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Exploitation carcérale, riposte syndicale!

Les prisonniers et prisonnières forment depuis de nombreuses décennies déjà la ligne de
front d’un système de production basé sur l’esclavage. Coincé.es entre quatre murs pour
la durée de leur peine, ils et elles sont souvent forcé.e.s de travailler pour des salaires
dérisoires et dans des conditions inhumaines. Sous le couvert du mensonge voulant qu’ils et elles rendent à la société ce qu’ils et elles lui auraient pris ou à tout le moins qu’ils et elles contribuent à rembourser ce qu’il coûte de les maintenir en détention, le complexe carcéral américain offre de plus en plus régulièrement les services de cette main d’œuvre à faible coût à des compagnies privées.

Considérant que la majorité des gens ayant passé par le système carcéral y retourneront,
qu’ils et elles sont majoritairement issu.e.s de communautés racisées et que vue l’expansion qu’a pris le système carcéral aux États-Unis (70 millions d’états-uniens et états-uniennes ont un casier judiciaire et près d’un pour cent de la population totale est actuellement derrière les barreaux) il ne fait plus aucun doute qu’il s’agit non seulement d’une manière de mettre les sans-emplois au travail forcé, mais aussi de s’assurer que les plus démuni.e.s de la société ne puissent pas exprimer leur mécontentement. C’est pourquoi dès le début de l’année 2014, des membres de l’IWW contactés par des prisonnier.es ont aidé à former l’Incarcerated Workers Organizing Committee iwoc(IWW-IWOC). L’objectif était clair, il fallait faciliter la liaison des prisonniers et prisonnières voulant s’organiser selon les bases du syndicalisme afin d’améliorer leurs conditions de vie. En quelques mois à peine, plus de 700 cartes étaient signées, faisant de l’IWOC l’un des plus gros syndicats de  l’IWW moderne aux États-Unis.

Au début du mois d’avril dernier, la mobilisation a atteint un sommet sans précédent lorsque des grèves ont éclaté dans sept prisons de l’État du Texas. Prenant le slogan «Nous sommes en dedans pour vous, vous êtes en dehors pour nous» au pied de la lettre, les membres des sections locales de l’IWW des quatre coins du monde ont saisi leurs téléphones pour appeler les autorités concernées afin de souligner leur soutien à l’IWOC et leur mécontentement face aux conditions dans lequel ces derniers et dernières sont obligé.e.s de travailler, occasionnant ainsi un blocage complet des communications du Département de la justice criminelle du Texas. De nombreuses grèves continuèrent de manière spontanée jusqu’au 27 avril ou refusant de travailler en plein orage, les travailleurs incarcérées de la prison d’Estelle, toujours au Texas, laissèrent savoir qu’ils pourraient bien devenir la 8e prison de l’État à tomber en grève générale. Face à cette menace, les autorités répondirent en tirant de force les prisonniers de leurs cellules, usant gaz lacrymogène et matraques avant d’en placer plusieurs en cellules de confinement et de leur interdire tout contact avec l’extérieur.

Ne reculant pas devant la menace, le 10 juin, 7 prisonnier.es du Waupun Correctional Institution et du Columbia Correctional Institution entamèrent une grève de la faim afin d’attirer l’attention sur le caractère inhumain des cellules de confinement. En date de publication, les 7 prisonnier.es en seraient à leur 3e journée sans manger et l’IWOC ne compte pas s’arrêter là ayant déjà annoncé une Grève générale nationale le 9 septembre prochain.

Pour plus d’informations, visitez le site de l’IWOC ou consultez son journa bi-annuel l’Incarcerated Worker

 

 

Grève avec le SITT-IWW dans les technologies informatiques du Maryland!

Des travailleurs et travailleuses de l’industrie des technologies informatique du Maryland lancent une grève avec le SITT-IWW et déposent plusieurs plaintes pour pratiques déloyales !

FREDERICK, MD- Les travailleurs et travailleuses de True Technical Experts LLC (TTX) un sous-contractant en Technologie Informatique pour des détaillants majeurs, ont fait la grève le 26 mai dernier demandant l’arrêt du vol de leurs salaires et du harcèlement et que leur syndicat, le Syndicat Industriel des Travailleurs et Travailleuses – Industrial Workers of the World (SITT-IWW), soit reconnu. Les travailleuses et travailleurs ont soumis une liste de demandes qui incluent un ajustement de leurs salaires au standard industriel, des heures régulières, et une promesse formelle de la part du propriétaire de la compagnie, David Gerlak, que toute forme de harcèlement cesserait.. Les travailleurs et travailleuses SITT-IWW de TTX ont fait grève deux fois ces deux derniers mois pour des salaires non payés, gagnant chaque fois leurs salaires en arrérages et ce, bien que Gerlak refuse de reconnaître le syndicat. Quelques minutes après avoir été contacté par un représentant du SITT-IWW, Gerlak déclara avoir mis à pied deux employé.e.s en grève, une violation très claire de la loi fédérale du travail.

TTX est un petit sous-contractant en technologie informatique dans lequel les travailleurs et travailleuses installent du câblage et du matériel informatique pour les plus gros détaillants du pays, tel que Target et CVS. Comme c’est souvent le cas, leur travail est gérer par une chaîne complexe de contractants et de sous-contractants, ce qui produit une “course vers la bas” (une situation caractérisée par une baisse progressive ou détérioration des standards du travail) où le vol de salaires et les mauvaises conditions de travail sont choses courantes. Depuis plus d’un an, les travailleuses et les travailleurs de TTX s’organisent clandestinement pour avoir une stabilité et du respect en plus de mettre fin aux salaires et aux conditions de travail sous les standards de l’industrie.

user_photo-5747aa4942096Nous sommes fatigué.e.s d’être utilisé.e.s comme des machines.” a dit Andrew K., technicien de chantier TTX, “Si David ne veux pas nous traiter comme des êtres humains, avec un respect et une dignité élémentaire, nous allons l’obliger à le faire. Nous sommes prêts à rester en grève aussi longtemps qu’il le faut.” Ce ne sera pas la première fois que des détaillants majeurs auront des problèmes avec leurs sous-contractants. Après plusieurs années de manifestations et de grèves par les travailleurs et travailleuses de centres de conciergerie basés à Minneapolis, Target accepta de stipuler dans son langage que ” les compagnies de nettoyage avec lesquelles elle travaille ne peuvent pas interférer avec les droits de s’organiser des travailleuses et travailleurs, doivent obéir aux lois en ce qui a trait aux salaires et au temps de travail et doivent créer des comités de sécurité au travail.” Même si présentement il n’y a aucune stipulation de langage pour leurs sous contractants, les travailleurs et travailleuses de TTX sont confiant.e.s, qu’avec un peu d’encouragement, Target pourrait étendre ses idéaux pour les inclure aussi.

