,

Grève sauvage à Winnipeg

LaborNotes

Un débrayage spontané d’une journée, effectué par 70 travailleurs des postes de Winnipeg contre des blessures causées par une initiative de mécanisation, soulève une vague de solidarité au pays et à l’international. Cette grève sauvage (dans ce cas sauvage veut dire sans encadrement légal) montre toute la force qui peut jaillir d’actes simples d’action directe.

Le débrayage du 22 novembre dernier est le dernier rebondissement d’un conflit qui pourri depuis des mois déja. Postes Canada a en effet lancé un projet-pilote de restructuration en avril dernier à Winnipeg, le premier site à tester une initiative de modernisation de près de 2 milliards. Cette initiative devrait faire augmenter la productivité et faire faire des économies à la société de la couronne une fois implantée partout au Canada.

Mais la direction n’a jamais consulté les travailleurs avant d’instaurer le nouveau système, maintenant dénoncé parce qu’il cause des blessures et un stress familial énorme sur les facteurs qui doivent travailler très tard dans la soirée pour terminer leur route de livraison.

“Les nouvelles machines classent 80% du courrier”, explique Bob Tyre, président du syndicat local de Postes Canada, “alors que les 20% restant doivent être trié à l’ancienne, soit parce que le format est incompatible avec les machines, ou parce que l’adresse est illisible. Ces deux manières de trier ne sont pas problématiques, à condition que les facteurs soient autorisés à mettre les deux piles de lettre et de colis dans le même paquet avant de quitter le centre de tri pour faire leur route.”

Mais la direction insiste pour que les facteurs quittent immédiatement le centre de tri, les forçant ainsi à gérer deux paquets distincts de lettres et de colis, et souvent plus.

“Nous marchons avec toutes sortes de paquets de formes et de poids différents en équilibre dans nos bras, et avec d’autres paquets dans les mains,”, nous dit Tyre. “Ça nous empêche de voir nos pieds. On ne peut plus voir sur quoi on marche, dans un métier où nous sommes forcés à monter des escaliers toute la journée. Nous devons tenir nos bras rigides et tenir le balan des paquets tout en marchant. Il y a donc eu beaucoup de chutes et de blessures au cou, aux épaules et aux bras.”

Un travailleur trace la ligne

Après un certain nombre de blessure et de problèmes dûs à cette nouvelle méthode de travail, les superviseurs de premier niveau ont relâché la pression et autorisés les travailleurs à de nouveau fusionner les paquets de lettres et de colis en un seul paquet. Mais le matin du lundi 22 novembre, au centre de tri du sud-ouest de Winnipeg, la direction a pris une position ferme: ou les facteurs utilisent la nouvelle méthode, ou bien des sanctions disciplinaires seront prises.

Un travailleur a alors refusé. Il a dit à son patron: “Je l’ai essayé et j’ai trébuché un plusieurs fois. Vous allez devoir me renvoyer à la maison, parce que je ne le ferai pas.”

La direction a répliqué immédiatement avec une suspension de 5 jours. En dix minutes, le mot s’était passé partout au centre de tri, et environ 40 travailleurs ont tenu une réunion sur le champs dans le stationnement. Ils ont tous décidés de rentrer à la maison, en invoquant leur droit à refuser d’effectuer un travail dangereux. Quand les travailleurs du second quart de travail sont arrivés sur place en après-midi, ils ont décidé d’agir de même.

Les média canadiens (mais pas ceux du Québec) ont couvert la grève sauvage, et ‘histoire s’est rapidement répandue parmi les membres du STTP (Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes), spécialement grâce à un blog, The workers struggle with the modern post. En une semaine, le blogue a reçu 50 000 visites et est devenu un outil de communication pour les travailleurs, avec des travailleurs et des locaux de partout au pays y laissant des messages de solidarité, organisant des actions de soutient et postant les photos de ces actions sur le blogue. Le support est même venu de l’étranger.

Le mardi, les travailleurs, craignant pour leur emploi, sont retournés au travail et essaient tant bien que mal de livrer le courrier dans des conditions qui demeurent dangereuses. Les travailleurs ayant participés à la grève sauvage se sont vus imposés une suspension de cinq jours, applicable seulement si ces mêmes travailleurs s’impliquent de nouveau dans un débrayage similaire dans les six prochains mois.

Allumez vos lumières pour les facteurs

Le local de Winnipeg a lancé une campagne “Allumez vos lumières pour les facteurs” pour sensibiliser le public. Le nouveau système de livraison, combiné avec un manque constant d’effectifs, a en effet créé des piles et des piles de courrier en retard au centre de tri et aux dépôts postaux.

Les travailleurs ont sélectionné les quartiers où le courrier était le plus en retard, et ont fait du porte-à-porte, distribuant des ampoules et de tracts aux résidents. La population est invitée à manifester son soutien aux facteurs en laissant leur lumière extérieure allumée, parce qu’avec le nouveau système, les routes finnissent si tard qu’il fait nuit. La population est aussi invitée à prendre contact avec leur député fédéral et avec Postes Canada. Les travailleurs des postes d’Edmonton se sont rapidement joints à la campagne, distribuant aussi tracts et ampoules aux résidents de leur route.

Impacts sur les négocations nationales

Pendant que les travailleurs de Winnipeg contestent la restructuration de leur travail, le STTP est en pleine négociations nationales avec Postes Canada pour renouveller le contrat de travail des 54 000 travailleurs des postes. Les questions de santé et de sécurité – incluant le droit de livrer le courrier dans un seul paquet – sont au centre des discussions. Le nouveau système est présentement introduit à Toronto, Montréal et Halifax, et se bientôt implanté partout au Canada durant la prochaine année.

Mais d’autres sujets d’envergures sont sur la table. Postes Canada a coupé environ 1800 emplois à temps plein depuis 2009, principalement par attrition. Les travailleurs temporaires ont aussi été coupés. Et comme dans bien d’autres industries, l’employeur demande des clauses orphelines qui couperaient du tiers les salaires et bénéfices des nouveaux employés. Mais outre ces négociations pour le nouveau contrat de travail, les services des postes sont constamment coups et se dégradent, principalement en régions rurales.

Le STTP a tenu une journée nationale d’action le 25 novembre dernier, avec des rallies partout au pays. Ces actions se sont transformées spontanément en rallies de solidarité avec les travailleurs de Winnipeg. Comme on pouvait le lire sur une bannnière déployée dans un bureau de poste de St-John’s, à Terre-Neuve: “Nous nos yeux sont tournés vers Winnipeg”.

0 réponses
  1. plein le cul
    plein le cul says:

    Ce qui me fait le plus chier dans tout cette hitoire ce qu on ne considere pas les employés temporaires comme des employés des poste.Ci haut mentionner:Les 54 000 employés cela ne compte que les temps pleins partiel et ruraux,aucune considération pourles employés temporaire.Comme a la dernierre convention le syndicat a accepté le fait qu on est pas le droit au bonus de rendement…lol.Ils ont pris cette décision enb échange de quoi…les cotisations que les facteurs ruraux leurs verse maintenant et qu ils ne faisaient pas avant.

    C est pour plus d argent dans leur poche a eux^,le syndicat,qu ils ont cru bon d accepter cette clause…lol et apres ca il nous demande d etre solidaire…nous ne sommes que 20 000 employés temporaire contre 54 000,on a pas besoin d avoir un bac em mathémathique pour savoir que si il y a un vote pour la nouvelle convention on ne pourra rien faire contrre les nouvelles décisions apportées

    vraiment vers ou s en va t on???

    Répondre

Répondre

Want to join the discussion?
Feel free to contribute!

Répondre à mollymew Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *