres, peignant un portrait glauque tout droit sorti des caves de Sade… Malgré tout cela, mon moment de choc le plus fort fut lorsque me promenant dans la capitale avec des camarades, l’une des personnes me pointa un vieil édifice en briques de béton et me dit : « Regarde, ce sont des impacts qui datent de la guerre », puis, de voir les dizaines de trous de balles, qui avaient visé et ou tué il y a 20 ans, imaginant toutes ces histoires en un flash.

Tout cela ramène aux raisons de devenir et rester dans le militantisme actif : le point commun de tous les récits entendus portait sur la façon d’aborder la violence, qui se basait sur l’acceptation de la situation et sur un désir, dès lors, de la changer, au prix de sa sécurité et de sa vie. L’amour de l’humanité, la solidarité du peuple et une empathie des souffrances étaient ce à quoi se raccrochaient les camarades pour continuer à lutter, pour passer par-dessus la peur, le froid, la faim, l’agonie. Gavino, un rebelle de la communauté, me dit d’ailleurs, vers la fin de mon séjour, que ce qui a fait perdre l’organisation militaire, c’est que leur combat était basé sur la haine, ce qui nuisait grandement à la solidarité entre les unités, donc les rendait vulnérables. Au final, Gavino m’a sommé de combattre, pas par la haine, mais par philanthropie, communautarisme, désir d’égalité et compréhension, et c’est là que les hippies ont raison, mais aussi de ne jamais cesser au profit d’une émancipation personnelle, parce que le danger réel et le point fondamental de notre lutte est d’éduquer et de prendre action avant que la situation ne dégénère au point de nous rendre à un point critique, donc de faire la révolution et non pas l’insurrection.

Emma Parsons

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Vie de Wobblies: De Toronto à Montréal

Statistiquement, les femmes adoptent les intérêts et passe-temps de leur partenaire masculin. Lorsque j’ai commencé à fréquenter une personne s’identifiant comme homme,  j’étais déterminée à ne pas laisser ses intérêts devenir les miens. Évidemment, c’était mignon de voir à quel point il était heureux d’avoir signé sa première Carte Rouge, et j’appréciais le voir revenir des réunions remplit d’énergie et de nouvelles idées. J’étais tout de même déterminée à ne pas joindre l’IWW, simplement parce que notre relation était encore à ses débuts. D’autre part, c’était sain pour nous d’avoir notre autonomie et de garder nos intérêts séparés.

 

Ma façade, impénétrable à ses manières anarchistes, a été détruite lorsque j’ai été invité à une soirée, et que j’ai rencontré une jeune organisatrice passionnée (pour ne pas dire incroyablement cool!). Elle était pleine d’enthousiasme et parlait de la façon dont la branche était venue en aide à un travailleur immigrant pour gagner une campagne de vol de salaire. Le travailleur avait été congédié sans motif, et son employeur refusait de lui payer ses deux semaines de salaire. Plusieurs membres du Comité Solidarité ont accompagné le travailleur à son (maintenant ancien) lieu de travail pour soutenir sa demande, soit que l’employeur paie le salaire perdu. Quand l’employeur a appelé la police pour qu’ils viennent tasser les wobblies, les policiers lui ont demandé “Pourquoi sont-ils ici? Qu’est-ce qu’ils vous demandent de faire?” L’employeur a expliqué la situation aux policiers, et ils lui ont simplement répondu qu’il devrait payer le travailleur. Peu de temps après, le travailleur ainsi que les membres du Comité Solidarité ont quitté les lieux avec le salaire dût.

 

Alors, ça, c’était incroyable. En fait, c’était complètement fucking incroyable. Et je ne pouvais plus me nier à moi-même que l’IWW était un groupe radical qui accomplissait (et accomplit encore!) des changements concrets dans la vie des travailleurs et travailleuses du monde. J’admet que ça m’a tout de même pris quelques mois après cette soirée pour dire à mon partenaire qu’il avait raison. Puis, quelques semaines plus tard, nous étions d’accord de partager ce lieu d’organisation. C’est donc en août 2014 que j’ai officiellement signé ma carte. Depuis, j’ai participé à l’organisation de plusieurs comités y compris avec la section de Toronto sous le Comité de levées de fonds et d’éducation, ainsi que le Comité Femmes, puis en tant que Secrétaire de la section de Toronto, et à Montréal sous le Comité d’Organisation, le Comité Événements-Marchandises et le Comité Femmes. Je suis présentement une déléguée, et je m’organise avec le Comité Organisation et le Comité Solidarité. Pour moi, s’organiser avec l’IWW, c’est être dans un endroit épanouissant qui rend les changements tangibles au sein de nos communautés, soutenir les travailleurs et les travailleuses dans leur lutte de classe contre leurs employeurs, et travailler à la réalisation d’un monde plus radical et plus juste. Ensemble, nous pouvons faire changer les choses!

