Un an de lock-out pour le Roi du Coq-Rôti

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« La classe travailleur et la classe dirigeante n’ont rien en commun. » Ainsi commence le préambule du Syndicat industriel des travailleurs et travailleuses (SITT – IWW). Pour la preuve de ceci, il ne faut pas regarder loin. Ici à Sherbrooke, une rôtisserie locale est en lock-out depuis l’année dernière. Et ce, sans « aucune explication pour des travailleurs qui, pour certains, comptent 42 ans, 33 ans et 30 ans de loyaux services!» déclare M. Lacharité, du conseil central de la CSN en Estrie.

Le 19 juillet 2008, avant même que les employéEs entament des moyens de pression, les proprios de la Rôtisserie Au Roi du Coq-Rôti mettaient les 45 travailleurs et travailleuses en lock-out et depuis, refusent toute négociation. Cette situation est le résultat de plusieurs années de lutte entre les employéEs les plus anciens et anciennes et le « power trip » des patrons de cette rôtisserie. Quelles sont les demandes des travailleurs et des travailleuses? Obtenir le respect et la reconnaissance de leur travail en augmentant le salaire horaire moyen de 24¢. Pendant ce temps, un mouvement de solidarité se construit dans le quartier contre des restaurateurs qui souhaitent évidemment casser le syndicat et soumettre les travailleurs et les travailleuses.

Histoire d’une rôtisserie

Dans les années 60s, la rôtisserie s’installe dans le centre-ville de Sherbrooke et elle devient très vite l’une des plus importantes au Québec… et une vraie institution sociale pour la région. Le propriétaire quitte le business et ses deux fils en héritent. Ils deviennent donc, sans le moindre effort (contrairement aux employéEs), propriétaires d’une rôtisserie qui roule sur sa réputation. Inutile de dire qu’ils sont plusieurs fois millionnaires. Voyant venir les frères Alain et Réjean Perrault avec leur attitude de confrontation, les employéEs n’hésitèrent pas un instant et décidèrent de s’organiser. En 2001, ils et elles ont voté à 98% en faveur de la syndicalisation en s’affiliant à la CSN. Les nouveaux patrons l’ont mal pris…

Les conditions de travail

Le problème à la rôtisserie vient clairement des propriétaires: le comptoir n’a jamais été rénové depuis sa création; au risque des livreurs, la mécanique des véhicules de livraison est mal en point; certainEs employéEs y travaillent depuis plus de 40 ans au salaire minimum. Le plus frustrant pour ces exploitéEs est que ceux qui vivent comme des rois grâce à eux et elles les traitent ouvertement comme des moins que rien. Ils n’écoutent jamais ce qu’ils et elles ont à leurs dire et refusent obstinément toutes leurs demandes, aussi modestes soient-elles. En voyant qu’un travailleur syndiqué était mort d’une crise cardiaque (avant le lock-out), l’un des deux proprios s’est exclamé “T’as vu? Un problème de moins!” Bref, l’atmosphère de travail est invivable quand le patron rôde.

Ce que les patrons oublient, c’est que le succès de l’entreprise s’est fait entièrement grâce au travail des employéEs: la qualité du service, des produits et de la gestion. La propriété des Perrault leur permet de s’ingérer dans un travail qu’ils ne vivent pas au quotidien, mais dont ils mangent les fruits. C’est pourquoi la population locale du quartier est bel et bien du côté ouvrier dans cette lutte. Cette solidarité se retrouve au sein du syndicat. Malgré la tentative récente de licenciement des livreurs (qui faisaient environ 3000 livraisons par semaine) le syndicat ne montre pas de signes d’affaiblissement. Nous les souhaitons bon courage!

– Guillaume Ravignat et Andrew Fletcher

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