Congédié, puis expulsé du Canada pour avoir participé à une grève au Québec

Entrevue avec Noé Arteaga Santos par le SITT-IWW

Montréal, le 30 juillet 2015

Mise en contexte : Noé Arteaga Santos, travailleur migrant et saisonnier pour Les Serres St-Laurent inc appartenant à la compagnie Savoura, a été congédié puis expulsé dans son pays natal, le Guatemala, après avoir participé à une mini-grève revendiquant des soins médicaux légitimes pour un travailleur malade. Noé n’a pas lâché prise, il a combattu en cour son congédiement illégal et réclame maintenant justice et compensation. Son combat, commencé depuis son congédiement en 2008, est toujours d’actualité.

Le SITT-IWW a eu le droit à une entrevue exclusive de Noé pour discuter de son combat et aussi des conditions de travail des travailleurs et travailleuses migrant-e-s au Québec.

Question : Bonjour Noé, pourrais-tu expliquer le combat que tu mènes présentement contre la compagnie Savoura ?

Noé : Ok, je vais essayer de faire court parce que je parle beaucoup ! Le 11 décembre 2014 un arbitre nous a donné raison en affirmant que l’on n’a pas été congédié de la bonne façon et qu’il y avait de la discrimination. Cela touche tous les travailleurs et particulièrement ici Isaïa Garcia Castillo et moi.

L’entreprise pour laquelle nous travaillions s’appelait avant Les Serres du St-Laurent inc. mais son nom commerciale est Savoura. Ils avaient quelques problèmes financiers mais en plus de ne pas payer leurs travailleurs, ils sont allés sous la protection de la loi de faillite. Ils ont finalement vendu les actifs à une autre compagnie qui produit le même type de culture et qui s’appelle Sagami, et cela pendant les négociations.

Maintenant on entre dans un autre combat car le fait d’être congédié injustement et qu’il y avait de la discrimination a déjà été prouvé.

Ici on parle de notre cas, deux travailleurs qui ont poursuivi l’entreprise mais il y a encore aujourd’hui d’autres travailleurs qui se font expulsés lorsqu’ils sont malades par exemple et alors ils te renvoient au Guatemala. C’est en fait le cas de mon collègue Oswaldo (qui appliquait des pesticides) et que du coup on a fait une mini-grève… mais on ne savait pas qu’il nous était interdit de faire ne serait-ce qu’une mini-grève ! On était syndiqué mais par le syndicat de l’entreprise !
Au moment de la mini-grève c’est moi qui ai parlé aux bosses et aux coordinateurs, on ne comprenait pas qu’ils n’envoient pas notre collègue voir des médecins vu que nous avions l’assurance-maladie et des assurances privées. C’est l’employeur qui est responsable de voir à la santé de ses travailleurs, leur sécurité enfin de voir à tout et c’est pourquoi nous refusions de travailler s’ils ne le faisaient pas soigner notre collègue.

Le jour suivant, j’ai décidé de prendre un jour de congé, ce à quoi j’avais droit selon les normes du travail et la convention collective car j’avais déjà travaillé plus de 55h cette semaine-là. Mais bon, il y a aussi des semaines où j’ai travaillé plus de 65h et je n’ai pas été payé en temps supplémentaire alors qu’on aurait dû, c’était même écrit en espagnol dans mon contrat mais ça n’était pas le cas en vrai.

Donc je ne suis pas allé travailler, et cette journée-même, je reçois un appel du consulat qui m’annonce que je suis expulsé et qu’Oswaldo, mon collègue malade, aussi. La compagnie, en fait, ne voulait pas payer les congés maladie de mon collègue. En début d’après-midi nos comptes étaient fermés et le soir même on nous accompagnait à l’aéroport de Montréal pour nous retourner chez nous.

Q : Présentement quelle situation vis-tu avec la compagnie car ils disent qu’ils sont en faillite alors qu’ils ne le sont pas ?

Noé : J’ai écrit au syndic que faillite et j’ai reçu une réponse de leur part, une réponse que je trouve drôle mais que je ne peux vous fournir tout de suite.

Cela dit, j’ai fait un évènement le 19 juillet de cette année près de l’oratoire car, si vous ne le saviez pas, en fait les entrepreneurs amènent leurs employés migrants, chaque année, à une messe annuelle pour les remercier et j’en ai profité pour distribuer des flyers et donner de l’information autant que possible. Il y avait un monsieur qui protège les intérêts des entreprises et qui m’a demandé : ‘mais pourquoi n’avez-vous pas parlé au nouveau propriétaire ?’ en disant que le nouveau propriétaire est mieux que l’ancien et qu’aussi, Savoura continuera de toute façon à vendre des tomates.

C’est un peu la réponse du syndic de faillite aussi, comme quoi l’ancienne compagnie n’existe pas vraiment qu’ils ont vendu seulement des actifs de la marque.
En fait ce que je demande c’est que soit la marque, soit les anciens propriétaires ou même les nouveaux propriétaires prennent leur responsabilité face à la décision prise et rendue par le tribunal d’arbitrage. C’est tout ce que je demande, ni plus ni moins.

Q : Est-ce que tu considères que le gouvernement provincial ou fédéral, veut t’aider dans tes démarches ou ils t’ignorent complètement comme la compagnie semble le faire ?

Noé : Les deux gouvernements nous ignorent complètement, et je parle ici de tous les travailleurs immigrants.

Je vais vous donner l’exemple du TUAC qui est le syndicat des Travailleurs et travailleuses Unis de l’Alimentation et du Commerce. Les entreprises pour lesquelles nous travaillons sont ce qu’ils appellent des fermes familiales et ils utilisent ce terme pour faire passer le message que nous sommes tous des frères et sœurs, et que nous sommes là que quelques mois par année donc nous n’avons pas besoin d’avoir un syndicat. On nous a quand même donné le droit de nous syndiquer durant le gouvernement de Pauline Marois, le droit à la syndicalisation a été approuvé par la Cour Suprême. Les entreprises étaient alors très préoccupées car tous les travailleurs allaient avoir des droits !

Le gouvernement suivant a fait un projet de loi ne permettant pas à tous les travailleurs d’être syndiqués. Il leur donne le droit d’association mais pas celui de syndicalisation, ça je m’en souviens très bien ! Ce droit d’association par contre ne nous donne pas le droit de négocier !

Mais à quoi cela sert ce droit d’association du coup ?

J’apprends tout ça maintenant mais j’ai entendu que c’est arrivé même à des québécois ou des canadiens : l’entreprise fait faillite, ne paye pas le travailleur et le propriétaire ré-ouvre une entreprise avec un autre nom et recommence. La loi est totalement disproportionnée, elle n’est pas faite pour les travailleurs, elle sert plus les intérêts commerciaux qu’autre chose.

Q : Y’a-t-il d’autres travailleurs ou travailleuses qui sont dans la même situation que toi ?

Noé : Oui, comme mentionné plus tôt, Isaïa Garcia Castillo a été aussi touché par la décision. J’ai contacté mon collègue qui était malade à l’époque mais vous savez, au Guatemala il n’y a rien pour survivre comme ici, il n’y a pas de chômage, pas d’aide social, alors il a tout laissé tomber. Il a préféré faire le taxi là-bas pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille car les procédures étaient très longues et qu’on n’a pas le droit au chômage d’ici vue qu’on est dans un autre pays.

