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2021 : Fini de survivre, luttons pour vivre!

Pendant que la pandémie poursuit ses ravages, un constat amer s’impose : les patrons, propriétaires et politiciens en profitent pour écraser un peu plus les travailleuses et travailleurs dits essentiels, les locataires et la classe ouvrière en général. Si des mesures ont été mises en place temporairement pour éviter une crise économique catastrophique,  avec les déficits  budgétaires énormes qui se construisent, parions que ce ne sont pas aux grandes corporations et aux riches que l’on va refiler la facture. Au contraire, on risque de voir notre filet social sabrer comme jamais.

Ça va bien aller? Pas sûr, mais pour notre syndicat par contre, pas question de se laisser faire. Ne pas se laisser faire, parce que nous ne sommes pas seul-e-s. Nombre de groupes communautaires, d’organisations féministes/antiracistes et de syndicats luttent déjà sur plusieurs fronts à la fois. Cependant, trop souvent en silos et, surtout au niveau syndical, de manière corporative.

Nous pensons donc que si les mesures sanitaires sont importantes, l’heure est surtout à la colère collective, la solidarité de classe et à de l’organisation par et pour la base. Nous pensons que nous devons avoir un projet plus grand. La grogne étant palpable, il est temps de retisser des liens forts et d’aller se  gagner de meilleures conditions de travail et de vie.

Pour cela, nous proposons de travailler en vue du 1er mai 2021 sur trois revendications liées à des enjeux exacerbés par la crise actuelle. Elles ne sont pas nouvelles, mais elles sont plus urgentes que jamais. Nous proposons que ces demandes servent de points de repère pour des actions directes autonomes et/ou organisées conjointement entre différentes organisations d’ici la Journée internationale des travailleuses et travailleurs.

Trois revendications pour se rejoindre

Salaire minimum à 21$ de l’heure

Pendant des années et encore actuellement, inspirées d’exemples similaires aux États-Unis et dans d’autres provinces, plusieurs organisations communautaires et syndicales, nous incluant, ont revendiqué l’augmentation du salaire minimum à 15$ de l’heure.

Par contre, entre-temps, le coût de la vie a continué d’exploser et les augmentations du salaire minimum décrétées par l’État québécois ont été aussi maigres qu’insultantes. Afin de rattraper non seulement le temps perdu, mais surtout la perte de revenu engendrée par la sourde oreille de nos gouvernements néolibéraux, le Syndicat Industriel des Travailleurs et Travailleuses exige une hausse du salaire horaire minimum à 21$ de l’heure, suivie d’une augmentation annuelle subséquente fixe d’un dollar de l’heure.

Pourquoi 21$ de l’heure? Parce que nous ne voulons pas nous contenter du minimum pour survivre, on veut bien vivre! Parce qu’au final, cet argent est le fruit de notre travail. Pendant que les travailleuses et travailleurs, soudainement déclaré-es essentiel-les, se mettaient à risque en pleine pandémie, les boss se sont fait des profits records sur notre dos, alors rien de plus normal que nous allions récupérer ce qui nous revient de droit.

Il faut penser que ce n’est pas tout le monde qui travaille 40 heures par semaine. On peut penser aux femmes, aux personnes marginalisé-e-s ou aux étudiant-e-s qui ont vu dans la dernière année leurs revenus de travail baisser encore plus que d’ordinaire, alors autant garantir un salaire capable de réellement subvenir à nos besoins.

Gel des loyers

Le 1er octobre 2020, la Ville de Montréal annonce un gel des taxes foncières. En Ontario, le gouvernement a  récemment décrété un gel des loyers pour toute l’année 2021. À quand l’annonce d’un gel des loyers au Québec?

Tandis que les locataires subissent depuis plusieurs mois des pertes de revenu, ils n’ont la plupart du temps pas le coussin financier des propriétaires, pas d’investissements (accaparement d’habitations) desquels se départir pour s’acheter à manger. Un logement convenable est un droit fondamental. On ne devrait pas avoir à jongler entre se nourrir, se vêtir et se loger. Pourtant, selon le recensement de 2016, 36,5% des ménages locataires montréalais consacraient plus de 30% de leur revenu au loyer. Et la situation n’est pas meilleure dans le reste du Québec, avec 33,7% des locataires dans la même situation.

Même le salaire minimum de 21$ ne serait pas toujours suffisant pour contrebalancer la hausse constante des loyers. Pour preuve, le prix moyen d’un 4 et demi à louer sur Kijiji est désormais de 1032$ par mois. C’est complètement insensé! Oui à un gel des loyers!

Un statut pour tout le monde

Aujourd’hui, la pandémie rend visible à tout le monde l’absurdité des conditions de travail des personnes immigrantes. Alors que le gouvernement qualifie en public les travailleuses et travailleurs de la santé comme étant les anges gardiens de la population québécoise, derrière les coulisses il menace ces mêmes personnes de déportation.

Pendant trop longtemps, les patrons ont profité des personnes sans statut pour remplacer la main d’œuvre locale mieux protégée par les normes du travail par des travailleuses et travailleurs vulnérables qui ne peuvent pas se plaindre sous peine de déportation. Ça suffit!

Comme nombre d’organisations avec lesquelles nous collaborons déjà, nous exigeons un statut de résidence permanente pour tous ceux et celles qui le veulent, afin d’empêcher la classe patronale de continuer à diviser la classe ouvrière pour mieux nous dominer. Cette mesure est nécessaire pour les droits des travailleuses et travailleurs et pour promouvoir la solidarité avec la lutte contre le racisme systémique. Non aux déportations! Oui à un statut pour tout le monde!

Pourquoi se battre et s’unir dès maintenant pour le 1er mai 2021?

Parce que les prochaines années ne seront pas plus généreuses à l’endroit de notre classe, à moins qu’on ne s’y mette maintenant. Les prochains budgets seront assurément marqués par une austérité crasse. Alors autant nous préparer rapidement à résister mais aussi donner le ton le plus agressivement possible. C’est le fondement même de notre pensée syndicale : une classe sociale bien organisée est une classe dangereuse qui peut gagner ses luttes et dicter comment mieux vivre!

Nous ne proposons pas de créer une coalition ou une alliance formelle, mais un réseau de lutte où nous pourrons nous rencontrer entre organisations voulant lutter et s’entraider ponctuellement! Il nous fera plaisir de vous aider à mobiliser au sein de vos organisations et de vos luttes!

C’est sur ces bases que nous vous invitons solidairement à vous joindre à nous le 1er mai prochain, afin de crier notre colère, de faire entendre nos voix et exiger ce qui nous revient de droit. Et que cela soit un tremplin vers des visées, disons-le, révolutionnaires!

Pour contacter le syndicat, voici notre adresse courriel : [email protected]

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réponse à San Watts PDG de Mission Bonne Accueil

Durant une conférence de presse jeudi le 29 octobre dernier, le directeur général de Mission Bon Accueil, Sam Watts, a répondu à peu près ceci à un journaliste lui demandant comment le communautaire allait résister à la deuxième vague si ses travailleuses et travailleurs sont déjà à bout de souffle : « Oui mais pas sans difficulté. (…) C’est certain qu’il y a des gens qui sont épuisés et j’essaye le plus possible avec tous mes collègues et autre PDG d’encourager notre monde (…). Je pense qu’on serait capable de passer au travers se sont (les travailleuses et travailleurs du communautaire) des gens très résilients. Alors j’ai beaucoup de confiance. »

À elle seule, cette citation résume bien ce que plusieurs organismes de Montréal vivent depuis bien longtemps, mais encore plus violemment depuis le début de la pandémie, à savoir une ignorance totale de la réalité du terrain par les directeurs et les conseils d’administration.. Cette réalité est présente dans des organismes comme les grands refuges, l’Accueil Bonneau ou encore des boîtes en réduction des méfaits.

Sur le terrain, plusieurs travailleuses et travailleurs avec qui nous entretenons des liens sont désemparé.es devant l’ampleur de la tâche. Comment faire de la relation d’aide avec des mesures de distanciation alors que la proximité est au cœur de l’approche communautaire ? Comment se rendre au travail sans être découragé.e en sachant très bien que les mesures mises en place le sont sans consultation des équipes ? Comment se sentir valoriser dans son travail sans prime, sans reconnaissance significative et continue du travail accompli depuis le début de la pandémie et avec des tâches qui se sont souvent alourdies et complexifiées ? C’est malheureusement des questions que se posent plusieurs travailleuses et travailleurs qui, bien avant la crise sanitaire actuelle, travaillaient déjà avec une surcharge, très peu de ressources et de reconnaissance. Ils et elles se retrouvent donc dénudé.e.s de moyens et d’espoir pour la suite. Le burn out peut rapidement devenir l’unique porte de sortie, mais il est loin d’être apaisant, on le sait !

Depuis le début de cette pandémie, aucune coalition patronale réclamant des meilleures conditions de travail a vu le jour dans le milieu communautaire. Ces derniers prétendent pourtant appuyer et encourager leurs travailleurs et travailleuses. Sauf que les mots ont leur limite et les gens du terrain, c’est-à-dire les travailleuses et travailleurs de rue, pair.es aidant.es, intervenant.es psychosocial.es et personnel administratif, en ont assez de ces paroles en l’air et veulent un réel soutien. Nous sommes épuisé.es par la surcharge de travail, le manque de soutien clinique, et des conditions de travail précaires. Nous sommes écoeuré.es des DG qui se complaisent dans un communautaire qui carbure à la vocation.

Nous comprenons que les directions et membres de C.A, qui proviennent de plus en plus du milieu des affaires, priorisent leurs intérêts personnels, comme le font depuis toujours les patrons d’entreprises capitalistes. En ce sens, ils ne prennent aucun risque, aucune action politique radicale pour sortir le milieu communautaire de sa précarité. Ils semblent être bien confortables dans leur posture patronale faisant fi des besoins de leurs employé.es.

Nous comprenons que ces organismes adoptent davantage un mode de gestion collé à l’entreprise privée qui résonne en ces temps de pandémie.

Nous comprenons que les directions et membres de C.A sont de plus en plus déconnectés de la réalité du terrain et des besoins non seulement des travailleuses et travailleurs, mais de ceux des personnes fréquentant les services.

Nous réalisons que nos patrons/patronnes parlent, parlent et parlent sans pour autant faire des actions concrètes pour améliorer nos conditions de travail. Ils n’ont pas un problème de parole, nous leur reconnaissons d’ailleurs un grand talent pour nous faire croire qu’ils sont avec nous, mais leur inaction est honteuse pour les leaders qu’ils et elles prétendre être.

Bref, avec leurs pseudo encouragements, ces directions ne font que démontrer l’impertinence pour nous toutes et tous, travailleurs et travailleuses, d’attendre qu’elles prennent les devants pour améliorer nos conditions de travail. Il n’en tient qu’à nous de prendre le contrôle de nos milieux de travail comme travailleuses et travailleurs du communautaire et de mettre dehors nos patrons, patronnes.

#FuckTesEncouragementsSamPisTaGangDePDG

*La description de Monsieur Watts sur le site de Mission Bon accueil : « Sam s’est joint à Mission Bon Accueil à titre de directeur général en 2016. Il partage avec l’équipe sa vaste expérience en direction d’équipes et en encadrement de leaders dans une variété de contextes. Ses collègues le décrivent comme un dirigeant visionnaire, axé sur la création d’un environnement favorisant l’innovation et la mise en œuvre de nouvelles idées ».

En bref, « Sam » est un patron issu du milieu des affaires.

Texte écrit par des militant.es travaillant dans le communautaire

Peur et dégout dans une centrale près de chez vous

J’ai eu plein de jobs à petits salaires. Manutentionnaire, employé en centres d’appel ou au service à la clientèle, concierge, plongeur, commis, aide-cuisinier, vendeur de sapins, peintre en bâtiment, intervenant, name it. Dans tous les cas, j’ai toujours eu des boss à divers degrés de marde.

Un qui nous traitait de moumounes quand on refusait de travailler à 10 mètres de hauteur sans harnais; un autre qui disait toujours qu’on prenait trop de temps entre deux sondages; un qui nous espionnait à distance via caméras; d’autres qui faisaient ou toléraient du harcèlement.

Ma première expérience syndicale a été avec les Teamsters, à la Gare d’autocars de Montréal comme préposé à l’information. On était une nouvelle équipe d’environ 10 personnes embauchées par une compagnie sous-traitante. Une job d’été qui a finalement duré six ans, à 40 heures/semaine au salaire minimum avec des cadres aussi hypocrites que méprisants.

Tant qu’à avoir un boss, autant se défendre, c’est ce qui explique pourquoi je suis devenu plus tard membre des IWW, un Wobblie. Mais initialement, je n’étais pas un syndicaliste convaincu. Cette première expérience avec les Teamsters m’a même plutôt dégoûté des syndicats.