Gerlak a plusieurs fois menacé de mettre à la porte deux travailleurs membres du SITT-IWW et a même menacé de fermer boutique en représailles à l’activité syndicale. Le SITT-IWW de Baltimore a déposé une plainte pour pratiques déloyales au code du travail au National Labor Relations Board ( le Conseil national des relations de travail) contre TTX pour ces flagrantes menaces illégales.

Les travailleurs et travailleuses demandent à leurs supporteurs de les appuyer et de démontrer leur solidarité en faisant un don à leur fond de grève : https://www.crowdrise.com/support-trutech-workers-organizing

 

Écrit par Benjamin Charles de la Section Locale Intersectorielle (SLI) du SITT-IWW Baltimore. Traduit, puis corrigé par Norman L. et la fellow worker X377519 de la SLI du SITT-IWW Montréal.

Proposition syndicale pour un communautaire solidaire

Le milieu communautaire s’en prend plein la gueule. Soit dans nos propres organismes ou chez nos alliés, on connaît quasiment toutes et tous des gens qui n’ont plus accès à certaines ressources, une personne dont le poste a été coupé ou des organismes menacés de fermeture. Et ce, dans tous les secteurs du communautaire..

Faut dire, le système de financement des organismes est tellement complexe. Les groupes doivent se débattre avec les imposantes bureaucraties des programmes de financement des différents gouvernements (fédéral, provincial et municipal). Le financement public n’est plus suffisant depuis de nombreuses années, ainsi de nombreux groupes n’ont d’autres choix que de se tourner vers des fondations privées. Celles-ci posent également des directives qui ne cadrent pas toujours avec les exigences du financement gouvernemental. De plus en plus les bailleurs de fonds (privé ou public) font tout simplement fi de la mission des organisations communautaires en imposant un mode de financement au programme entraînant une reddition de compte toujours plus exigeante.

Décrire ici plus en détails les attaques des politiques néolibérales, ou capitalistes, et leurs impacts dévastateurs sur le communautaire serait une perte de temps : si vous vous y impliquez, de manière rémunérée ou non, vous les vivez au quotidien.

Le milieu se mobilise donc, mais se bute rapidement à un problème : compte tenu de la diversité des bailleurs de fonds, types de subventions et acteurs politiques impliqués, qui ciblons-nous?

Le débat n’est pas nouveau et de solutions sans effort, il n’existe pas. Ce triste constat fait, demeure la sempiternelle question : que faire?

Nous, le Syndicat des travailleurs et travailleuses du communautaire (SITT-IWW Montréal), reconnaissons cet enjeu comme au cœur de notre lutte et vous proposons un espace de réflexion, de coordination, de solidarité et d’action!

D’emblée, nous ne concevons pas nos milieux de travail comme étant séparés les uns des autres, mais plutôt comme les maillons d’une industrie. Au sens où nous travaillons toutes et tous dans le même domaine; tout comme le respect de nos missions de base et de nos conditions de travail respectives sont liées. Toutes et tous dans le même bateau.

Si un poste en travail de rue est coupé, si un organisme en prévention, en hébergement ou en défense de droits ferme, si une ressource d’aide par et pour perd sa subvention, si une clinique communautaire perd son statut distinct, si une maison des jeunes perd ses intervenantes, si la place des usager-ère-s est reléguée à n’être que de simples bénéficiaires, si…nous sommes toutes et tous perdants. Comme employé-e-s ou usager-ère-s.

Nous proposons donc de nous réunir et de nous organiser solidairement, sans se restreindre à nos lieux de travail, mais bien en tant que travailleurs et travailleuses du communautaire, bénévoles et usager-ère-s. De sorte que nous n’attendions plus notre tour de passer au couperet pour se mobiliser. En groupe, si les attaques viennent de plusieurs fronts, nous pouvons nous défendre simultanément. Se mobiliser en tant que travailleurs et travailleuses, bénévoles et usager-ère-s contre le financement par programme, et non pas systématiquement en tant qu’organismes. Tout comme nous pouvons nous protéger ainsi des influences du modèle d’entreprise sur la gestion de nos organismes, en tant qu’« industrie » en prônant plutôt des valeurs de solidarité et d’autogestion.

Le milieu communautaire est issu de l’imagination, de la solidarité, des volontés d’autogestion et du désir de lutter des gens. De s’entraider et d’aider les autres. Notre Syndicat des travailleuses et travailleurs du communautaire (IWW Montréal) vous propose donc les mêmes outils : l’imagination, l’autogestion, la lutte et la solidarité!

La Sociale, Volume 5, Mai 2015
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Brève syndicale

En France, la mobilisation contre la loi El Khomri continue. Alors qu’en 2006 François Hollande fustigeait le gouvernement de l’époque sur son utilisation de l’article 49-3 afin de faire passer la loi sur les CPE (Contrat de Première Embauche), une loi précarisant encore plus la jeunesse, Hollande et son gouvernement dit socialiste, mais qui n’a de socialiste que le nom, utilisent aujourd’hui cette même loi pour faire passer leur projet de loi El Khomri. Dans les deux cas, il s’agit d’un signe clair de faiblesse du gouvernement puisque c’est une loi permettant de faire passer une loi alors que celle-ci n’obtient pas le nombre de votes nécessaire au gouvernement. Depuis la fondation de la Ve république, cette loi a été utilisée 84 fois, notamment à 38 reprise sous le gouvernement de 1988 à 1993, gouvernement qui se présentait comme étant de gauche. Ainsi, cheminots, lycéens, universitaires, chômeurs, syndicats, bref, des milliers de contestataires manifestent sans relâche alors que six des huit raffineries du pays sont bloquées, provocant une grande pénurie d’essence et que bon nombre de ports le sont aussi. De plus, les grévistes de la CGT en charge de l’alimentation électrique et gazière font en sorte d’alléger les factures des abonné-e-s tout en coupant l’électricité dans différents endroits stratégiques, comme dans des gares de triages, puisque les actions sont coordonnées avec différents autres syndicats. Le village de l’actuel président, François Hollande, et la résidence secondaire du patron du MEDEF, une organisation patronale très puissante en France, ont aussi subit des coupures en électricité et en gaz.

Au Mexique, dans la région d’Oaxaca, connue notamment pour le fort mouvement contestataire dans le milieu de l’éducation en 2006, ainsi que dans la région du Chiapas, la lutte aux réformes régressives continue. Environ 4,000 professeur-e-s risquent de perdre leur poste puisque ces derniers-ères ont participé à une grève appelée par leur syndicat au cours de la dernière semaine. De nombreuses manifestations et actions de blocages prennent place dans ces régions. Le 26 mai, les professeur-e-s ont bloqué l’aéroport de la ville d’Oaxaca. Le mouvement de contestation continue à s’étendre puisque des professeur-e-s dissident-e-s ont manifesté dans plusieurs villes du pays, notamment la capitale Mexico.