Rendez-vous compte qu’en comparaison : 1h de travail ici équivaut à 1 semaine de travail là-bas alors beaucoup de travailleurs ou travailleuses veulent faire bouger les choses ici mais… de façon anonyme…

Malheureusement ça ne sert pas à grand-chose car le gouvernement n’accepte pas les revendications anonymes ! Je suis aussi bénévole dans des centres de travailleurs et on a essayé d’envoyer des plaintes anonymes à plusieurs reprises et ça ne fonctionne pas ! Ils veulent toujours savoir de qui cela vient, et s’ils ne savent pas, ils pensent que ce n’est pas crédible. Et si tu donnes ton nom, tu portes plaintes, tu te fais congédier sur le champ car c’est plus facile de te renvoyer ! Ce n’est pas tout le monde qui a la chance de rester malgré tout, moi j’avais un visa donc j’ai pu revenir.

Quand ils te renvoient, ils ne te donnent pas une semaine d’avis, ils te renvoient tout de suite, la journée même et alors tu es expulsé. En plus, on habite chez eux alors s’ils nous renvoient et on n’est pas expulsable, on ne sait même pas où habiter, on n’a aucun contact avec le monde extérieur, on ne parle pas la langue, on est contrôlé ! Alors personne ne porte plainte par peur des représailles.

Les travailleurs que j’ai rencontrés lors de l’évènement du 19 juillet, se plaignaient pas tant de leurs conditions de travail que de la façon dont ils sont traités. Eux aussi aimeraient se plaindre, mais de façon anonyme et de plus, ils se demandent comment ils auraient le temps même de parler de tout ça car ils sont levés à 6h le matin et reviennent le soir à minuit. Si jamais ils se plaignent et qu’ils ne sont pas renvoyés, ils sont de toute façon barrés du programme et ne peuvent pas revenir travailler ici l’année d’après.

C’est comme de l’esclavage moderne !

Une chose que je trouve drôle c’est que tout le monde pense que les anglophones sont pires que les francophones en terme d’exploitation alors que c’est vraiment la même chose : le patronat c’est le patronat !

Q : J’ai lu quelque part que les travailleurs et travailleuses migrant-e-s payent l’assurance chômage à laquelle ils et elles n’ont pas droit car aussitôt qu’ils finissent de travailler on leur demande de partir, est-ce vrai ?

Noé : Oui c’est une réalité. Il y a un mythe que j’aimerai clarifier avec vous ici car les journalistes traditionnels croient que nous sommes des profiteurs : que nous travaillons ici 8 mois puis que nous retournons dans nos pays et que nous touchons un chèque de chômage. Ce qui n’est pas le cas, on ne reçoit rien mais par contre on ne cotise pas seulement pour le chômage, on cotise aussi pour la retraite que l’on ne touchera jamais vu que nous ne serons pas à la retraite au Canada !

Q : On sait que c’est un travail difficile que les gens d’ici n’aime pas faire mais ne pas se faire payer en plus, je trouve ça aberrant ! Te sens-tu apprécier en tant que travailleur (même si on constate bien que non !) ?

Noé : en effet, ce n’est pas un travail que les québécois aiment faire. Et on ne se sent pas spécialement apprécier, parfois on a l’impression qu’on nous prend encore pour des sauvages, on est tout le temps surveillé comme si on n’était pas capable de se comporter dans une société avancée. On n’a pas le droit de se faire des amis québécois, d’aller à l’église et on n’a pas le droit de se syndiquer.

Q : Finalement on se sert de l’excuse en disant que les gens ne veulent pas travailler pour amener des gens que l’on va payer moins cher et faire travailler plus d’heures.

Noé : oui, c’est tout à fait ça ! Surtout que ces travailleurs sont plus disponibles que les québécois car ils travaillent les samedis, dimanches, sous la pluie. Ils obéissent car ils veulent revenir l’année prochaine et rester dans le programme. Il y a même eut des morts car ils travaillaient sous la pluie et le tonnerre leur ait tombé dessus, ce sont des choses qu’ils exigent de travailleurs étrangers et qui ne parlent pas la langue.

Quand Oswaldo est tombé malade il n’a pas eu le choix de travailler, c’était son premier jour et alors ils lui ont demandé : ‘tu es ici pour des vacances ou pour travailler ?’
De plus, ils nous disent tout le temps, c’est bien une des seules choses qu’ils savent dire d’ailleurs : capaz mucho rapido (capable de le faire plus vite), ils nous en demandent toujours plus et plus, chose qu’ils ne font pas avec les québécois.

Quand parfois on travaille avec des québécois il y a ce que l’on appelle des ‘pauses chaleur’ quand il fait très chaud durant l’été. Mais si il n’y a pas de québécois dans les travailleurs les ‘pauses chaleur’ n’existent plus, on travaille jusqu’à minuit et il n’y a même pas de pause pour pouvoir boire de l’eau.

Q : Est-ce que tu fais face à des coûts pour rester ici et faire face à tout cela ? Peut-on contribuer à ta campagne ?

Noé : Si vous voulez aider, vous pouvez envoyer des dons au Centre des travailleurs immigrants qui m’ont bien aidé et m’aide encore dans ma campagne.

Moi la seule chose que je demande c’est le 50.000$ que l’entreprise me doit mais personne ne m’a payé, tout le monde m’ignore !

Je les dérange quand même un peu car ils ne savent pas comment me contrôler et ont même fait des mises en demeure car on a lancé la campagne, c’est même arrivé jusque dans les pages du SITT-IWW, on a fait une grève de la faim devant le consulat… ils ne peuvent plus me poursuivre pour diffamation car il a été prouvé que ça n’en est pas ! Je pense qu’ils ne s’attendaient pas à ça car généralement les travailleurs retournent chez eux et recommencent à travailler dans leur pays pour pouvoir survivre.

Moi je pensais que le Canada était mieux que mon pays car au moins, au Canada il y a la justice. Mais en fait ce n’est pas vrai du tout, je me suis rendu compte que j’avais une idée faussée du Canada. Mais c’est comme ça pas juste avec les travailleurs immigrés, c’est comme ça avec tous les travailleurs : ça prend du temps, c’est long, on devient tanné alors on finit par laisser tomber.

Q : Vous êtes payé au salaire minimum ?

Noé : oui, je me souviens très bien, en 2008 on était payé 8.52$ de l’heure.

Q : Y’a-t-il des choses que tu voudrais ajouter ?

Noé : Je pense qu’on a pas mal fait le tour mais j’aimerai inviter tous les travailleurs québécois qui subissent une injustice à lutter ! C’est la seule façon qu’on arrivera à changer les lois.
Il faut arrêter de rester du côté des employeurs et montrer que nous avons le pouvoir, c’est nous qui sommes les travailleurs et qui faisaient tourner leurs affaires.
Il faut pas qu’on se laisse faire !

Entrevue par Coline G et Norman L.

Rédaction et correction par Coline G.

Brève syndicale du 5 au 11 avril

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– À Houston, au Texas, les membres incarcéré-e-s du IWW ont fait une action historique. 7 prisons s’on entrées en grève à travers l’État. Les prisonniers et les prisonnières travaillent pour des compagnies diverses avec un salaire parfois nul (0$/h). On se souviendra des 4,000 prisonniers et prisonnières qui ont combattu-e-s les feux de forêts de la Californie en 2015 pour 2$ par jour. Les conditions de vie exécrables sont dénoncées, agressions sexuelles, manque d’air climatisée provoquant parfois la mort, obtenir un salaire pour le travail fait, les revendications sont nombreuses. https://iwoc.noblogs.org/post/2016/04/05/strike-roundup-day-1-texas-prisons-shook-by-iwoc-initiated-strikes/

– En France, la mobilisation contre la réforme du travail continue. Le 9 avril, plus de 200 manifestations se sont tenues à travers le pays. La répression a été énorme, on dénombre 177 interpellations et les blessé-e-s se comptent par dizaines.