 

 

For the One Big Union,

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Près d’un millier de manifestant-es pour la journée internationale des travailleurs et travailleuses

 

Dans le cadre du 1er mai 2017, alors que les centrales syndicales envoyaient leurs permanent-es et salarié-es distribuer des tracts, le IWW ainsi que de nombreux groupes se mobilisèrent pour une journée de lutte, de solidarité ouvrière et de combat. Au programme; occupation des bureaux d’agences de placement, repas populaire et manifestation du quartier Centre-Sud jusqu’au Centre-Ville où la police nous attendait de pied ferme!

Occupation des bureaux des bureaux de Thompson Tremblay et de ManPower Solutions de Recrutement

Cette année le coup d’envoi de la journée internationale des travailleurs et travailleuses à été donné dès midi pour les membres du Syndicat Industriel des Travailleurs et Travailleuses (SITT-IWW) de Montréal et de l’Association des Travailleurs et Travailleuses Temporaires d’Agences de Placement (ATTAP) qui sont allés occuper les bureaux de Thompson Tremblay et de ManPower Solutions de Recrutement, deux agences de placement.

Les agences de travail temporaire se spécialisent pour offrir de la main-d’œuvre flexible aux entreprises. Essentiellement, cela transforme la relation patron-employé en une relation triangulaire de patron-agence-employé. Les agences permettent aux entreprises de réduire leurs coûts de production par une réduction du personnel comptable ainsi que l’évasion du paiement des avantages sociaux et des protections garanties par les normes minimales du travail telles que les cotisations à l’assurance-emploi, l’assurance en cas d’accidents de travail, les congés parentaux, ainsi que celle pour les aidants naturels, les régimes de retraite, les vacances, etc. Elles limitent aussi le droit à la syndicalisation, le droit à la négociation directe avec le patron pour avoir une convention collective de travail et le droit de faire la grève comme mécanisme de défense. Les travailleurs et les travailleuses victimes de ce procédé n’accumulent aucune ancienneté, n’ont pas de minimum d’heures de travail garanti ni de sécurité d’emploi et ne bénéficient d’aucune augmentation de salaire annuelle. Depuis la perturbation de la conférence de l’ACSESS le 5 avril 2017, nos conditions de travail ne se sont pas améliorées. Nos revendications restent donc les mêmes:

L’augmentation immédiate du salaire minimum à 15$/heure, l’embauche obligatoire des travailleurs-euses d’agence par l’entreprise cliente après trois mois de service, la co-responsabilité des agences de placement et des entreprises clientes en ce qui concerne les normes du travail et de santé-sécurité, le même salaire pour les travailleurs-euses d’agences que pour ceux et celles qui sont embauché-e-s directement par l’entreprise cliente.

Repas populaire dans le quartier Centre-Sud
Malgré la pluie, ce sont près de 200 personnes qui se sont regroupées au Parc Médéric Martin en début d’après-midi.  Abrité-e-s par les tentes de SOS Itinérance et réchauffé-e-s par la nourriture fournie par le Café Coop Touski, les membres de notre dévoué syndicat, mais aussi ceux du Mouvement Action Chômage, du Comité Logement du Plateau Mont-Royal, du Collectif Opposé à la Brutalité Policière, de l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ), du Syndicat des Étudiant-es Travailleurs et Travailleuses de l’UQÀM, de Solidarité Sans Frontière, de l’Association Facultaire des Étudiant-es en Sciences-Humaines de l’UQÀM, ainsi que de divers collectifs Antifascistes présents dans le quartier comme le RASH, le Montreal SisterHood et la Jeune Garde ont profité de ce rassemblement communautaire.

Le thème de la journée? La coupe est pleine! Alors que le coût de la vie augmente sans arrêt, les services publics se font tronçonner. Les personnes assistées sociales subissent des attaques sauvages. Il y a la menace d’une réforme des Normes du travail à la sauce patronale qui nous guette, et pour ajouter l’insulte à l’injure, tandis que syndicats et groupes communautaires réclament un salaire minimum à 15$ de l’heure, les boss et l’État répondent : vous ne valez guère plus de 11,25$/h.