En Italie, le 8 mai dernier, de violentes manifestations ont eu lieux entre les forces de l’ordre et les manifestant-e-s opposé-e-s au mur anti-migrant-e-s de l’Autriche. À l’heure actuelle, le marché de l’armement connait une croissance énorme, notamment avec la France, la Belgique et le Canada vendant de plus en plus d’armes, alors que les conflits font rage à travers le Moyen-Orient. Ceci crée de nombreux-euses réfugié-e-s fuyant les bombes fabriquées en Occident. C’est sans compter les réfugié-e-s climatiques, repoussé-e-s de leur résidence par les catastrophes naturelles en nombre croissant.

Le Portugal connaissait sa première grève générale de l’année. Les dockers du Port de Lisbonne étaient en grève depuis la fin avril et celle-ci se prolongea jusqu’au 28 mai. Entre temps, le pays fut traversé d’une grève affectant les transports en commun et les autres services des principales villes. La raison de la colère et du mouvement de grève est l’application de mesures d’austérité entraînant la dérèglementation du marché du travail afin de mieux détruire le droit et la sécurité des travailleuses et travailleurs.

Dans le Vieux-Port de Montréal, le syndicat exige une augmentation des salaires atteignant au moins le 15$/heure alors que la direction propose un faible 2% des salaires, actuellement à 10,67$/heure. Se faisant, les employé-e-s sont entré-e-s en grève vendredi le 27 mai afin que le salaire de base soit assez décent pour mieux vivre.

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Barcelone a connu quelques nuits de combats de rue entre les forces de l’ordre et les occupant-e-s expulsé-e-s, le lundi 23 mai, d’un bâtiment d’une ancienne banque transformée en squat depuis 2011. Les expulsé-e-s et leurs sympathisants ont organisé plusieurs manifestations durant plusieurs soirées où les blessé-e-s se comptent par dizaines. La violence de cette expulsion, qui est commune dans les pratiques policières de cette région, ainsi que l’expulsion elle-même étaient dénoncées.

La «Révolution de couleurs» continue en Macédoine. Depuis le 12 avril, les contestataires demandent la démission du gouvernement de droite nationaliste actuellement au pouvoir. En pleine accusation de corruption, une amnistie a été adoptée dans le cas d’un énorme scandale de malversation et de mises sous écoutes illégales de milliers de journalistes, d’hommes et de femmes de politique et de leaders religieux. Les manifestant-e-s se rejoignent donc, munis de fusils à l’eau et de balles d’eau remplies de peinture, le tout afin de décorer les murs extérieurs des bâtiments gouvernementaux.

C’est avec des slogans tels que “du pain, du travail, un toit” que des milliers d’espagnols ont manifestés, samedi le 28 mai, à travers le pays. Plus de 125 organismes sociaux et syndicats ont appelé à manifester dans une trentaine de villes. Alors que le chômage touche près du quart de la population dite active, la colère gronde dans ce pays comme dans le reste de l’Europe.

Depuis mardi le 31 mai, les 200 travailleuses et travailleurs de Sucre Lantic sont en grève puisque les propositions de l’employeur impliquent de modifier le régime de retraite et l’assurance emploi, renforçant ainsi la précarité et les risques de congédiements des employé-e-s. La compagnie a déjà coupé une soixantaine de postes en 2014 pour les remplacer par de la sous-traitance.

Quel syndicalisme pour le secteur communautaire?

Dans le prolongement des luttes qui ont animées le Québec de l’après-révolution tranquille, nombre de groupes populaires ont vu le jour. Une observatrice de l’époque aurait pourtant de la difficulté à s’y retrouver, tant les transformations ont été importantes. Au lieu de groupes peu ou pas financés, l’action communautaire actuelle bénéficie d’une reconnaissance gouvernementale, ce qui assure une certaine stabilité financière.

Comment expliquer cette transformation? Les actions politiques et mobilisations qui étaient au coeur des pratiques ont cédé le pas à la prestation de services. Parallèlement, on a vu se dessiner une tendance a la professionnalisation, qui remplace le militantisme de la première heure. De plus, et c’est peut-être l’élément le plus important, le milieu communautaire actuel est la progéniture d’un l’État social en crise aiguë de néo-libéralite. La prestation de service et la professionnalisation du travail ont préparé le terrain à un partenariat qui permet a l’État de voir dans ces groupes autant d’acteurs capables de reprendre les fonctions sociales qu’il ne souhaite plus assumer pleinement. Dès le milieu des années 80, Brian Mulroney s’exprimait ainsi : « Une des principales priorités de mon gouvernement sera la révision complète des programmes sociaux en vue d’économiser autant d’argent que possible. Une façon d’atteindre cet objectif consiste à encourager le secteur du bénévolat à participer à la réalisation des programmes sociaux. »

Quelle meilleure source d’action bénévole que les groupes communautaires? Au Québec, l’enveloppe financière du milieu passe d’environ 248 à 635 millions de dollars entre 1996 et 2005. Pour l’État, la formule est simple. Les groupes communautaires permettent de combiner une base de bénévole et une force de travail non syndiquée pour réaliser ses objectifs sociaux, le tout à un prix très compétitif. Du même coup, l’État évite le recours à sa propre force de travail, qui est syndiquées dans une proportion de 82 % . Le secteur communautaire a donc grandement bénéficie de l’amputation des fonctions sociales de l’État. Pourtant, le transfert financier n’est pas à la hauteur du transfert des fonctions étatiques. Les conditions salariales et les avantages sociaux y sont donc particulièrement médiocres. Malgré tout, le taux de syndicalisation y est extrêmement faible, puisqu’il se situe autour de 3 %.  On pourrait s’étonner que le secteur communautaire ne soit pas un terreau plus fertile à la syndicalisation, mais plusieurs facteurs nous permettent de comprendre cette situation. Ainsi, les groupes communautaires sont fréquemment un lieu d’expérimentation de modes gestion alternatifs comme la gestion collégiale, la cogestion ou même l’autogestion. Dans un tel contexte, l’attrait d’un syndicalisme axé sur la réduction du droit de gérance est évidemment moindre. De plus, selon notre expérience, plusieurs salariées ont la ferme conviction que la syndicalisation aurait comme effet d’accroître le pouvoir des salariées, au détriment de la base militante.