– Les conducteurs et les conductrices de taxi ont continué-e-s à manifester à Québec et à Montréal contre le manque d’encadrement d’Uber. La compagnie Uber pratique l’évasion fiscale et s’enrichie sur le dos des employé-e-s qui n’ont aucun contact entre eux et elles ni de pouvoir sur les tarifs et les conditions de travail.

– Dans la réserve autochtone du Lac-Simon, des policiers ont happés puis abattus un homme suspecté de se promener avec une arme blanche dans les rues le mercredi 6 avril. On ne connait que peu de détails sur l’opération policière, l’enquête a été donnée à un autre corps policier et l’opération a débutée suite à un appel pour violence conjugale. Le 10 avril la réserve Attawapiskat en Ontario déclare l’état d’urgence après la 39e tentative de suicide depuis le 1er mars dernier. Les conditions de vie difficiles sont pointées du doigt comme facteur important, le chômage étant énorme en plus de l’alcoolisme et la toxicomanie touchant une grande partie de la population.

– le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a fait un palmarès des maires les moins fiables. Au troisième rang se trouve Jean Tramblay, maire de Saguenay, dont la spécialité est le congédiement abusif. En tête du palmarès, c’est nul autre que Régis Labeaume, suivi par Denis Coderre. On les accuse respectivement d’être négociateur de mauvaise foi et de détruire les biens publiques tout en en accordant des contrats aux amis.

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Solidarité avec les coursiers et coursières à vélo de San Francisco

Il y a quelques jours à peine, alors qu’une première rencontre des membres du Comité d’organisation pour un Syndicat des coursiers et coursières à vélo chez Sprig.Inc à San Francisco était organisée, l’employeur décréta l’équivalent d’un lock-out d’une semaine suivi d’un retour au travail avec un horaire coupé de moitié.

Les coursiers et coursières à vélo qui ne faisait déjà que 13,50 de l’heure, soumis à une politique de la compagnie leur interdisant de recevoir un pourboire, ont ainsi vue leur horaire passer d’une trentaine d’heure par semaine à de 3h à 15h seulement. Alors que les organismes qui se sont penchés sur la question évaluent le salaire décent à 14,37 pour la région de San Francisco, rappelons que les coursiers et coursières font un métier aussi exigeant physiquement que dangereux. On exige notamment qu’ils et elles soient capable de franchir des distances de 3 à 5km en zone urbaine en moins de 15minutes.

Les membres du syndicat se sont déjà entretenu à de nombreuses reprises avec la direction de Sprig.Inc afin de demander une compensation pour les heures et les journées de travaillent qui furent coupé, de même que des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail, mais la partie patronale semble déterminer à laisser trainer l’affaire aussi longtemps que possible. Les coursiers et coursières à vélo de San Francisco, regroupé sous le Syndicat Industriel 540, en appellent donc à la solidarité des individus, des communautés et des organisations concernées à les appuyer dans leur démarche.

Pour support les coursiers et coursières à vélo en négociation:
https://rally.org/couriersunion?utm_source=leader_banner

Solidarité!

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Palmares des boss pourris. Inscris le tien!

Le SITT-IWW Montréal, à l’approche du 1er Mai, Journée internationale des travailleurs et travailleuses, et dans le cadre de sa campagne pour l’obtention du 15-5-7 (15$ de l’heure, 5 semaines de vacances et 7 journées de maladies, utilisées ou non, payées par année) vous invite à dénoncer ceux qui s’enrichissent du fruit de votre tra-vail !

L’exercice est fort simple : nous dresserons et diffuserons la liste de tous les boss pourris qui n’offrent pas le 15-5-7 à leurs employé-e-s, en partie ou au complet, que vous nous soumettrez! Qu’il s’agisse d’une agence de placement, d’un sous-traitant, d’un commerce, d’une compagnie à numéro, d’une multinationale, d’une société d’état, d’un restaurant/d’une chaîne de restauration, d’un ministère, d’un service public, du bail-leur de fonds de votre organisme, etc. Le nom de l’employeur que vous nous soumettrez se retrouvera dans cet « illustre » répertoire.boom

Pour se faire, écrivez-nous au [email protected], via notre page Facebook : facebook.com/montreal.iww, en nommant le ou les pourris de votre choix. Toutes les au-teurs des soumissions seront bien sûr tenues anonymes !

Parce qu’à la Journée internationale des travailleurs et travailleuses, nous avons le droit de lutter pour de meilleures conditions de vie et de travail, d’être en colère et de mettre un nom à cette colère !

Le Syndicat Industriel des Travailleurs et Travailleuses (SITT-IWW) de Montréal

Brève syndicale du 28 mars au 4 avril

– En France, la lutte contre la loi El Khomri continue à battre son plein. Si les manifestations du 24 mars étaient relativement moins grandes que celles du 9 mars, on peut dire que le 31 mars montre que le mouvement ne s’essouffle pas. Plus de 200 manifestations à travers le pays: Paris, Nantes, Rennes, Lyon, Marseille, et tant d’autres villes ont vu leurs rues submergées de manifestant-e-s. Selon la CGT (Confédération Générale du Travail) et FO (Forces Ouvrière), 1,2 millions de manifestant-e-s se sont rassemblé-e-s cette journée. Ce n’est rien de moins que le retrait total de la loi qui est exigé. Depuis, la place de la République est occupée chaque nuit par des contestataires qui y tiennent des assemblées générales. Voici une prise de parole de l’économiste Frédéric Lordon lors d’un des rassemblements: http://la-bas.org/la-bas-magazine/reportages/frederic-lordon-il-est-possible-qu-on-soit-en-train-de-faire-quelque-chose

– Le 31 mars, à Québec, la Coalition Main Rouge – Non aux hausse mena une action dans les bureaux de revenu Québec pour dénoncer les paradis fiscaux. Bannières et slogans étaient au rendez-vous.

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– Le 1er avril, nous apprenions que dans l’état de New York, un budget a été proposé dans lequel il est question d’augmenter le salaire minimum actuellement de 9$ de l’heure à 15$ de l’heure. Après plus de deux ans de luttes dans le milieu de la restauration rapide à travers les États-Unis, il était plus que temps qu’une avancée de ce côté soit enfin obtenue.

– En Angleterre, les médecins en lutte contre les réformes gouvernementales qui visent à modifier le fonctionnement des écoles de médecine, les contrats et les conditions de travail, pourraient se voir rejoint par les travailleuses et travailleurs du National Union of Teachers. En effet, les réformes attaqueraient jusqu’à la qualité des services et même la sécurité des patients. Se faisant, le mouvement visant à sauvegarder les acquis et la qualité des conditions de travail risque de grossir considérablement.

– Dimanche le 3 avril, des journalistes de plus d’une centaine de médias à travers le monde ont lancé Panama Papers, un site où seront divulguées des informations concernant les paradis fiscaux utilisés par bon nombres de dirigeants tant de pays que de corporations. Lundi le 4 avril, des milliers d’islandais-e-s se sont rejoint devant le parlement exigeant la démission de du gouvernement actuel dont le chef et plusieurs membres ont fait affaires avec des compagnies en liens avec les paradis fiscaux. Qui sait, peut-être verrez-vous le nom de votre patron-ne apparaître parmi les innombrables personnes qui seront dénoncées au courant des prochains mois.