En entrant, je connaissais mon taux horaire, mais pas bien plus.  Personne ne nous disait rien. C’est notre boss, un jour, qui nous a dit que nous serions syndiqués avec les Teamsters. C’est drôle, parce que je ne me souviens pas d’avoir jamais signé de carte de membre. À l’époque, j’ai trouvé ça étrange, voire suspicieux que ce soit notre boss qui nous trouve un syndicat; maintenant je comprends qu’on se faisait avoir, big time.

Un an (ou deux) plus tard, une collègue, plus allumée au niveau de ses droits, et moi avons commencé à se jaser . Parfois avec d’autres collègues. Nos conditions de travail faisaient vraiment dures. On voulait plus que le salaire minimum, au moins 3-4$ de plus. Surtout que la moitié du staff était là depuis plus de 10 ans. Plusieurs avaient des enfants. On le savait que si on se structurait, on pouvait aller chercher de l’argent. Et du respect.

Cette collègue m’a demandé si on avait une copie de notre convention collective. Je n’étais même pas certain de ce que c’était. On a fait le tour, personne ne l’avait. À mon souvenir, c’est notre boss qui nous en a donné une copie.

Après avoir feuilleté notre convention, on a compris qu’on devait s’élire des délégué-e-s et que nombre de nos conditions de travail n’étaient pas respectées. On a contacté les bureaux des Teamsters, pour qu’on nous explique un peu comment tout ça fonctionne. On nous a donné le numéro de notre conseiller syndical, celui qui devait répondre à nos questions, nous aider à nous organiser et défendre nos droits. Le rejoindre a été laborieux. Il était très occupé disait-il. Nous n’étions visiblement pas dans sa liste de priorités. 

Ça avait l’air d’un syndicat tout croche. Pas trop intéressé par nous. À nous envoyer un gars payé 3-4 fois notre salaire, ça nous l’a rendu bien antipathique.

On a contacté la CSN, voir si on pourrait pas embarquer avec eux. Ça ne pouvait pas être pire et peut-être que l’idée de perdre nos cotisations réveillerait les Teamsters. C’était bien compliqué pour je ne sais quoi d’avoir une réponse franche de la CSN. On était pourtant dans les temps pour le changement d’accréditation. Après quelques échanges, c’est tombé à l’eau. Un jeune conseiller sympathique nous dit que la centrale n’était pas très intéressée, entre autres parce qu’on rapporterait pas beaucoup en cotisations.

Après cet épisode, nos négociations arrivant, même si on ne sentait pas supportés, on a essayé d’organiser des meetings par nous-mêmes. Il fallait bien s’organiser et visiblement personne ne le ferait pour nous. On devait parler à nos collègues et se poser des questions : Qui se tient avec qui? Qui veut quoi? Qui est potentiellement de confiance, qui voterait pour des moyens de pression, pour une grève? Ça fonctionnait de manière brouillonne. Ce que maintenant chez les IWW j’appelle de l’ « agitation, de l’éducation, de l’inoculation, du social mapping, etc. » Du syndicalisme.

On a posé des affiches pour annoncer une assemblée. On passait des petits tracts. Je me trouvais ben drôle à mettre des affiches avec des citations de Karl Marx. Mon boss, lui, riait moins. Nous n’avions pas le droit de parler de syndicat au travail. De leur bord par contre, nos boss prétextaient des rencontres individuelles à propos de l’horaire pour menacer les collègues, savoir qui disait quoi…

Ils utilisaient les plus anciennes employées pour obtenir des informations, pour répandre des rumeurs comme quoi la compagnie fermerait et qu’on perdrait nos jobs si on déclenchait une grève.

Notre conseiller syndical retournait sans presse nos appels et était rarement, voire jamais là. Lors de notre première assemblée, durant laquelle nous avons refusé l’offre du boss, notre conseiller parlait agressivement, répétait les mêmes rumeurs que les cadres faisaient circuler, disait qu’on devrait accepter le 50 cennes d’augmentation proposé ou sortir avec les piquets drette-là.

On a arrêté de lui faire confiance le jour où on l’a aperçu par hasard dans un restaurant pas loin en train de manger avec notre boss, l’air de deux bons chums. J’étais en tabarnak.

Lors de la deuxième assemblée, l’offre du boss nous faisait grimper de 1,50$ (environ) de l’heure. Le petit groupe plus combattif mais inexpérimenté qu’on était a essayé de pousser pour plus, mais l’assemblée a voté en faveur. Notre conseiller nous a dit que dans 3 ans, on aurait peut-être mieux…ce même gars qui avait plus en commun avec notre boss nous traitait comme des enfants, des imbéciles. Ça m’a fait détester les syndicats.

Gang de vendus je me disais. Les centrales pis leurs gérants d’estrades de salariés, des compagnies d’assurances plus préoccupées par la paix industrielle que les conditions de travail et de vie de ma classe.

J’ai redécouvert sous un meilleur jour le syndicalisme en rencontrant des Wobblies. Quand on m’a expliqué qu’un vrai syndicat, ce sont les travailleuses et travailleurs qui le forment et qui lui donnent ses couleurs. Que le modèle légal de la compagnie d’assurances, c’est un échec retentissant. Que c’est certainement pas en acceptant le statu quo qu’on va éviter le mur vers lequel le capitalisme nous fait foncer.

De ma première expérience avec un syndicat corporatiste, j’en retiens ceci : faut parler à nos collègues; leur demander ce qu’ils et elles vivent et comment obtenir plus, savoir ce qui les fait chier, leur rappeler qu’un boss c’est un boss, même s’il a un sourire; comprendre que ça sera pas simple, que nos collègues (et nous-mêmes), on a des vies complexes.

Toujours syndiqué avec les IWW, mais aussi par un syndicat « légal », je garde en tête qu’il faut se protéger du boss, mais souvent aussi de l’appareil syndical grassement payé, qui a peur de perdre le contrôle. Surtout si on ne veut pas se contenter de signer une convention, mais de remettre le pouvoir sur le plancher de travail.

Solidarité,

Un memre du SITT-IWW.

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Montréal: Blocage du Dépôt Marseille de Postes Canada

Après avoir bloqué le plan Léo Blanchet et le dépôt de facteurs Bridge les 10 et 12 décembre derniers, la section locale intersectorielle du SITT-IWW Montréal reprend de plus belle en se rendant cette fois au dépôt Marseille en plein cœur d’Hochelaga-Maisonneuve.