Les rares études sur le sujet semblent corroborer cette ambivalence des salariées à l’égard de la syndicalisation.  Si celles-ci sont généralement favorables au principe du syndicalisme, plusieurs hésiteraient à se syndiquer elle-mêmes. Plusieurs craignent « d’hériter de toute la rigidité et de la bureaucratie liées au syndicalisme et à la présence d’une convention collective pour gérer le milieu du travail » et que « le fait de se syndiquer amènerait plus d’inconvénients que d’avantages. » Aussi, en l’absence de revenus additionnels pour l’organisme, la syndicalisation ne pourrait entrainer une augmentation des salaires, puisque c’est l’État et non l’organisme qui contrôle la bourse. De plus, l’attitude des centrales syndicales y est aussi pour quelque chose. Le faible nombre d’employées au sein des organismes fait en sorte qu’il s’agit d’unités d’accréditation perçues comme étant très peu rentables.

Le syndicalisme de solidarité pourrait-il réussir là ou le syndicalisme de service ne le peut pas? Aux État-Unis, le Syndicat Starbucks (IWW) et Jimmy John’s Workers Union (IWW) ont bâti une présence durable, sans accréditation, dans l’un des secteurs les plus difficile a organiser. Les syndiquées y ont développé des pratiques fondées sur des revendications concrètes, hors du contexte de la négociation d’une convention collective. La plus récente victoire est la reconnaissance d’un férié en l’honneur de Martin Luther King chez Starbucks.

À notre avis, deux facteurs principaux font la force du syndicalisme de solidarité. D’abord, son fonctionnement radicalement démocratique minimise l’importance des permanents. Cela permet une implantation dans des secteurs non rentables pour les syndicats traditionnels. Ensuite, il s’agit d’une stratégie extraordinairement flexible, qui se moule aux réalités du secteur dans lequel il s’implante. Dans le secteur communautaire, cela pourrait impliquer une stratégie d’implantation qui reconnaît l’importance de préserver la démocratie des groupes. De plus, le syndicalisme de solidarité devrait créer les bases d’une alliance de salariées mobilisées pour lutter contre les conditions de travail médiocres qu’elles ont héritées de la sous-traitance des fonctions sociales de l’État.

Extrait du volume 1 de La Sociale, Mars 2014

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Le SITT-IWW appuie l’arrêt de travail dans le milieu carcéral du 9 septembre 2016

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CONSIDÉRANT que le Free Alabama Movement, le Free Virginia Movement, et d’autres groupes de prisonniers et prisonnières révolutionnaires à travers les États-Unis ont répondu à l’appel d’un arrêt de travail coordonné à l’échelle nationale le 9 septembre 2016, et 

CONSIDÉRANT que des membres du SITT-IWW sont en prison et que ces membres et leurs allié-e-s sont sur la ligne de front dans le combat contre le système carcéral de l’intérieur.

QUE le Conseil Exécutif Général appuie l’arrêt de travail du 9 septembre 2016 avec ces mots :

Le Conseil Exécutif Général du Syndicat industriel des travailleuses et travailleurs appuie l’arrêt national de travail coordonné pour le 9 septembre 2016 organisé par le Free Alabama Movement, Free Virginia Movement, et autres groupes de prisonniers et prisonnières révolutionnaires et par quiconque d’autre. C’est le devoir des organisations de la classe ouvrière comme le SITT-IWW d’appuyer les luttes des travailleuses et travailleurs prisonnières et prisonniers. Nous appelons les autres syndicats et groupes révolutionnaires de la classe ouvrière à montrer leur solidarité et support dans cette importante cause. Le Conseil Exécutif Général encourage aussi les branches et membres du syndicat à considérer l’organisation d’actions pour le 9 septembre, de créer un groupe local d’organisation et faire des dons à ce mouvement ici : iwoc.noblogs.org/donate

( Version originale: https://iwoc.noblogs.org/post/2016/05/25/iww-endorses-the-nationally-coordinated-prisoner-work-stoppage-on-september-9th-2016/ )


WHEREAS the Free Alabama Movement, Free Virginia Movement, and other revolutionary prison groups around the United States have jointly called for a Nationally Coordinated Prisoner Work Stoppage on September 9th, 2016, and

WHEREAS IWW members in prison and their allies are at the forefront of fighting the prison system from the inside,

MOVED that the GEB endorse the September 9th prisoner work stoppage with the following language:

texaslockedin-300x288The General Executive Board of the Industrial Workers of the World endorses the Nationally Coordinated Prisoner Work Stoppage on September 9th, 2016 organized by the Free Alabama Movement, Free Virginia Movement, and other revolutionary prisoner worker organizations and individuals. It is the duty of working class organizations like the IWW to support the struggle of prisoner workers. We call on other unions and revolutionary working class organizations to offer their support and solidarity to this important cause.

The GEB also encourages branches and IWWs to consider planning an action for September 9, to start a local organizing group, and to donate to the efforts at : iwoc.noblogs.org/donate.

Travailleuses et travailleurs du communautaire, jetables après usage?

Témoignage d’Audrey, paru dans le premier volume de La Sociale, en mars 2014.

J’ai commencé à travailler pour l’employeur, dont il sera question dans le présent témoignage, le 3 septembre 2013. J’étais une employée à temps plein, contractuelle, mais permanente, relativement aux renouvellements de subventions accordées par les différents paliers de gouvernement. J’étais travailleuse de milieu pour une maison des jeunes. L’ambiance de travail a toujours été stressante, accablante; l’employeur a souvent fait preuve d’agressivité verbale et de mépris face aux employé-e-s. Mais je chérissais tout de même mon emploi pour la clientèle avec laquelle je travaillais. Des jeunes agé-e-s entre 9 et 12 ans vivant diverses problématiques d’immigration, de pauvreté, de questions existentielles, etc. Mon travail, c’est l’essence même de ce que je suis et cela prévalait largement sur les nombreuses montées de lait de la coordonnatrice.