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Les Wobblies à travers le monde, Chronique de Mars.

En date du 1er janvier 2016, Randall Jamrok, secrétaire-trésorier général de l’IWW, finissait de faire les comptes et nous annonçait que l’IWW compte désormais plus de 3500 membres. Majoritairement répartie entre l’Amérique du Nord et l’Angleterre on les retrouve aussi en Norgève, en Allemagne, en Lithuanie, en Austrie, en Suisse, en Grèce, en Australie et en Chine. Si cette chronique mensuelle ne ce veut pas une liste exhaustive des activités de chacune des 50 et quelques sections locales qui constituent actuellement le Syndicat pour Tous et pour Toutes, elle tentera tout de même, tant ben que mal, de mettre un peu de lumière sur les activités des wobblies de partout à travers le monde.

Le 1er mars, le fellow worker James, de la branche de Balti10569076_720396931330843_5408464749728183823_nmore se faisait finalement versé rétroactivement les 7500$ de salaire que les magasins Jimmy Johns lui devaient après l’avoir congédié illégalement pour activité syndicale. Un jugement similaire fut rendu par le National Labor Relation Bord quelques semaines plus tard, au sujet des employé.es congédiés.es des les franchises de Minneapolis. Rappelons que la campagne d’organisation des restaurants « Jimmy John » avait été lancée à Minneapolis en 2007 pour sortir publiquement dès 2010 avec l’organisation des 10 succursales rapidement rejointes par les fellow workers de Baltimore.

Toujours à Baltimore, le 2 mars dernier, le café-libraire Red Emma, anciennement accrédité au SITT-IWW, org10405585_751876278193930_2607770610963710947_nanisait le lancement de la dernière édition du livre du défunt Franklin Rosemont  Joe Hill et la création d’une contre-culture ouvrière révolutionnaire. Pour l’occasion David Roediger et Kate Khatib, des ami-es, collaborateur et collaboratrice de Rosemont furent invité-es à prendre la parole.

Le 15 mars, la section-locale de Montréal organisait un BBQ pour souligner la journée internationale contre la Brutalité Policière. La manifestation qui suivit attira plus de 200 personnes qui pour la première fois depuis de nombreuses années réussirent à prendre la rue et à terminer la manifestation sans arrestation de masse ni violence policière.

Le 19 mars, l’IWW Sheffield organisait une journée de formation axée sur les rapports d’oppressions reliés au genre, au sexe et à la sexualité sur les lieux de travail.

Des Formations d’Organisation 101, formation expliquant comment lancer un syndicat IWW sur son lieu de travail, furent organisé à Hartford, Détroit, Mineapolis, Milwaukee et Edmonton.

Deux émeutes secouèrent les prisons de l’État de l’Alabama, ctexaslockedin-300x288teau fort du Comité d’Organisation des Travailleurs et Travailleuses Incarcéré-es de l’IWW (IWOC-IWW), Au cours des dernières semaines. Pendant ce temps, les membres de l’IWOC au Texas se préparent à lancer une série d’arrêts et de ralentissement de travail afin d’obtenir des réformes dans les dossiers de la libération sur parole, de l’accès aux soins de santé et du système carcéral en général afin que les travailleurs et travailleuses incarcérées soient traités humainement.

Des membres de la branche de Portland se joignirent le 26 mars au Portland Solidarity Network pour tenir une ligne de piquetage devant LKQ Foster Auto Parts en solidarité avec le fellow worker Andrew congédié, alors qu’il tentait de s’organiser avec ses collègues contre la stagnation des salaires, la dangerosité de leur environnement de travail, le manque de transparence de la direction et le harcèlement au travail.

Déjà à sa sixième grève de la saison, Familias Unidas por la Justiciale organisait le 31 mars une manif-action au siège social de Driscoll à Watsonville en Californie afin de combattre les conditions de travail inhumaines des travailleurs et travailleuses migrant.es employé.es par la compagnie.

Notons pour terminer que l’été promet une modification géographique et démographique majeure pour l’IWW, majoritairement situé dans le Nord des États-Unis et en Angleterre! Alors que d’un côté les officiers et membres du Comité d’Organisation Régional Canadien, fier-es d’avoir assisté à la création des branches de Sherbrooke et Québec travaillent d’arrache-pied à la mise sur pied d’un projet visant une augmentation de 50% de leur membership et la création de 3 nouvelles branches en sol canadien (Drummondville, Kitchener-Waterloo et Saskatoon). Du côté du Sud des États-Unis, de nombreux membres se sont réunis pour organiser une tournée de conférences visant à faire la promotion du Syndicalisme de Solidarité dans leurs régions en plus de soutenir les efforts du Comité d’Organisation des Travailleurs et Travailleuses Incarcéré.es (IWOC-IWW) qui prévoit de nombreuses grèves et actions qui culmineront lors d’une grève nationale le 9 septembre prochain!

Brève syndicale du 19 au 28 mars

– Les travailleuses et travailleurs d’Amazon en Allemagne sont entré-e-s en grève afin d’obtenir de meilleurs salaires, lundi le 21 mars. Cela fait plusieurs grèves dont les revendications tournent autour des salaires mais aussi des conditions de travail que cette compagnie connait depuis quelques années en Allemagne. La dernière remonte à décembre 2015, durant la période des fêtes.

– En date du 18 mars, on apprenait que dans la localité de Dunga en République démocratique du Congo, les enseignant-e-s continuaient leur grève commencée cinq jours plus tôt. Illes continueront leur grève tant qu’illes n’auront pas obtenus leur salaire promis pour le mois de février.

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– Le syndicat Unifor à Toronto craint que 200 emplois de Bombardier soient délocalisés en Chine et au Mexique. La compagnie a déjà créée une polémique lorsque le gouvernement leur versa plus de 1,5 milliard de dollars en soutien financier en plus d’avoir déjà effectué quatre vagues de compressions en moins de deux ans portant alors à 6300 emplois éliminés.

– Le 23 mars, nous apprenions que la Scierie Petit-Paris, dont le syndicat est affilié à la CSN, a vu ses membres rejeter à 97% l’offre de leur employeur, votant par la suite une grève appuyé à 93%. Les négociation de la convention collective ont débutées en octobre dernier. Gagnant en moyenne 4$ de moins que les travailleuses et travailleurs des autres scieries de la région pour aider l’entreprise à traverser la crise forestière, les  syndiqué-e-s jugent que leurs sacrifices ont été fait et qu’il est temps d’un rattrapage décent.

– En France, la mobilisation contre la réforme du code du travail persiste. Le jeudi 24 mars, les lycées sont toujours bloqués et les manifestations continues à travers la France. Coups aux visages, arrestations musclées, les images de brutalité policière sème la colère dans la population française. Deux commissariats de police de Paris a d’ailleurs été attaqués par les manifestants suite à la propagation ces images violentes. Un appel à manifester est lancé pour le 31 mars par les syndicats et les lycéen-ne-s.
– http://actu.orange.fr/france/videos/des-commissariats-caillasses-apres-la-diffusion-d-une-video-choc-VID00000025DJK.html

– En Inde, durant des manifestations dénonçant les discriminations liées aux castes, 16 personnes sont mortes et 200 ont été blessées. Les castes dites « basses », notamment les Jats représentants 30% de la population du pays, ont manifestées dans le nord du pays, des milliers de manifestants ont encerclés le principal quartier administratif. L’armée est intervenue puisque le chef de la police a reconnue que les autorités ne contrôlaient pas la situation. Les manifestations ont débutées lundi le 21 mars.