 

Cette initiative de l’IWW Montréal s’inscrit dans un mouvement plus large touchant l’ensemble du Canada où rappelons que depuis l’adoption d’une loi spéciale, charcutant les négociations et forçant le retour au travail des facteurs et factrices de Postes Canada, des actions de blocages et de perturbations ont lieu aux quatre coins du pays. Vancouver, Edmonton, Toronto, Hamilton, Windsor, Ottawa, Mississauga, Montréal, Halifax et Sydney ne sont que quelques unes des villes où des membres de l’IWW ou d’autres groupes syndicaux ou citoyens ont décidé de se lever en solidarité avec les facteurs et factrices, donnant ainsi raison à Mike Palecek, président national du Syndicat des Travailleuses et Travailleurs des Postes (STTP/CUPW) qui annonçait à Radio-Canada:

 

« 50 000 syndiqué.es se sont fait interdire de tenir une ligne de piquetage devant des bureaux de postes, mais 3 millions ont encore ce droit. Nous ne sommes pas les seul.es prêts et prêtes à défendre notre droit à la libre négociation collective! »

 

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Crédit photo: SITT-IWW Montréal

Renvois déguisés au Collège Lionel-Groulx

Sainte-Thérèse, le 18 avril 2018 – Hier matin, un employé de l’Association Générale des Étudiantes et des Étudiants du Collège Lionel-Groulx (AGEECLG) a appris que son poste était aboli, que son collègue était suspendu et sous enquête, et qu’ils n’étaient plus les bienvenus sur le terrain de l’établissement d’enseignement. Le Syndicat des travailleuses et travailleurs des milieux associatifs en éducation (STTMAE) accueille très froidement cette nouvelle qui a toutes les apparences d’un renvoi déguisé, orchestré par l’administration du Collège en collaboration avec une poignée d’étudiants et d’étudiantes.

 

C’est en effet en arrivant sur son lieu de travail, le 17 avril dernier, que l’un des employés a constaté que le code d’accès du local de l’Association avait été changé. C’est ensuite en allant demander à la sécurité du Collège d’ouvrir la porte de l’association que l’employé s’est plutôt vu remettre une lettre lui soulignant que la décision avait été prise de mettre un terme à son emploi. La missive, signée par le Directeur général du Collège, stipulait également qu’il lui était désormais interdit de mettre les pieds sur le terrain et dans l’établissement. Aucune raison ou explication subséquente n’accompagnait la lettre. «Cette façon de faire rappelle celle des multinationales privées n’ayant aucun respect pour la vie de leurs employé.e.s, pas celle d’une organisation de type syndical comme prétend l’être l’AGEECLG» s’insurge Jasmine Léger, porte-parole du STTMAE, qui soutient l’employé licencié.

 

Ce renvoi serait le fruit d’une décision prise par le Conseil de représentation des étudiantes et étudiants (CREE), l’instance décisionnelle de l’AGEECLG. Par contre, il semble que la réunion comme telle ne respectait même pas les Statuts et règlements de l’association étudiante puisque les délais pour la convocation n’étaient pas respectés et que l’ensemble des représentant.e.s n’ont pas été averti.e.s de la tenue de celle-ci. «En plus d’être abjecte comme façon de faire, c’est antidémocratique. Comment l’administration du Collège fait-elle pour appuyer et même faciliter cette décision qui ne respecte ni la loi ni les règlements de l’association», indique Félix Lefrançois-Sabourin, lui aussi porte-parole du STTMAE.

 

Depuis l’application de ces nouvelles mesures, les employés n’ont toujours pas pu accéder au local de l’association pour récupérer leurs effets personnels. Les représentant.e.s de l’AGEECLG refusent de répondre aux questions du STTMAE sur les raisons qui ont menées à ces congédiements. L’association étudiante semble plutôt faire équipe avec l’administration du Collège et son service de sécurité pour faire taire toute personne qui essaie d’en savoir plus, y compris des membres de l’AGEECLG. Jasmine Léger affirme: «Il est intolérable que des employés, dont l’un a plus de 20 ans d’ancienneté, soient jetés à la porte sans explication et sans même pouvoir récupérer leurs effets personnels, le tout avec la bénédiction du Collège Lionel-Groulx.» L’association étudiante aurait, depuis, fait appel aux services d’un avocat.

 

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs des milieux associatifs en éducation (STTMAE) regroupe des employé-e-s d’associations étudiantes, de cafés étudiants, de coopératives d’établissements scolaires et de syndicats du milieu de l’éducation. Le STTMAE est affilié au Syndicat industriel des travailleuses et travailleurs (SITT-IWW).

 

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Jasmine Léger Syndicat des Travailleuses et Travailleurs des Milieux Associatifs en Éducation (STTMAE) Contact : 1-450-821-2195
Félix Lefrançois-Sabourin Syndicat des Travailleuses et Travailleurs des Milieux Associatifs en Éducation (STTMAE) 438-888-9807

 

Syndicat sous le radar

Les réussites visibles

Quand on parle de syndicats, qu’ils soient à l’IWW ou ailleurs, on pense généralement à de grosses bannières bien visibles. Chez nous, les noms qui frappent le plus comme des exemples de réussites sont sans doute le Starbuck’s Workers Union qui a mis l’IWW sur la map au début des années 2000 ou encore les récentes campagnes menées par le Syndicat des travailleurs et travailleuses du Frite Alors et celui des travailleurs et travailleuses du milieu associatif en éducation, tous deux affiliés à la section locale de Montréal.

 

La pointe de l’iceberg syndical

Mais si ce n’était là que la pointe de l’iceberg? Dans la formation d’organisation 101, on nous amène à discuter et débattre de la définition la plus englobante qu’il serait possible de donner d’un syndicat. Après y avoir assisté trois fois en tant que participant et 5 fois en tant que formateur, je peux vous garantir qu’à presque tout coup nous arrivons à la même réponse : un syndicat c’est quand deux travailleurs ou travailleuses ou plus s’unissent pour améliorer leurs conditions de travail et celles de leurs collègues.

Si on regarde du côté du Syndicat des travailleurs et travailleuses du Frite Alors de la rue Rachel, par exemple, on remarque que l’action syndicale commença longtemps avant que le S-Word ne soit prononcé. Dès le printemps ils et elles mettaient de l’avant des actions collectives pour avoir droit à de la climatisation dans le restaurant, une demande qui fut suivie de quelques actions, puis par de nouvelles revendications.