Comme si ce n’était pas suffisant, le climat social se dégrade. Les discours racistes ont de vastes tribunes. On maltraite la différence. Les crimes haineux visant les femmes, les musulman.es et la communauté LGBTQIA* se multiplient. Nous ne tolérons pas ces discours de haine qui se propagent autant dans les médias, les milieux de travail et nos communautés.

Manifestation du Métro Frontenac au Centre-Ville

Finalement rejoint par le Pink Bloc et des groupes anti-gentrification du quartier Hochelaga-Maisonneuve, c’est sous le thème de l’antifascisme et de l’ouverture des frontières plutôt que du repli sur sois que la manifestation se mit finalement en branle à 17h40. Fanfare, drapeaux, fumigènes et feux d’artifices animèrent la rue Ontario du métro-Frontenac jusqu’à la Grande Bibliothèque au métro Berri-UQÀM ou les manifestant-es prirent les rues du Centre-Ville afin d’aller rejoindre la grande manifestation organisée par la Convergence des Luttes AntiCapitaliste (CLAC). Si les participant-es de cette dernière avaient déjà eu à se défendre d’une première charge policière à la place Ville-Marie, l’arrivée du contingent antifasciste et syndicaliste révolutionnaire donna un second souffle à la manifestation qui continua jusqu’à passé 20h le soir dans les rues du Centre-Ville.

Au moment de publication, on ne comptait qu’une seule arrestation. Tous nos remerciement aux équipes d’avocat-es de Desmarais & Desvignes et Ouellet Nadon et AssociéEs qui s’unirent pour faire la veille légale de nos membres.

 

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Entente conclue au Frite Alors! Rachel

Le vendredi 15 décembre 2016, les employé.es du Frite Alors! Rachel en sont finalement venu.es à une entente avec la partie patronale. Un virage majeur pour les wobblies qui reprennent ouvertement pignon sur rue à Montréal et une première pour le mouvement syndical qui voit naître de nouvelles manières de fonctionner en dehors des limitations du cadre légal.

Nous nous rappelons que le communiqué de presse envoyé le 27 août dernier pour annoncer leur affiliation au Syndicat Industriel des Travailleurs et Travailleuses – Industrial Workers of the World (SITT-IWW), incluait une liste de points qu’ils et elles voulaient voir changer sur leur lieu de travail. On y parlait entre autre d’augmentations de salaires en cuisine et au service, d’augmentations annuelles, d’une standardisation des formations, d’une priorité à l’interne lors de l’ouverture de nouveaux postes, d’un plancher d’heures garanties, d’une compensation pour les quarts de travail en stand-by et de congés maladie.

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Des propriétaires d’entreprises chez les I.W.W. ?!?

Un complément de réflexion à l’article intitulé « être syndiqué IWW et travailleuse autonome » .

Il est vrai que le I.W.W. syndique tout le monde sauf les représentants de l’autorité étatique (policiers, magistrats etc) et les personnes en situation de pouvoir autoritaire sur d’autres travailleurs-euses ci-après nommés …les boss! Les employeurs en tant que propriétaire d’entreprise et leurs laquais que sont les gérants et autres cadres qui font ,selon ma compréhension, partie de la catégorie des « boss ».

Or qu’est-ce qu’un « travailleur autonome » ? N’est-ce pas un propriétaire d’entreprise ? N.. oui : Si on s’en tient uniquement à la définition que nous en donne l’économie libérale. Ce serait le cas à en juger par cette définition donnée sur le site éduca-Loi :

« En fait, le travailleur autonome et l’entreprise individuelle ne font qu’un, c’est-à-dire que le travailleur autonome exploite une entreprise et que cette entreprise est le résultat de son propre travail. Puisque l’on ne peut pas dire que le travailleur autonome est lui-même une « forme d’entreprise », on dit plutôt qu’il exploite une « entreprise individuelle» dont il est l’unique propriétaire. »

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Être syndiquée IWW et être travailleuse autonome…

J’ai entendu à plusieurs reprises des questionnements sur l’enrôlement de travailleurs ou travailleuses autonomes au sein du IWW et j’aimerai y répondre en partie ici.