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La Régie du très très lentement… Pour qui?

Dans le cadre des Jeudis de la Justice, en date du 24 mars 2016, au Comité d’éducation aux adultes de la Petite-Bourgogne et Saint-Henri (CÉDA) sur la rue Delisle, près de la station Lionel-Groulx, se tenait une rencontre ouverte d’information et de discussions sur la campagne menée depuis plus de deux ans par des membres des comités-logements P.O.P.I.R et Projet Genèse. L’avocat des Services juridiques communautaires, Me Manuel Johnson, clarifiait le brouillard et la complexité des formalités juridiques entourant les plaintes, les demandes de dossiers à la Régie du logement et leurs avancées, si avancées, il y a.

Le Comité Régie du Lentement proteste activement contre les inégalités commises à la Régie du logement (tribunal administratif indépendant, officiellement neutre et impartial), à l’endroit des plus précaires. Ses membres militent, entre autre, contre l’immense disparité des délais d’attente entre les propriétaires et les locataires, soit une moyenne de 2 mois pour les causes de non-paiements des loyers face à une moyenne de 20,4 mois pour les raisons 12899656_10153925404744333_1638262227_nnommées ‘’civiles générales’’ (insalubrité, harcèlement, abus et autres préjudices). Les démarches sont donc 10 fois plus rapides, aujourd’hui, pour ceux ou celles qui possèdent le logement que pour ceux ou celles qui l’habitent. Il est notable de spécifier qu’en 1998, le temps d’attente moyen des dossiers de causes civiles générales était d’approximativement 3 mois. Nous pouvons voir que la majorité des procédures juridiques cheminant à la Régie du logement font suite aux demandes d’un ou d’une propriétaire, puisqu’ils et qu’elles déposent 88% des plaintes, dont 62% pour non-paiement d’un loyer, et que 85% des plaintes venant des locataires sont d’ordre civiles générales. Évidemment, étant donné la si mince représentation des moins nanti-e-s et du temps d’attente suffisamment long pour qu’un déménagement survienne dû à la fin d’un bail, leurs demandes finissent souvent par tombées, complètement ou en partie. Selon Me Johnson: ‘’Lorsque les locataires changent de logements, les demandes faites sur les rénovations du logement ou les baisses de loyers tombent, disparaissent’’; C’est-à-dire qu’il ne reste généralement que les demandes de dédommagements moraux qui tiennent, et elles sont les plus difficiles à démontrer juridiquement. Ajoutons que pour toutes plaintes, il est primordial pour le ou la plaignant-e de prouver toutes formes de désagréments, mais que le simple fait de ne pas payer son loyer (qu’il affecte sérieusement ou non les finances des propriétaires) est une preuve substantielle de préjudice à l’endroit des locateurs et des locatrices. Effectivement, il est plus aisé de mettre en évidence le non-paiement d’un loyer que le stress causé par le harcèlement d’un-e voisin-e ou la cause première d’une infestation de vermine. Dans certains cas, il se peut que le non-paiement ou le retard d’un loyer leurs engendrent de réelles difficultés, que ce soit des pénalités économiques ou la saisie de la résidence. Toutefois, l’enjeu abordé dans cette campagne n’est pas un combat contre les avancées accélérées des propriétaires, mais tient plutôt dans le besoin, le droit, d’avoir autant de célérité dans les procédures pour les dossiers des locataires plaignant-e-s.

12899723_10153925404714333_1711200640_nLe manquement à plusieurs conditions de contrats auxquels l’État québécois participe est décrié par la Déclaration commune pour un réel accès à la justice à la Régie du logement, rédigée par le Comité Régie du Lentement et signée par une panoplie de groupes communautaires, de syndicats, d’associations de locataires, de regroupements d’organismes sans but lucratif, d’individus et même des arrondissements municipaux de Verdun et du Sud-Ouest, à Montréal :

Malgré les termes des documents internationaux considérés par le gouvernement du Québec, tel que l’article 11 du Pacte international des droits économiques, sociaux et culturels, dont le Québec est signataire, ‘’reconnaissant le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants, ainsi qu’à une amélioration constante de ses conditions d’existence’’; ainsi que l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, stipulant que ’’Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires’’. Bien que plusieurs articles de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne interdisent la discrimination et obligent l’accès à un environnement de vie et des services sociaux décents, les inégalités dans les conditions des logements sont choquantes. Malgré le devoir, en tant qu’instance législative, de la Régie à être équitable et objective, l’iniquité dans les délais du traitement des plaintes est criante. Ces injustices mènent du bruit… Du bruit produit par le Comité Régie du Lentement qui s’entend dans les rues, devant et dans les bureaux de la Régie du logement, de l’ex-ministre responsable des affaires municipales, Pierre Moreau, et de l’actuel ministre détenant ces responsabilités, Martin Coiteux. Le vacarme mené par la campagne est clair; il réclame par la Déclaration commune pour un réel accès à la justice à la Régie du logement :


– Que toutes les demandes émises sont traitées selon l’ordre d’arrivée (premier arrivé, premier servi);

– Que toutes les demandes soient traitées dans un délai maximum de 3 mois;

– Que les causes concernant la santé et la sécurité des plaignant-e-s soient traitées en moins de 72 heures.

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Soulignons toutefois les quelques acquis obtenus depuis le début e la campagne, minimes, mais des acquis tout de même. La première avancée se manifeste par l’embauche de nouveaux employé-e-s, suite à l’ouverture de postes supplémentaires. Le second et dernier gain, probablement l’enfantement du premier, est la réduction de 0,3 mois d’attente pour les demandes civiles générales, passant d’une moyenne de 20,7 à 20,4 mois.

Suite aux refus répétitifs de Pierre Moreau à rencontrer les membres du Comité Régie du Lentement, l’espoir d’une rencontre avec le nouveau ministre responsable des municipalités, Martin Coiteux, fait surface. Néanmoins très peu optimistes d’une réponse ministérielle divergente de la précédente, les militant-e-s de la campagne ont lancé-e-s lors de cette rencontre, un questionnement quant à l’avenir de leur mobilisation et la façon de l’exercer. Lors de cette soirée d’information et de discussion, des propositions de tous genres fusèrent de part et d’autre : harcèlement médiatique, multiplication des manifestations et des actions directes et l’exigence de la tenue d’une enquête publique sur la Régie du logement, par exemples.

Dans le cadre de la Journée des locataires, le 24 avril prochain se tiendra une manifestation nationale afin de 12899672_10153925404719333_1673965386_nprotester contre les pénibles conditions des logements et de leurs occupant-e-s. Pour plusieurs, les problématiques liées au logement semblent n’être que des caprices, mais pour ceux et celles qui vivent quotidiennement la moisissure, les coquerelles, les rats, les infiltrations d’air et les problèmes de santé (physique et psychologique) qui en découlent, ce n’est pas des ‘’caprices’’ aptes d’attendre près de 2 ans avant quelconque possibilité de changement. Selon la travailleuse sociale, Valérie Beauregard : ‘’Même dans des conditions d’insalubrité, la rapidité d’exécution de la demande varie selon les causes de ces conditions. Lorsque la faute revient aux locataires, le traitement des dossiers est plus rapide que lorsqu’elle provient des locateurs ou des locatrices.’’