Dernièrement, le Combat Syndical publiait un article parlant de salarié-es de l’industrie de l’animation 3D qui ont réussi à substantiellement améliorer leurs conditions de travail, mais l’équipe de la rédaction aurait aussi pu se pencher sur de nombreux autres exemples locaux. Des salarié-es de l’industrie de la livraison qui ont réussi à obtenir de meilleurs outils pour travailler et une augmentation de salaire de 20 %, des salarié-es de la santé qui ont réussi à limiter les dommages du modèle Lean dans leur établissement, des salarié-es de la restauration qui ont obtenu des augmentations de salaire et la réparation de plusieurs de leurs instruments de travail, des salarié-es d’un centre d’appels qui ont obtenu eux et elles aussi une augmentation de salaire.. Ce sont là des exemples d’une solidarité victorieuse et qui la plupart du temps resta néanmoins dans l’ombre. Ils sont le résultat de l’union des travailleurs et travailleuses concerné-es, de nombreuses heures de réunion nécessitant la participation de tous et chacune, et souvent de plusieurs actions, bref de l’action syndicale en bonne et due forme!

 

Sur le terrain

Un autre exemple vers lequel il est possible de se tourner est celui du Stardust Family United (SFU) à New-York. Bien que leur syndicat, dont l’existence fut rendue publique en août dernier eu à faire face à une répression monstre, on peut constater deux choses. La première est qu’en dépit des dizaines de congédiements qui suivirent la sortie publique du SFU, ce n’est que la partie émergée du syndicat qui fut congédiée. Si cette dernière a maintenu la pression en organisant des lignes de piquetage jour après jour, d’autres travailleurs et travailleuses de chez Stardust, de leur côté, ont continué à travailler sous le radar et à aller chercher de nombreux gains. D’ailleurs, nous apprenions dernièrement que deux des vétérans et vétérantes de la campagne d’organisation new-yorkaise poursuivaient leurs activités ailleurs. Forcé-es de déserter les lignes de piquetage pour se trouver un autre travail, l’une d’entre elles participa à un refus collectif de signer une nouvelle politique de discipline qui était littéralement draconienne, tandis que l’autre coordonna une sorte de marche tournante sur le patron, au sujet des pourboires laissés par carte de crédit et volés des serveurs et serveuses. La victoire fut immédiate. À l’IWW, nous disons souvent que ce ne sont pas les lieux de travail que nous organisons, mais plus tôt les travailleurs et les travailleuses directement. Qu’un des objectifs principaux derrière nos campagnes d’organisation est de créer plus d’organisateurs et plus d’organisatrices qui pourront mener la lutte sur leur actuel lieu de travail comme dans tous les autres qu’ils et elles croiseront au fil de leur vie.

 

Sortie publique ou pas sortie publique?

Il y a quelque chose de très médiatique, de très glamour à faire une sortie publique, mais ce n’est pas la seule manière de s’organiser en tant que syndicat et de gagner en tant que syndicat. Aider ses collègues à prendre pleinement conscience du pouvoir que notre patron exerce sur notre vie, puis les amener à réaliser toute la force qu’il est possible d’avoir lorsque nous nous unissons, pour ensuite prendre les actions qui s’imposent, c’est une victoire en soit! Ce sont là des exemples de travailleurs et de travailleuses qui se sont empoweré-es, ont vu leurs conditions de travail s’améliorer et se sont outillé-es pour pouvoir recommencer à se battre ou qu’ils et elles soient! En un mot : Du Syndicalisme.

 

Mathieu Stakh

 

Et si le syndicat ne bouge pas?

Bien qu’un syndicat soit en théorie un outil de lutte pour l’amélioration des conditions de travail des travailleurs et travailleuses, il n’est pas rare de voir ceux-ci se transformer en appareils de démobilisation. Que ce soit pour préserver « l’appareil » syndical en évitant de prendre les risques impliqués dans une grande lutte, collaborer ouvertement avec le patron qui accorde des faveurs à la centrale (ex : syndicalisation automatique des nouvelles succursales en échange d’un syndicalisme pacifié) ou encore vouloir préserver un parti politique d’une mauvaise image causée par une grève en période électorale, tout syndicat peut se déconnecter des intérêts de sa base pour se préserver comme institution. C’est pourtant dans ces moments qu’il importe le plus d’être syndicaliste.

Il faut alors se rappeler que le syndicat c’est avant tout nous et nos collègues et repartir sur cette base. Dès lors, un large éventail de tactiques s’ouvre à nous : il est possible de former des comités de base, qui œuvreront et lutterons en dehors du syndicat établit (ex : voir les CoBas en Italie), de tenter de s’organiser pour reprendre et réformer notre syndicat pour le recentrer vers la base (voir le CORE, the Caucus of Rank-and-file Educators à Chicago) ou encore de changer d’affiliation syndicale. Autant voir l’arrivée d’un syndicat patronal (aussi appelé syndicat « jaune ») comme une occasion de parler conditions de travail et ainsi retourner cette offensive des patrons contre ceux-ci. N’hésitez alors pas à contacter la branche de l’IWW la plus proche pour du support et de la formation pour (re) lancer le combat pour l’amélioration de vos conditions de travail et de vie.

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Crédit bande-dessinée: Val-bleu

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Retour sur Capital et travail: la collaboration de classe dans le mouvement ouvrier

Les salaires, pour les travailleurs et les travailleuses d’une société dominée par l’économie libérale ou néolibérale, n’ont représenté et ne représenteront jamais rien de plus qu’une fraction de la valeur de notre travail une fois que le capital aura pris sa part de la production sociale(1). Le capital se réserve cette part avant de redistribuer le reste aux employé-es sous forme de rémunérations qui varieront selon les critères du «marché du travail» qui cherche à imposer une valeur marchande aux emplois et au travail autonome (et de ce fait aux employé-es et travailleur et travailleuses autonomes) comme s’il s’agissait d’une marchandise. Bien sûre le capitalisme, qui ne fonctionne que s’il est en croissance perpétuelle, utilisera cette part pour croître et accroître les moyens de s’approprier une part toujours plus grande de cette production sociale, ce qui en fait un système de concentration des richesses qui mène aux résultats que l’on connaît : un nombre ridicule d’individus se partageant une part immense des richesses, des moyens de production privés et qui décideront donc des orientations que prendra cette production (pouvoir). Les possédants, dans cette doctrine économique, obtiennent donc la part du travail non obtenu par les travailleurs et travailleuses. Depuis longtemps, le syndicalisme se présente comme moyen pour remédier à cette situation. Aujourd’hui, par exemple au Québec et au Canada, les centrales syndicales ont acquis des moyens et un nombre de membres qui dépassent de loin ce à quoi auraient pu rêver les organisations ouvrières du passé. Pourtant, il semble être plus que jamais improbable qu’une transformation d’envergure de l’organisation sociale (révolution) proviennent de ces entités. Pourquoi donc? Voilà , je vous laisse avec une parti d’un texte qui offre une réponse à cette question et je vous reviens avec mon point de vue sur la question.