En date du 19 décembre 2013, je me suis retrouvée en arrêt de travail dû à une récente agression dont j’ai été victime (non dans le cadre professionnel). Suite à l’agression, je suis allée travailler, comme si de rien n’était, mais surtout sous le coup de l’adrénaline, jusqu’à ce que j’explose quelques jours plus tard. Le 3 février, veille du jour de mon retour au travail, je reçois un appel de ma coordonnatrice, à 20h37 me disant que mes services n’étaient plus requis, que mon attitude vis-à-vis le travail était négative. Je suis littéralement sidérée. Des collègues m’ont épaulé et se sont levé-e-s face à l’employeur, protestant que j’adorais mon travail, que je remplissais mes tâches adéquatement en allant même au-delà de celles-ci, que j’apportais beaucoup à l’équipe et aux jeunes…
L’un d’eux a même soulevé l’idée de m’accorder quelques semaines d’arrêt, payées (parce
que nous avions des assurances) afin de me donner pleinement le temps de me remettre, ce que la coordonnatrice a balayé de facto. Certain-e-s jeunes ont même écrit des lettres exprimant à quel point elles et ils étaient attristé-e-s par mon départ, rien n’y fit. Plus malséant encore, deux semaines plus tôt, soit le 20 janvier, ma permanence m’était accordée par le conseil d’administration et je n’ai pas mis les pieds sur mon lieu
de travail entre l’octroi de ma permanence et mon congédiement. Après m’être informée, j’ai su qu’ils avaient le droit de me congédier s’ils jugeaient que l’agression dont j’ai été victime pouvait compromettre mes capacités à m’acquitter adéquatement de mes tâches.

Bien qu’ils devront se défendre devant les Normes du Travail à savoir pourquoi diable m’ont-ils octroyé ma permanence pour me la révoquer deux semaines plus tard sous des
motifs quelque peu houleux, je doute qu’ils seront sanctionnés. Bref, nous, travailleuses et travailleurs du communautaire, sommes trop souvent à la merci et au bon vouloir de nos employeurs, au détriment de notre humanité.

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Brève syndicale

Le 15 avril dernier, une manifestation organisée par différents groupes prenait place à la sortie du métro Jean-Talon afin d’exiger un salaire décent permettant de mieux vivre, c’est-à-dire de 15$ de l’heure. Parmi les organisateurs, on compte le Comité droit au travail; jeunes, immigration et relations ethnoculturelles du CCMM-CSN; POPIR-Comité logement; Temporary Agency Workers Association et bon nombre d’autres allié-e-s. Avec plus de 850,000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté pour la seule province du Québec, le salaire minimum actuel ne permet pas de se sortir de la pauvreté et la faible augmentation de 20 sous par l’actuel gouvernement est loin d’être suffisante. La lutte continue.

Le 24 avril, dans le cadre de la journée des locataires, une manifestation s’est tenue à Montréal pour le droit au logement. C’est le Regroupement des Comités Logement et Associations de Locataires du Québec (RCLALQ) qui appela les locataires de partout à travers le Québec à venir manifester dans les rues de Montréal. Face à une précarité trop présente et une insatisfaction croissante face à la Régie du logement et plus largement, face au gouvernement en matière de services essentiels connaissant toujours plus de coupures, les appels à s’organiser risquent de continuer à croître.

Après trois mois de grève, l’équipe de négociation des métallos de la section locale 6658 et la compagnie Ciment Lafarge ont conclu une entente de principe sur laquelle les travailleuses et travailleurs pourront se prononcer mardi le 10 mai au soir. « C’est grâce à la détermination de nos membres et aux nombreux appuis que nous avons reçus, si nous avons pu conclure la présente entente de principe. Nous avons hâte de la leur présenter », a fait valoir le président de la SL 6658, Éric Boulanger.

Le 1er mai de cette année, comme des années précédentes, a été l’occasion pour des dizaines de milliers de travailleuses et travailleurs à travers le globe de se réunir. Des manifestations se sont tenues sur tous les continents. En Turquie, la foule de manifestant-e-s faisait face à 25,000 policiers. Ces derniers ont bloqué de nombreuses rues, notamment pour empêcher les manifestations de rejoindre la place Tarksim, endroit où bon nombre de contestations se sont tenues par le passé. Des affrontements ont éclatés entre les manifestant-e-s et les forces de l’ordre, provoquant la mort d’un des manifestants écrasé par un canon à eau et l’arrestation de plus de 200 autres. En France, où la mobilisation contre la loi El Khomri perdure depuis des mois, plus de 80,000 manifestant-e-s ont défilé-e-s dans différentes villes du pays, exigeants le retrait de la loi saccageant les conditions de travail déjà précaire pour une large partie de la population.

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À Montréal, plusieurs contingents se sont formés à différents endroits pour se rejoindre dans le centre ville et ainsi pouvoir faire des actions de blocage et de perturbation. Avant de prendre la rue, le contingent appelé par le SITT-IWW dans le parc Lafontaine afin de participer à un BBQ syndical ont assistés à différents discours tenus par des membres du syndicat et de groupes alliés. Par la suite, la foule est passée devant le consulat français par solidarité avec les travailleuses et travailleurs là-bas en plus des différents bureaux de différentes corporations qui non seulement payent de moins en moins d’impôts, mais vont cacher l’argent produit par leurs travailleuses et travailleurs dans des paradis fiscaux. La manifestation s’est vue couper en deux lorsque celle-ci passait devant le poste de police 20 de la rue Ste-Catherine. Des feux d’artifices, des cailloux et des bombes de peintures ont été lancés en directions des policiers et du poste de police.

Vers midi le 3 mai, les policiers ont arrêté 18 manifestant-e-s membres du groupe Solidarité sans Frontières qui occupaient les bureaux de de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Cette agence est vivement critiquée puisqu’elle participe à la déportation de sans-papiers provoquant ainsi des détentions, des séparations de familles et un stress énorme sur les épaules des déporté-e-s. Ces derniers-ères sont souvent renvoyé-e-s dans des pays où illes risquent de subir de la répression gouvernementale, dans des pays où c’est la guerre ou encore, de retourner vivre dans une pauvreté extrême.

Le 8 mai marquait le début d’une semaine d’occupations de terrains et de bâtiments à travers la province pour obtenir une plus grande reconnaissance du droit au logement. Avec plus de 23,000 ménages locataires ayant un besoin pressant de logements au Québec, soit 17,7% de l’ensemble des ménages, la marchandisation du logement est fortement critiquée. Pour suivre les différents évènements prévus, voici  les liens vers les pages facebook du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, le POPIR et le FRAPRU.

 

NOUS NE NOUS LAISSERONS PAS APPAUVRIR SANS BRONCHER

Les gouvernements se succèdent et se ressemblent; ils appauvrissent les salarié-e-s, coupent chez les moins nanti-e-s, attaquent les femmes et mettent à mal le filet social, tandis que leurs copains de la finance et du patronat s’engraissent et profitent impunément.

Le Syndicat des Travailleuses et Travailleurs du Communautaire est solidaire des prestataires d’aide sociale qui subissent violemment les effets de l’austérité, tandis que la classe patronale se voit accorder les bonnes grâces d’un État complice et corrompu. Nous sommes indigné-e-s de voir une société riche comme la nôtre traiter avec si peu de considération sa population. Ces coupes doivent cesser!