Le droit à un logement décent étant certes plus récent que l’ancestral droit à la propriété privée, il parait difficile, même dans les institutions juridiques, de douter de la primauté de cette antiquité légale opposée à un environnement sain et sécuritaire. C’est donc à se demander jusqu’où devrons-nous se rendre pour se faire entendre? À vous de voir, jusqu’où êtes-vous prêt-e-s à aller pour un changement radical des conditions d’existence des locataires?

Par Nathaniel Oliveri-Pilotte

Crédit photos: Arthur Létourneau-Vachon

Liens utiles
http://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/CESCR.aspx PIDÉSC
http://www.ohchr.org/Documents/Publications/ABCannexesfr.pdf DUDH
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/C_12/C12.HTM CQDL
http://regiedulentement.com/declaration/ RL-Déclaration
https://www.facebook.com/events/1228395797189519/
Manif 24-02

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Images du militantisme, du travail et de la dépression

Mention d’honneur – Images du militantisme, du travail et de la dépression – Graeme M.

Publié par Solidaridad, janvier 2015

Il s’agit du travail. C’est à dire, le travail terrible et précaire, toujours en gagnant moins que le minimum après avoir payé la cotisation du syndicat (J’étais membre du SCFP, le Syndicat canadien de la fonction publique et de la UFCW, United Food and Commercial Workers International Union). Par exemple, le SCFP fonctionne comme n’importe quelle entreprise, mais avec un discours différent. Ils parlent toujours de justice sociale et des difficultés de la vie de la classe ouvrière, mais ils n’hésitent pas à prendre leurs cotisations des salaires de gens qui gagnent seulement le minimum, les laissant encore plus pauvres et sans représentation. C’est une organisation incroyablement hypocrite. De la même manière que les grandes entreprises, elle protège seulement les intérêts de ses bureaucrates professionnels et laisse ses membres de la base dans des conditions très précaires.

Dans ce contexte, avec tout le stress, les préoccupations économiques et travaillant jusqu’à 23h pour revenir à 6h le jour suivant, vient la dépression. Ça commence lentement, dormant beaucoup ou trop peu, avec l’isolement, sans parler à personne… et au final j’ai fini par manquer du temps de travail. Après une semaine sans sortir de chez moi je suis retourné au travail, nettoyer un centre communautaire de la municipalité de Toronto. En entrant dans l’édifice, le patron m’attrape immédiatement et me salue :

« Salut Graeme, comment ça va? Ça fait longtemps qu’on ne t’as pas vu », dit mon boss.

– Désolé. J’étais malade et je ne suis pas sorti de chez moi de toute la semaine

– Tu sais que tu as besoin d’un billet du médecin hein?

-Oui je le sais. Ce qui se passe, c’est que je ne suis pas encore allé chez le médecin. Je peux vous le donner demain?

– Oui, oui. C’est bon. Mais comme on ne savait pas si tu allais venir aujourd’hui, on t’a remplacé par quelqu’un d’autre. Donc, tu n’as pas à rester. Tu peux revenir demain avec le billet du médecin.

Ainsi je retourne chez moi… il est 7h. « Dormir! », dis-je à voix haute. Je n’ai pas pensé une seconde à aller chez le médecin.

Je suis affilié avec les IWW depuis presque un an. Je suis devenu membre en revenant au Canada après avoir vécu deux ans à Santiago au Chili. En huit mois j’ai travaillé à trois endroits différents à Toronto : comme employé de ménage dans un centre communautaire (celui nommé plus haut), dans la pâtisserie d’un supermarché très cher et dans la construction. Je travaillais beaucoup, 45h par semaine et jusqu’à 65 en été, durant les vacances de la construction. À part mon horaire épouvantable, j’allais très bien la majorité du temps. Être occupé m’aide parfois, surtout parce que je rencontrais des gens et pouvais nouer des liens de solidarité. Ça équilibre ma santé mentale. Partager les expériences et les conditions de travail est un aspect essentiel de ce processus. Cependant, dans les lieux où je travaillais les problèmes de la réalité quotidienne recommençaient toujours à réapparaître. Comme m’a dit un collègue de travail un jour : « Ne fais rien; c’est mieux de te cacher. Lis à quelque part dans ce maudit édifice… fais qu’ils ne pensent même pas à toi ».

Il était Égyptien et avait passé trente ans à Toronto, la majorité de ces années comme employé de la ville: ramasser les vidanges, nettoyer les centres communautaires ou les rues… Ça faisait huit mois qu’on travaillait ensemble et j’étais en train de lui raconter pourquoi je n’avais pas pu venir au travail la semaine précédente. On a commencé à discuter et je lui ai dit que les patrons s’étaient trompés, qu’ils ne m’avaient pas payé la semaine où je n’étais pas là ni pour celles d’avant. Je lui disais que je pensais aller voir le syndicat pour déposer un grief, qu’on devrait faire quelque chose pour que les boss nous respectent, quand il m’a dit ce que j’ai mentionné plus haut.

« Ils sont toujours en train de nous avoir d’une manière ou d’une autre », ai-je dit. « Ou ils ne te payent pas ou ils te changent d’horaire sans avertir. Quoiqu’il arrive, c’est toujours pareil. Pourquoi faire comme si de rien n’était? »

– Regarde l’ami, fais ce que tu veux. Mais si tu les dénonce ça va juste te causer plus de problèmes. Tu peux aller voir le syndicat, le juge, parler avec mille avocats… et encore, tu ne vas rien gagner. Tu vas te mettre dans toute cette bureaucratie à te battre contre eux pendant huit ans et quand à la fin ils vont prendre une décision, tu vas être rendu à dormir dans la rue, sans argent et sans travail. Et en attendant, tous les boss vont avoir reçu des augmentations de salaire. Des milliers de dollars vont être dépensés pour ne pas te payer cinquante cents. Ils sont comme ça et si tu veux garder ton emploi ça serait mieux que tu te taises et que tu ne dises rien », m’a t’il dit.

Il avait l’air un peu ennuyé, peut-être même triste. Même s’il était bien payé et qu’il avait de l’ancienneté, il ne respectait pas une seconde les règles du jeu. Il était célèbre parce qu’il arrêtait de travailler quelques jours si les patrons le harcelaient. Comme ça il gardait un peu de sa liberté. Ses conseils étaient le reflet de la peur et de l’impuissance qu’on avait tous et toutes en plus ou moins grande quantité. Au centre communautaire il y avait peu de travailleurs et de travailleuses avec un emploi stable. Des milliers d’employé-e-s travaillaient pour la ville avec des contrats saisonniers instables, sans prestations d’emploi et avec des salaires pires que ceux des employés stables.

L’Administration publique, gestionnaire et propriétaire de ces centres, créait de la compétition entre les employé-e-s. En plus, le syndicat n’évitait pas qu’il y ait plusieurs classes de travailleurs et de travailleuses à l’intérieur de son organisation. Cela créait un climat de méfiance marqué par le stress et la peur. En plus il manquait la confiance, la solidarité entre les travailleurs et les travailleuses et le respect pour ceux et celles qui faisaient un travail nécessaire mais peu valorisé. La proposition implicite du syndicat : partir à la retraite sans causer de problèmes, si c’était possible, et fuir avant qu’ils ne privatisent tout.

