TRAVAIlLEUSES ET TRAVAILLEURS DU COMMUNAUTAIRE (Ré)AFFIRMONs NOUS!

Les questions concernant les problèmes au travail font souvent échos à des conflits sur le lieu de travail ou des difficultés ponctuelles. Ceci est quelque peu trompeur dans la mesure où l’on en oublie des problématiques qui sont malheureusementdominantes dans le communautaire. Certes, les conditions de travail, les relations avec les collègues et les employeurs sont primordiales. Cela n’empêche cependant pas d’être confrontés à une difficulté plus généralisée comme la précarité.

Les travailleurs et les travailleuses du communautaire connaissent une précarité grandissante liée entre autre, au bon vouloir des bailleurs de fond. De plus en plus, nous sommes confrontés à des contrats précaires. Les financements sont accordés au compte
goutte sur la base de projets. Les employé(e)s font alors face à
l’incertitude du lendemain.

Notre travail et les valeurs que l’on y met peuvent alors être fragilisés. Certain(e)s directeurs/directrices se jetteront sur toutes les subventions proposées sans prendre en
compte les concessions que cela implique. En effet, certaines aides financières vont de pair avec des demandes de projets et d’objectifs précis attendus des bailleurs de fonds qui sont éloignés des valeurs initiales de l’organisme. Il existe encore heureusement certaines
directions qui demeurent attentives et se voient dans l’obligation de refuser certaines subventions. Ceci dans le soucis de ne pas dénaturer leur travail et de préserver leur authenticité et leurs principes de base.

Une grande partie des assemblées générales annuelles se déroulant en été nous amène à constater des difficultés financières pour une grande part des organismes. Beaucoup de subventions ont été coupées ou diminuées et l’on constate que les promesses des libéraux concernant leur appui aux organismes n’ont pas été tenues. Certains services proposés sont alors mis à mal: santé, prévention, alimentation, logement… Cela questionne
quant au constat inquiétant que cela implique pour les personnes rejoignant les organismes.

Les autres victimes sont les travailleuses et les travailleurs du communautaire. Ceux-ci sont déjà confronté(e)s à un salaire précaire, subissent à nouveau les coupures des bailleurs de fond (diminutions des heures, fin du remboursement du transport …). Et pourtant, le nombre de personnes rejointes par les organismes ne diminuent pas.

Sous le prétexte évidemment erroné que le travail social serait une « vocation », le travailleur et la travailleuse n’aurait pas besoin d’une paye conséquente. Il(elle) est charitable, il(elle) aide…bref quel est l’intérêt de le(la) payer raisonnablement puisque cela
n’est pas son but premier? Les travailleuses et travailleurs du communautaire se doivent de poursuivre leur affirmation. Les valeurs politiques et sociales oui, mais la vocation, la charité non. Il est difficile de s’imposer lorsque notre rôle est plus souvent

compris par les personnes que l’on rejoint que par un ensemble plus vague de la population… Notre utilité est remise en question alors que la précarité ne cesse d’augmenter et que nos services quels qu’ils soient doivent répondre à de plus en plus de demandes.

S’affirmer, s’imposer passe aussi par l’action directe. On ne veut pas nous voir, alors faisons en sorte d’être vus et reconnus !

Écrit par Kamel pour le volume 2 de La Sociale, Octobre 2014

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