Le premier mai, le salaire minimum augmentera à 10,75$ de l’heure; nous, le Syndicat des Travailleuses et Travailleurs du Communautaire (SITT-IWW Montréal), voyons plutôt cela comme une mauvaise blague. Est-il nécessaire de rappeler qu’à ce salaire, répondre à ses besoins de base implique automatiquement des sacrifices et des choix douloureux?

C’est dans cet esprit que nous revendiquons une hausse des conditions minimales pour toute personne salarié-e, soit 15$ de l’heure, 5 semaines de vacances et 7 journées de maladie payées. Car si le salaire est un enjeu important, l’accès à une qualité de vie décente passe immanquablement par du temps pour soi et ses proches, ainsi que la possibilité de rester chez soi lorsque malade.

En conséquence, cette nuit, plusieurs bureaux de circonscription ont été décorés d’affiches, pour souligner aux élu-e-s provinciaux que nous ne nous laisserons pas appauvrir sans broncher, et pour appeler la population à manifester son mécontentement en prenant la rue le 1er mai.

En solidarité avec tous les travailleurs et toutes les travailleuses, les chômeurs et chômeuses, les sans-papiers et les assisté-e-s sociaux.

Contact :
Syndicat des Travailleuses et Travailleurs du Communautaire (SITT-IWW Montréal)
438-345-5046
[email protected]

15$/heure chez UPS

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source : twincities.iww.org

Il y a sept mois, le Package Handler’s Organizing Committee (PHOC) a voté pour commencer une campagne réclamant que le salaire de base dans les trois centres d’activités d’UPS à Twin Cities soit augmenté à 15$/l’heure (actuellement à 10$), en plus d’une augmentation salariale de 5$ pour l’ensemble des employé-e-s. Nous avions concentré nos énergies sur la mobilisation en vue d’actions de perturbation pendant la haute saison au printemps 2015. Maintenant que ce pic est passé, j’aimerais partager certains de mes sentiments sur la progression, l’évolution et l’exécution de cette campagne, ainsi que comment cela a influencé notre organisation en général chez UPS dans Minneapolis.

J’ai le sentiment que ce document sera utile dans les futures rétrospectives sur la campagne de Boxmart et sur le comité du PHOC lui-même. Cependant, j’espère aussi qu’il puisse servir de référence pour les autres comités d’organisations dans le SITT-IWW pour penser sur le long travail que représente une campagne syndicale de moyen à long terme comme celle-ci. Si oui ou non une telle campagne aura un effet positif sur votre organisation est une décision que seul votre comité peut prendre, mais j’espère qu’en partageant mon point de vue que cela permettra à d’autres Wobblies de faire des choix plus éclairés.

La proposition:

Quoi: une hausse de 5$ du salaire horaire dans tous les domaines, ce qui ferait en sorte que le salaire de départ soit amené à 15$. Aussi, mettre fin aux petits vols salariaux et autres problèmes dans le milieu de travail, dans la mesure du possible.

Quand: Beaucoup d’actions directes durant la saison forte de 2015 dans toutes les opérations de Twin Cities ainsi que d’autres au moment opportun. La campagne débutera dans les deux prochains mois.

Qui: Une pétition créée par le comité central, des réunions de groupe dirigées par ——, les autres tâches sont déléguées à —,— et — dans la mesure du possible de recueillir le soutien du reste de la section. Les nouveaux contacts dans l’usine seront appelé-e-s à faire de l’organisation sur le milieu de travail, les enjeux seront à traiter avec une escalade des actions directes et l’inoculation. L’OTC prépare un OT peu après les rencontres de groupe pour les nouveaux contacts. Le comité central s’arrange pour combler le manque d’information de ceux et celles qui ne peuvent pas assister à l’OT.

: La rencontre est au bureau du SITT-IWW à Twin Cities, les actions sont dans le MPLS, Eagan, Maple Grove et l’aéroport. Les actions sont focalisées sur les opérations au Minnesota à moins que d’autres opportunités se manifestent.

Comment:

– Utiliser les pétitions pour rassembler des contacts pour les réunions de groupe. Créer un groupe sur Facebook et d’autres points de contact.

– Utiliser les réunions de groupe pour identifier les personnes partantes pour être organisateurs et organisatrices (ou tout autre rôle) et définir les grandes lignes directrices d’où investir les efforts, qui pourront être changées si nécessaire afin de mieux refléter les préoccupations des travailleuses et travailleurs.

– Continuer avec les organisatrices et organisateurs potentiels, aller aux OT lorsque possible et faires des jumelages pour les one-on-ones. Créer un comité de campagne pour le large travail à réaliser, amener une escalade des objectifs (vols salariaux, harcèlements, etc.), faire grossir le comité lui-même.

– Faire des actions directes sur les petits objectifs, là où les actions symboliques sont appropriées. Inclure des objectifs qui ne concernent pas directement le milieu de travail, comme l’esclavage salarial dans les prisons.

Faire un suivi des représailles pour ce qui a été mentionné plus haut.

– Ramener les plus petits objectifs, susciter l’enthousiasme et de l’engagement et tenir des réunions de groupe dans les mois qui précèdent le moment fort des actions.

– Faire du gros dérangement durant le moment fort des actions.

– Publiciser les gains obtenus et les perspectives des travailleuses et travailleurs des luttes, faire un suivi des représailles.

– Définir d’autres objectifs.

Observations:

Nous avons dévié-e-s de la proposition originale assez tôt. Le premier tour de pétitions s’est plutôt bien déroulé, rassemblant plus de 200 signatures de Minneapolis et Maple Grove. Dans une courte période de temps, nous avions collecté les coordonnées des signataires dans un document partagé et avons appelé toute la liste. Nous avons planifié la première réunion de groupe au début de Mars. Il y avait une douzaine de personnes disant vouloir venir. Mais personne n’est venu. Nous avons tenté le coup à nouveau, avec le même résultat. Nous avons donc redirigé nos efforts pour faire du jumelage d’un-e à un-e avec les contacts. Ça a permis un plus grand succès, mais nous avons échoué à atteindre le nombre de signatures que nous avions espéré.

D’avoir dévié aussi tôt a fait en sorte que le comité n’a pas grandi au rythme nécessaire pour continuer l’escalade comme prévu. Un petit comité fait en sorte que notre capacité à tenir des actions autour de petits enjeux était réduite. Notre influence ne s’est pas répandue à d’autres secteurs de l’édifice. En regardant en arrière, ça aurait dû être les premiers signes montrant que notre stratégie devait être révisée.

Mais nous avons réuni beaucoup de contacts.