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En novembre 2014 le Toronto Harm Reduction Workers Union organisait sa première sortie public.

Durant ces mois à Toronto, j’ai participé à la création du Harm Reduction Workers Union, affilié aux IWW, pour les personnes qui travaillent dans le traitement de la toxicomanie. Au début, beaucoup de membres nous disaient que les syndicats ne les acceptaient pas dans leurs rangs. Ces syndicats avaient l’air de discriminer les travailleurs et les travailleuses pour les mêmes raisons qu’ils les employaient : eux aussi avaient été toxicomanes, prisonnier-e-s et sans-abris. Une personne gagnait 10 dollars pour trois heures de travail pendant que dans d’autres centres le salaire était de 15$ l’heure pour les mêmes tâches. Ces employé-e-s travaillaient pour des municipalités qui dépendaient de l’État pour offrir des allocations de chômage a ses employés afin d’économiser l’argent de leurs budgets.

 

Nous avons organisé le syndicat pour lutter contre cette injustice, contre le stigmate des travailleurs et travailleuses qui avaient vécu dans la pauvreté et que l’administration ne voulait même pas considérer comme des employé-e-s. Elle leur donnait du travail comme si c’était une action charitable. Nous voulions également mettre en pratique les tactiques de résistance ouvrière et le soutien mutuel que la classe ouvrière a développé depuis très longtemps.

La solidarité, l’action directe et l’appui entre camarades marquaient un contraste avec les méthodes bureaucratiques des syndicats traditionnels. Au centre communautaire, le syndicat antérieur a joué le rôle de représentant des personnes qui travaillent mais il ne connaissait pas ses membres. Notre organisation était créée et dirigée par les travailleurs. Cela pouvait se voir dans l’attitude et l’enthousiasme de tout le monde.

Maintenant je vis à Buenos Aires et je suis affilié à la Federación Obrera Regional Argentina (FORA). La semaine prochaine, quand je vais terminer les formalités de résidence et de visa, je vais recommencer à travailler comme employé de ménage, cette fois dans un théâtre où travaille un camarade de la FORA. Il se présente à nouveau une opportunité dont je n’ai pas pu profiter lors de mon dernier emploi : l’opportunité d’organiser les camarades de travail et de leur présenter une alternative. Ça sera un travail précaire et mal payé mais avec la possibilité d’organiser les camarades.

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À mes 18 ans j’ai été diagnostiqué en dépression profonde. C’était la deuxième fois que je finissais par consulter une psychologue amie de ma famille. Les années suivantes, j’irai la voir beaucoup plus souvent. Accepter l’aide de quelqu’un était très difficile pour moi à cette époque. Je suppose que c’est parce que j’étais très jeune. Une personne croit en la nécessité de la solitude, en la nécessité de tout résoudre par soi-même. Quelque chose appris dans l’enfance, à l’école… qu’est-ce que j’en sais moi?

L’accent que donnent les médias de l’idée de l’individu totalement autosuffisant peut s’intérioriser de mille manières. Ce que je veux dire c’est que c’est seulement avec l’appui des autres que j’ai pu surpasser les sentiments d’impuissance, de peur et d’aliénation. Les racines de la dépression sont variées, trop pour en parler ici. Cependant, les conditions sociales du travail et les exigences d’une société individualiste sont des causes inséparables qui contribuent à la souffrance de beaucoup de personnes. L’individualisme tente de détruire les liens communautaires et les liens de solidarité. La lutte contre cette idéologie devrait se baser sur le contraire : la formation d’une société nouvelle où ces liens entre individus jouent un rôle essentiel.

J’ai voulu raconter des histoires quotidiennes de résistance dans l’organisation ouvrière et de ma santé mentale. Raconter les expériences de solidarité, sans hiérarchie sociale, est aussi un processus de création quand nous utilisons l’histoire comme exemple de de lutte populaire et de support mutuel. Bien sûr c’est seulement le début d’un long chemin, mais maintenant je sais que la prochaine fois que me viendra le désespoir et la surcharge de travail, je pourrai compter sur mes camarades.

Écrit par Graeme Myer sous le titre original Imágenes de la militancia, el trabajoy la depresión, l’article paraîtra dans Solidaridad, publication hispanophone officielle du SITT-IWW, en janvier 2015, avant de remporter une mentions d’honneur au working-writters contest qui lui vaudra une place dans le recueil Radical Works for Rebel Workers, The Best of the IWW 2015. Traduction par x385017 en février 2016 pour le Comité Communication-Traduction de la Section Locale Intersectorielle Montréalaise du SITT-IWW.

Les assassins du fellow worker Frank Teruggi condamnés au Chili

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Frank Teruggi, un membre des IWW de Chicago originaire de Des Plaine, en Illinois, a été enlevé, torturé et assassiné lors du coup d’État militaire au Chili en 1973. Le 4 février 2015, deux officiers du renseignement de l’armée chilienne ont été condamnés pour le meurtre du camarade Teruggi et d’un autre américain, Charles Horman. Le brigadier-général Pedro Espinoza a reçu une sentence de sept ans pour le meurtre des deux hommes. Rafael Gonzalez, qui a travaillé pour le service de renseignement de l’armée de l’air chilienne comme « agent civil de contre-espionnage », a reçu une sentence de deux ans pour le meurtre de Horman seulement. Espinoza est présentement déjà emprisonné pour d’autres crimes contre les droits humains. Un troisième homme a été condamné, le capitaine de la marine américaine Ray Davis, chef du groupe militaire américain à l’ambassade américaine de Santiago au moment du coup d’État, qui est mort depuis. Teruggi, 24 ans et Horman, 31 ans étaient allés au Chili pour voir et vivre le nouveau gouvernement socialiste du président Salvador Allende. Le camarade Teruggi a participé à de nombreuses manifestations à Santiago suite à la tentative militaire ratée de 1973 qui a été appelée la « Tanquetazo » ou la « Tancazo. » Des documents du FBI révèlent que le bureau l’avait à l’œil. Ils l’avait étiquetté comme un « subversif » en raison de ses activités contre la guerre du Vietnam et son aide à des déserteurs. Le fichier du FBI contient également son adresse à Santiago. Des soldats chiliens l’ont plus tard trainé hors de sa maison lorsqu’il a été arrêté. Le jugement du juge Jorge Zepeda a déclaré que les meurtres de Horman et Teruggi faisaient partie d’une « opération américaine secrète de cueillette d’informations menée par le groupe militaire américain au Chili au sujet des activités politique de citoyens américains aux États-Unis et au Chili. » Sergio Corvalan, un avocat des droits humains qui travaille pour les familles de Horman et de Teruggi sur le ca, a dit à la reporter Pascale Bonnefoy du New York Times qu’il sentait que le jugement confirmait ce que les familles ont longtemps cru — que les officiers militaires chiliens n’auraient pas agi contre eux par eux-mêmes. Ils ont dû avoir le feu vert des autorités américaines.

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Les familles de Teruggi et de Horman ont reçu une
compensation financière. Sous le droit chilien, un processus d’appel obligatoire doit avoir lieu avant que quelque action ne soit entreprise.