De 1, le IWW syndique tout le monde (sauf les patrons entre autres), autant les itinérant-e-s, que les prisonnier-e-s ou travailleurs et travailleuses du sexe que des étudiant-e-s ou chômeurs et chômeuses ou gen-t-es sur le bien-être social ou même encore toute personne travaillant dans une industrie particulière. Alors pourquoi pas les autonomes aussi. Ce sont, au final, des employé-e-s du système aussi.
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Ce n’est pas facile d’être une femme organisatrice

Au cours de la dernière année, je suis devenue active politiquement. Je suis passée d’une méconnaissance totale de la politique radicale à une implication dans l’organisation du travail à Miami, selon une perspective anarchiste. Ce fut à la fois un difficile et valorisant parcours, mais mon genre semble constamment me hanter. Je ne suis probablement pas la première femme ayant vécue cette expérience, mais je crois devoir faire la démonstration du fait qu’il s’agit d’un problème réel, tout en offrant mon point de vue personnel afin que d’autres femmes puissent avoir un point de référence au sein de leurs propres luttes.

Ayant été élevée par des parents nicaraguayens au sein de la communauté latino de Miami, j’ai vécue de près le sexisme inhérent à la culture du sud de la Floride. De nombreuses familles ayant immigrés en provenance d’Amérique du Sud, d’Amérique Centrale et des Caraïbes arrivèrent aux États-Unis en y important leurs traditions issues des années 70 et 80. Les jeunes filles sont ainsi élevées par des femmes ayant grandi en se faisant dire que leur but dans la vie était de devenir des épouses obéissantes, se dévouant cœur et âme à l’éducation de leurs enfants et au bonheur de leurs maris. Les femmes latino sont ainsi supposées être modestes, réservées et soumises, et être en mesures de jouer un rôle purement domestique. Bien que certaines familles hispaniques ne se soumettent pas entièrement à cette construction sociale, il reste que celle-ci joue toujours un rôle de premier plan au sein d’une très grande part de la communauté latino. À titre d’exemple, cette construction sociale se retrouve au sein des trois dernières générations des familles de mon père et de ma mère. Mes arrière-grand-mères et grand-mères, ainsi que ma mère et mes tantes, n’ont jamais complété leur scolarité et ont toutes dévoué leurs vies entières au service de leurs maris et de leurs enfants. Pendant ce temps, de nombreux hommes au sein de ma famille élargie ont pu compléter leur éducation, certains ayant même reçu un diplôme universitaire, et ont ainsi pu devenir des figures dominantes au sein de leurs communautés. Les hommes de la famille ont pu faire ce qu’ils voulaient puisqu’ils reléguaient toutes les responsabilités domestiques et familiales à leurs épouses. Poursuivant ce cycle, ma grand-mère et ma mère ont bien tenté de m’élever de la même manière. Je me suis fait dire de ne pas m’engager dans des activités dites « masculines », que ce soit le sport, le domaine universitaire, la politique, ou tout autre domaine dominé par l’homme. Malheureusement pour elles, j’ai toujours refusé de me soumettre à leurs standards de féminité. Je fais du sport depuis l’âge de dix ans, j’ai développé un intérêt profond pour l’histoire, la sociologie et la science politique, et je suis présentement engagée dans trois projets de nature politique. Cette attitude est une telle source de frustration pour mes parents que je me retrouve à être insultée sur une base quotidienne. Ma mère me traite de ‘tomboy’, me dit que je suis égoïste parce que je consacre autant de temps à l’organisation politique, et déplore ma soi-disant « promiscuité », du fait que les groupes politiques auxquels j’adhère sont formés en majorité d’hommes. Mon père, quant à lui, me dit que j’agis de manière insensée en consacrant autant de temps à la politique au lieu de bien me préparer à mon futur rôle de mère et d’épouse.

Tout au long de mes deux décennies de vie à Miami, j’ai pu rencontrer une multitude de femmes d’origines diverses. À l’école, dans le cadre de mon travail en tant qu’assistante-infirmière, ainsi qu’en politique, j’ai côtoyé des femmes originaires du Nicaragua, du Honduras, du Mexique, de Colombie, d’Argentine, de République Dominicaine, de Porto international-womens-day-posterRico, d’Haïti, de Jamaïque, du Népal et des Philippines, et elles ont toutes des histoires similaires à partager. Chacune d’entre elles m’ont révélé l’oppression qu’elles vivaient à la maison. Elles sont forcées de se conformer au rôles de genres et de suivre les standards traditionnels de ce qui définit une femme. Certaines ont tenté de se libérer de ces rôles, mais la pression de leurs entourages et de leurs familles finie généralement par venir à bout de leur volonté. Si certaines réussissent à se battre contre le courant, elles sont systématiquement insultées et stigmatisées, développent une mauvaise estime de soi et sombrent parfois dans l’anxiété et la dépression. J’ai moi-même vécu, et vis encore, des épisodes de détresse émotionnelle. Je me suis sortie d’une dépression en 2013 après six mois de thérapie, et je me bas encore aujourd’hui contre l’anxiété sociale et une mauvaise estime de moi-même. Malgré tout, je réussis à conserver mon intégrité et je continuerai à le faire afin de poursuivre le combat.