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Capital et travail : la collaboration de classe dans le mouvement ouvrier
par : Victor Levant (doctorant en science politique à l’université McGill), édition l’étincelle, 1977

chapitre V11 : le caractère de classe du syndicat «bona fide»
l’organisation du travail était illégale à ses débuts mais on fut finalement obligé d’accorder un «droit
d’association» à cause de la révolte de la classe ouvrière. La notion sous-jacente à la définition
d’activité syndicale légale dérivait cependant de la vision du monde capitaliste et reflétait les intérêts de
la classe du capital. Ce «droit» fut accordé de mauvais gré, sous condition et seulement après avoir
édulcoré l’essence du mouvement ouvrier : d’un mouvement de lutte politique pour l’émancipation du
travail en un mouvement de lutte économique pour des salaires plus élevés et de meilleures conditions
de travail. Ce «droit» ne fut finalement accordé qu’une fois le contenu de cette activité légale (le but,
les principes, la stratégie et les tactiques du syndicalisme) réduit à l’état inoffensif. On y réussit à coup
de force brutale, de répression judiciaire, de corruption et de mystification idéologique.
Notre analyse montrera que le «droit» d’association n’est que le droit de s’organiser d’une certaine
façon, dans l’intérêt du capital, i.e. dans le but d’assurer la permanence de l’actuel mode de production,
en conséquence, l’exploitation du travail.

La définition juridique de l’activité du syndicat bona fide se révéla n’être rien de plus que la
collaboration de classe sous la forme du «respect de la loi et de l’autorité». Cela signifiait que le travail
reconnaissait la légitimité de l’appareil d’État. Celui-ci maintenait sa domination – une domination
inscrite dans le code criminel du Canada, le code civil de la province de Québec et le code du travail
du Québec, domination aussi assurée par la nature de classe des gouvernements, de la bureaucratie, des
tribunaux, de la police et de l’armée qui, tour à tour, légifèrent, exécutent, jugent et font respecter les
lois. L’essence de cette appareil, c’est l’hégémonie, la domination politique du capital sur le travail.
Le code criminel du Canada et le code civil du Québec assurent l’exploitation du travail par la
légalisation de l’appropriation privée de la production sociale, maintiennent l’actuel mode de production
par la légitimation du contrat de travail et défendent la structure sociale existante en prescrivant toute
transformation de l’appareil d’état qui protège cette structure.

Le code du travail du Québec assure la domination du capital sur le travail en proscrivant la lutte de
masse militante, en régularisant, «routinisant» et individualisant le conflit des classes; il assure
l’intégration partielle du syndicat à l’appareil d’état en le rendant légalement responsable de
l’application de la convention collective et, enfin, il assure la dissémination de la mythologie libérale
capitaliste implicite dans le code : égalité de l’employeur et de l’employé («les droits égaux»), société
sans classe («le publique») et état au-dessus des classes («égalité devant la loi»).
…………….

Ceci dit, en observant la situation actuelle, il est évident que cette description du syndicalisme correspond à celle des grandes centrales syndicales du Québec qui s’inscrivent dans cette catégorie de version édulcorée et édentée de ce que l’on ne peut même plus appeler un mouvement ouvrier. Le dépôt d’une simple loi spéciale du Gouvernement Libéral suffit à faire retourner au travail des milliers de travailleurs et travailleuses de la construction ayant voté-es pour la grève et ce, dans la quasi absence de contestation. Les Syndicats actuels se sont si bien intégrés à l’appareil d’état, que l’état n’a même plus besoin de faire appelle ses forces répressives pour faire respecter des règles que le Gouvernement invente au fur et à mesure au détriment de la classe laborieuse. Les élites syndicales ont assez de pouvoir sur leurs membres pour faire appliquer les lois, les plus nocives soient-elles, pour les travailleurs et travailleuses.

Le syndicalisme révolutionnaire doit reprendre sa place dans le paysage syndicales car le syndicalisme «bona fide» (de bonne foi) actuel n’est pas adapté pour combattre le néo-libéralisme ayant accepté ou ayant été forcé à être réglementé pour acquérir un statut légale comme le suggère l’auteur de capital et travail. Il a aussi été développé dans un contexte politique durant lequel il était populaire de vouloir construire, tout et tousse ensemble, main dans la main, «la social-démocratie» qui profitera à tous et à toutes sans avoir à remettre en question la structure sociale et l’appareil d’état qui la protège (mystification idéologique?). Ce syndicalisme révolutionnaire doit exercer une pression qui s’accentuera au fils des années en émettant une critique crédible du syndicalisme actuel par des textes, des actions et la mobilisation des employé-es dans des secteurs d’emplois oubliés par le syndicalisme actuel (restauration, commerce au détail, dépanneur, travailleurs et travailleuses autonomes, communautaire etc). Il doit aussi comme dans le cas e Mapei et de Poste Canada appuyer les employé-es syndiqué-es victimes de pratiques syndicales allant dans le sens de la collaboration de classe. Bref, il doit pousser le syndicalisme à retrouver son essence : produire un mouvement conduisant à l’émancipation du Travail pour éliminer la domination des détenteurs de capitaux et de moyens de productions et éliminer aussi la domination de l’état qui défend les structures légales qui permettent l’appropriation privée de la production sociale. Ce, plutôt que de mener une lutte strictement économique visant à faire en sorte que ces possédants veulent bien accepter d’être plus «généreux» dans la redistribution de la production sociale via les salaires. Voilà pourquoi je considère que le syndicalisme révolutionnaire est plus que jamais pertinent et que ses positions, ses principes et à ses actions, puisse apporter des pistes de solution en vue de la réappropriation du travail (pouvoir) par les travailleurs et travailleuses du monde.

 

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(1) J’entends par production sociale, l’ensemble du travail effectuer par une société considérant que chaque secteur économique, fonctions et activités
sont interdépendants incluant par exemple : le travail étudiant(partage, acquisition et amélioration de la connaissance), stages étudiants, travaux ménager, éducation des enfants, travail autonome, participation citoyenne etc.