Jani Teruggi Page, la sœur de Frank Teruggi, a dit au Tico Times costaricain : « Joyce Horman [la veuve de Charles Horman] et moi avons toujours un processus d’appels à passer, qui pourrait durer six mois de plus. » Page a dit qu’elle et Horman souhaiterait que le gouvernement américain enquête sur ces meurtres avec plus de rigueur. « Nous demandons à ce que la marine, le département d’État et la CIA enquêtent sur la base de l’information [dans le jugement du juge Zepeda] qui montre du doigt les autorités américaines, en particulier le capitaine Ray Davis.» Les informations publiées par Peter Kornbluh dans son livre « Le cas Pinochet : un dossier révélé sur l’atrocité et l’imputabilité » confirment que Frank et son colocataire, David Hathaway, ont été enlevés de leur maison à 21h le 20 septembre, ont été interrogé à un poste de Carabineros des environs et ont ensuite été emmenés au stade national, qui étaient devenu un réservoir de détention, une cellule de torture et un site d’exécution pour des milliers d’activistes et d’autres qui avaient simplement été emportés par la folie du coup d’État. Hathaway a survécu au calvaire. La journaliste chilienne Pacale Bonnefoy Miralles, qui a couvert le cas Teruggi durant de nombreuses années dans son livre Terrorisme d’État, cite un belge du nom de André Van Lancker, lui aussi torturé dans le stade. Van Lancker s’était fait dire par les autres détenus qu’ils avaient vu Frank Teruggi pendant un interrogatoire dans le stade. Il a été battu et torturé avec des chocs électriques, puis tué avec une mitraillette. Les tortionnaires ont réalisé qu’ils étaient allés « trop loin », rapporte-t-elle, et ils avaient peur d’avoir des ennuis avec le gouvernement américain, donc ils ont laissé le nom de Frank hors de la liste de prisonniers. Son corps a été abandonné plus tard en pleine rue, où il a été découvert le jour suivant, soit le 21 septembre, tout jute après 21h, et amené à la morgue. Pendant des jours, la famille Teruggi a été sans savoir ce qui était arrivé à leur fils. Steve Brown, qui a couvert l’histoire en détail pour le journal local des banlieues de Chicago, le Daily Herald, se souvient d’avoir interviewé le père du camarade Teruggi, Frank Teruggi senior, qui tentait d’en savoir plus et d’aider le gouvernement américain : « J’étais troublé qu’il n’y ait pas plus d’attention portée à ça [par l’administration Nixon.] » Ce n’aurait pourtant pas dû être une surprise, car tout juste avant le coup d’État contre le gouvernement Allende, le conseiller à la sécurité nationale Henry Kissinger a déclaré « Je ne vois pas pourquoi nous devrions rester les bras croisés et regarder un pays devenir communiste à cause de l’irresponsabilité de son peuple. Les enjeux sont bien trop importants pour laisser les électeurs chiliens décider par eux-mêmes. » La condamnation de ce mois-ci faisait suite à un jugement en juin dernier par le juge Zepeda qui a déclaré que Teruggi et Horman, dans des incidents séparés, avaient été tués par des officiers militaire chiliens suivant l’information qui leur avait été procurée par des agents du renseignement américain au Chili. L’enquête du juge Zepeda, qui a commencé en 2000, a déclaré que les meurtre ciblés faisaient partie d’une « opération américaine secrète de cueillette d’informations menée par le MILGROUP américain au Chili au sujet des activités politiques de citoyens américains aux États-Unis et au Chili. » Un rapport publié en septembre 2000 par la communauté américaine du renseignement affirmait que la CIA « a activement appuyé la junte militaire suite au renversement de Allende. » Mais malgré cet aveu, une grande partie des détails du rôle des États-Unis reste obscure. « Après 14 ans d’enquête, les cours chilienne ont fourni de nouveaux détails sur comment et pourquoi Charles Horman et Frank Teruggi ont été ciblés et exécutés par les forces de Pinochet. », a dit Peter Kornbluh. « Mais les preuves légales et le verdict de l’histoire demeurent silencieux par rapport au rôle de États-Unis dans les suites du coup d’État militaire. » Kornbluh est un analyste réputé aux archives nationales de sécurité, un institut de recherche non-gouvernemental et indépendant et une bibliothèque située à l’université George Washington à Washington D.C. qui a recueilli et analysé des documents à propos du rôle des États-Unis dans le coup d’État au Chili depuis les années 80. En juin 2000, ils ont publié des documents électroniques (http://www2.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB33/index.html) au sujet des morts de Teruggi et de Horman Ces documents ainsi que d’autres ont servi de preuve au juge Zepeda. En 2011, Zepeda, un juge spécial d’enquête chilien, a condamné et a tenté de faire extrader l’ex-capitaine de la marine américaine Roy Davis. Il a été découvert plus tard que Davis avait quitté les États-Unis en 2011 et vivait en secret au Chili, où il est mort à l’âge de 88 ans dans un centre de soins en avril 2013, avant de pouvoir être découvert par les autorités. Sa mort laisse beaucoup de questions sans réponses.

Le film Missing de 1982 donne un rôle beaucoup plus important dans le coup d’État et ses suites qu’il n’en était su du public américain à Ray Davis (appelé « Capitaine Ray Tower » dans le film) et à d’autres officiel américains. Dans une tentative de mieux comprendre ce qui était arrivé à son fils, Frank Teruggi père a fait partie d’une délégation qui est allée au Frank_TeruggiChili du 16 au 23 février 1974. Le groupe, appelé la commission d’enquête de Chicago sur le statut des droits humains au Chili, a déclaré dans son rapport (qui a été cité et imprimé dans la New York Review of Books le 30 mai 1974) : « L’ambassade des États-Unis semble n’avoir fait aucun effort sérieux pour protéger les citoyens américains présents au Chili durant et après la prise du pouvoir des militaires. » L’importance du jugement du juge Zepeda, et le fait qu’il condamne clairement un représentant du gouvernement américain pour son implication dans ces morts, a probablement aidé à faire avancer l’enquête, mais l’étendue de l’implication du gouvernement américain dans ces événements restera possiblement à jamais inconnue. Après que les sentences aient été annoncées en février, la sœur de Frank Teruggi, Janis Teruggi Page, a déclaré à la journaliste Pascale Bonnefoy dans le New York Times : « Frank, un jeune homme charitable et pacifique, a été la victime d’un crime calculé par l’armée chilienne, mais la question de la complicité des États-Uni demeure sans réponse. » Frank Randall Teruggi a été enterré dans un cimetière à Des Plaines, en Illinois. Selon les journaux de l’époque, plus de 100 amis et membres de la famille ont participé, et le regretté poète et activiste exilé de l’Afrique du Sud Dennis Brutus a écrit ce poème pour l’occasion :

Pour Frank Teruggi                                                   For Frank Teruggi

Une simple rose,                                                         A simple rose
Une seule chandelle                                                   a single candle
Un cercueil noir                                                          a black coffin
Quelque pleureurs                                                     a few mourners
Des sanglots;                                                               weeping;
Pour le héros méconnu                                              for the unsung brave
Qui chante dans l’obscurité                                      who sing in the dark
Qui défie les colonels                                                 who defy the colonels
Et qui sait                                                                   and who know
Qu’un monde nouveau se réveille.                          a new world stirs.

Article écrit par le fellow worker Tuck pour l’édition d’avril 2015 de l’Industrial Worker. Considéré comme l’un des meilleurs texte écrit par un membre de l’IWW, il fut choisi par le Working Writer’s Contest pour paraître dans Radical Works for Rebel Workers. Traduit en février 2016 par le fellow workers Félix Vincent Ardea.