Entendre les récits et être témoin de la peine de toutes les femmes victimes du patriarcat m’a inspiré à poursuivre ma route en tant qu’organisatrice. Voir la passivité de ma mère face à mon père, voir mes sœurs être forcées d’adopter des traits indésirables, et être témoin des larmes de ces femmes ayant partagé avec moi leurs récits de vies sous l’oppressive domination masculine m’a permis de transformer ma colère en énergie positive et à me dévouer à la création d’une société au sein de laquelle les femmes ne seront plus opprimées. Je ne veux plus avoir à faire face à l’inégalité des genres et devoir regarder nombre de femmes tomber dans ses rouages. Nous ne pouvons plus continuer à négliger ce problème et devoir faire face à celui-ci seules. En tant que femmes révolutionnaires, nous devons prendre ces problèmes au sérieux et trouver des stratégies et des solutions afin de les surmonter.

Une manière de s’engager dans cette lutte est de partager nos expériences entre nous afin d’identifier les problèmes auxquels nous faisons face aujourd’hui. Nous ne devons plus nier et réprimer notre frustration face à l’inégalité des genres. Celle-ci doit s’exprimer. Comment pouvons-nous prétendre bâtir une révolution sociale alors que nous n’osons que rarement parler de nos propres tourments personnels ? Je sais qu’il est parfois difficile de partager les difficultés auxquelles nous faisons face à la maison, au travail ou au sein de nos cercles politiques. Il est même ardu pour moi d’écrire ce texte, mais nous devons arrêter de 1546449_10152142519671361_8569163409494853563_nlaisser ces obstacles barrer notre chemin. Je me souviens avoir été pétrifiée la première fois que je me suis exprimée à propos de mes problèmes personnels auprès d’une camarade. Je croyais qu’elle ne me comprendrait pas et que je la dérangerais, mais après lui avoir raconté mon histoire, j’ai vite constaté qu’elle faisait face aux mêmes problèmes et était empathique face à ma situation. Ça a complètement transformé ma vie puisque j’avais auparavant cru que je devais sans cesse attendre afin de parler de ces problèmes à ma thérapeute, mais j’avais tort. Il y a plein de gens autour de nous prêts à écouter et à nous supporter; il n’en tient qu’à nous d’aller vers eux. J’ai fini par comprendre que les problèmes de genres existent toujours et que les obstacles auxquels je dois faire face sont bien réels. À travers des actions toutes simples comme parler de ceux-ci et bâtir des liens, je crois que nous arriveront à créer un collectif de gens déterminés à créer des tactiques afin d’abolir ces oppressions. C’est ainsi que s’est formé Mujeres Libre, qui a réussi à créer une tendance au sein de la Confederación Nacional del Trabajo et de la Federación Anarquista Ibérica afin de faire face au problème d’inégalité des genres. En grossissant leurs rangs, Elles ont fini par se tailler une place de choix au front lors de la révolution espagnole. Nous pouvons faire de même aujourd’hui si nous y mettons nos cœurs et âmes. Plusieurs d’entre nous diront que nos capacités et le climat social d’aujourd’hui rendent une telle chose impossible, mais comment le saurions-nous sans avoir même essayé? C’est pourquoi j’encourage toutes les femmes révolutionnaires à cesser de douter d’elles-mêmes et à engager le combat. Brisons dès maintenant le silence et créons la solidarité dont nous avons besoin.

-Luz Sierra

Publié en version originale anglaise en avril 2014 dans l’Industrial Worker, l’article Being A Women Organizer isn’t Easy de la fellow worker Luz Sierra obtiendra la première place dans la catégorie Contribution à l’Industrial Worker de l’année lors du Working Writers Contest et sera réédité en 2015 pour le pamphlet Radical Works for Rebel Workers