L’absurdité du monde: Le maraudage

Le Comité Communication est fier de vous présenter la première transcription des chroniques d’Action en Direct. Pour lancer le bal, la première chronique d’Éric, soit le maraudage dans le secteur de la santé, sujet dépassé? Rien n’est moins sûr. La triste vérité est qu’on a eu droit a une campagne de maraudage des plus typique. Changeons le nom des syndicats et retrouvons nous dans le secteur de la construction, de la fonction publique ou sur la chaîne de montage la plus près de chez vous.

J’ai décidé de faire cette chronique, l’absurdité du monde, présenté à l’émission de radio Action en Directe, pour montrer à quel point on vit dans un monde rempli de contradictions et comment l’establishment, avec les médias, l’éducation et la maîtrise du discours officiel réussit souvent à nous faire gober n’importe quoi. C’est aussi un peu un pied de nez aux différents médias officiels ou indépendants de droite qui disent n’importe quoi sur un ton colérique. J’ai décidé de faire sensiblement la même chose, mais d’un point de vue progressiste.

Aujourd’hui je vais vous parler du maraudage syndical en santé. En gros, le maraudage, c’est quand deux centrales syndicales se battent pour avoir la représentation d’une unité d’accréditation syndicale. Grosso modo, si tu es dans le syndicat des infirmières du CHUM, par exemple, il y a un moment prévu dans la loi où tu peux changer de syndicat, par exemple, si le syndicat était à la CSN, il peut décider d’aller vers la FTQ. Celui-là est particulier, car il a été forcé par l’État. Il n’y a pas si longtemps, nos centrales syndicales étaient toutes unies sur un même plancher, en front commun, tout le monde ensemble contre le gouvernement et contre les coupures en santé. Puis le gouvernement a fait passé la loi 10, en forçant un regroupement, passant des CSSS au CIUSSS, ce qui a modifié les unités d’accréditation syndicales. Donc à la place de combattre cette loi là, les centrales ont décidé de se clasher pour gagner des nouvelles accréditation. Oh surprise, on n’entend plus parler de la loi 10, maintenant tout ce qu’on entend, c’est “notre syndicat est meilleur, le votre est moins bon, on a de meilleures assurances” etc. On peut donc voir que le grand gagnant de ce maraudage forcé là, c’est l’État, c’est l’employeur et ça ne fait que montrer à quel point c’est néfaste pour le syndicalisme. Ça me conforte aussi dans nos positions, aux IWW, de ne pas essayer d’aller grabber des membres à d’autres syndicats et de ne pas décider de s’accréditer, car le gouvernement peut facilement décider de jouer avec ces accréditations pour mettre la merde dans les syndicats.

Avant de commencer à rentrer dans le vif du sujet, je voulais vous faire entendre cette publicité de la FIQ (Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec) :



Pour décrire un peu, on voit une infirmière qui semble être dans un établissement de santé qui attend l’ascenceur. Une première porte s’ouvre avec pleins de gens qui n’ont rien à voir avec une infirmière : un gars de la construction, une travailleuse de shop, une fille qui joue du violoncelle, même un fakir. Et là, l’infirmière fait une moue qu’on peut interpréter comme “maudit! ça me représente pas”. Et là, l’autre porte s’ouvre avec Régine Laurent, la présidente de la FIQ, pis une gang d’infirmières en sarraus bleus poudre qui dit “embarquez avec nous”, on se ressemble, contrairement aux autres!

Ce que ça nous dit cette publicité-là, et pourquoi c’est aussi un peu de la bouette, c’est qu’on ne devrait pas s’unir en tant que classe ouvrière pour faire face, ensemble, au même patron. Par exemple, en santé, il y a, oui, les professionel-le-s de la santé que la FIQ syndique, mais aussi, toutes sortes de quarts de métier, comme des cuisiniers, des concierges, des préposés aux bénéficiaires. Le message qu’envoie la FIQ, c’est qu’il ne faut pas s’unir avec les autres quarts de métier, qui ont le même patron que nous et lutter en solidarité. Non, la FIQ préfère plutôt profiter de leur statut de professionnel-le-s de la santé pour aller chercher des miettes de plus que les autres quarts de métier, considérés comme moins importants. Bref, ne nous unissons pas sur une base industrielle, ayant tous le même patron, mais faisons un espèce de syndicalisme de métier qui permet à une élite ouvrière d’aller se chercher de meilleurs conditions que leurs collègues.

 

N’écoutant que mon courage, et suite à plusieurs discussions avec des camarades qui travaillent dans le secteur de la santé, je suis allé voir sur le site web des différents syndicats corporatistes pour voir les arguments qu’ils donnent pour voter pour eux :

La première chose qui frappe, c’est l’emphase mise sur les régimes d’assurances et les cotisations syndicales.


Premiers arguments.
Chaque syndicat nous explique comment son régime d’assurance est le meilleur.
On a l’impression de se magasiner une police d’assurance.
Question : Avez-vous confiance en vos compagnies d’assurance? Imaginez maintenant quel est le degré de confiance des gens envers les syndicats…

Deuxième argument : Nos cotisations sont plus basses.
Sans trop d’explication du pourquoi, tous les syndicats ont les cotisations les plus basses et les mieux gérées. C’est simple comme « Payer moins pour en avoir plus dans vos poches » C’est d’ailleurs le pitch de vente du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) pour vendre ses votes. Avec le SCFP, plus d’argent dans vos poches.
Y’a même des calculateurs de combien tu sauves sur leur site web. By the way j’ai vérifié, les cotisations des wobblies battent toute la concurrence, mais bon.

 

Troisième argument : On est les plus nombreux
Poussons cet argument au plus loin. Saviez-vous que le Journal de Montréal est le journal le plus lu au Québec ? Que Radio X est la radio la plus écoutée à Québec ? Ça vous donne une idée… Donc la FIQ est celle qui regroupe le plus de professionnelles, le SCFP est dans la FTQ, qui regroupe le plus grand nombre d’adhérents au Québec, la CSN est celle qui a le plus syndiqué-e-s en santé. Ça vous donne une idée… On est les plus nombreux, donc vous êtes caves si vous n’êtes pas avec nous.

 

Quatrième argument : Nos employé-e-s sont les meilleurs.
Autre tendance lourde, les employé-e-s de tous ces syndicats sont les meilleurs, les plus compétents, les plus serviables, les mieux organisés. Vous voyez le portrait.