Nous avons fait un travail convenable pour stimuler des conversations et un certain niveau d’engouement autour des demandes par le biais d’actions symboliques. Nous avons fait passer une pétition à chaque action de perturbation, ce qui a rajouté plusieurs contacts à notre liste. Nous avons appelé chacun des contacts pour organiser des one-on-ones ou les inviter aux réunions de comités. En septembre, nous avons distribué des autocollants avec « Je supporte un 15$/l’heure comme salaire minimum et une augmentation de 5$ pour les employé-e-s actuel-le-s. C’est le temps!! » Beaucoup de gens les avaient avec eux à leur travail et beaucoup se sont rendu sur des murs, de l’équipement, ou d’autres surfaces du quartier. En novembre, nous sommes restés à l’extérieur de l’entrée entre les quarts de soir et de nuit en compagnie de manifestant-e-s qui avaient des affiches avec le même texte que les autocollants. Nous avons pris des photos des manifestant-e-s tenant les affiches, lesquelles furent affichées sur la page Facebook.

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Mais de l’engouement, ce n’est pas de l’organisation. Beaucoup de gens « touché-e-s » par cette campagne ne vont pas plus loin que signer une pétition. Peu surprenant, ce sont les personnes avec qui les organisateurs et organisatrices ont eu de meilleures relations qui viennent aux réunions, et qui participent dans la campagne dans une plus grande mesure. Ces relations se sont construites au travers de plusieurs parcours, mas la meilleure façon était les rencontrent one-on-ones (ou une autre forme de conversation AEIOU).

L’agitation n’a pas souvent été un enjeu lorsque nous organisions nos camarades. Je crois que les plus grandes difficultés sont l’éducation et l’inoculation. Lorsque l’agitation est très élevée, ces difficultés sont généralement les premiers sujets abordés avec les camarades. Ce sont aussi des sujets difficiles à couvrir pendant nos quarts de travail. Si tu ne peux pas t’éduquer et t’inoculer, comment feras-tu pour construire une organisation à long terme? Les one-on-ones deviennent encore plus cruciaux dans l’équation. Les one-on-ones répétés. Les participations les plus consistantes que nous avons eues ont été les résultats de séries d’interactions à l’extérieur du travail et un effort persistant visant à régler ce qui pouvait empêcher quelqu’un-e de s’organiser.

Réflexions:

Une chose qui je crois nous avons échoué-e-s de faire est de permettre à la campagne d’évoluer en grosseur et en capacité en fonction de comment le comité organisationnel changeait. Au début de l’année, nous étions au sommet d’un élan et nous avions un relativement gros comité qui a connu son apogée à six membres en good standing sur deux sites. À ce moment, nous étions optimistes à propos de notre capacité à organiser de larges pans d’une industrie de travailleuses et travailleurs à et réussir des actions à grande échelle durant le pic de la saison. Au même moment, nous avions pris quelques retards à faire nos one-on-ones, qui ont toujours été en haut de notre liste d’outils d’organisation. Je crois que nous avons trop compté sur les contacts en milieux de travail et sur les conversations, tout comme sur les outils d’agitation comme le Screw UPS. Plus tard durant l’été et l’automne, notre comité a perdu la moitié de ses organisatrices et organisateurs sur le plancher de travail, et nous n’avons pas pu les garder comme organisatrices ou organisateurs externes. Le comité réduit a maintenu le cap sans prendre le temps d’analyser nos capacités. Nous réalisions trop tard que nous n’avions pas fait suffisamment de one-on-ones, autrement nous aurions pu développer nos camarades au point où nous aurions pu leur demander de s’impliquer davantage dans l’organisation pour nous maintenir sur la bonne voie.

Il y a eu plusieurs moments durant la campagne où nous avions un afflux d’élan. Ce sont des moments où nos camarades avec qui nous avions une bonne relation (à l’intérieur et à l’extérieur du plancher de travail) ont assisté à nos réunions et ont contribué avec leurs griefs et leurs idées sur la campagne. La leçon est simple: nous avons besoin d’être cohérents sur l’agitation, l’éducation et l’organisation de nos camarades. C’est vraiment difficile de générer un élan lorsque nos réunions hebdomadaires réunissent les mêmes personnes, parlant des mêmes choses, arrivant avec les mêmes tâches. Aussi, c’est facile d’avoir des réunions avec des collègues moins bien organisées si leurs ami-e-s et/ou d’autres collègues de confiance sont là.

J’ai commencé à écrire ce texte à un moment « faible énergie ». À ce même moment, nous en tant que comité avions de sérieuses discussions et avons depuis pu générer un nouvel élan d’énergie. Nous avions tout juste accueilli un camarade dans le SITT-IWW. Il y avait de sérieuses discussions à propos de faire un « sick-in ». J’ai encore plus d’espoir maintenant que ce texte servira d’outil pour améliorer la qualité de notre travail d’organisation en son ensemble, en vue de construire un pouvoir d’agir chez les travailleuses et travailleurs de UPS dans la ville de Minneapolis et bâtir un mouvement ouvrier militant et révolutionnaire, composé de personnes vivaces, endurcies et engagées.

Les impacts sur l’organisation:

Lorsque cette proposition a été présentée en premier lieu au PHOC, j’ai eu des réserves sur quelques aspects. Ma principale réticence concernait le fait d’entreprendre une si grande campagne avec un comité à la fois relativement petit (moins d’1% des camarades à temps partiel du secteur de Minneapolis), et relativement jeune (la moitié des camarades du comité avaient travaillé trois mois ou moins chez UPS). Pouvions-nous gérer la pression de construire une revendication si monumentale en relativement peu de temps sans perdre de vue sur les plus petits enjeux qui ont été mis de l’avant dans les campagnes d’organisations précédentes? Est-ce que quelqu’un-e nous prendrait au sérieux? Pouvions-nous décider de changer de cap en six mois sans perdre tout notre soutien, ou bien allons-nous avoir l’impression d’avoir complètement perdu notre temps?

J’ai fini par voter en faveur de cette proposition. Je suis heureux de l’avoir fait. Ceci dit, j’ai hésité au cours de cette campagne à savoir si cela avait un effet positif ou négatif sur l’organisation en général à UPS. C’est un peu dû au fait qu’il y a eu des pics ainsi que des creux d’élan. Voici une analyse de mes craintes initiales qui représentent bien mes sentiments mitigés.

1- Pouvions-nous gérer la pression de construire une si monumentale revendication en relativement peu de temps sans perdre de vue sur les plus petits enjeux qui ont été mis de l’avant dans les campagnes d’organisations précédentes? Pour la plupart, je crois que nous avons pu maintenir notre habilité de s’attaquer à des combats plus petits. Il y a même eu une amélioration dans notre capacité à traiter les petits griefs d’une certaine manière, puisque notre réseau de contacts s’est agrandi et que nous nous sommes engagé-e-s avec plein de gens. Je crois que nous en avons appris plus sur les griefs des travailleuses et travailleurs, et que de plus en plus d’entre elles/eux en sont venu-e-s à nous connaitre puisqu’illes venaient nous voir lorsque des problèmes se faisaient sentir avec leurs conditions de travail.