On en vient presque à se demander pourquoi les IWW ont fait le choix de ne pas avoir d’employé-e-s. C’est un peu comme si ces syndicats se vantaient d’être les meilleurs patrons. Ou encore d’être la meilleure machine de service, on en revient encore au bon vieux vendeur d’assurances.

Cinquième argument : Les goodies

Ils ne s’en vantent pas sur leur site web, mais un peu partout sur les lieux de travail, les centrales se promènent en distribuant différents goodies pour acheter le vote. C’en est tellement ridicule que plusieurs travailleuses et travailleurs de la santé se sont mis à les collectionner. T-shirts, tuques, agendas, crayons, bloc-notes, tabliers et même coupes de champagne. Y’a pas à dire, les syndicats sont vraiment là pour nos besoins dans les périodes de maraudage. C’est encore pire que des politiciens en campagne électorale.

 

Bref, que devons-nous retenir de ça?
En aucun cas, les syndicats ne parlent de combativité, de démocratie directe, de défense collective, bref de tout ce qui est à la base du syndicalisme.
Le syndicalisme d’affaires est pathétique, on le voit sous sa forme la plus crasse, celle du vendeur d’assurance, celle du petit peddler qui essaie de t’acheter pour avoir tes cotisations, celle de la multinationale qui essaie de nous acheter à grands coups de publicité et de slogans creux.

 

Le gouvernement est celui qui a gagné sur toute la ligne et les syndicats sont entrés dans son jeu à grande vitesse à la place de faire front commun et de lutter.

N’attendons rien des centrales.

 

Éric.

 

Crédit Photo: http://www.familyfuncanada.com/saskatoon
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Soutien à la grève générale : non à la répression politique en Catalogne

Les IWW Montréal est en solidarité aujourd’hui avec la population de la Catalogne, nos camarades de la CNT, mais aussi avec les syndicalistes catalans qui se mobilisent et appellent à la grève générale pour faire valoir le droit à l’autodétermination de la population catalane et dénoncer la violence de l’État espagnol.

Depuis l’annonce d’un référendum pour l’indépendance de la Catalogne, l’État espagnol a utilisé autant les tribunaux que la force pour empêcher la tenue du scrutin. Que ce soit les menaces d’emprisonnement, l’annonce du blocage des bureaux de scrutin, la mobilisation de milliers de policiers, l’arrestation de poseurs d’affiches, les perquisitions, une présence armée dans les rues, l’État espagnol a usé de la force pour  nier un droit fondamental : le droit à l’autodétermination.

Nous sommes donc devant le consulat espagnol aujourd’hui pour dénoncer la violence et le mépris de l’État espagnol à l’égard de la Catalogne. Nous sommes également ici pour apporter notre soutien et notre solidarité au peuple catalan et témoigner du courage de nos camarades de la CNT et des syndicats alliés, qui se mobilisent, appellent à la grève générale et font des actions pour faire respecter le droit en Catalogne et dénoncer la répression de l’État.

Nous demandons donc à l’État espagnol de cesser cette campagne violente, ce bris des droits collectifs, la répression politique et l’usage de la force à l’endroit de la population catalane.

Toute notre solidarité avec les travailleuses et les travailleurs, les syndicalistes catalans ainsi que la population de la Catalogne, votre voix sera entendue!

Les IWW Montréal


La secció de Montreal de l’IWW (Industrial Workers of the World, Treballadors Industrials del Món) es solidaritza avui amb el poble de Catalunya, amb les nostres camarades de la CNT, així com amb els i les sindicalistes catalanes que es mobilitzen per fer valer el dret a l’autodeterminació del poble català i per denunciar la violència de l’Estat espanyol.

Des de l’anunci d’un referèndum sobre la independència a Catalunya, l’Estat espanyol ha utilitzat els tribunals i la força per impedir la celebració del vot. Les amenaces d’empresonament, l’anunci de la clausura dels col·legis electorals, la mobilització de milers de policies, l’arrest de les persones que han penjat cartells relatius al referèndum, la confiscació de material, la presència armada als carrers, han estat algunes de les maneres com l’Estat espanyol ha utilitzat la força per negar un dret fonamental: el dret a l’autodeterminació.

Avui ens hem concentrat davant del consolat espanyol a Montreal per a denunciar la violència i el menyspreu de l’Estat espanyol envers Catalunya. Estem aquí concentrades i concentrats per a manifestar el nostre recolzament i la nostra solidaritat al poble català i testimoniar de la valentia de les nostres camarades de la CNT i les seves aliades sindicalistes, que es mobilitzen i fan accions per a fer respectar el dret a l’autodeterminació a Catalunya i denunciar la repressió de l’Estat.

Demanem a l’Estat espanyol que aturi la campanya violenta, la vulneració dels drets col·lectius, la repressió política i l’ús de la força contra el poble català.

Tota la nostra solidaritat amb les treballadores i els treballadors, els i les sindicalistes catalanes, així que amb el poble de Catalunya. La vostra veu s’escoltarà!


Apoyo a la Huelga General : Ya basta la represión política en Cataluña

El IWW-SITT Montreal está, hoy, en solidaridad con el pueblo de Cataluña, nuestro’as compañero’as de la Confederación Nacional del Trabajo y tambien con lo’as syndicalisto’as cataluño’as mobilisado’as y llamando la huelga general por defender el derecho de autodeterminación del pueblo catalán y para denunciar la violencia del Estado español.

El gobierno español usa de su sistema de justicia y violencia para bloquear el pueblo catalán desde que sabemos la fecha del referéndum por la independencia. Amenazar de aprisionar, bloquear los centros de votación, movilizar más de mil policías, detener lo’as militantes, perseguirlo’as y más, el Estado Español usa fuerza para negar un derecho básico – el derecho de autodeterminarse!

Entonces, hoy estamos en el consulado español para denunciar la violencia y el desprecio del Estado español con la Cataluña. También, estamos aquí por apoyar el pueblo catalán y testimonar del valor y de la fuerza de nuestro’as compañero´as de la CNT y de los sindicatos aliados, que están movilizando, llaman a la huelga general y hacen acciones por defender el derecho de autodeterminación de la Cataluña y denunciar la represión del gobierno español.

Decimos al Estado español – Tu violencia, tu desprecio de la democracia y tu represión política sobre el pueblo catalán « ¡YA BASTA! »

¡Solidaridad con lo’as trabajadore’as, sindicalistas catalane’as y el pueblo de Cataluña!

¡Vuestra voz llevara la libertad!