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Manifestation du 5 novembre 2015, étudiantes, étudiants avec les travailleuses et travailleurs pour dénoncer l’austérité.

Mais d’un autre côté, mener cette campagne a été extrêmement exigeant. Même lorsque nous avons pris du retard sur les tâches, un Burnout se cachait toujours dans l’ombre. Screw UPS était publié moins fréquemment cette année que l’année d’avant. Et bien que j’espère que ce ne soit pas vrai, je me demande si le stress chronique associé à quelques organisateurs (dont la plupart travaillaient à 2-3 endroits à l’année longue) travaillant sur une si grosse campagne pour un lieu de travail si grand ne nous a pas empêchés de nous pencher sur les plus petits combats. Cela aurait pu se présenter sous la forme d’un rejet clair, ou dans l’impossibilité de reconnaître un problème / une opportunité lorsque cela se présente. Je peux au moins dire que nous n’avons jamais, de ce que je sais, tourné le dos à des camarades qui se sont présentés à nous avec des problèmes autour desquelles nous pouvions nous organiser. Mais ai-je failli à venir en aide à quelqu’un-e qui passait visiblement une mauvaise journée? Ai-je fait un mauvais travail d’écoute vis-à-vis un-e camarade qui essayait de m’organiser? Ce sont d’importantes questions à se poser régulièrement.

2- Est-ce que quelqu’un-e nous prendrait au sérieux? Oui. Pas tout le monde, mais je ne crois pas que nous étions naïfs et naïves. Travailler dans un travail manuel syndiqué qui paye moins qu’un travail comparable, mais non syndiqué à travers la ville veut dire que les gens écoutent lorsqu’il est question d’une hausse de salaire. Pour les travailleuses et travailleurs ayant moins d’ancienneté (disons dans les cinq dernières années ou depuis le dernier contrat), nos emplois à temps partiel ne sont presque jamais suffisants pour bien vivre. Pour ceux et celles qui ont été dans la compagnie plus longtemps, illes avaient vu leur salaire stagner depuis que Reagan était président. Le salaire stagnant est parmi les plus importants problèmes pour les Teamsters. Alors en ce sens, les salaires étaient un enjeu pertinent pour une campagne syndicale double/solidarité.

Mais bien évidemment il y avait des gens pour nous décourager. Beaucoup de ces réactions se basaient sur les préjugés envers les Teamsters. «Ce n’est pas dans le contrat, » et « seulement si les Teamsters le supportent», étaient des réponses typiques entendues provenant de gens n’ayant ni signé la pétition ni montré un quelconque effort. Un excellent remède à ces sentiments était une bonne vieille réunion one-on-ones. Être capable de s’assoir avec quelqu’un-e, expliquer le rôle des Teamsters dans notre lieu de travail, et pourquoi nous élevions cette demande parmi celles existantes était souvent suffisant pour obtenir du support. Une de nos répliques les plus populaires était, aussi idiot que cela puisse paraître, ressemblait à « eh bien, si les Teamsters ne veulent pas l’obtenir pour nous, nous allons avoir à l’obtenir nous-même.» La plus grande leçon que j’ai apprise est le pouvoir des one-on-ones. Si quelqu’un-e vous prend pour un-e agitateur ou agitatrice, cette personne est moins portée à vous prendre au sérieux que si cette personne vous connaît comme organisateur ou organisatrice.

3- Pouvions-nous décider de changer de cap en six mois sans perdre tout notre soutien, ou bien allons-nous avoir l’impression d’avoir complètement perdu notre temps? C’est une question peu évidente à répondre, car elle est tout à fait hypothétique. Cependant, je pense toujours qu’il y a une certaine manière d’évaluer une grosse campagne. Les choses ne vont pas toujours comme prévu, alors il est utile de posséder un plan de secours qui peut aider à sauver les acquis et prendre une autre direction.

Cette question vous force à penser de façon critique aux étapes nécessaires à la construction et la gestion d’une campagne. Par exemple, notre première étape pour réunir massivement les noms et contacts avec une pétition nous assurait d’avoir gagné une ressource précieuse, même si nous aurions dû abandonner la campagne de départ, celle du salaire à 15$. Cette liste a aussi généré des one-on-ones avec une variété de travailleuses et travailleurs que nous n’aurions pas contacté-e-s autrement. Même si la campagne échoue, nous avons bâti des relations avec plus de nos camarades, et possiblement certains d’entre eux et elles sont devenus des organisateurs et organisatrices.

Conclusion:

Entreprendre cette campagne m’aura appris d’importantes et marquantes leçons comme organisateur syndical. Plusieurs de ces leçons, je ne les aurais pas apprises si nous avions continué-e-s sur les chemins déjà tracés. J’ai appris l’importance d’un comité fonctionnant démocratiquement avec une diversité d’opinions et de perspectives. La responsabilité des membres du comité doit être établie très tôt, et maintenue même durant les moments les plus difficiles de la campagne. J’ai rapidement réalisé que je ne pouvais pas être un organisateur efficace en parlant seulement aux gens que je connaissais déjà. Organiser n’est pas une activité sociale confortable; par moments, ça ressemble à ce que mes camarades décrivent comme « une zone de guerre ». Et aussi longtemps que vous comprenez et restez préparé-e-s pour ça, vous pouvez faire d’importants gains dans la lutte contre le salariat. Mais cette campagne a été plus qu’une expérience enrichissante. Malgré quelques moments persistants de déceptions et de doutes intenses, je suis convaincu que cette campagne a eu des impacts très positifs sur l’organisation à UPS. Nous avons développé une équipe militante de travailleurs et travailleurs sur le planché de travail, et amené quelque-un-e-s d’entre eux et elles dans le SITT-IWW. Nous avons utilisé notre réseau de contacts dans notre milieu de travail. Ces réseaux traversent les barrières d’âges, d’ethnies et de genres. Nous avons appris à reculer et jouer la défensive lorsque les conditions l’exigent. À travers tout le stress, la joie, la déception et l’humour, nous sommes resté-e-s ensemble et avons même grandi-e-s ensemble en tant que comité. Alors que la campagne de 15$/l’heure de départ ne fut pas couronnée de succès, je crois que nous avons montré que l’idée d’entreprendre une grande campagne, une campagne publique contribue à une réussite plus grande et globale dans l’organisation de nos camarades.

Pour le Syndicat pour tous et toutes,

Camarade Cœur de Bord

Membre du PHOC